A Copenhague, on va manger show !

L’année qui s’achève aura consacré deux lieux de la planète. L’un a une incontestable dimension nationale, et l’autre a une aura désormais mondiale. Dans les deux cas ils sont accolés au concept qui passionne toutes celles et tous ceux qui tremblent pour leur avenir : le réchauffement climatique ! Que ce soit lors du « Grenelle de l’environnement » ou la conférence des Nations Unies sur le changement climatique. Dans les deux cas, les éoliennes médiatiques se sont agitées et ont déjà brassé beaucoup d’air, qui ne fait que refroidir les esprits échauffés… mais qui ne modifient jamais fondamentalement la logique qui conduit le monde à sa perte : celle du profit ! Lors d’une récente réunion de la commission nationale des emballages, où je représente les maires de France, j’ai compris que ce serait l’axe majeur de la future campagne présidentielle. Chantal Jouanno, qui s’était déplacée, ne s’est pas gênée pour faire comprendre aux hésitants qu’il fallait accélérer les discussions autour du recyclage des cartons. Ayant échoué dans le domaine économique, dans le secteur social, n’ayant tenu aucun des engagements pris devant la France de manière fracassante, mais non… durable, Nicolas Sarkozy va en effet bâtir toute la réussite de son quinquennat sur la vie et l’oeuvre de Jean louis Borloo.

Il y a même fort à parier que, selon le résultat des régionales, il lui confiera courant 2010 le poste de premier « collaborateur » du Président (je prends les paris!) afin de démontrer la réussite sarkoziste dans le domaine de l’écologie ! Toute la campagne présidentielle de 2012 se déroulera sur ce thème, et on ajoutera des tonnes de promesses, des tonnes de normes, des tonnes de lois, des tonnes de taxes et on continuera à croire dans le paradis de la « consommation » profitable, alors que l’on sait pertinemment que c’est la mort programmée de la planète ! Jean Louis Borloo deviendra l’alibi présidentiel, sur la base de « ses » Grenelle multiples, qui auront donné l’impression qu’avec ses petits bras musclés il a rendu la France plus verte que verte !  L’astuce consiste à déconnecter les mesures du contexte dans lequel elles sont prises et d’entretenir le mirage de leur efficacité. Pour décoder cette contradiction entre les déclarations de principe et les actes, il suffit d’analyser diverses mesures.

Economiquement, la consommation de pétrole ne peut pas baisser, sous peine de priver les plus grandes compagnies mondiales (dont Total) de leur fonds de commerce. Alors, d’un coté on se mobilise à Copenhague, où les scientifiques du GIEC (1) déroulent imperturbablement leur constat : la température moyenne de la planète a augmenté de près d’un degré au XXe siècle, et le processus s’accélère. La teneur de CO2 dans l’atmosphère, elle aussi, a crû de 30% sur la même période. Les océans – dont le niveau ne cesse de monter – s’acidifient. Les conséquences ? Elles sont, on le sait, terribles : sécheresses endémiques, pampa verdoyante d’Argentine transformée en désert herbeux, recul des glaciers de Patagonie, fonte des sommets himalayens ou de la banquise, littoral du Bangladesh grignoté par les eaux, trombes déferlant sur le Lake District britannique… Sans parler des 300 000 morts causées,  chaque année, par les catastrophes naturelles dues aux folies du climat. On continue pourtant à produire des moteurs à explosion, à faire circuler des millions de véhicules à essence ou à gazole sans sourciller. Mieux, dès que les chauffeurs routiers toussent, le Ministre des Transports s’enrhume alors que, dans le cas d’une grève de la SNCF ou de la RATP, il crie au scandale et ferme sa porte ! C’est un signe fort de prise en compte du réchauffement climatique, comme l’est aussi, en contradiction totale avec les préconisations minima du Grenelle, le fait de fonder les ressources dévolues aux Régions sur la Taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP). Comment peut-on à Copenhague affirmer l’engagement de la France dans un processus de réduction des émissions de C0², quand on décide d’assurer le fonctionnement des lycées de son pays grâce à la consommation d’énergie fossile ? Est-ce véritablement logique ? Doit-on inciter les contribuables qui ne payent plus leur quote-part, via l’impôt, à la Région, à rouler toujours davantage  en automobile, pour compenser ce manque à gagner ? Qui prétendra qu’il est logique que la région,qui a en charge pour partie le financement des Lignes à Grande Vitesse en lieu et place de cet Etat vertueux, soit en 2011 financée par une taxe sur les… locomotives, les wagons et les rails ? Probablement qu’il y a une logique qui échappe au commun des mortels !

