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Des faillites qui en annoncent d’autres

La compagnie aérienne française XL Airways, qui dessert principalement les Caraïbes, La Réunion et les États-Unis emploie environ 600 salariés. Elle s’est déclarée en cessation de paiement et a été placée en redressement judiciaire. Cette situation critique intervient après qu’une autre compagnie aérienne française se soit retrouvée face aux mêmes difficultés. La compagnie aérienne Aigle Azur a en effet été mise sous séquestre après plusieurs mois de problèmes de trésorerie.

Les destinations en Algérie représentaient la moitié des opérations de cette société qui a réalisé un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros l’an dernier, après avoir transporté quelque 1,9 million de passagers. Ce sont plus de 1150 employés dont plus de 350 basés en Algérie qui ne sont plus payés. Ces « faillites » comme on disait plus simplement autrefois, démontrent les énormes failles du système libéral mondialisé. L’opinion publique en dehors des malheureux passagers bloqués ou spoliés ne s’émeut guère de défaillances qui touchent des entités relativement importantes.

Quand dans la foulée est annoncé que le voyagiste Thomas Cook mettrait la clé sous la porte des beaux lieux de vacances qu’il dessert l’inquiétude monte d’un cran. En effet il risque d’entraîner dans sa chute des hôtels, des structures de séjour et… des compagnies aériennes. Le compte à rebours a commencé pour Thomas Cook pour environ 22 000 salariés, dont 9 000 pour le Royaume-Uni et près d’un millier en France. Si on cumule ce sont donc plus de 2300 emplois qui pourraient être emportés par ces seules trois défaillances financières. À la fois tour-opérateur et compagnie aérienne, Thomas Cook réalise environ 11,32 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel. Fragilisé par la concurrence entre tour-opérateurs et désormais dans un environnement économique incertain, au Royaume-Uni avec le flou entourant le Brexit et la chute de la livre il attend de l’argent frais. 

En effet si des erreurs de gestion ont été certainement commises et si des mauvaises stratégies sont manifestes le vrai problème se trouve au niveau des actionnaires et du système bancaire. Ainsi on oublie de signaler que parmi les « propriétaires » de Aigle Azur on trouvait un conglomérat …chinois possédant 49 % des parts et qui a refusé de jouer son rôle. C’est un autre actionnaire (19%) qui a fomenté un coup de force mettant en péril l’entreprise avec explique-t-il, l’accord des Chinois… qui ne brochent pas.

Chez l’ancêtre des voyagistes on retrouve dans le tour de table qui a été tenté pour trouver les 220 millions nécessaires, l’investisseur… chinois Fosun qui a pris 75% au moins du tour opérateur du groupe et 25% de la compagnie aérienne soit le maximum possible en Europe. Pour le petit Poucet de XL Airways même scénario : les investisseurs en retirant leurs billes ont conduit à la faillite forcée.

Bien entendu derrière ces manigances de la finance internationale (Anglais, Américains, Chinois et autres) on trouve des salariée.e.s sacrifié.e.s sur l’autel du profit. Ce comportement a tout lieu d’inquiéter où en France les concessions faites à l’économie libérale dans des secteurs stratégiques se multiplient. On a l’exemple de l’aéroport de Toulouse…

Les Aéroports de Paris en sont l’exemple le plus flagrant. Quelles garanties seront apportées par des acheteurs soumis aux aléas des marchés boursiers et surtout incapables de résister aux pressions bancaires ou des actionnaires ? Les cessations d’activités de compagnies se succèdent et d’autres arrivent. Le capitalisme vacille dans les tempêtes financières ! Or Bercy va lui confier les barrages hydroélectriques qui sont des sources énergétiques de qualité et stratégiques au nom de besoins financiers dus à une mauvaise gestion angoissante. Quand ils seront aux mains d’investisseurs chinois ou américains on se réveillera avec la gueule de bois.

Dans la loi Pacte promulguée en mai 2019, il n’y a pas que la privatisation d’Aéroports de Paris et de la Française des jeux. Il y a aussi la sortie programmée de l’État du capital d’Engie et son désengagement de GRTgaz, qui exploite les gazoducs et les terminaux méthaniers français. Un autre secteur clé qui un jour ou l’autre traversera des difficultés et qui viendra solliciter le soutien de l’État qui l’aura soldé ! Et ce n’est pas fini… puisque le désengagement de l’État va se poursuivre d’ici 2022 dans toutes les entreprises « rentables ».

Le principe voulant que le « privé » libéral soit forcément un « bon » gestionnaire de domaines d’intérêt général (transports, énergie, infrastructures routières ou aéroportuaires… notamment) est plus que relatif dans un monde de plus en plus soumis à des soubresauts spéculatifs indépendants de la finalité des entreprises.

Cet article a 2 commentaires

  1. J.J.

    « On a l’exemple de l’aéroport de Toulouse… »
    A ce sujet, citoyennes, citoyens, vous avez la possibilité de vous exprimer !
    Faites vite !
    https://www.referendum.interieur.gouv.fr/soutien/etape-1

    Quand ils ont fermé toutes les usines de papier en Charente, je ne suis pas papetier, je n’ai rien dit.
    Quand ils ont fermé toutes les aciéries de Lorraine (Hagondange etc…et pourtant il y en a qui voulaient travailler avec leurs Mains d’Or), je ne suis pas sidérurgiste, je n’ai rien dit.

    Quand ils ont fermé toutes les compagnies aériennes, je ne suis pas pilote, je n’ai rien dit ….
    Ça ne vous rappelle rien ?
    Sextidi 6 sansculottides fructidor 226

  2. Puyo Martine

    Bonsoir,
    cela devient plus qu’inquiétant, dramatique. Où va notre société, notre France, notre EUROPE ? je n’en sais rien, mais je vois bien qu’elle va se casser la gueule. A qui s’en prendre ? à nos gouvernements qui ont été incapable d’anticiper cette chute. Gouverner c’est prévoir. je crois qu’ils n’ont rien prévu du tout. ainsi soit-il. je pense qu’il faudrait mettre tous les non prévoyants en prison. mais pas dorée.

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