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Le trajet domicile-travail au coeur du débat sur le diesel

Il existe une véritable fracture entre les préoccupations quotidiennes de millions de personnes et celles et ceux qui prétendent leur proposer des solutions. Impossible de faire l’impasse sur ces difficultés qui sont bien réelles mais que pour des raisons technocratiques ou de principe, les politiques exploitent ou ne veulent pas entendre ou voir. Cette situation ne date pas des dernières années mais elle n’est que la résultante de choix de facilité effectués depuis au moins deux décennies. Il est donc devenu quasiment impossible de modifier des habitudes de vie et surtout d’effacer la déception de celles et ceux qui se sentent floués pas les options qui leur ont été présentées, à un moment ou un autre, comme étant les meilleures. Ils se retrouvent désormais le dos au mur avec une amertume ou une révolte se traduisant par des prises de position de plus en plus extrémistes.
Par exemple on leur a « vendu » le triptyque « pavillon, gazon, télévision » comme étant une finalité familiale au bonheur et surtout pour leur permettre d’échapper aux images des « cités » correspondant à une période sociétale où la production de logements étaient la priorité des priorités. Endettés sur de longues périodes, alléchés par des prêts à taux zéro, scotchés par l’absence d’inflation, englués dans des contrats bancaires à la limité de leurs ressources, fragilisés par un monde du travail précarisé, ces « néo-propriétaires se sont éloignés des centres urbains inaccessibles financièrement ou des bourgs centres pour essaimer sur les territoires périurbain, puis ruraux. Ils ont été convaincus qu’ils trouveraient le bonheur loin de tout et près de rien du moment que le prix d’achat du terrain à bâtir était faible. Les dépenses indirectes ne sont jamais pris en compte dans les budgets et donnent lieu trop souvent à de graves difficultés créant un sentiment profond d’échec ou de déception.
Plus l’habitation est dans une commune éloignée, non reliée à un réseau de transport collectif performant, et plus le trajet domicile-travail devient un lourd fardeau qui pèse sur le moral (temps du déplacement, garde des enfants) et sur les dépenses (véhicules, carburant, assurances…). Pas d’écoles dans certaines communes, collège à quelques kilomètres, lycée encore plus éloigné, services de santé recentralisés, services au publics accessibles de manière aléatoires ou réduites. Les néo-ruraux et les ruraux qui les ont souvent fait venir se trouvent dans une impasse. Des millions de personnes se sentent en danger puisque leur espace financier de liberté ne cesse de se réduire.
La « crise » du diesel se nourrit de ces problèmes. Tout le monde se souvient des discours des vendeurs d’automobiles qui ont incité les acheteurs, sur la basse d’un calcul de kilométrage, à prendre un moteur diesel sous prétexte que le surcoût du véhicule serait estompé par le prix du litre de carburant…Les publicités mensongères des constructeurs sur le niveau de pollution des moteurs ont eu un effet sur ces acquéreurs soucieux de limiter leurs frais de déplacement et de ne pas culpabiliser sur l’utilisation du gazole. Il leur devient difficile d’assumer des hausses aussi brutales des carburants que celles que vient d’imposer le gouvernement… car il met en péril leurs équilibres financiers fragiles. C’est une réalité et il serait absurde pour des raisons partisanes de le nier.
Tous les « urbains » sont par ailleurs sensibles à l’utilisation du diesel car c’est incontestable que leur atmosphère quotidienne en pâtit mais ils ne seront pas touché par l’augmentation des taxes. Ils peuvent utiliser des transports collectifs sans grands problèmes ou trouver des solutions alternatives souvent « gratuites » à leurs déplacements. Tous les équipements structurants sont dans leur proximité. Ils peuvent vivre sans véhicule si c’est leur volonté contrairement à celles et ceux qui ont cru au mirage… des atouts de la ville à la campagne.
La part du diesel dans les immatriculations de voitures particulières neuves est tombée à 36 % en septembre et octobre, contre 40 % environ dans les mois précédents, selon des statistiques du Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA). A son apogée, en 2012, le diesel représentait encore près des trois quarts du marché automobile français, mais ce type de motorisation n’a plus la cote. La part du diesel, passée sous la barre de 50 % des véhicules neufs l’an dernier, était de 39,5 % sur les dix premiers mois de l’année. Les Français, qui étaient encore incités il y a quelques années par le gouvernement à acheter des véhicules diesel afin de diminuer l’empreinte carbone, ont été confrontés au revirement des politiques publiques amorcé en 2014, sur le constat que le diesel dégage davantage de gaz nocifs pour la santé.
On verra aux Européennes mais il est déjà acquis que ce sera une explosion des votes protestataires dans les zones les plus éloignées des centres urbains où au contraire il ne montera guère. Les exploiteurs des faiblesses du système social vont dès le 17 travailler à ça !

Cet article a 7 commentaires

  1. J.J.

    Ce gouvernement pratique une logique implacable : augmenter le prix du gasouale pour inciter les automobilistes à changer de carburant, c’est bien( ?).
    Mais comment justifier l’augmentation du prix de l’essence ?

    C’est un peu comme si, en voulant faire diminuer la consommation de viande, on augmentait le prix du pain….

