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Cofinavirus (15) : on verra demain

Plus les jours passent et plus je me demande si j’aurai la force mentale pour reprendre un rythme de vie publique similaire à celui que je me suis imposé depuis plus de 50 ans. Les dizaines de milliers de réunions plus ou moins interminables où l’on passe à coté de l’essentiel pour des discussions vont vite me paraître insupportables. En fait la crise sanitaire risque bien de mettre en évidence le caractère obsolète de systèmes que l’on pensait essentiels. Je ne crois plus dans mon rôle de représentant d’une population locale oubliée.

Un exemple est fourni par le Parlement qui désormais fonctionne à effectif réduit avec une efficacité largement supérieure à celle de sa fréquentation dite normale. Inutile de se décarcasser pour passer à la télé lors des questions au gouvernement puisque un seul porte-parole par groupe politique suffit à faire avancer les dossiers. Personne ne souffre vraiment profondément du fait que des tonnes de textes écrits qui modifient des tonnes de textes déjà écrits n’occupe plus les travées. Les échauffourées sur les amendements n’existent plus. Le silence et donc le constat que l’essentiel est ailleurs.

On ne pond plus en effet depuis quelques temps de lois ne servant qu’à nourrir la machine à dogmes, la folie des normes et à règlements dont on voit à l’usage ce qu’ils produsient comme effets. Des centaines de spécialistes des décrets d’application qui souvent ont des années de retard sont donc confinés dans des taches différentes ou sans taches du tout ! La démocratie représentative a bien du mal à exister en temps de « guerre ». Elle est en panne. Elle aura du mal à repartir sur els mêmes bases.

Le confinement a mis également en évidence que le vrai pouvoir appartenait aux techno-structures. Elles s’organisent, se confortent, se soudent pour occuper l’espace laissé par le politique. L’État fait ainsi son grand retour en tentant de dissimuler ses insuffisances notoires comme il en a pris l’habitude par de la communication massive permettant de les noyer. Les annonces succèdent alors aux annonces accentuant le décalage avec le constat du terrain et décrédibilisant la parole politique. Le « global » et l’éloignement ressassés dans des déclarations institutionnelles abreuvant les télés perroquets, de statistiques, de graphiques, de ratios et de considérations mondiales, efface le « local » et la proximité qui deviennent pourtant essentiels. La seule réponse : c’est pas le moment d’en causer on verra plus tard !

Les problèmes concrets, réels, graves tombent comme toujours sur les « troupes » des collectivités territoriales livrées à elles-mêmes face à la colère de celles et ceux qui en subissent les conséquences. L’exemple des masques est révélatrice de cette confiscation de l’initiative locale au profit des grandes annonces nationales. Les tensions montent localement. Les révoltes se préparent. La violence social sera terrible dans une société où il faudra des années pour redonner confiance. Mais : on verra plus tard !

Des millions de personnes sont exposées alors qu’elles n’ont aucun lien avec le pouvoir politique national et vivent une crise moralement éprouvante. Elles se sentent ignorées, bafouées, mises en danger et se retournent vers celles et ceux qui assument la responsabilité dans la proximité de leur emploi. Inutile de vouloir le dénoncer avec elles ou avec eux : ce n’est pas le moment. On verra plus tard !

Des municipalités sont totalement à l’arrêt ou au minimum dans de situations ubuesques avec des maires désavoués par leurs électrice.eur.s qui continuent à exercer sans être redevables vis à vis de quiconque des actions menées ou de l’inaction caractérisée. Des équipes élues, motivées, prêtes à agir sont confinées dans les salles d’attente de l’action…et ne peuvent rien faire alors que les autres démobilisées sont dissoutes et réputées efficaces. Bien évidemment c’est d’une redoutable atteinte à la vie locale surtout dans le contexte actuel au niveau local où les inquiétudes surgissent de partout. Peu importe : on verra plus tard !

Une lueur d’espoir émerge dans cette chape de peur et de confusion qui s’abat sur le pays. Des formes de citoyenneté jusque là méprisées ou marginalisées s’organisent à l’insu du plein gré du pouvoir central. Les circuits courts de distribution de produits frais se révèlent bien plus efficaces que les appels à biner les carottes ou à ramasser les fraises faites par un ministre de l’agriculture en contradiction totale avec le message ressassé de rester à la maison. La leçon marquera c’est certain les esprits quand on reparlera de construire autre chose.

La mise en évidence que des réformes imposées reposant uniquement sur des considérations financières ne débouchent que sur le malheur humain aura un impact sur les modes de gouvernance. Il faut accentuer cette entraide. Il faut développer ces outils économiques nouveaux. Il faut redonner son sens à la proximité. Mais si j’en crois les augures : on verra plus tard !

Je n’ai plus l’âge d’attendre et je réclame le droit d’alerter sur ce que sera l’avenir immédiat si dès maintenant on ne commence pas à parler de ce qui nous attend dans quelques mois. Le Conseil National de la Résistance, au prix de la vie de ceux qui le composaient, n’a pas attendu la fin de la guerre pour réfléchir à une nouvelle ère républicaine. Ses valeurs ont été bafouées et détruites. N’est-il pourtant pas temps de réfléchir à l’après… On verra plus tard !

Cet article a 8 commentaires

  1. J.J.

    …on verra plus tard….si on n’est encore là !

