You are currently viewing Mettre son énergie dans l’autosuffisance

Mettre son énergie dans l’autosuffisance

Une facture d’électricité est constituée de trois tiers  : la fourniture d’électricité, l’acheminement de cette électricité, et des taxes et contributions diverses, dont la TVA qui ne manque pas de prélever la dîme de l’Etat. Ce système incite fortement à consommer et rien n’est vraiment fait pour que nous devenions auto-producteurs de notre énergie. Pour ma part je défends depuis longtemps l’idée que plutôt que la revente des kilowatts produits par une installation individuelle spécifique il faut fortement inciter les consommateurs à les substituer partiellement à l’énergie venant du réseau. C’est désormais possible mais l’investissement reste important pour des propriétaires aux revenus moyens et impossible pour celles et ceux qui ont les plus faibles.
C’est le paradoxe de la loi puisque ce sont les ménages aux revenus les plus modestes qui ont le plus de mal à régler leur consommation. Actuellement il est possible de négocier avec EDF la pose sur un toit compatible d’une installation de panneaux solaires assurant la moitié de sa facture moyenne des années antérieures. Un ajustement de sa manière de consommer est nécessaire puisque durant la journée la production assure la gratuité alors que bien évidemment la nuit elle bascule sur le système normal. Il y avait aussi la possibilité de se regrouper pour assurer les besoins mais elle a également du plomb dans l’aile.
La loi du 24 février 2017 permettent en effet à plusieurs producteurs et consommateurs d’électricité voisins de se regrouper au sein d’une seule personne morale pour consommer collectivement l’électricité produite. Il serait donc possible pour un groupement d’habitations de bénéficier d’une installation globale ou d’une équipement sur un grand bâtiment voisin. Il s’agirait d’une belle avancée pour le principe de l’autoconsommation puisque la notion deviendrait collective avec des économies d’échelle et un amortissement partagé. On peut imaginer des » micro-centrales » photovoltaïques desservant des particuliers. C’était bien entendu trop beau car tout ce qui est collectif fait peur en France ! Tout ce qui a une consonance citoyenne encore plus !
Le cadre légal français de l’autoconsommation collective, avantageux mais trop contraignant, va bloquer les projets d’initiative citoyenne stricto sensu et de les réserver à des structures professionnelles, aménageurs, syndicats d’électrification, bailleurs sociaux, promoteurs immobiliers, fournisseurs d’électricité… On n’est plus dans une appropriation du système mais dans les faits d’un retour à de structures exploitantes et déléguées. L’électricité produite par les uns et consommée par les autres doit passer par le réseau public, et en supporter les coûts. L’autoconsommation entre voisins est de surcroît considérée comme une vente, et doit supporter les taxes et contributions relatives à la vente d’électricité, dont le Turpe (tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité), la CSPE (contribution aux charges de service public de l’électricité), la TCFE (taxes locales et départementales), la TVA sur les consommations et sur l’abonnement et, subtilités françaises kafkaïennes, la TVA sur les taxes et la CTA, qui finance les retraites des entreprises historiques de l’industrie électrique et gazière. C’est d’une simplicité encourageante !
La France n’a jamais vraiment fait confiance en ses citoyen(ne)s pour assumer des responsabilités refusant de détruire des entités lourdes au profit de ce qui pourrait s’assimiler à de l’autogestion responsable. On parle beaucoup par exemple du principe de l’auto-suffisance alimentaire partielle mais il a bien du mal à émerger face aux lobbies de l’agro-alimentaire et surtout aux réglementations castratrices (par exemple celle sur les semences) de plus en plus nombreuses. Les structurations (jardins partagés) commencent cependant à pointer le bout de leur nez sur certains territoires mais de manière encore timide. Des coopératives de vente directe se lancent également sur le marché et les AMAP rencontrent un vrai succès. Le traitement des déchets biodégradables par des composteurs individuels a encore beaucoup de perspectives de développement.Toutes ces initiatives reposent sur une prise de conscience citoyenne qu’il faudrait encourager.
L’exemple de la production énergétique partagée pourrait constituer un programme intéressant dans un contexte où on atteint les limites des alternatives de grande ampleur. Pas un seul projet de parc éolien ne soulève pas d’oppositions farouches. Les grandes surfaces solaires peinent à trouver les espaces nécessaires pour s’installer dans es secteurs où il est nécessaire de préserver le foncier agricole. Les hydroliennes de toutes tailles ne sont pas toujours bien accueillies et surtout possibles en raison de l’étiage des cours d’eau. Les équipements d’exploitation de la biomasse révulsent les riverains. Peut-être faut-il encourager des projets citoyens autogérés acceptables et acceptés et les valoriser pour qu’à terme nous trouvions des solutions compats, tibles avec les contestations répétées des « grands » équipements.
Au cours de récentes décennies un effort a été mis sur les économies d’énergie. Elles ont désormais montré leurs limites dans une société qui est de plus en plus énergivore. Un autre stade complémentaire doit s’enclencher. Il reste tributaire de ces pesanteurs réglementaires opposables à la volonté affichée de mettre en œuvre une autre forme de gestion dangereuse pour le monde du profit. Il en est toujours ainsi…

