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Les Maires ne rentrent de leur congrès qu’avec des gadgets

Le congrès des Maires se termine et les troupes vont regagner la France périphérique après avoir goûté, pour les plus convaincus d’entre eux, aux ors de l’Elysée… et aux bonnes paroles de tous les responsables qu’ils ont eu le plaisir de découvrir sur scène dans la comédie intitulé « je vous ai compris mais c’est ainsi ! ». Ce genre de grand messe à laquelle j’ai eu le plaisir de participer à 20 reprises consécutives (dont les dernières comme membre du bureau national de l’AMF) reste indispensable car c’est l’opportunité de rentrer les bras chargés de gadgets divers d’autant plus aisés à ramener qu’il n’y a jamais de certitudes tangibles sur le reste. Chirac, Sarkozy, Hollande : les trois présidents que j’ai croisés ont toujours tenté de rassurer les élu(e)s de la cellule républicaine de base. Pourquoi en aurait-il été autrement cette fois ? C’est une tradition : les maires râlent et les ministres se succèdent pour leur expliquer qu’ils les ont entendus ! Les vraies négociations auront lieu ailleurs et dans un autre cadre !
Tout est affaire de communication et donc il faut en dire le moins possible pour éviter de se retrouver en contradiction avec les éléments de langage gouvernementaux définis à l’avance. En 2013 les médias couraient après les Maires décidés à renoncer… Quatre ans plus tard ils recommencent avec le même emballement et le même étonnement ! La situation a empiré et elle n’a pas que des raisons financières mais elle reflète la situation d’une société totalement inégalitaire. Le problème est donc ailleurs !
D’abord depuis quelques années, sans que la responsabilité en revienne au gouvernement actuel, la loi NOTRe est passée par là. Il serait malhonnête sauf à être « Hollandidolâtre » de prétendre ce texte n’a pas considérablement affaibli la cellule communale. Par la force des textes, de manière totalement abstraite ou sous l’influence de potentats locaux soucieux de préserver leur pré carré ou de se créer un fief, les cartes de l’intercommunalité ont été dessinées avec au bout du compte la mise en œuvre d’un principe absurde voulant qu’une somme « d’individualités » fasse une entité cohérente. Dans cet embrouillamini juridico-administratif plus personne n’a vraiment trouvé sa place. Le puzzle intercommunal de remplacera jamais la proximité communale.
Lentement mais de manière inexorable la commune s’est de fait dissoute dans une structure abstraite qui la rend inutile selon sa taille. Le Maire, premier interlocuteur des associations, des clubs, des entreprises, des services à l’enfance, des personne âgées ou aux handicapées n’a plus aucun rôle à jouer. Il est devenu au mieux un relais de volontés exprimées par un « outil de mise en commun » ou au pire un(e) spectateur(trice) de décisions dans lesquelles il a parfois une voix parmi des dizaines accordées aux grandes communes. Les cartes des communautés de communes préfigurent la France dont rêve Bercy ! « Tu verras Jean-Marie, m’avait confié Jacques Pélissard Président de l’AMF lors du dernier jour de notre mandat national en 2026 il y aura 13 régions, 60 départements et 15 000 communes » On y va tout droit !
De fait l’intercommunalité a doublé le nombre des réunions sans que d’une manière où d’une autre l’efficience en soit démontré pour al démocratie. Elle a également éloigné le (la) citoyen(ne) du pouvoir local qui n’a plus de réponses possibles rapides aux demandes du quotidien. Toutes les compétences essentielles (il reste souvent dans les mairies un brin d’Etat-civil, l’école quand il y en a une communale, le cimetière, l’église, les fossés à curer -et encore- , quelques chemins à rafistoler, des trottoirs à créer et quelques associations manquant souvent de bénévoles à encourager) sont parties vers d’autres cieux et d’autres décideurs. La vraie question demeure : à quoi servira donc dans quelques années un Maire et une douzaine de conseiller(e)s municipaux qui, selon la gouvernance de l’équipe municipale ne sentent inutiles et sous-informés.
C’est donc plus de 55 % des maires des communes de moins de 3500 habitants qui veulent se consacrer à autre chose qu’à une fonction élective. Je l’ai fait en 2008 pour l’intercommunalité et en 2014 pour la commune comme je m’y étais engagé et je le ferai peut-être bientôt pour le dernier mandat qu’il me reste. La question des élu(e)s est existentielle : à quoi servent-ils ? A part devenir le réceptacle des déboires sociaux, des situations insolubles, des rancœurs accumulées, des contestations nationales détournées, des carences étatiques, des attaques dictées par des intérêts personnels ils n’ont plus que de faibles possibilités d’agir pour l’intérêt général dont tout le monde se fout. A l’image des populations qui leur ont fait confiance ils (elles) se sentent oublié(e)s, abandonné(e)s voire méprisé(e)s et même socialement inutiles et désormais en danger ;
Tout Maire qu’il soit dans la plus minuscule commune ou dans la plus grande ville a exactement les mêmes responsabilités et les mêmes devoirs. Or le fossé des moyens ressemble à un précipice… et il pose vraiment un problème de fond sur une fonction perçue de la même manière par l’électrice ou l’électeur, le(la) consommateur(trice), le (la) contribuable ! N’importe quel détenteur du pouvoir central peut leur promettre davantage de liberté, moins de tracasseries administratives, une écoute accrue : c’est du pipeau intégral ! La liberté ne repose que sur les moyens dont on dispose pour l’exercer et de ce coté là les détenteurs des « cordons de la bourse » les tiennent en laisse. L’administration a muté et n’existe que pour réprimer à posteriori ! L’écoute ressemble à celle d’un sourd heureux de de rien entendre. Mais ne vous inquiétez pas les gilets jaunes seront là pour sauver la démocratie de proximité !

