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Le confinavirus (4) : le marathon du confinement

Celles et ceux qui ont disputé un marathon savent combien le moral compte pour avoir le plaisir de franchir la ligne d’arrivée avec un sentiment tellement exceptionnel de libération. Pour l’éprouver il faut avoir accepté de tenir sur une bonne quarantaine…de kilomètres qui se succèdent plus ou moins difficilement.

Une défaillance peut surgir à tout moment si vous vous laissez emporter par le virus du renoncement. Elle prend vite des proportions exponentielles puisqu’elle vous conduit au renoncement temporaire ou définitif. Je ressens exactement la même sensation avec le confinement actuel.

Un.e marathonien.ne comprendra aisément ce que représente l’annonce d’un parcours solitaire face au temps. La situation est similaire et le ressenti tout aussi semblable. Les distances kilométriques sont seulement remplacées par une distance temporelle et l’itinéraire l’est par le calendrier.

Chaque jour qui passe nous même vers une hypothétique arrivée se situant plus probablement à plus de 40 bornes que des 15 annoncées. Il serait illusoire de croire qu’une semi-quarantaine suffira ! On ira beaucoup plus loin. Autant se le dire et s’économiser.

Les deux premières « longueurs » ne sont pas si faciles que ça. Une journée passée dans un lieu connue sans possibilité d’évasion de l’engagement pris paraît interminable surtout si on a l’habitude de préférer le sprint à la course de résistance. On se teste. On cherche le bon réglage. On se ravitaille pour se rassurer et même parfois on boit sans avoir soif.

La foulée reste légère et on n’imagine même pas que le « parcours » sera difficiel . Tout va pour le mieux dans le meilleur des « confinements-marathons. » possible. Les présences de compagnon.ne.s de route rend optimiste car elles permettent de trouver le temps moins long et de rassurer sur sa capacité à tenir.

En se lançant à l’insu de son plein gré sur les routes de l’isolement il faut bien avouer que l’on se retrouve face à ses limites et ses états d’âme. Si par malheur on n’a rien pour meubler son esprit, pour se détacher des craintes que l’on a sur ses capacité à tenir , le reste de l’épreuve sera interminable. Souvent une bonne dose de ses musiques préférées aide à se vider l’esprit. Mieux elle permet de s’isoler quand tout s’agite autour de vous.

Au fil des « kilojours » les difficultés apparaissent. Le rythme alerte du début disparaît. Le temps paraît plus long et le chemin monotone. L’indifférence gagne et l’automaticité remplace l’entrain. Tout devient pesant et compliqué. La tentation est grande de reporter sur des éléments extérieurs ses déboires psychiques.

C’est là que sur le chemin un signe d’encouragement, une parole bienveillante, une question sur votre moral, la vue de vos ami.e.s ou vos proches au bord de la route prennent des allures de trésors. La solidarité n’est jamais que matérielle mais l’intérêt de l’autre pour vos efforts en constitue la clé essentielle pour continuer à avancer.

Le ravitaillement devient une vraie préoccupation et parfois la nécessité d’avoir recours à des baumes, des onguents ou des recettes miracles pour atténuer les « douleurs » s’impose. N’empêche que ces adaptations ne parviennent jamais à distraire de la réalité du parcours restant à accomplir.

Il faut alors imaginer, inventer, innover pour tenir bon et résister à une baisse inévitable du moral. Bizarrement malgré les dizaines d’accompagnateur.trice.s on se sent bien seul en pareilles circonstances. On ne voit jamais le bout de ce chemin que l’on ne pensait pas si long. On peine. On traîne. On accélère puis on ralentit… On tente de s’occuper pour durer. On se désespère mais d’un autre coté il n’est pas question de renoncer. On compte les « bornes » en les trouvant répétitives et interminables. C’est probablement ce que ressentiront les « confiné.e.s » au fil des jours. Les commentateur.trice.s tenteronnt de les rassurer tout au long de leur périple immobile mais ils augmenteront sans cesse la distance !

L’avantage du marathonien sur le confiné c’est que le premier est assuré s’il tient les 42 kilomètres de la fin de son épreuve et le second restera dans l’incertitude totale. Rien de bien terrible dans le périple de la quarantaine sauf à penser que demain sera pire qu’aujourd’hui. Il arrive que la sur-activité pèse et que la non-activité soit encore plus pénible.

Il faudra mettre des écouteurs sur la tête, avoir des capacités à gérer ses émotions, se permettre de rester fidèle aux règlements et à son engagement initial pour durer. Ce sera en effet long. Très long. Trop long. Inutile de dire que des efforts seront nécessaires et que chacun à sa manière nous avons devant nous un improbable marathon de la solidarité à parcourir.