Cet article a 11 commentaires

  1. Bernadette

    Bonjour,
    Dans la loi du développement durable chaque citoyen devient l’acteur principal de sa consommation énergétique. Ce citoyen doit payer et c’est au travers de sa consommation chiffrée qu’il doit prendre conscience de réduire sa propre consommation. Le citoyen est le seul juge dans son auto suffisance.

  2. Bernadette

    Il serait bien de rappeler pourquoi l’éolien est en perte de vitesse ?

  3. Bernadette

    Dans la continuité de mes précédents messages, les 5 éoliens prévus sur la commune de Maransin vont ils être construits ?

  4. Bernadette

    Comment allons nous nous éclairer demain. Quel en est le projet d’avenir ? Allons nous subir des coupures intempestives d’électricité ?

  5. faconjf

    Bonjour,
    l’auto-consommation ou loto consommation telle est ma question. J’en ai profité pour réactualiser mes connaissances sur le sujet.
    Voici mes résultats, pour couvrir 17% de mes besoins il me faut entre 25 et 30 m² de panneaux monocristallins orienté sur mon toit au Sud-est qui fourniront 3 Kwh crête au meilleur de la journée. Taillé à la serpe, le devis c’est 9 000 € déduction faite des aides reste 7 000 d’investissement, économie annoncée 422 €/an, retour sur investissement 17 ans !!!
    Tout cela sous le jour favorable d’une installation sans avenants, sans défaillances avec un rendement constant sur 17 ans ( ouaff! ouaff!!). Et cerise sur le cageot, en tenant compte de la valeur de rachat des KWh excédentaires … Sachant que les onduleurs ou micro-onduleurs, transformant le courant continu produit en courant alternatif consommable, sont très sensibles aux défaillances et d’un coût très élevé. Je ne mentionne pas non plus le coût du crédit pour financer l’installation. Ni de l’intégration au bâti (IAB) plus nécessaire en 2019 ce qui n’affranchi pas d’éventuels surcoûts de renforcement de charpente ( 25kg/m² X 30 m² = 750 kg).
    Des considérations économiques pas souvent abordées par les marchands de casseroles reconvertis de fraiche date dans les énergies vertes. L’argument massue c’est « sauvez la planète !!! » ou si vous ne faites RIEN, sous entendu en achetant pas mon rêve écologiste, vous êtes au mieux des vilains pollueurs et au pire des assassins.
    Personne ne vous alerte sur les risques liés aux incendies : une infrastructure dotée de panneaux photovoltaïques n’est pas prise en charge dans la majorité des cas par les sapeurs-pompiers du fait de l’exposition des hommes au danger électrique et au risque d’électrocution encouru. En cas d’incendie un risque mécanique est possible (chute du ou des panneaux) ainsi qu’un risque toxique (combustion des composants du panneau : résine à base de polymère enrobant les cellules, le mylar, isolant électrique, le tedlar, polymère fluoré pour protéger les surfaces). Risques liés au vol il se développe sur des toits accessibles et partout en Europe ce type de forfait apparait… Reste l’énergie grise, nécessaire à la production assemblage et transport ( 95% produits chinois à 25 000 km d’ici ) des panneaux, de 1 à 7 ans de production pour effacer l’ardoise écologique.
    Bon, je pense que je peux sans trop me forcer économiser 17% d’énergie électrique et ça me coute zéro € .
    La seule « bonne » énergie c’est celle que l’on ne consomme pas.
    Salutations républicaines

  6. Alain.E

    Bien d’accord avec faconjf ,j’avais fait des devis , il y a quelques années , et c’était bien cher , avec un rendement aléatoire, un retour sur investissement très lointain, et sans parler de toutes les sociétés bidons qui vous construisaient des installations vérolés . Bref , une usine à gaz pour du photovoltaïque et c’est pas du vent. Je pense en revanche que l’éolien pourrait avoir un bel avenir , il suffirait pour ça d’installer les éoliennes en face de ceux qui brassent du vent , près des ronds points ou il reste des gilets jaunes par exemple , ou en face de moi devant ma tablette……..

