CANTONALES – Ne pas renoncer au défi de restaurer la citoyenneté

Notre campagne pour les élections départementales a débuté avec Anne-Laure Fabre-Nadler, représentante d’Europe Ecologie-Les Verts, Mathilde Feld et Gérard Poisbelaud il y a pratiquement 3 mois et nous n’avons pas cessé de la placer sous le signe de la citoyenneté. Un véritable pari dans un contexte de consommation de la vie politique se traduisant par une personnalisation nationale, tournant chaque jour davantage à une promotion du show-business qu’à un vrai débat sur l’enjeu des Départements. Croire dans l’information directe, dans l’explication permanente, dans le dialogue, dans le partage des savoirs, dans la raison relève à l’heure actuelle de l’utopie face à une pression médiatique simpliste, répétitive, castratrice de la raison, reposant souvent sur des querelles sans lien avec le quotidien des gens. Mais y renoncer c’est mettre aussi en berne toutes les valeurs républicaines auxquelles on peut être attaché.

Aucun esclandre, aucune insulte à l’égard de nos adversaires, aucun mépris hautain des autres, aucune posture de personne sachant lors d’une douzaine de rencontres thématiques durant lesquelles de grands témoins ont pu éclairer les chemins complexes du choix démocratique face à des électrices et des électeurs venus librement et loin d’être toutes et tous des militants encartés. Au total 517 personnes (hors canndidat(e)s) ont fréquenté ce « printemps citoyen en Créonnais » réparti sur le territoire et qui aura permis à toutes les personnes ne souhaitant pas se contenter de vérités toutes faites, de se retrouver et d’échanger. 367 autres personnes ont répondu à notre questionnaire citoyen. Pas facile dans la situation actuelle de la démocratie et du repli sur soi de la très grande majorité des gens ! On assiste même au refus net de croire dans les vertus du débat comme s’il n’était pas le fondement de la vie politique. La prééminence du slogan « maison, gazon, télévision » fait son effet permanent. N’empêche que nous avons la fierté d’avoir tenté de ramer à contre courant en laissant la parole aux autres, intervenants extérieurs ou public présent, en s’adressant toujours à des citoyens et jamais à des partisans.

Les élections départementales ont été en effet confisquées par le niveau national qui depuis des mois tente d’imposer des sujets jugés beaucoup plus ambitieux liés à la préparation des présidentielles. Elles ont pâti de la valse hésitation du gouvernement sur le statut des départements. Elles ont été occultées par la constitution des régions. Elles ne serviront qu’aux « stars » politiques tant d’extrême-droite, de droite ou de gauche pour accroître leur notoriété ou préparer des échéances futures. Pour nous la citoyenneté n’a aucun rapport avec la tendance en cours consistant à étouffer le débat local pour lui substituer un concours national de prétendants au titre républicain suprême. Il ne sera bientôt plus possible en France de faire vivre la démocratie en dehors des échéances présidentielles ! La décision d’instaurer un quinquennat suivi de législatives pèse désormais en permanence sur l’électorat qui finira par se détourner de toutes les autres échéances pour ne se rendre qu’une fois aux urnes et laisser ensuite le pouvoir établi se débrouiller seul ! Impossible de savoir véritablement si le résultat de ces multiples réunions sera à la hauteur de nos espoirs ! Nous aurons au moins la satisfaction d’avoir tout tenté pour mettre en échec le mensonge, l’approximation, la facilité, l’insulte ferments du populisme.

En fait la vraie confrontation devrait être en permanence entre des électrices et des électeurs et les candidats mais plus du tout entre les candidats seuls devant des caméras ou un micro ! Le compte-rendu de mandat prévu dans notre projet, le conseil territorial cantonal que nous souhaitons créer, notre volonté de répartir par binôme le territoire concourent à cet objectif et correspondent à notre campagne.

A ce jour nous sommes les seuls à avoir apporté dans 20 000 boites aux lettres grâce à une cinquantaine de militants, un programme départemental et cantonal pouvant être apprécié et jugé. Quel est l’impact réel de ce type de plaquettes dans l’évaluation que font les électrices et les électeurs avant de faire leur choix citoyen ? Je l’ignore vraiment. Se présenter sans programme me parait tellement aberrant que je ne peux imaginer que quelques citoyens jugeront cette attitude comme positive. Si l’on se fie à la brochure du FN on peut avoir des doutes sur cet espoir puisque ce n’est qu’un concentré de généralités décalées du terrain reposant sur des mots dénués de toute réalité concrète transpirant la démagogie pure. Pour l’UMP c’est un roman fleuve de 45 feuillets avec des phrases creuses qui ne sera lu par personne (sauf pour l’analyser et le critiquer) mais qui masque l’absence de propositions positives claires. Pour le PC on reste sur des déclarations de principe et des critiques globales vis à vis non pas du Président du Département mais vis à vis de celui de la République dont le bilan sera jugé en 2017 !

Le temps est donc maintenant venu de passer à la prise de position politique pure. En effet qu’on le veuille ou non au large débat citoyen doit succéder l’engagement précis et la différenciation des valeurs. C’est essentiel car autrement on donnerait l’impression qu’il n’y a aucune différence dans les solutions proposées par les candidats. C’est sur ces valeurs, ces principes que la gauche et la droite ne peuvent pas se rencontrer puisque leurs références ne sont jamais les mêmes ! Solidarité humaine publique maitrisée face à privatisation, diminution, démolition, individualisation; solidarité territoriale effective face à captation en faveur du financement des grandes constructions bordelaises ; gestion prudente des finances face à emprunts à tout va ; maintien des personnels pour un service public de qualité contre chasse démagogique aux fonctionnaires…

Au cours de 3 réunions meetings il faudra maintenant mobiliser en faveur des différences avec l’espoir que le bouche à oreille sera porteur face au déferlement médiatique négatif, face aux sondages démobilisateurs, face au renoncement militant, face à l’indifférence organisée. Ne jamais renoncer à convaincre avant de chercher uniquement à vaincre. Une gageure ? Une absurdité ? Une ambition ? Une idiotie ? A voir… avec une certaine inquiétude !

Jean-Marie Darmian

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