Cet article a 8 commentaires

  1. Cazeaux

    Tu décris très bien nos ressentis.En campagne, on ne voit personne..Et la verdure, c’est bien mais au bout d’un moment , elle n’a plus rien a te dite et toi non plus.
    Je ne sais pas comment on va nous organiser la vie , alors qu’il faut la voiture pour faire quoi que ce soit.
    J’attend tes prochaines chroniques avec impatience.
    Amitiés.
    Dany

  2. J.J.

    Et oui, la Roue Libre est un de ces liens quotidiens qui nous relient au monde depuis nos tours d’ivoire involontaires et créent une communauté .
    En plus de nous fournir un sujet d’intérêt, cette communauté constitue une œuvre de salut public.
    Et il va y avoir du travail pour maintenir le moral des troupes.
    Merci Jean Marie

  3. PC

    Ca tombe bien on a des travaux à la maison, + le jardin + un peu de balade +un peu de vélo + ???, on a vite fait le tour

  4. Bernadette

    Bonjour à tous,
    Le Cias du fronsadais à besoin de masques pour ses femmes de ménage.
    Si vous en avez Merci d’appeler le Cias du fronsadais à St Germain la Riviere, je vous en serais reconnaissante.
    Au plaisir de vous rencontrer

  5. faconjf

    Bonsoir,
    à J- 40 de l’arrivée de ce marathon du « reste chez toi » quelles nouvelles ?
    Le tsunami coronavirus progresse à grande vitesse. Les chiffres clés de santé publique France au 18/03/2020, arrêtés à 14h (mis en ligne en fin de journée) 9134 cas confirmés en France et 244 décès. La Chine qui tenait la pole-position au départ est franchement distancée au niveau mondial 81 163 cas confirmés sur 194 213 cas dans le monde. 3 242 décès en Chine pour 7 869 dans le monde ! L’Italie semble en bonne voie pour reprendre la tête de course. Dans la botte européenne, plus de 35.000 confirmés ont déjà été recensés, et 2505 décès à ce rythme effréné dans une semaine le score Chinois ( plus de 1.3 milliards) sera enfoncé par les 60 millions d’Italiens . Tous les espoirs sont permis pour l’Italie, aux dires des spécialistes Chinois arrivé en renfort là-bas. Parmi les experts, le vice-président de la Croix Rouge en Chine, Sun Shuopeng, qui a donné un point presse ce jeudi 19 mars dans la matinée depuis Palazzo en Lombardie, l’une des régions le plus touchées dans le pays. “Il y a encore trop de gens dehors”
    Au cours de sa prise de paroles, il a exhorté les autorités italiennes à renforcer les mesures de confinement pour éviter la propagation du virus. “Les gens ne portent pas de masques, et il y a encore trop de gens dehors, les transports publics fonctionnent toujours”, a-t-il jugé, ajoutant “les mesures mises en place ne sont pas assez strictes au regard de nos standards”.
    Dommage il n’est pas venu faire le constat ici, car alors il serait jaune de colère en entendant Sibeth Ndiaye qui rappelle (ce 17 mars) que « la transmission du virus n’est pas aérienne ». Comment dire que ça me parait si bête de communiquer ainsi .
    “Ce n’est qu’après un mois de confinement complet que les hôpitaux ont pu commencer à traiter vraiment les patients, à en réduire le nombre et à surmonter le pic de l’infection”, a-t-il encore ajouté selon le Corriere della Serra.
    source : https://www.huffingtonpost.fr/entry/en-italie-contre-le-coronavirus-ces-experts-chinois-appellent-a-durcir-les-mesures_fr_5e738527c5b63c3b648bcc28?utm_hp_ref=fr-international
    Au vu du jugement de cet expert, je pense que nous avons de très bonnes chances de rattraper nos amis transalpins et finir en tête de ce marathon. Tous les efforts sont mobilisés pour atteindre ce challenge, la préfecture vient de confirmer que tous les élus municipaux issus du 1er tour devaient élire leurs maires entre ce vendredi et ce dimanche. On ne peut pas dire que nous ne faisons pas des efforts!!!
    RESTEZ CHEZ VOUS !!! JE SUIS TOUJOURS TRÈS EN COLÈRE DEVANT AUTANT D’INCOMPÉTENCES.
    Tout va très bien madame la marquise, tout va très bien tout va très bien…
    salutations républicaines

  6. J.J.

    Je participe à cette action depuis plusieurs années.
    Si vous voulez vous occuper et vous rendre utile par la même occasion.
    À partir de ce site vous pouvez également consulter le réseau officiel Sentinelle, qui donne des informations fiables et souvent mises à jour.
    https://www.grippenet.fr/fr/

  7. faconjf

    ça y est la lumière s’est allumée dans le bureau du 1er sinistre
    https://www.huffingtonpost.fr/entry/les-maires-elus-au-premier-tour-des-municipales-vont-encore-devoir-attendre_fr_5e73b134c5b63c3b648c8a66?utm_hp_ref=fr-politique
    Ça ne sera pas pour tout de suite. Edouard Philippe a annoncé ce jeudi 16 mars le report des réunions de conseils municipaux élus au premier tour, qui devaient se tenir de vendredi à dimanche et permettaient de désigner maires et adjoints, en raison de la pandémie de coronavirus.
    Paru aujourd’hui à 19h03 !!!

  8. faconjf

    C’est fait pour l’Italie.
    L’Italie a dépassé jeudi soir la Chine pour le nombre de morts du coronavirus, avec 427 décès en 24 heures pour atteindre un total de 3405, selon un décompte de l’AFP à partir de chiffres officiels.
    L’Italie devient donc le premier pays pour le nombre de morts dus à l’épidémie de Covid-19 devant la Chine (3245), l’Iran (1284) et l’Espagne (767). L’Italie avait recensé officiellement ses deux premiers morts le 22 février.

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