Attention le tocsin va sonner dans la campagne !

1394288_10202012862500106_1616177298_nC’est maintenant une certitude, les Françaises et les Français traduisent leur angoisse face à l’avenir en crise de colère dans le présent. Elle est sourde, profonde et probablement durable. Le gouvernement semble ne pas savoir comment aborder cette situation inhabituelle. D’abord parce que beaucoup de ses membres n’ont pas d’enracinement réel leur permettant de jauger la réalité de cette modification fondamentale des rapports entre le politique et les citoyens. Toutes les tentatives pour raccrocher un brin d’écoute de la part d’une opinion imbibée par un long processus de dégradation de la confiance dans les responsables nationaux échouent. Quel que soit le message, la réforme, la volonté portés par un ministre, ils ne franchissent jamais les écrans télévisés  et, au contraire, se traduisent aussitôt par une vraie dépréciation de la parole officielle. Le moindre événement prend vite des allures de gouffre où tombe la crédibilité du pouvoir central. On a même l’impression parfois que les membres du gouvernement se trouvent dans la situation des mouches collées dans une toile d’araignée : plus ils se débattent pour retrouver de la hauteur plus ils s’enlisent dans la « colle » médiatique. Le Président de la République n’échappe pas à ce constat. Il lui est impossible de se faire entendre et à peine d’être écouté. Le « courant » ne passe pas. Au contraire, dès qu’il tente de l’impulser, il provoque un cour-circuit ravageur.

 Les Préfets auraient effectué une évaluation de la situation, et justement il conforte ce sentiment d’un mal profond similaire à celui des « consommateurs » grugés par « l’achat » d’un produit qu’ils espéraient « miracle ». La gravité des remontées du terrain menace même la démocratie car, contrairement à ce qu’ils espèrent, par leur outrance, les leaders de l’opposition ne tireront aucun bénéfice de ce mal-être généralisé ! La France que les grands médias ignorent, celle dont ils ne parlent jamais car elle n’a jamais de comportements outranciers est au bord de la révolte par son vote lors des prochaines échéances électorales. On y sonne le tocsin des partis politiques actuels. Recroquevillés sur les luttes intestines, coupés du vrai militantisme prosélyte, abandonnés par une bonne part de leurs forces vives ils tentent de sauver ce qui peut l’être encore devant la menace d’un raz de marée abstentionniste et une vague extrémiste d’autant plus forte qu’elle n’a plus aucune digue idéologique face à elle. La multiplicité des ressentiments actuels restent la seule vraie parade encore possible à ce constat ! Si par malheur un événement imprévisible finissait par cristalliser ces refus, cette lassitude, cette incompréhension, cette désespérance, tout serait emporté en quelques semaines une fois les élections municipales terminées.

 Ce matin, j’étais à l’assemblée générale des maires de Haute Garonne, face à une salle copieusement remplie,  en qualité de grand témoin des modifications prévisibles dans le paysage des collectivité territoriales. Et face à un monde urbain conquérant, rasséréné sur son avenir et beaucoup plus armé pour résister (possibilité de communication directe importante, organisation plus efficiente, moyens financiers supérieurs…) les élus ruraux ont tiré la sonnette d’alarme avant de se plonger dans la révolte. Tout est fait par l’oligarchie ministérielle pour les pousser en ce sens ! Ils ne font que traduire le sentiment de cette France qui ne se reconnaît plus dans des élites politiques transplantées des agglomérations vers le pouvoir central après des parcours pour le moins déconnectés des réalités. Les lois, les prises de position, les réformes sont délibérément tournées vers les populations réputées majoritaires dans un pays qui s’urbanise de plus en plus.

Les Préfets soulignent que le redécoupage cantonal ne fait aucun effet sur les populations car totalement déconnecté des préoccupations quotidiennes.des électrices et des électeurs. En revanche, le texte a vite démobilisé des centaines de conseillers généraux sur le départ, et a suscité des débats entre « spécialistes » donnant encore plus l’impression que les élus se préoccupent en barons, en comtes ou en marquis de leur charge dont ils seraient propriétaires. Un fossé se creuse chaque jour un peu plus entre ces territoires sur lesquels on trouve le plus de foyers endettés (constructions depuis 2000), isolés face au chômage, ruinés par le coût du trajet domicile-travail. Les rythmes scolaires et leur difficile mise en place sur ces territoires sert depuis quelques semaines de révélateurs à une inquiétude : celle de l’échec que l’on pense imputable aux réformes alors qu’il a ses racines dans tant d’autres causes plus graves.

 Dans les campagne où les impôts restaient encore modérés quoiqu’en disent les contribuables, la fiscalité révulse encore davantage… Le fameux « ras le bol » porte parfois sur des augmentations quantitativement supportables mais insupportables quand on les transpose en pourcentages. Le pouvoir d’achat millimétré dans les « pavillons » ne supporte plus ces variations quand on empile les hausses « chauffage, déchets, transport, alimentation, emprunts » inévitables pour le maintien de la vie familiale. Si on y ajoute parfois les séparations dues à ces contextes financiers angoissants on a une idée plus exacte des fondements de cette défiance à l’égard des pouvoirs éloignés (Europe, gouvernement, administrations…).

La principale erreur de Hollande et Ayrault aura été de ne pas compter sur les élus locaux pour servir de levier à la nécessaire remise en ordre d’une République ruinée depuis plus de 10 ans ! En tripatouillant dans des compétences déjà complexes, en inventant la métropolisation, en changeant la donne de proximité dans l’élection, en grignotant via l’intercommunalité réputée salvatrice la cellule communale, en empêchant de fait des investissements locaux… ils ont renforcé la déconnexion avec une grande partie de la population, celle que l’on n’entend pas mais qui avait déjà donné un signe fort aux dernières élections ! Les dégâts aux municipales seront beaucoup plus fort dans les campagnes que dans les grandes villes.

