Dans le fond Merkel elle s'en balance…

Il faut seulement avoir un brin de « bon sens », comme dirait Nicolas Sarkozy à propos des déclarations de Claude Guéant, pour comprendre les raisons qui ont conduit Angela Merkel à soutenir le non candidat aux élections… présidentielles françaises. Dans un silence médiatique assourdissant, la France vient de publier son déficit commercial 2011. Après la dette, le chômage réel, la pauvreté, le nombre de créations de taxes… le livre Guiness des records va enregistrer un nouveau record (69,59 milliards) à mettre au compte du gouvernement UMP, celui du déficit de la balance commerciale ! Cette « performance » passionnera moins dans les chaumières que les 500 signatures de Marine Le Pen ou les déclarations désastreuses de Claude Guéant, car tout sera fait pour que ce nouveau résultat flamboyant du sarkozisme soit masqué. Dans le fond, l’essentiel on s’en balance ! L’Allemagne devrait de son côté afficher un excédent exceptionnel de près de 160 milliards !
« Pourvu que ça dure ! » pense-t-on de l’autre coté du Rhin ! Pourvu que Nicolas Sarkozy continue à courir après une adaptation anachronique de la spécificité sociale française à ce qu’il considère comme « le modèle allemand » ! Pourvu que la recherche, l’innovation, la commercialisation restent toujours au niveau où ils sont, afin de arvenir à ce que la concurrence tant souhaitée au niveau européen n’existe pas vraiment.
La France a donc enregistré en 2011 un déficit commercial de près de 70 milliards d’euros, un record qui soulève la question de la tendance à l’érosion continue des exportations de produits industriels, et celle de la compétitivité de la France. Et comme toutes les pseudos réformes idéologiques n’ont servi qu’à creuser un trou supérieur à celui qu’elles étaient destinées à boucher, on préfère passer à la supercherie suivante !
Le déficit du commerce extérieur n’était que de 51,52 milliards en 2010, a rappelé le service des Douanes. L’exploit est en plus au rendez-vous, puisque les presque 70 milliards constatés pulvérisent le précédent record, de 56,2 milliards en 2008 qui appartenait déjà à ce super collaborateur qu’est Fillon. Il avait pris la France, ruinée par le gouvernement dans lequel son idole élyséenne avait été Ministre de l’Economie et des Finances, pour la rendre dévastée, pillée, déstructurée par une gouvernance aussi cohérente qu’un puzzle de 1000 pièces répandu depuis le haut de la Tour Eiffel.
En 2011, les exportations françaises ont atteint 428,80 milliards d’euros, mais leur progression s’est ralentie à 8,6% après +14% en 2010. Les importations ont représenté 498,39 milliards d’euros, continuant de « progresser à un rythme rapide » avec +11,7% en 2011 après +14,1% l’année précédente. Et le problème est davantage sur les importations que sur les exportations. En fait, après les délocalisations massives faites au nom du profit, les consommateurs achètent des produits manufacturés « étrangers » à bas prix qui ne sont plus fabriqués en France. Les exportations « bénéficient de la bonne tenue des ventes agroalimentaires et de celles liées à l’industrie du luxe » qui produisent un excédent record de 11,4 milliards d’euros. Pour le reste, la chute va s’accélérer et Angela Merkel a tout intérêt à porter sur les fonds baptismaux de La droite européenne celui qui ne risque pas de lui faire de l’ombre ! Il va donc falloir imiter les allemands pour espérer leur vendre tout ce que jusqu’à présent ils parviennent à nous vendre ! Cherchez l’erreur…
La facture énergétique s’était élevée en 2008 à 59 milliards, à peine moins que l’an dernier et c’est donc la dégradation du déficit du secteur industriel (de presque 10 milliards d’euros en l’espace de 3 ans) qui explique la quasi-intégralité du creusement du déficit commercial français depuis 2008. La course effrénée au profit, le rachat des technologies françaises incluses dans des contrats mirifiques à court terme, le transfert des investissements de l’économie productive vers les secteurs financiers, le désintérêt pour la recherche, pour augmenter les marges pour les actionnaires, ont achevé un processus entamé avec la disparition des filières du textile, de l’aluminium, du pneumatique, de l’électroménager et de bien d’autres domaines dans lesquels la France était concurrente de l’Allemagne. Autre faiblesse structurelle, surtout par rapport au voisin allemand: le nombre réduit d’exportateurs et leur taille, caractérisée par un petit nombre de très grosses sociétés telles que le groupe EADS et un manque criant d’entreprises moyennes. Le nombre total de sociétés exportatrices, de plus de 130.000 en 2000 est tombé à 117.000 en 2011.
En fait, tout repose sur un principe simple : il n’est plus possible pour l’Europe de continuer à entretenir le mythe du « produire moins cher pour vendre plus ! » La bataille est perdue depuis au moins 40 ans ! L’Allemagne a choisi de tabler sur le « produire de qualité justifiant le prix proposé et accompagné d’un suivi fiable ». En fait, l’économie allemande a fait du développement durable bien avant que nous envisagions de le faire.
Le système allemand repose sur une main d’œuvre de qualité, dans des usines performantes, avec des commerciaux performants… Ils ne cherchent pas à fabriquer en sous payant leurs salariés qui sont au moins aussi garantis socialement que le seraient exagérément leurs homologues français, mais ils considèrent que la qualité se paye. En fait, Merkel a besoin d’une France faible pour s’assurer, par comparaison, de grandir son image interne. Elle a réussi au-delà de tous ses espoirs, tellement son « protégé » en perdition en a rajouté en phrases creuses, en balivernes et en mièvreries. Presque un nouveau record du monde en la matière !