    1. Bernadette

      Jacline mouraud appelle à bloquer le pays. Qu’en est il en Gironde ?et pourquoi dit elle que le pays est en train de mourir?
      Salutations

    2. faconjf

      Changer de carburant une belle fable !! je pouffe de rire excusez moi.
      Remplacer les 50 millions de tonnes équivalent pétrole par de l’électricité VERTE bien sur… Amusons nous à calculer ce que ça donne si vous le voulez bien. données de base 1 Tonne équivalent pétrole correspond à = 11.6 Mwh , la production du Parc éolien en France c’est 20 Gwh par km2 et cela qq soit le nombre et la puissance des éoliennes placées en zone favorable.
      Avec des éoliennes de 2 MW de puissance nominale (qui font de l’ordre de 100 m de haut), fournissant donc environ 4 GWh par an en zone favorable ce qui correspond donc à 344 Tonnes équivalent pétrole . substitution du pétrole par de l’éolien => 50 millions de tonnes équivalent pétrole divisé par 344 Tonnes équivalent pétrole il faut donc 146 000 éoliennes de 2 MW (avec 100% de disponibilité) sachant que l’on ne peut en mettre que 5 par Km2 ( limite technique des 20 GWh/km2) il faut donc 29 200 Km2 en zone favorable !!! Soit environ 5% du territoire métropolitain, ce qui représente à peu près la superficie actuellement occupée par les villes, les routes et les parkings, même si en fait les surfaces ne sont pas mobilisées en totalité et restent largement disponibles pour un autre usage (cultures notamment). Même avec des parcs éoliens offshores qui ont une meilleure performance ce défi n’est pas près d’être relevé.
      Et que croyez vous qu’il se passerait si demain l’éolien remplaçait le pétrole, croyez vous sérieusement que l’électricité ne serait pas taxée comme le pétrole…

  2. LAVIGNE Maria

    Retraitée, ponctionnée, humiliée, déconsidérée, révoltée, n’ayant plus aucun service public à proximité, médecin à 17 kms, spécialistes à 50 kms, le 17, je ferai partie des exploiteurs des faiblesses du système social. Je précise que j’ai travaillé 41 ans, que j’ai élevé deux enfants, ne suis jamais partie en vacances et j’en ai marre !

    1. Bernadette

      Vous vivez comme moi et d’autres d’esclavage moderne. Oui nous sommes des esclaves de la politique de la ville. Il faut toujours payer pour avoir un minimum ou rien du tout. Je comprends très bien ce mouvement du blocage de toute la France.
      @bientôt

  3. Philippe LABANSAT

    Une partie du château de cartes s’effondre. À suivre, le « tout nucléaire », l’agriculture intensive, etc.
    Rajoutez ce que vous voulez, vous aurez forcément juste…

  4. faconjf

    Bonjour,
    Le problème de l’automobile est plus important que ce que l’on nous en dit.
    Consommation annuelle globale de pétrole pour TOUS les transports (chiffres insée de 2016) 48.8Mtep ce qui correspond environ à 50 milliards de litres ou encore 12,5 millions de semi-remorque de 40 m3 soit une file de 212 500 km plus de 5 fois le tour de la terre … Rien que pour les transports, effarant non ?
    Le secteur des transports est responsable de l’émission de 130,5 millions de tonnes équivalent CO2, soit de 29,6% de l’ensemble des émissions françaises de gaz à effet de serre (GES)
    83% du transport est effectué en voiture particulière. Les Français consacrent plus de 82% de leurs dépenses en transports à leurs voitures (achat du véhicule, des carburants et lubrifiants, etc.). Les dépenses des ménages français dans les transports s’élevaient à 148,8 milliards d’euros en 2014, ce qui correspond à 13,1% de leurs dépenses de consommation.
    En 2016 il y avait 31.7 millions de véhicules immatriculés dont 62.2% de diésel.

    Alors quel est l’objectif de ce gouvernement ? Réduire les rejets CO2, pas évident car le diésel rejette moins de CO2 par Km que l’essence À kilométrage égal, la différence est de l’ordre de 25 % au profit des moteurs Diesel. Voir le comparateur de l’Ademe.
    Pour moi l’objectif du signal prix est de réduire drastiquement l’utilisation des voitures. Ainsi la collecte de taxes augmente et enrichi l’Etat, le deuxième effet c’est la réduction des importations en 2016 l’énergie représentait 30 milliards d’€ et en 2017 la facture était de 37.1 milliards (augmentation du prix du baril) . La Banque de France alerte dans son bulletin de la balance des paiements (5/10/2018) sur la dégradation des transactions courantes. En gros l’alourdissement de la facture pétrolière plombe le déficit extérieur du pays. L’argument écologique du méprisant de la ripoublique ne tient pas la route !! La réalité est bien plus sinistre, notre pays s’enfonce dans le déficit. Et l’horizon s’obscurcit L’économie européenne ralentit en 2018 alors que la BCE a injecté 2.700 milliards d’euros en rachetant des obligations, ce qui est plus qu’inquiétant. Le secteur bancaire italien est très fragile tandis que l’économie italienne, la troisième de la zone euro, vacille avec un taux de croissance zéro. Le feu couve sous la braise italienne ; les taux d’intérêt vont inéluctablement remonter en 2019. La triste vérité c’est que la BCE, la Fed et les gouvernements, avec l’éléphant dettes dans le corridor, ont déjà tout donné, et se retrouvent les mains liées et sont impuissants si le cycle économique se retourne.
    Voila, pour moi, les raisons de l’intransigeance du gouvernement face à la colère des Français.
    La suppression de l’ISF et les cadeaux aux employeurs ont creusé un gouffre dans le budget, sans relancer la machine économique et maintenant impossible de faire machine arrière. Donc les impôts vont augmenter et la colère des Français aussi!
    Le méprisant et ses valets vont mal dormir.
    Salutations républicaines

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