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Cofinavirus (9) : par la fenêtre…

Dans toutes les séries policières de qualité il y a une vieille grand-mère cachée derrière le rideau en dentelle de sa fenêtre qui saisit quelques instants importants pour les enquêteurs. Un détail qui élucide un crime odieux. On peut regarder vivre le monde si l’on a simplement la curiosité de se poster derrières des carreaux donnant sur la rue.

Depuis que le confinement me contraint à stagner dans mon fauteuil ordinateur sur les genoux pour écrire j’ai une vue directe sur la société telle qu’elle est. Chaque jour apporte son lot de désillusions ou plus rarement d’éléments positifs sur la nature humaine en « temps de guerre ». La crise sanitaire a apporté un flot de consignes « adaptées » selon l’évolution de la contamination globale par le virus. Depuis la fenêtre c’est autre chose.

En fait le vieux qui veut tout « voir » ne résiste pas à la tentation de s’évader un peu à la manière des entomologistes observant le parcours des fourmis sauf que là ils s’agit de citoyennes et de citoyens ordinaires. Quand on regarde ces « insectes » évoluer on constate qu’après avoir pendant quelques jours envahi les chemins vers les « ressources » en rayons ils ont adopté des attitudes plus individualistes d’accès aux besoins essentiels.

Il viennent tous en face de mon observatoire s’approvisionner en denrées de première nécessité. La première reste la plus demandée : le tabac qui appartient aux drogues permettant de vaincre l’angoisse. La seconde est moins concrète mais tout aussi indispensable : l’espoir représenté par un investissement dans les jeux de hasard.

Les fourmis se croisent et faute de pouvoir se toucher les « antennes », elles échangent face à face à distance non respectable sur leur santé ou celle de leur famille. Celles-ci ont oublié depuis belle lurette ce que le mètre représente…ou alors il a considérablement rétréci au lavage. On taille la bavette comme si de rien n’était. Il arrive même qu’une troisième personne je joigne aux considérations sur les stocks de farine à Leader Price ou à Carrefour avec en conclusion un « si je gagne au loto je vais pouvoir m’en acheter des kilos » !

La fourmi pressée ets ans gêne adopte une attitude beaucoup plus pragmatique. Elle stationne son véhicule au milieu de la rue et envoie sa fille ou son fils mineur quérir la cartouche salvatrice. la file n’a aucun sens pusique le le temps presse. En fait nutile de s’affoler pusiqu’ il existe des règles limitant la circulation ce qui permet d’avoir tout son temps pour le plein de clopes ou d’espoir de gains miraculeux. L’autorisation de circuler est probablement dans la boite à gants stériles.

Comme probablement elles n’ont pas la main heureuse en cette période difficile, des mamans attendent dans la file, avec leur gamin. Elle lui serre bien la mimine pour ne pas qu’il leur échappe et pour probablement écraser le virus qu’elle peut porter. L’essentiel pour bien de ces gens c’est d’obtenir un validation dans les temps du ticket qui va transformer la crise du moment de bonheur ultérieur. Une seconde d’espoir pour des minutes de crainte.

Pour patienter dans la file les regards sont généralement tournés vers un écran sur lesquels les pouces font leur gymnastique sur l’écran de leur mobile dont tous les spécialistes s’accordent mieux que sur les effets de la chloroquine, pour dire que c’est probablement le lieu le plus pollué en virus ou en bactéries. Il devient le miroir de leur angoisse d’être coupé;e du monde virtuel au prix de tous les risques.

Il en est beaucoup plus précautionneux qui débarquent avec un masque canard ou ordinaire afin de protéger les autres de la diffusion de leur éventuel virus ou pour cacher leurs voies respiratoires des projections adverses. Dès que cette fourmi précautionneuse est sortie du débit de tabac, elle ouvre le paquet acheté, baisse le dispositif de sécurité pour en griller une.

Les pires sont les consommateur.trice.s qui se heurtent au panonceau annonçant que la boutique est fermée. C’est le cas le dimanche après-midi, le lundi et c’était le cas hier et surtout entre 12 h 30 et 14 h 30. La déception de trouver porte close pour un achat de première nécessité se traduit par quelques insultes à l’égard du vendeur, par quelques coups de poings rageurs sur la porte vitrée, des gestes de dépit avéré ou des commentaires désagréables.

