Bientôt l'essence interdite…et le vélo réhabilité !

La consommation de carburants en France a baissé en mars pour le deuxième mois consécutif et fléchira sur l’ensemble de 2012, une première depuis 2008, si les prix records de l’essence et du gazole se maintiennent, forçant les automobilistes à mieux ou à moins conduire. La consommation d’essence et de gazole en France baissera de 1 à 1,5 % en 2012 par rapport à 2011 si les prix à la pompe restent à ce niveau. Tout le monde le reconnaît, mais personne ne propose d’alternative réelle. C’est là que les prises de position des élus locaux sur le… vélo deviennent, pour les déplacements de courte distance, prémonitoires. Personne ne s’en soucie, mais le Club des Villes et Territoires Cyclables a pourtant dès septembre tiré la sonnette d’alarme.
Depuis des années, j’avais sollicité des rendez-vous auprès des Ministres concernés : peine perdue ! Depuis des années j’ai proposé au nom de mes collègues solidaires des mesures concrètes. Toutes sont incitatives, concrètes, citoyennes mais elles ont un inconvénient : elles ne sont soutenues par aucun lobby du monde du profit ! Pas une seule n’a été reprise par le gouvernement, qui a bâclé à la hâte un ersatz de plan national vélo. Il faudrait peut-être se réveiller et prendre conscience que dans 6 mois le carburant sera plus près de 2 euros que d’un euro ! La réalité est pourtant là !
La consommation de carburants a baissé de 3,5 % en mars par rapport à mars 2011, après une diminution de 1,6 % en février, selon les chiffres publiés. En janvier, la consommation avait à l’inverse augmenté de 1,4 %. Cette diminution résulte surtout d’un recul de 9,1 % des livraisons d’essence sans plomb, alors que les livraisons de gazole, le carburant préféré des français, n’ont diminué que de
2,1 % .
Cette « baisse significative » de la consommation est notamment due aux prix de l’essence, qui volent de record en record chaque semaine, tandis que ceux du gazole ont atteint un sommet historique à la mi-mars. Au cours de la semaine achevée le 13 avril, le litre de super sans plomb 95 (SP95) a atteint un nouveau record à 1,6664 euro et celui du gazole est reparti à la hausse à 1,4362 euro. Le sans plomb 98 (SP98) est légèrement redescendu à 1,7095 euro, contre 1,7121 euro la semaine précédente. Et ce n’est pas fini, car tous les paramètres conduisent au pessimisme. Bien entendu, on attendra la crise la plus profonde pour réguler les déplacements de proximité. Les élus locaux motivés, qui se battent au quotidien pour changer cette logique du tout automobile, sont regardés comme des zombies, des bobos égarés ou des écolos frénétiques.
Quand le candidat-président tente de racoler avec le permis de conduire pour contrer son rival qui s’est exprimé sur le même sujet, je ne peux m’empêcher de penser que bientôt il sera inutile d’avoir le précieux viatique, puisque les banques ne prêteront plus aux acheteurs d’automobiles (poids du trajet domicile-travail sur les capacités à rembourser, chute du pouvoir d’achat, rareté du crédit…) qui n’auront plus de toutes manières les moyens de remplir le réservoir. On songera alors à revenir à d’autres solutions pour que la mobilité rime encore avec liberté. Bien évidemment, il ne saurait être question de remplacer sur de longues distances les véhicules motorisés, mais de lutter contre le gaspillage éhonté que représente le fait que 50 % des déplacements en France font moins de… 2kms, souvent effectués en voiture ! Ne pas lutter contre ce fléau, c’est manquer à ses obligations d’élu responsable, et céder à la facilité qui consiste à augmenter le nombre des parkings, pour transformer les établissements scolaires en Mac Drive à gamins obèses !
Il faut repenser d’urgence le chemin vers les « écoles », supprimer des ramassages scolaires dans un rayon inférieur à 2 kilomètres, imaginer des alternatives « responsabilisantes » pour les enfants et les familles, interdire les automobiles dans le périmètre immédiat des établissements et redonner sa valeur à la mobilité pédestre et vélocipédique. Des milliers d’élèves ne font aucun effort physique quotidien et les parents se donnent bonne conscience en les prétendant plus en sécurité, assis sur le siège arrière de leur 4×4 qu’à marcher ou à pédaler. L’augmentation du carburant va peut-être modifier les attitudes. Il en sera de même pour les transports collectifs. Inexorable. Inévitable.
J’ai lancé depuis quelques semaines le « véloscolib » premier libre service de vélos partagés, dans une école élémentaire, à partir du constat que l’investissement dans une bicyclette en bon état et adaptée devient parfois problématique dans certaines familles. Le succès immédiat permet de considérer que lentement, l’idée d’une autre vision des déplacements fait son chemin. Elle a besoin d’un soutien tangible, fort, voyant et rassurant d’un État aux abonnés absents depuis belle lurette en matière d’investissements alternatifs à l’automobile !