    1. J.J.

      Je reprends les propos de faconjf : « la seule « bonne » énergie c’est celle que l’on ne consomme pas ».
      Et il existe un moyen de ne pas consommer d’énergie, tout en en profitant.
      Ça a l’air amphigourique, mais je m’explique : il existe des panneaux solaires, mis au point dans les années 70, dont la seule fonction est de produire de l’eau chaude « à consommer sur place », stockable, et dont le rendement est particulièrement élevé.

      Même par temps très couvert, le liquide caloporteur est élevé de plusieurs degrés, ce qui permet d’économiser l’énergie du chauffe eau, ou de la chaudière qui prend le relais en cas de défaillance.

      L’inconvénient , c’et qu’il est difficile, voir impossible de faire payer et taxer la chaleur produite par le soleil (ou du moins on n’a pas encore trouvé le moyen).

      Ce procédé, connu et utilisé depuis longtemps est systématiquement victime d’une contre publicité, « bashingué ( il n’y a pas de raison de ne pas introduire de nouveaux monstres dans le vocabulaire, comme l’écriture dite « inclusive »,c’est « tendance »).

      Principaux arguments utilisés par les détracteurs pour décourager les éventuels utilisateurs :
      C’est cher à l’installation (pas plus que des panneaux photovoltaïques, peu d’énergie « grise », fabrication locale, et si le procédé était plus répandu, les prix diminueraient… ).
      Il faut renforcer la charpente. (par pour les panneaux photo voltaïques ?)
      Il y a des frais d’entretien (par pour les panneaux photo voltaïques ?) etc…

      Voilà donc un procédé, efficace, qui a d’ailleurs fait ses preuves, mais qui, ne produisant pas de profits pour les fournisseurs d’énergie en tout genre, et faute de pouvoir être taxé, ne connait aucun essor.
      23 nivôse 227

  7. Alain.e

    j’ ai vu ce système de panneau solaire sur un gite , et je trouve cela assez intéressant, pas de branchement EDF, une installation simple et une augmentation de la chaleur par air pulsé réchauffé , je mets un lien pour les curieux

    https://www.captairsolaire.com/presentation/

    1. J.J.

      Ça aussi a l’air intéressant. Le système que j’ai décrit permet, en restant indépendant, de produire, selon la saison, et même en hiver, la majeure partie de l’eau chaude sanitaire et domestique.
      La difficulté, c’est de trouver un installateur qui n’a pas été convaincu par les contre- publicités, embouchant les trompettes du dénigrement.

    2. faconjf

      bonsoir,
      des innovations sont à attendre du coté des climatisations solaires réversibles avec production d’eau chaude sanitaire. Un dispositif connu depuis 1859 ( Ferdinand Carré) sous forme de réfrigérateur dit sans compresseur que l’on trouve encore dans les camping-cars et hôtels pour leur fonctionnement silencieux. Le dispositif ne fonctionne pour le moment que sous forme de prototype pour les collectivités il a reçu le Grand Prix 2011 des Trophées des Énergies Renouvelables et de l’efficacité énergétique de l’ESSEC Business School ALUMNI a été décerné à la société Helioclim SAS. Utilisant l’ammoniac, un gaz sans effet de serre, il répond de manière écologique aux besoins de climatisation / chauffage, une jeune entreprise Française, fabriquant en France sans recours aux terres rares ou autres ressources précieuses…

      1. Janeli

        Bonjour à tous,
        en faisant des recherches sur le chauffage solaire, j’ai trouvé ce fil de discussion (tous les chemins mènent à Rome 🙂
        Les choses ont pas mal évoluées depuis 2019 et il existe maintenant des fabricants français de chauffage solaire aérothermique comme par exemple Boisurel ou Le Bulant.
        Pour ceux qui veulent découvrir https://boisurel.com

Laisser un commentaire