Si par malheur ce bureau de tabacs venait à fermer je crois qu’il ne ferait pas bon rester derrière la fenêtre à sourire. Comme les convois venant d’Espagne rapportant les cartouches à prix modiques ont du plomb dans l’aile l’agitation risque bel et bien d’augmenter.

Le retour peut s’effectuer avec les plants pour le jardin, un aquarium pour confiner un poisson rouge,un stock de rouleaux réputés hygiéniques sur la tête, une demi-douzaine de baguettes de pain ou des packs de bière permettant de traverser le désert de l’isolement. Le monde paradoxal se construit peu à peu en cette période selon un principe français historique : il ne peut y avoir de règles applicables par tous qui ne souffrent d’exceptions pour chacun.

Cet article a 4 commentaires

  1. François

    Bonjour !
    Merci J-M pour ces quelques minutes de « franche rigolade » qui permettent de survivre en attendant de revivre dans cinq ou six semaines …au moins, ce qui te laisse du temps pour nous égayer.
    A l’avenir, je me méfierai quand mon cheminement me conduira dans la rue Baspeyras où le grand argentier du département planque en observateur attentionné : quelle reconversion !
    Généralement, appuyés sur la compagne de l’âge, ces observateurs te font concurrence à la terrasse du « bar des copains » ou sur les quelques bancs des couverts. S’ils ont une verve imagée, ils ne peuvent point avoir ta plume !
    Continue et merci encore !
    Amicalement

    1. Cazeaux

      Alors, c’est toi, le grand père derrière le rideau !!!!!
      Mais dis moi, tu n’as pas.envie d’ouvrir la.fenêtre, de temps en temps ???

  2. Puyo Martine

    Bonjour Jean Marie

    Merci pour ces moments de vie à Créon. Vous avez un spot de 1ère pour observer ces humains, confinés qui dé confinent, en prenant la liberté de sortir pour aller chercher leur drogue légale. j’espère que le buraliste prend toutes les précaution pour se prémunir du virus, car vu le monde qui fréquente son officine, il a des risques.
    moi je n’ai pas votre chance de pouvoir observer mes concitoyens, je n’en vois aucun !
    mais je vois des oiseaux et j’observe les pies qui sont en train de construire leur nid au faite de mon cèdre. quelle énorme construction ! matériaux employés ; sarments de vigne qu’elles trouvent en quantité à proximité.
    je revois des moineaux qui avaient totalement disparus de mon environnement.
    Continues d’observer la vie locale et relates ce que tu vois. Merci, c’est une bonne distraction. A te lire

  3. DABE

    Bonjour Monsieur Jean Marie, bonjour de Castelnau de Médoc. L’on vit des moments difficiles mais aussi cocasses comme vous le narrez. Sur un réseau social j’ai vu ce matin un appel plein de bon sens pour aider la clinique de Lesparre à s’approvisionner en masques. Louable intention , mais cette dame demandait aux viticulteurs de faire un effort alors qu’elle a monté un collectif anti pesticides! Mal lui en a pris et c’est une volé de sarments qu’elle a subi!! Un groupe d’entraide sur le même réseau social s’est ouvert dans ma commune, pendant 3 jours rien à dire, j’ai même eu droit à cette entraide.Moi même j’alimente et fait fusionner certaines idées..Bref tout se passait bien jusqu’à hier où , soudainement, l’on a vu des « posts » fleurir avec l’en tête d’un tel, avec son étiquette politique!! Des dérapages s’en suivirent…car les administrateurs de ce groupe aiment bien l’homme politique en question et devinez quoi: les administrateurs ont réprimandés le quidam qui avait osé dire : c’est quoi ce « post »..Donc vous avez raison, les hommes ne sont pas sérieux et bienveillants. Bonne soirée à Créon où mon vélo n’est pour l’instant pas prêt de mettre ses roues!!Portez vous bien, votre dame et vous.

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