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Passage décevant à l’université

Passer une journée dans une Université face à des étudiants(tes) en master 2° année de droit public ne rend pas très optimiste sur l’avenir. Il s’agit en effet de jeunes en passe de terminer leur cursus universitaire ayant, pour une bonne part d’entre eux, l’intention de passer les concours de la fonction publique territoriale ou ceux des Instituts Régionaux d’Administration (ils l’ont déjà passé) ou souhaitant devenir avocats de droit public. Ils (elles) seront donc demain d’une manière ou d’une autre des personnes ayant un rôle important dans la gestion de l’État ou des services des communes, des communautés, des départements ou des régions. La journée était dédiée au droit de l’urbanisme dont on sait combien il est décisif dans la vie quotidienne des habitants.

Les cinq heures se déroulent, non sous la forme d’un cours formel, mais d’un échange ponctué d’informations concrètes faites par un avocat spécialisé avec en contre point de la présentation des textes, des ajustements effectués par un élu (moi). Bien évidemment cette journée s’inscrit dans la cadre des obligations faites à toute les élèves de la « classe ». Or, à peine la moitié d’entre eux, est présente à l’ouverture de la session. Les autres ? Peu concernés et donc absents (sulement deux personnes passeront s’excuser car elles sont à la recherche d’un stage et une autre fera une apparition vers midi!)… Une dizaine de futurs cadres attend donc silencieusement, un peu à la manière des condamnés aux travaux forcés, les informations que l’on doit leur délivrer. dans une salle vide.

Première surprise : malgré leur niveau supposé, ils ignorent ce que sont un Plan Local d’Urbanisme (et encore moins un Plan Local d’Urbanisme Intercommunal) et un Schéma de Cohérence et d’Organisation Territoriale… ce qui constitue un véritable problème pour alimenter un débat. Même étonnement quand on aborde les démarches à effectuer pour la construction ou la vie municipale. En tant qu’étudiant ils sont à un niveau que bien des citoyens(nes) « ordinaires » dépassent dans leur quotidien. Inquiétant, mais dans le fond un reflet des formations dispensées qui sont déconnectées de la réalité du terrain et qui ne sont que des visons abstraites du fonctionnement de la société. A toutes les questions posées par l’avocat ils répondent du bout des lèvres ou se taisent ! Ils ne particpent vraiment pas comme tétanisés par eds années de silence imposé. Aucune véritable participation et surtout aucune curiosité ! Ils noircissent du papier ou tapent la tête baissée sur le clavier de leur ordinateur portable. Des étudiants(tes) parfaits(tes) qui ne veulent vraiment pas transgresser les habitudes faisant qu’un « cours » soit un moment d’ingestion de données et pas nécessairement une réflexion sur les méthodes de gestion de l’urbanisation. Tenter de les sortir de cette passivité angoissante ne servent à rien. Ils résistent à tout comme si la méfiance était présente à moins que ce nse soit l’indifférence.

Au fil de la journée le groupe s’amenuise car quelques-un(e)s ont une obsession : dénicher un stage pour valider leur master 2 dans un service de l’État ou une collectivité territoriale et visiblement pour certaines ce n’est pas très facile… pour des raisons qu’il ne serait pas bon d’expliciter mais qui sont bien tragiques. Faute de réseau elles (ce sont les filles qui en parlent) rament (« j’ai eu 60 refus à ce jour donc je fais du porte à porte car je dois débuter mon stage lundi !» me lance une étudiante d’origine maghrébine) et sont très inquiètes vis à vis de leur examen qui peut ne pas être validé que si elles dénichent un lieu d’accueil. C’est devenu le casse-tête de tous les lycéens, de tous les étudiants(tes) en cette période de l’année. Trouver un stage ! « C’est obligatoire mais nous sommes livrés à nous-même » ajoute-t-elle. « Je suis désolée mais je dois m’absenter ». Je prends vite conscience de cette inégalité flagrante et donc de l’inutilité de ma présence et d’une intervention en décalage complet avec cette vie étudiante très inégalitaire car basée sur les moyens de l’entourage et sur un niveau social porteur.

La citoyenneté est au degré zéro pour certains(nes) et lentement je me rends compte que tenir des propos sur une nécessaire réflexion « politique » sur la construction d’un document d’urbanisme n’ont en fait aucun intérêt pour eux car ils savent tous que lors de l’examen, on leur demandera seulement de recracher des considérations formelles et pas nécessairement des analyses de fond. Dans la construction du PLU, du PLUI, du SCOT ils ne veulent entendre que les considérations réglementaires de sécurisation de la procédure et de références à la jurisprudence (et encore?). Ils sont très éloignés du fait que les règlements n’effacent jamais les difficultés auxquelles sont confrontés les élus(es) pour faire évoluer la mixité sociale, les taux de logements sociaux, la préservation des espaces naturels ou agricoles, la mobilité douce ou la densification urbaine ! Autant de préconisations réclamées par les textes et qui sont rejetées par les populations et qui nécessitent beaucoup de soutien des techniciens!. Dans le fond la « chose » publique ne les passionne guère alors que c’est le cœur de leur formation et de leusr esporis de professionnalisation. D’ailleurs certaisn n’ont aucuen ou peu d’idée sur leur carrière. La journée s’achève. Je suis désarmé devant cette nouvelle expérience. La technicité pour ne pas dire la technocratie a vraiment de beaux jours devant elle pour prospérer. Et moi plus aucun illusion sur l’évolution sociale!