Développement des modes de déplacements doux dont le vélo ? On attendra que ce soit plus rentable économiquement et que les pays pauvres aient acheté nos belles bagnoles neuves. Le développement de l’éolien, que l’on va vanter à Copenhague, après une splendide loi Grenelle 2 qui l’a  quasiment tué en France.  Si l’assemblée nationale ne modifie pas les termes de l’article 34 de la loi Grenelle 2, les éoliennes seront désormais des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE). Et soumises de ce fait à une « procédure très lourde et complexe », comme le souligne France Nature Environnement. Les parcs éoliens ont beaucoup de mal à sortir de terre. Il faut aujourd’hui en France quatre à sept ans pour qu’un projet aboutisse, le temps de créer une zone de développement éolien (ZDE), d’obtenir un permis de construire et d’attendre la fin des recours administratifs qui sont presque systématiques. Avant même le classement ICPE, ce délai a été allongé par la loi Grenelle 1 qui a donné naissance aux schémas régionaux éoliens. Objectif : promouvoir un développement plus cohérent sur le territoire. Résultat : tous les projets sont en stand-by en attendant que chaque région crée son propre schéma.

Pas sûr que cette décision passe bien à Bruxelles. Selon plusieurs juristes, la Commission Européenne pourrait épingler la France pour entrave au développement de l’énergie éolienne. Une situation paradoxale, alors que Grenelle prévoit 12 500 MW en 2015, et 25 000 MW en 2020. Seuls 4 000 MW sont aujourd’hui en fonctionnement. La tendance à l’allongement des procédures n’est pas propre à la France. Mais dans des proportions bien moindres. En Allemagne par exemple, on est passé, si l’on en croit les études internes de la société Wind Prospect, de six mois par projet en 2000, à deux ans et demi aujourd’hui. Aux Etats-Unis, il faut de même deux à trois ans pour créer un parc éolien. Et en Chine, à peine deux ! Et dire que ces deux pays sont considérés comme les mauvais élèves de Copenhague. C’est vrai qu’eux n’ont pas eu Borloo et Grenelle pour les mettre sur  le chemin vert !

(1) Groupement intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat

Cette publication a un commentaire

  1. daniel PALACIN

    Sur http://www.nicalap.com le Vendredi 4 décembre 2009, l’on pouvait lire dans un article titré « LA PLACE EN POLITIQUE DES JEUNES… » (et non pas la place politique des jeunes),

    Extrait:
    Monsieur BORLOO a d’énormes qualités, mais c’est un escroc, de la communication verte, pour la vaccination, pour la peur, nous finirions plus par pencher pour la théorie de Claude Allègre, parce que tout repose désormais sur des données géo politiques économiques. Le pétrole est mort, faisons du « pognon » à travers l’Ecologie, et que je te taxe de chez taxe…

    Oh! je n’ai pas la douceur littéraire de JMD et je ne fais pas toujours dans la dentelle linguistique, mais là, il faut reconnaître que le maître reste le maître, si l’instituteur ne se fait pas bien comprendre dès lors que l’on sait déjà lire, c’est grave, et si en plus notre liberté neurologique de comprendre a subi les effets secondaires des vapeurs médiatiques en tout genre, c’est encore plus grave.

    Le DRH SARKOZY, a recruté depuis longtemps le meilleur VRP UMP de sa génération, et il est sur le meilleur espoir, que son retour sur investissement va le faire retourner aux commandes en 2012.

    Lui qui ne parlait plus, soit disant, de se représenter en 2012 aux élections présidentielles,
    voilà que le feu vient de repasser au vert, et il compte bien ne plus le voir au clignotant orange, signe que soit le feu est en panne, soit que la prudence est nécessaire pour franchir le carrefour, et continuer de lire sur le GPS bleu blanc rouge, la feuille de route, que l’automne n’a pas encore balayée à COPENHAGUE.

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