Cet article a 6 commentaires

  1. garnierdenisGarnier

    Chapeau bas Monsieur Darmian, Député suppléant de la 12ème circonscription. Comment leur faire comprendre que les lobbies ne votent pas ? Mon ennemi c’est la finance ! Mais quel Chef d’Etat, Empereur, Roi de France s’est-il couché devant l’ennemi ?

  2. MOUNIC CLAUDE

    la situation est très grave, car les précédants gouvernements sont responsables
    des millards de dettes; ils ont ruinés la France, il faut du courage beaucou de courage pour remonter une telle situation

  3. sandeau

    Il faut être courageux aujourd’hui pour se prétendre socialiste et encore de gauche…

  4. Morin

    Jean-Marie tu as raison hélas.
    La lutte des classes est devenue la lutte des places de petits marquis énarquiens qui n’ont pas de contact avec les réalités profondes de la France, ni même de la République. Ils sont en train de tuer Jaurès une seconde fois.
    Et nous les petits maires de base, sommes les soutiers et les fusibles d’un ssytème qui va éclater. Et nos alertes sont en effet jamais entendues.
    En ce qui me concerne j’arrête et me met en réserve pour l’après implosion des partis; et à Gauche toute !

    Merci de cette bouffée d’oxygène
    Sege Morin encore maire de Branne

  5. goupil

    Il y a une psychose réelle mais est ce une bonne stratégie que de lui donner tant d’échos.
    Elle peut être perçue comme une manière de se dédouaner de l’action immédiate et contribuer ainsi a ne point mettre en exergue ceux qui font autre chose que de légitimer le vote FN en l’affirmant comme la réponse « compréhensible », explicable.
    Agiter le feu en expliquant être ignifugé par la cohérence de sa pensée, sa culture politique et son parcours laïque et républicain, ne préserve pas du risque d’être objectivement potentiellement contributeur objectif et vecteur inconscient de l’incendie! Tu sais qu’il ne suffit pas de prétendre à l’attribution de Palmes académiques pour être digne de les porter!
    J’entends la désespérance comme toi, mais ne suis pas certain de l’efficacité de ton discours que je sais pourtant fondé sur l’humanisme et la générosité de coeur: sa résonance est elle raisonnante?
    Amitiés

  6. herreyre david

    C’est pas que dans la campagne que le tocsin va sonner mais dans les villes aussi. Car les politiques en place on fait déborder le vase. Comment ne pas se révolter quand l’on voit que les services publiques (la poste, la SNCF, la RATP, l’EDF…) c’est service ont des taux de progression facture supérieure à l’inflation (la poste 3%, la SNCF 3%… et quand les salariés subissent eux soit le chômage, soit des augmentations minime. Si c’est un service publique alors il doit respecter le principe d’aider les gens et non de les appauvrir. Les impôts locaux aussi progresse à une rythme bien supérieur au revenu des gens, on le voit bien dans les statistiques, une progression en 5 ans du double de celui de l’inflation. Le taux de prélèvement augmente sans fin. On peut voter à gauche, à droite, ça change quoi ? On crie notre désespoir, mais non à part nous inventer de nouveau impôts l’Etat ne fait aucune réforme structurelle suffisantes pour réduire sa charge. C’est bien beau de parler de changement de mode de scrutin, de définition de canton.., ceux ne sont que des décisions entre comme vous le dites si bien entre « baron et conte… ». Comment dans vos articles vous dites que nous devons combattre l’évasion fiscale, quand l’Etat se comporte d’une manière pire qu’un voleur ou un gangster.Au moins AL Capone quand il donnait sa parole, il la tenait, mais l’Etat, non. Nous avons souscrit des contrat d’assurance vie, des PEA, pour assurer notre retraite, l’avenir de nos enfants et l’Etat décide du jour au lendemain de change les règles au nom de « la justice sociale ». La justice sociale, elle est facile à dire, il est plus facile à augmenter les impôts qu’à faire des réforme. Si j’ai signé un contrat d’assurance vie c’est car la condition il y a des années correspondais à mes choix. J’ai signé un contrat, mais l ‘Etat change ces conditions de manière unilatérale. C’est comme si je vous vendais ma voiture pour 5000€ et que demain je vous dis, je vous reprends le roues car j’en ai besoin sans vous rendre l’argent. Vous crierez au voleur, non ? Et bien c’est ce qu’a fait l’Etat, alors qui est le voleur, c’est moi qui cache une partie des mes revenus à l’étranger ou c’est l’Etat ? Qui est le plus grand voleur ? Comment pouvez vous cautionner un gouvernement qui volent des honnêtes citoyens. Si vous avez un peu de respect pour la population que vous défendez, si j’étais à votre place j’aurais rendu ma carte du PS dans la seconde où Bercy à proposer cette loi. Alors moi qui suis un démocrate, qui est défendu Maastricht, je dis que cette fois ci, citoyen voter pour les extrêmes pour vous faire peur une bonne foi pour toutes. Comment peut on voter pour une bande de voleur et de gens malhonnêtes, comment peut-on dire du bien des gens qui préfère changer la loi de manière rétroactive. C’est pas l’impôt que je refuse, c’est sa rétroactivité. Si l’on signe un contrat on doit le respecter. Si je donne ma parole, je la respecte, sinon je ne pourrais pas me regarder en face. Alors oui je voterai à l’extrême car au moins je serais que les voleurs et les dictateurs sont en place et non des gens qui se disent honnête et qui défende la population. J’espère qu’une seule chose, c’est qu’au prochaine élection le parti en place prenne la branlé de sa vie et c’est normal car les voleurs soit on les mais en prison soit on leur coupe la tête.

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