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Confinavirus (18) : seul le local peut sauver le lien social

On est encore loin, très loin de la fin avérée de la crise sanitaire et pourtant le débat porte sur le déconfinement dont on ignore absolument la stratégie. Et pourtant dans l’esprit de plus en plus de gens l’issue approche. En répondant à des questions sur le sujet ce qu’on lui aurait reproché de ne pas avoir fait, le premier des ministres a ouvert la boite de Pandore.

La pression monte dans le camp des confinés dont certain.e.s ne supportent plus justement la simple idée de devoir demeurer enfermer chez eux. Une attitude qui exaspère évidemment les autres qui eux tentent des respecter au minimum les consignes. Cette dualité sociale ne va faire qu’enfler. Il va falloir d’une manière ou d’une autre trouver des boucs-émissaires à la recrudescence éventuelle de la pandémie.

On a vu au début de son expansion les réactions racistes et simplistes à l’égard de asiatiques et des Chinois considérés comme les « vecteurs » potentiels de la diffusion du virus.propos insultants directs, comportements indirects méprisants ont accompagné cette montée en puissance d’une forme de rejet des autres ! Très présente dans l’esprit de bien des Français sous des formes diverses elle va grandir au fil des jours sans aucune justification.

Des faits qualifiés de divers attestent de cette propension à rechercher au plus près de son malheur celles et ceux qui sont supposés en être responsables. Si les applaudissements pleuvent sur les chaînes de télévision devant des caméras postées à cet effet dans des quartiers sélectionnés, on évite de causer des vols dans les voitures des personnels soignant ou les messages détestables destinés à les exclure de leur logement ou à leur signifier d’aller voir ailleurs. ! Certes il s’agit de cas isolés mais ils dénotent une vrai malaise qui se reportera dans quelques semaines sur d’autres catégories sociales moins héroïques.

J’ai vu par exemple un homme portant un masque chirurgical s’en prendre au buraliste en face de ma fenêtre parce qu’il le servait sans en porter un. Il s’est fait expulsé manu militari et il a été prié devant le reste de la file d’aller s’approvisionner en cigarettes ailleurs… En fait la responsabilité individuelle consistant à se protéger et à protéger les autres trouve vite ses limites dans la durée. Il sera fort difficile d’empêcher que philosophiquement l’enfer ne soit pas les autres. Des querelles et des affrontements se préparent donc avec des conséquences imprévisibles.

La distanciation sociale obligatoire risque bel et bien de se transformer en effet en rupture sociale ou en repli social durable. Impossible d’ailleurs qu’il en soit autrement. Le temps forge des habitudes. Comment gommer ces semaines où la vie collective n’aura plus exister ? La peur, les peurs en tous genres, subsisteront. Le sport, la culture, les loisirs, la solidarité à caractère humain auront du mal à se relancer dans un contexte de récession économique et de méfiance à l’égard de tout ce qui génère le moindre risque. Toute structure impliquant le partage dans un espace déterminé aura bien du mal à survivre.

Une nouvelle approche de la vie collective se construit jour après jour . Puissance décuplée des écrans ; valorisation outrancière des réseaux sociaux ; aggravation de la différenciation entre milieu rural (bénéfique pour le confinement mais compliqué pour l’isolement) et le milieu rural (néfaste pour le confinement mais moins pénalisant pour le collectif) ; installation dans le travail à distance sans contact humain : il faudra vraiment du temps, beaucoup de temps pour récréer un lien social déjà extrêmement fragilisé.

Les « experts » causent essentiellement des conséquences sanitaires et d’un nouvelle donne planétaire en la matière. Ils abordent sans en mesurer le vrai impact les dégâts économiques sur le système capitaliste qui à chaque instant apparaît en filigrane derrière les querelles liées aux querelles de production de masques, de médicaments, de respirateurs. On n’évoque pas la montée inexorable des nationalismes avec la réapparition partout de la fermeture les frontières et une volonté accrue de développer « l’autoproduction » et « l’autonomisation « dans tous les secteurs.

La faillite bancaire probable en Italie ou en Espagne va encore aggraver la rupture Nord-Sud au sein de l’union européenne. La France ne sera pas loin derrière. L’Allemagne se repliera sur elle-meêm et refusera toute indulgence comme elle l’a fait pour la Grèce La zone Euro et l’Union européenne sur leurs bases actuelles exploseront à court terme payant leur incapacité à avoir su construire une structure défendant les peuples plutôt que le profit. Le pire est donc à venir… 

Il sera possible alors de s’apercevoir que le local, la proximité, la durabilité et la citoyenneté rénovée sont les ferments d’un monde nouveau. Peu à peu le tissu social se régénérera à la base. Une décentralisation massive s’impose sauf dans les responsabilités régaliennes de l’État contraint de se recentrer sur ses missions sur lesquelles il a grandement failli.

Le rôle des collectivités territoriales pour éviter des fractures épouvantablement inquiétantes sera essentiel. Aujourd’hui elles ont la tête dans le guidon pour pallier les carences ou organiser la solidarité concrète. Que deviendont-elles demain ? Nul ne les a vraiment préservées à ce jour. Or quand le bateau coule les chaloupes de secours sont pourtant plus importantes à préserver que le poste de commandement. 

Cet article a 2 commentaires

  1. Bernadette

    Si je ne peux pas sortir, je garde des souvenirs de mon enfance lors de la semaine sainte. Le vendredi Saint était un jour sans viande. Une bonne soupe de morue au pain trempé dans le jus de cuisson de la morue avec de l’ail, du persil et arrosé d’huile de noix.
    Traditionnellement la semaine sainte il ne fallait pas toucher la terre.
    Je suis triste parce que le pape François a célébré la messe des rameaux sans ses fidèles à Rome.

  2. Laure Garralaga Lataste

    La réaction raciste à l’égard d’asiatiques et des Chinois a été encore plus violente à l’égard des Espagnols quand, en 1918, on a appelé grippe espagnole cette pandémie qui fit plus de victimes que la guerre de 14-18…

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