Cet article a 5 commentaires

  1. Philippe LABANSAT

    La grande masse des communes a été dissoute, en catimini, dans les intercommunalités et les métropoles.
    Voter pour un maire qui n’a quasiment plus de pouvoir, ni dans sa commune, ni dans son intercommunalité, n’est guère enthousiasmant.
    Il est à craindre que l’échelon démocratique le plus proche de la population soit déserté, comme les autres, par les électeurs.
    Nous n’avons pourtant jamais eu autant besoin de démocratie qu’aujourd’hui…

  2. faconjf

    Bonjour,
    évincer les maires des petites villes et villages des campagnes une stratégie propre au méprisant de la ripoublique. Stratégie qui relève de la pensée complexe exprimée en avril dernier à la Nouvelle Revue Française: « J’assume totalement la verticalité du pouvoir, qui croise l’horizontalité de l’action politique. J’assume les choix qui sont faits, et je hais l’exercice consistant à expliquer les leviers d’une décision. »
    Cela nécessite, pour saisir cette pensée complexe, une petite explication géométrique.
    La verticalité concerne les pouvoirs souvent hiérarchisés d’organismes institutionnels tels que les gouvernements, les partis politiques, les assemblées nationales ou parlements, les Grands Corps Constitués, les syndicats… et dans le privé, les organigrammes des sociétés, les très grandes comme les PME.
    L’horizontalité concerne la base de ce triangle rectangle c’est à dire les citoyens organisés en associations ou sociétés diverses ou même solitaires, tous ceux qui en démocratie, deviennent électeurs ou votants, s’ils le veulent bien, qu’ils appartiennent à la gauche, à la droite, aux extrêmes ou au centre. Sous la Révolution dans l’assemblée législative (1791), on trouvait même la montagne, la plaine ou le marais. Encore une métaphore spatiale dans la salle du Manège à Paris.
    Et il se trouve que les maires sont placés de fait à l’intersection des lignes de pouvoirs verticaux et horizontaux. Les maires sont soumis à une contrainte horizontale d’autant plus forte que les communes sont petites et verticalement plus faibles du fait de l’éloignement des pouvoirs. D’où l’intérêt de supprimer les petites communes au profit de structures ayant une masse critique suffisante pour isoler (éloignement) le maire de la pression horizontale et renforcer la verticalité (rapprochement). L’émergence des comcoms avec une taille importante résulte de cette stratégie. La tactique consiste à faire croire que les raisons sont économiques et d’encourager (un peu) financièrement les fusions sur les quatre strates ( région,département, comcom et communes) et quand cela ne va pas assez vite en légiférant avec des butées de temps très proches.
    On retrouve dans la déclaration du méprisant « …et je hais l’exercice consistant à expliquer les leviers d’une décision. » l’élément moteur à peine dissimulé, la perte de temps consacrée à convaincre. Ainsi le bourrage de crânes, renommé pédagogie, devient facile à alléger. Un gain important en temps et en argent pour induire encore plus de « flexibilité » à des citoyens dont on veut éparpiller le pouvoir fédératif de contestation. Ce que les hautes sphères politiques nomment  » lever les freins au changement »
    Cette stratégie prônant la verticalité est aussi à l’œuvre dans la structure la république En Marche. Pour preuve cette citation  » Monsieur le Président, il faut repenser En Marche. En abandonnant le pouvoir horizontal et participatif des débuts d’En Marche, vous avez coupé le lien qui vous unissait avec les marcheurs. Il faut urgemment sortir La République En Marche de cette contradiction entre une horizontalité proclamée et une verticalité factuelle. » extraite de la lettre d’une marcheuse https://www.opinion-internationale.com/2018/10/17/lrem-doit-etre-repense-lappel-dune-marcheuse-den-marche-a-emmanuel-macron-et-christophe-castaner_55939.html
    En fait ne RIEN donner aux maires est une tactique pour les discréditer aux yeux des électeurs en démontrant, objectif premier qu’ils ne pèsent RIEN dans sa gouvernance… Le deuxième objectif est de d’encourager l’abstention qui est censée être favorable aux partis structurés ( la REM).
    Pour moi les gilets jaunes c’est le dernier soubresaut d’une démocratie de proximité qui ne veut pas mourir.
    Salutations républicaines

  3. Bernadette

    Les maires sont très différents les uns des autres. Si intercommunale il y a c’est qu’il faut faire au mieux avec ce qu’il reste de viable. Je pense mais ne suis pas certaine qu’il va falloir mettre en commun les outils pour une équité. Les communes ont dépensé beaucoup et n’ont pas apporté le bien commun qui va avec aux habitants.
    Y aura t’il un regard plus interrogateur sur les dépenses ?

    1. faconjf

      @Bernadette les comcoms dépensent elles aussi « un pognon de dingues » et vous voyez des résultats concrets? Avez-vous un moyen de pression sur le président de VOTRE comcom ? L’avez-vous déjà rencontré? La mutualisation remède magique pour résoudre les problèmes c’est poudre de perlimpinpin !!!
      Éloigner les administrés des décideurs pour que leur(s) mécontentement(s) deviennent inaudibles et noyés dans un fatras d’injustices, voila la solution des énarques. Les maires des petits villages reçoivent des coups de tous les cotés, il est URGENT de les soutenir même si leurs décisions sont parfois critiquables.

      1. Bernadette

        Non ce n’est pas cela. Jamais citoyenne lambda que je suis à été invitée à rencontrer l’élu qui chapôte la communauté de communes, en revanche je paie un impôt pour l’intercommunalite.

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