C'est reparti comme en 14 !

Le grand axe de la future campagne présidentielle pour le camp sarkoziste, se dessine. Les cabinets de consultants en communication politique ont fixé l’ossature des arguments qui vont être déposés avec un parallèle amorcé le 11 novembre. Pour la première fois, le Chef de l’État français a diffusé le traditionnel message sous sa signature. Toutes les manifestations réputées patriotiques ont été soigneusement préparées avec un rôle à jouer pour un Nicolas Sarkozy qui va accentuer, au fil des mois, la dramatisation de la situation. Il lui faut dresser un décor général dans lequel il va pouvoir évoluer pour changer son image et faire oublier les centaines d’erreurs antérieures.
En résumé, la pièce de théâtre qui se prépare tournera autour des concepts généraux suivants : une nouvelle guerre mondiale fait rage et on ne vide pas le généralissime qui mène la bataille ! C’est simpliste, mais ça marchera car dans les chaumières on conserve le culte du chef sauveur comme le furent à diverses époques des hommes ressources. En fait, Sarkozy va se transformer progressivement en…Clémenceau ! C’est sur cette base que se dérouleront désormais toutes ses apparitions. Pas un geste n’aura d’autre but que d’accréditer la thèse qu’il est un héros offrant sa pugnacité, sa force , son talent, pour combattre l’ennemi invisible qui accable notre pays. Les terroristes ne sont plus identifiés, mais ils veulent s’abreuver à nos sillons, et heureusement il y a un chef courageux pour leur résister.
Attaque le 11 novembre avec la proposition que cette date strictement factuelle devienne la journée de la commémoration fourre tout des morts pour la France. Une manière de le repositionner en laudateur des « héros » ayant donné leur vie pour la défense des autres, et donc il lui faut établir un lien avec son attitude à lui, auteur de démarches courageuses et impopulaires. Lui, il sait faire passer la défense de la Nation avant son succès aux présidentielles. Il fait don de sa carrière et de ses ambitions à la guerre comme l’ont fait tous ces soldats en leur temps. Le scénario se met en place. On va y ajouter les déclarations concordantes de ses affidés, soigneusement briffés sur la ligne « bleu horizon » à suivre ! ses adversaires sont mous du genou, défaitistes, incapables de tenir dans la guerre, sous les obus des marchés, inaptes à la résistance, faibles dans leurs projets, dépensiers alors que l’effort de guerre demande que le Peuple donne tout pour fondre des « canons » contre la dette ! Il faut avoir l’esprit de sacrifice pour les marchands de « canons » financiers qui se régalent en observant les États acheter leurs armes virtuelles et illusoires pour mener la « guerre ». Et c’est parti ! Le temps des privations, du sang social et des pleurs économiques a sonné !
« Il ne faut pas se le cacher, nous sommes en guerre : en guerre économique, en guerre financière, en guerre contre l’endettement des États pour retrouver la souveraineté des États européens », a martelé Bruno Le Maire sur Europe 1 lors du Grand Rendez-Vous Europe 1/i-Télé/Le Parisien-Aujourd’hui en France. Il dévoile clairement le thème qui vient d’être arrêté pour relancer son « général » qui, flamberge au vent, va avec ses ministres soldats mettre en péril sa vie au nom de l’intérêt général !
Le ministre de l’Agriculture a beaucoup insisté sur le volontarisme politique, seule solution à la crise profonde actuelle, en oubliant si possible d’expliquer qui l’a entamée et surtout qui l’a déclarée. Comme en 1914, on va vite taxer celles et ceux qui dénoncent ce conflit comme des lâches. Ce fut le cas pour Jaurès ce sera le cas pour Hollande ! « La volonté peut changer les choses, la politique peut changer choses. J’essaye de convaincre et j’essaye de rassembler », a poursuivi Bruno Le Maire, brutalement devenu « général » de l’armée UMP en déroute. Ressaisissons nous et faisons de la « tactique » militaire en repartant à l’offensive. Plus révolutionnaire que lui tu meurs. Lui aussi doit persuader l’opinion dominante qu’il n’y a aucune autre solutions que celles préconisées par Nicolas Sarkozy !
« C’est une première dans l’histoire européenne : les marchés décident de ce qui est bon et de ce qui n’est pas bon. La force des marchés vient de notre incapacité, depuis des années, à régler le problème de la dette », a estimé le tacticien UMP avant d’ajouter : « si nous sortons de l’endettement des États, nous arriverons à reprendre la main sur les marchés ». Il faut donc aller conquérir la tranchée adverse, quitte à envoyer à la mort des vagues successives de « morts sociaux pour la France du profit »
Et on ressort alors les éternels poncifs que l’on tient en temps de guerre sur les gens qui refusent le sacrifice demandé au nom du devoir : « en France, il y a ceux qui ont compris cet enjeu-là, c’est le Président de la République, c’est cette majorité (…), et puis il y a ceux qui continuent à penser qu’on peut dépenser toujours plus, alourdir la charge publique et qu’on continuera à s’en sortir comme cela ». C’est donc bel et bien sur les mêmes bases que celles de 1914, déployées contre Jean Jaurès par l’extrême droite nationaliste, que la campagne va se dérouler. François Hollande subit le même sort. « Dans une guerre, il faut choisir son camp. Soit on est du côté de ceux qui se battent matin, midi et soir pour rétablir l’équilibre des finances publiques (…), soit on fait le jeu de la spéculation, on est défaitiste, on fait comme François Hollande, ‘de toute façon c’est foutu, on n’y arrivera pas’, et on se résigne à la défaite. En définitive, il suffirait de relire le contenu du dernier article de Jean Jaurès le 31 juillet 1914 pour répondre à ce type de déclarations : « Le plus grand danger à l’heure actuelle n’est pas, si je puis dire, dans les événements eux-mêmes. […] Il est dans l’énervement qui gagne, dans l’inquiétude qui se propage, dans les impulsions subites qui naissent de la peur, de l’incertitude aiguë, de l’anxiété prolongée. […] Ce qui importe avant tout, c’est la continuité de l’action, c’est le perpétuel éveil de la pensée et de la conscience ouvrières. Là est la vraie sauvegarde. Là est la garantie de l’avenir. » Pauvre Jaurès !