Cet article a 6 commentaires

  1. JF Dehlinger

    Tout à fait d’accord avec ton analyse d’ensemble mais plus encore avec le passage concernant les éléves, collégiens et lycéens . Ils ont tout à y gagner en premier lieu une meilleure santé qui leur bénéficiera et par voie de conséquence à la collectivité. Il en est de même sur le plan qualité de la vie , pollution ainsi que sur l’aspect économique en général.
    Le moment est propice pour faire avancer ces idées et le Club a une reponsabilité évidente en la matière.
    Bon courage Jean Marie dans ton action pour promouvoir le vélo.

  2. J.J.

    Encore une fois, il ne fait pas bon avoir des idées en avance sur leur temps : je me souviens, dans le années 70, avoir « prêché » en réunion de parents d’élèves, pour le non aménagement des ramassages scolaires de proximité, prétextant, entre autre, que la marche à pied quotidienne pouvait procurer un excellent exercice sportif.
    Je m’étais entendu opposer par le directeur de l’école la plus importante du secteur cette célèbre citation:

    – « Nous ne sommes plus au temps de la lampe à huile et de la marine à voile ! »

    A quoi je lui avais répondu qu’il serait peut-être heureux un jour d’avoir un reste d’huile à mettre dans sa lampe….

    L’assistance se moqua confortablement, me traitant de « passéiste et de muséologue », comme il était de bon ton de le faire à propos de René Dumont qui avait fait sa campagne présidentielle à bicyclette.

    Les « Carapat », « Caravélo » , »Pédibus » et autre initiatives à encourager avec énergie et conviction, démontrent maintenant que Cassandre n’avait pas tout à fait tort.

  3. Michel d'Auvergne

    On va retrouver le goût du vélo et, surtout, très certainement rationaliser nos déplacements… Vélo train bus et covoiturage. Mais ça va faire beaucoup bobo aux « lobbyistes » du « tout-camion » et ça ne sera pas un mal !

  4. Michel d'Auvergne

    Ha… Le ramassage scolaire ! Nous habitions à environs 1,5 kilomètre de l’école et nos enfants en allant à l’école à pied, passaient devant une halte de ramassage, ituée, elle, à environs 800 mètres de l’établissement quand ils ont constaté un jours de « mouvement social » et donc d’absence de bus… Que les élèves usagers de cette halte étaient rentré chez eux ! Il est loin le temps des sabots !

  5. REIX J-P

    C’est plutôt une bonne nouvelle que de voir baisser la consommation de carburant. Surtout que maintenant nous savons enfin officiellement que les particules fines émises par les véhicules diesel tuent plus que les accidents de la route. Le regrettable c’est que ce n’est que depuis l’année dernière que les filtres à particules sont obligatoire sur les véhicules neufs, ce qui fait que des centaines de millions d’euros ont été donné en prime à la casse et bonus écologique (un comble) pour l’achat de petits diesels très polluants qui vont maintenant rouler pendant de nombreuses années et continuer à abréger la vie de millions de gens !
    Le paradoxe c’est que bientôt ils ne pourront plus rentrer dans certaines grandes agglomérations qui les interdiront !
    Nos comportements vont changer et il est souhaitable que le prix des carburants continue d’augmenter et il serait juste et salutaire que le prix du gasoil soit aligné sur celui de l’essence. Cela nécessitera quelques mesures intelligentes pour aider les petits revenus qui ont besoin d’un véhicule pour aller travailler.
    Pour ceux qui font du vélo, les véhicules les plus polluants sont facilement identifiables, ils puent !
    Ne pas prendre la voiture pour faire quelques centaines de mètres éliminerait beaucoup de pollution, car c’est dans les premiers kilomètres que les véhicules polluent le plus.
    Donc oui à la marche et au vélo ou encore aux transports en commun chaque fois que cela est possible, et c’est souvent le cas !

  6. Muet

    Si je fais du vélo, les banques vont enfin financer l’un de mes projets ? Je signe où ?

    « Surtout que maintenant nous savons enfin officiellement que les particules fines émises par les véhicules diesel tuent plus que les accidents de la route. »

    C’est bon de le rappeler.

    En encore vous ne citez pas les poussières émises par les plaquettes de freins, très sollicitées en centre ville, et dont la pollution invisible mais bien réelle et mesurable est passée sous silence (mis à part dans l’industrie du désamiantage pour le calibrage des appareils de mesure…).

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