    Et pendant ce temps les professeurs Nimbus du CHU d’Angers vont démarrer (enfin !)une étude en double aveugle sur la chloroquine (et par forcément sur des cas pour lesquels cette thérapie pourrait se révéler efficace).
    J’enrage !
    Ce qui signifie que sur » l’échantillon »testé, la moitié recevra un placebo, autrement dit sera sans traitement potentiellement efficace. Dans ce conditions les malades sous placebo sont invités à l’insu de leur plein gré à une partie de roulette russe, et de ce fait peut être condamnés à mort.

    Bizarrement on n’ jamais voulu appliquer cette technique aux produits homéopathiques, un temps remboursés par la sécu.
    C’est beau la science aux mains des technocrates !

    Enfin, on verra plus tard.

  2. Philippe Conchou

    On sent un peu de déprime JM mais rassure-toi tu ne dois pas être le seul.
    En tous cas tu as parfaitement raison, et on peut espérer que quelque esprit supérieur dans un ministère douiller, confiné, et masqué, est en train de réfléchir à l’après crise.
    On peut admettre qu’il n’était pas facile d’anticiper, et les « y-aurait eu qu’à, et y-aurait fallu qu’on » comme notre Marine nationale, qui s’est encore coulée ce matin avec un discours suranné, insipide et récupérateur.
    Mais est-ce que quelqu’un se préoccupe du lendemain ?
    « Gouverner c’est prévoir » dit-on, mais parfois on en doute, et les porteurs de cette bonne parole sont souvent ceux qui fonctionnent au jour le jour dans leurs entreprises.
    Car ce que l’on reproche aux gouvernants est ce que vivent des millions de salariés dans leur emplois (quand ils en ont un). Des comptes-rendus financiers et techniques quotidiens, sans aucun recul, aucune anticipation, on vit au jour le jour. Je l’ai vécu dans un groupe de plus de 20000 personnes et c’est effarant.
    De toute façon si la boite est en difficultés , ce sont les salariés qui trinquent, les dirigeants eux se recyclent.
    Alors comment attendre de nos dirigeants, qui sortent du même moule, un autre mode de fonctionnement.

    1. J.J.

      On peut admettre qu’il n’était pas facile d’anticiper,
      Mais difficile de prétendre que l’on était pas prévenu ! Voir les déclarations surréalistes de madame Buzin. Tout citoyen doté d’un minimum de bout de cervelle avait pris conscience de l’irresponsabilité de ses propos.
      …et les « y-aurait eu qu’à ….prêter un oreille attentive aux revendications des personnels de santé, depuis les aides soignantes ou soignants, jusqu’aux « grands patrons ». Ainsi on n’enverrait pas au casse pipe du personnel parfois sans protection, surmené, et avec souvent des moyens dérisoires, et débordé par les afflux de patients
      ….., et y-aurait fallu….. qu’on » se bouge le train un peu plus tôt et que l’on remette à plus tard ces foutues élections qui ont retardé sans autre raison le confinement ; ce maintien a été un acte criminel et leurs auteurs devraient en répondre devant la justice.
      Les responsables n’ont aucune excuse, les chinois, qui ont géré la crise au mieux les avaient prévenus.

      Cette citation ne vous plaira pas, elle es te de Jean Luc Mélanchon, extraite du discours ci dessous, un discours argumenté, modéré, qualité que ses détracteurs patentés ne veulent évidemment pas lui reconnaître.

      « D’ailleurs, d’habitude, le confinement forcé ça s’appelle la prison. Le confinement sans horizon de sortie est insupportable.  »

      https://melenchon.fr/2020/03/31/planifier-le-deconfinement-le-monde-dapres-doit-commencer-des-maintenant-tribune-dans-le-jdd/

      1. Bernadette

        Que Dieu vous bénisse et fasse de vous un sage au service de la reconstruction mondiale avant une immense guerre mondiale.
        L’Europe est toujours là et entraîne notre pays dans la mouise, il devient urgent de relocaliser l’économie française pour donner du TRAVAIL à nos enfants et petits enfants.

  3. Philippe Conchou

    Curieux ce regard en arrière pour commenter un excellent article qui parle d’avenir… il manque la parcelle de cerveau anticipatrice…

    1. J.J.

      Curieuse cette obstination à ne pas vouloir « regarder dans le rétro »et essayer de tirer leçon de l’histoire.
      Bien sûr, il ne sert à rien de se lamenter sur « le lait répandu », mais ça pourrait peut être servir de leçon à nos équipes de bras cassés, s’ils avaient assez de cervelle pour le faire…
      Et comme dit le Sar Rabindranath Duval: – » Monsieur a son avenir devant lui, mais il l’aura dans le dos chaque fois qu’il fera demi-tour ».

  4. Bruno DE LA ROCQUE

    Bonjour Jean-Marie.
    Je n’ai pas de chance car imperturbablement, jour après jour, orange (ou thunderbird) envoie la Roue Libre dans les indésirables (la quarantaine chez thunderbird).
    Juste un mot reliant ton post du jour à mes réflexions : j’évoquais à table, plus en monologue d’ailleurs qu’en dialogue avec mon épouse, le CNR et ce qui pourrait, dans notre conjoncture, préparer ce que devra être notre règlement collectif pour un vivre ensemble dont on ne saisit pas encore la réalité… Ce que beaucoup dans les médias et les résosocios (voulu !) nomment doctement un changement de paradigme.

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