Cet article a 5 commentaires

  1. Firestarter

    Lorsqu’on regarde le sujet avec des yeux un peu plus objectifs que les vôtres, on arrive à des conclusions plus constructives. Le succès allemand de 2012 n’est pas le résultat d’une quelconque nouvelle politique sarkozyste anti-exportations, mais le résultat de réformes allemandes entamées dès 2003.
    Nous sommes heureux de voir que vous admirez le modèle économique allemand qui, vous avez raison, privilégie la qualité (mais ça ça date pas de 2007), mais surtuot doit son succès à la flexibilité du travail, la mise en place des contrats précaires payés entre 400 et 800 Euros par mois, la formation massive des jeunes par l’apprentissage au lieu du collège unique et du « tout le monde à la fac », les minimas sociaux 30% de moins, l’assurance santé privée, les 230 heures de travail en plus par an en moyenne…
    Vous avez peut-être raison, Sarkozy devrait plus s’inspirer de ce modèle puisque c’est celui qui marche, plutôt que de laisser perdurer les folles 35 heures, le SMIC qui augmente chaque année etc etc

  2. Michel d'Auvergne

    Ce n’est pas de l’objectivité non plus que de prétendre que les contrats précaires (qui occupent pas mal les tribunaux, comme en France, d’ailleurs) permettent à l’Allemagne ses performances économiques, pas plus que de prétendre que l’augmentation famélique du SMIC soit un frein à l’économie, les 35 heures sont une fixation de l’UMP pour masquer l’échec d’une politique.
    Effectivement il faut aller vers l’apprentissage et la qualité, ça existait en france avant.
    En se tournant vers le « modèle allemand » c’est surtout son avenir politique que le porteur de « Ray ban » et de « rollex » est en train d’essayer de sauver !
    Quand on arrêtera de vouloir copier, ou les américains, ou les allemands ou autres japonais on découvrira peut-être quelques potentialités chez nous et là… On jugera sur pièce de l’opportunité des éternelles remises en cause.

  3. Nadine Bompart

    Ne pas oublier de dire que toutes les « basses oeuvres » de l’industrie Allemande sont produites dans les pays de l’Est, à bas coût et sans protection sociale!!!
    C’est leur version de l’Europe, faire trimer les pauvres pour préserver leurs retraités par capitalisation, eux qui sont le pays le plus vieux d’Europe en terme de population… À long terme leur politique est intenable et ils le savent, d’où le forcing pour en engranger le plus possible tant qu’il est encore temps, et advienne que pourra!!!
    Pour parodier votre phrase, oui, Merkel s’en balance des résultats des élections!
    Elle sait bien que, de toute façon, l’un ou l’autre, cela ne changera rien! Le train néo-libéral de l’Europe est sur les rails, et ce n’est pas la Social-Démocratie sauce Hollande qui le fera dérailler!

  4. J.J.

    «  »la formation massive des jeunes par l’apprentissage au lieu du collège unique » »

    Encore une idée reçue véhiculée par les partisans déboussolés d’une droite à bout de souffle, comme la tarte à la crème des ruineuses 35 heures .
    Si elles sont aussi calamiteuses que d’aucuns prétendent, pourquoi les foudres de guerre économique qui prétendent nous gouverner n’y ont pas mis fin depuis longtemps ? On ne peut pourtant pas accuser de si bons gestionnaires de négligence !.

    L’apprentissage, comme tout système a ses limites : excellent quand on tombe sur un patron honnête et responsable, désastreux quand le patron fait partie de cette race de charognards esclavagistes qui bafouent le code du travail et vont occuper l’apprenti à de basses besognes de manutention sans jamais lui donner une once de formation (si, si, ça existe, je connais des exemples !)

    Dans un tout autre ordre d’idées : aujourd’hui, 8 février 2012, cinquantième anniversaire du drame de la station Charonne, suite à une manifestation pacifique qui tourna mal, contre la Guerre d’Algérie .
    Souvenons nous

  5. Bonjour,
    @Firestarter sort de ce corps Alain Minc !
    source OCDE nb d’heures annuelles travaillées en 2010
    Allemagne 1419 h, France 1554h (bonjour les 35h)
    Productivité horaire en 2010 (base 100 OCDE)
    Allemagne 122, France 131( bonjour les idées prémâchées)
    PIB par habitant en 2010 source FMI
    Allemagne 40631 USD, France 41018 USD ( bonjour les 1% cajolés par Toopty 1er).
    L’apprentissage une belle idée mais il faudrait deux leviers en échange des cadeaux fiscaux. Un contrôle renforcé des conditions de travail des apprentis et un encadrement pédagogique de l’employeur. Il faut s’inscrire dans une logique gagnant/gagnant à long terme et pas dans une logique de profit immédiat.
    Réduire les minimas sociaux quelle belle idées pour … les riches !
    L’assurance privée c’est très bien … si on est riche, jeune et bien portant !
    Les retraites par capitalisation … CAC40 année 2000 supérieur à 6000 points aujourd’hui 3400 !
    Vous avez raison de défendre le libéralisme sans contrôle « c’est un renard libre dans un poulailler libre ».
    Désolé mais ce n’est pas ma conception, je préfère une société solidaire tournée vers l’avenir à une société individualiste cristallisée sur le pognon tout de suite pour moi et que les autres crèvent.

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