Cet article a 8 commentaires

  1. J.J.

    Situation évidemment très grave, mais déjà courante.
    Lorsque ces olibrius diplômés auront à prendre une décision, ils ne s’abaisseront pas à consulter un habitué du « terrain », ni à écouter le raisonnement de bon sens d’un usager.

    Ils se retrancheront derrière leur autorité pour imposer une décision calamiteuse, mais qu’ils jugeront conforme aux prescriptions des professeurs Nimbus, en déclarant :
    – « Vous ne comprenez pas le bon sens de l’administration » (réponse d’un technocrate de feu la D D E à une proposition de bon sens).

  2. faconjf

    Bonjour,
    et voila comment les élus et derrière eux les citoyens usagés et payeurs sont petit à petit dépossédés de ce qui constitue leur cadre de vie. La verticalité du pouvoir se démultiplie au sein des administrations en dépossédant leurs cadres de la technicité indispensable pour régler les problèmes réels. Ainsi, le pouvoir est confisqué par des « sachant » seuls détenteurs du décisionnel puisque seuls à détenir la connaissance. La raréfaction des ressources humaines compétentes constitue des goulots d’étranglement aux contestations légitimes des élus, ce qui ralenti, voire même étouffe, les recours. C’est le même schéma qui a été mis en place dans les grandes entreprises, il y a plus de 20 ans, en supprimant les interlocuteurs administratifs de proximité qui réglaient chaque jour les problèmes des salariés. En centralisant loin des salariés des cellules RH compétentes, les contestations se sont réduites par manque de réponses.
    Est-ce la stratégie des technocrates ou simplement un étiolement des exigences du système de formation ? Il faudra quelques années pour le savoir car les compétences des plus anciens vont naturellement disparaitre.
    Salutations républicaines

  3. Bernadette

    Situation très grave pour les lois sur la planification pour une administration déconcentrée. Le foutu management ne peut s’adapter car les scot sont le reflet d’une cartographie réalisée par differents chargés d’études dont l’insee à apporter ses contributions.
    Il manque la réalité du terrain

  4. faconjf

    Petite histoire vraie, un ami mien avait construit une serre de jardin en bois de récupération et polyane armé en 2015. L’édifice érigé en milieu agricole dans un hameau d’une dizaine de feux d’une hauteur en faitière de 2.2 m pour une surface de 17 m2. Cette personne très légaliste avait déclaré cette construction éphémère.
    La semaine dernière , soit 4 ans plus tard, il reçoit de la préfecture un commandement de payer pour une somme due au titre de la taxe d’aménagement de 2745€. L’administration n’a pas oublié de lui facturer dans le prix la redevance d’archéologie 55€, une aberration car elle n’est due que pour des fondations de plus de 0.5 m de profondeur… En raison de son âge avancé et de son état de santé la serre n’est plus utilisée et en partie démontée, mais la facture est maintenue.
    A l’heure du bio, ça fait cher la tomate cultivée maison.

    1. Bernadette

      Bjr faconjf,
      J’avais compris que le potager attenant à la maison serait soumis à facturation. Qu’en est il ? Savez vous?

      1. Bernadette

        Ce jardin a été classé par la commune en zone constructible (verbalement). Pourquoi la commune a t’elle choisie de déclasser un terrain agricole qui était constructible et pourquoi la commune ne m’a t’elle pas averti du classement des terres agricoles en constructible. Je comprends mal cet agissement parce que c’est bien la commune qui agit avant de faire valider par le commissaire enquêteur de la DDTM.

  5. Bernadette

    Ce jardin a été classé par la commune en zone constructible (verbalement). Pourquoi la commune a t’elle choisie de déclasser un terrain agricole qui était constructible et pourquoi la commune ne m’a t’elle pas averti du classement des terres agricoles en constructible. Je comprends mal cet agissement parce que c’est bien la commune qui agit avant de faire valider par le commissaire enquêteur de la DDTM.

  6. J.J.

    Facon JF « Cette personne très légaliste avait déclaré cette construction éphémère »

    Et c’est le tort qu’elle a eu ! Oui, je sais,je risque de passer pour un abominable insoumis, mais j’ai déjà vécu une semblable expérience qui m’a servi de leçon.

    Aussi, ayant à faire divers travaux qui auraient demandé une autorisation de voirie, et par conséquence, entre autre, un avis favorable de l’architecte des Bâtiments de France etc…, d’accord avec l’entrepreneur, nous avons « plié » le chantier au plus vite, sans gêner la circulation et sans nous faire remarquer.
    Il s’agissait de remplacer les tuiles d’une toiture, j’avais bien sûr choisi une teinte en accord avec le voisinage. Une demande d’autorisation (si elle avait été accordée!) aurait probablement demandé des semaines, des « pinaillages à n’en plus finir, etc…
    9 ventôse 226

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