Cet article a 4 commentaires

  1. batistin

    D’où l’intérêt de continuer à écrire, en attendant mieux !
    Merci donc à vous monsieur Darmian pour votre pugnacité.
    Bien que le doute en une possible victoire, pour rester dans le discours guerrier, évidemment soit notre lot quotidien.
    Pour la pays et pour nos intérêts particuliers, la tache est ardue, surtout, quand l’on vous lit, comme l’on voit bien que le vice intellectuel est le meilleur outil de ceux qui nous écrasent.
    Énoncer une pensée claire, juste et équitable, n’a de sens qu’au fin fond de nos consciences, quand hurlent les affamés, heureux faute d’autre chose, qu’on leur offre du bouc émissaire à chaque repas.
    Mais enfin nous touchons là au principe même de la liberté de pensée, qui se résume si souvent au dicta paternaliste de nos chefs.
    Une vielle habitude républicaine à l’obéissance, depuis l’école, en passant par ce qui était le service militaire, puis l’usine.
    Une patrie paternaliste, un état fraternel et protecteur.
    Tout le contraire de la réalité libérale actuelle.
    Mais, cette vieille habitude de s’en remettre à sa maman, à son maitre, à son caporal ou au contremaitre, n’a évidemment de sens que quand le paternel est soucieux de l’intérêt général.
    Aujourd’hui, je préfère, comme bon nombre d’entre nous, m’en remettre à une communauté restreinte, une forme de tribu ancestrale.
    Ce qui évidemment est aussi la porte ouverte au refus de l’étranger.
    Construire une communauté, une tribu, ou l’humain reprend sa place, ainsi que l’ouverture d’esprit nécessaire à une mondialisation de fait, ne se fera pas avec les intérêts égoïstes des gros financiers.
    Prendre parti, à la suite de nos généraux politiques va-t-en guerre, pour l’intérêt à conserver debout le système qui nous ruine est aussi idiot que de se couper les mains pour ne plus avoir à se gratter là ou ça démange.

    Et puis, ci-dessous, une citation:
    « Je pense que les institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos libertés que des armées entières prêtes au combat. Si le peuple américain permet un jour que des banques privées contrôlent leur monnaie, les banques et toutes les institutions qui fleuriront autour des banques priveront les gens de toute possession, d’abord par l’inflation, ensuite par la récession, jusqu’au jour où leurs enfants se réveilleront, sans maison et sans toit, sur la terre que leurs parents ont conquis »

    Thomas Jefferson (1802)

  2. batistin

    Excusez, « Une patrie paternaliste, un état fraternel et protecteur. »…
    C’est bien évidemment le contraire
    Une patrie fraternelle, un état paternaliste et protecteur…
    Bien qu’avec le nombre de familles monoparentales ou autres, une maman paternaliste et un papa poule, ça se trouve.

  3. Nadine Stalker

    Tiens, revoilà Jaurès… Faut dire qu’il est de sortie à chaque élection, utilisé aussi bien par la Droite que par la Gauche!!!
    Excusez-moi si j’ai du mal à voir le parallèle, implicite dans votre message, entre Hollande et Jaurès! Vraiment beaucoup de mal!!!
    Hollande est un pur produit de la 2ème Gauche et du Delorisme!!! Rien à voir avec la défense assidue du peuple contre les bourgeois qui était la base de la pensée politique de Jaurès, il me semble…
    Mélenchon m’en semble beaucoup plus proche!

  4. facon jean françois

    Pour ma part, je pense plus au Général Nivelle ( Le Boucher de Verdun) qu’a Cléménceau lorsque j’observe Toopty 1er.
    L’histoire nous apprend que garder un secret n’était pas le fort de Nivelle, et il aurait parlé de son offensive à des dames au cours d’un dîner. Il parlait également de son projet aux journalistes (sans toutefois en exposer le plan précis). L’offensive qu’il déclencha n’eut donc aucun effet de surprise contre une très forte défense le 16 avril 1917, et la bataille du Chemin des Dames, également nommée « Offensive Nivelle », se solda par un échec et fut très coûteuse en vies humaines : les Alliés perdirent 350 000 hommes (morts ou blessés) pour un gain de terrain minime.
    Toopty 1er, médiatique à souhait et entêté fait plonger la dette de 500 milliards d’€. Toujours plus de libéralisme le conduit a sacrifier des pans entiers de notre industrie, générant des milliers de chômeurs. Le toujours moins d’impôts pour les riches augmente le déficit budgétaire conduisant à des coupes sévères des aides au plus démunis, les riches toujours plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. L’exemption de charges sur les heures supplémentaires augmente le nombre de chômeurs et fait plonger le budget de feu les ASSEDIC . Que dire de ses autres réformes,toutes plus coûteuses les unes que les autres au plans économiques et destructrices des tissus sociaux.
    N’attendons pas que les marchés débarquent notre Généralissime, libéraux par nature ils ne le ferons pas.
    Comme en 1917, il faudra une mutinerie à la suite du renouvellement démocratique de Toppty 1er avec des fusillés pour l’exemple pour que l’ordre soit maintenu et que l’ogre financier survive… Quel gâchis!

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