Des nuits d'ivresse combattues en vain !

Depuis déjà de longues années comme maire, comme président du Conseil Intercommunal de Prévention de la Délinquance, comme simple citoyen ou comme rédacteur de « Roue libre » j’ai sans cesse répété que la montée de l’alcoolisation chez les jeunes demande que les gouvernants s’emparent résolument de ce constat. Le tabac bénéficie de toutes les attentions et de mesures sans cesse renforcées. Le cannabis est pourchassé et pénalisé mais se détruire avec des alcools durs importés n’affolent pas grand monde comme si dans le fond le sens français de la fête reposait sur l’ivresse confinant au coma éthylique ! Personne, absolument personne ayant une responsabilité au contact des jeunes peut prétendre que ces phénomènes anglo-saxons ou américains dits du « binge-drinking » consistant à ingurgiter le plus d’alcool possible dans une recherche d’un état d’ivresse immédiat est dû au vin ! Il s’est largement développé ces dernières années et s’observe majoritairement chez les adolescents (de plus en plus jeunes) et les adultes de moins de 45 ans : 14% des 15-24 ans, 10% des 25-34 ans et 6% des 35-44 ans l’ont déjà pratiqué et ont même récidivé ! Et pendant ce temps le lobby hygiéniste s’acharne sur le vin !
46% :, c’est pourtant le nombre de jeunes de 18 à 25 ans qui ont déjà connu l’ivresse par l’alcool dans l’année et quelques unités de pourcentages par la boisson la plus simple et la moins dangereuse. Les consommations excessives d’alcool sont en hausse chez les jeunes depuis 10 ans. Et pire que tout la dernière enquête révèle que les évolutions à la hausse sont particulièrement marquées chez les jeunes femmes, et plus spécifiquement chez les étudiantes. A l’inverse, on observe plutôt une tendance à la stabilité au sujet de la consommation d’alcool chez les étudiants. Ainsi, les ivresses répétées (au moins 3 par an) concernent 28% des étudiantes (contre 19% en 2010 et 8% en 2005). Les ivresses régulières (au moins 10 dans l’année) touchent 11% des étudiantes de 18-25 ans, contre 7% en 2010 et seulement 2% en 2005. La situation s’ »aggrave mais on détourne les regards car ce sont souvent des classes sociales rarement prêtes à se mettre en causes qui sont concernées.
Par contre le Ministère prépare la facilité habituelle consistant à renforcer les mesures contre le vin dont on apprend de partout qu’une consommation modérée et régulière ne constitue pas un vrai handicap pour la santé. Loin s’en faut ! Hausse de la fiscalité, durcissement de la loi Évin, répression sur les réseaux sociaux : le gouvernement va passer à l’offensive sur le produit national qui fait moins de dégâts de santé publique que la vodka, la tequila, le whisky, le gin, les fameux mix et autres alcools durs venus de l’étranger. La vision françaises de l’alcoolisme est totalement déconnectée de la réalité ! A la sortie des boites ou dans les rues chaudes des villes les nuits du vendredi ou du samedi on trouve peu de gens ivres après avoir bu un grand cru classé ou un rosé frais ! On n’est plus à l’époque que j’ai connue des « cuites » au gros rouge ou au blanc sec au comptoir des bistrots. il faut se réveiller !
Pour commencer, le Ministère a prévu de frapper vignerons et négociants au portefeuille via une fiscalité au degré d’alcool qui viendra s’ajouter aux droits de circulation, selon le principe “pollueurs payeurs” appliqué lors du grenelle de l’environnement (et jamais appliqué aux grandes multinationales), comme si le vin était un fléau. Il est aussi question de durcir la TVA… mais aucune taxation efficace et dissuasive à l’entrée sur le territoire ou à la revente des produits qui sont les véritables responsables de l’alcoolisation. L’adjoint à la sécurité de Bordeaux m’expliquait que les services de secours publics sont intervenus à plus de 1 000 reprises sur le quai de Paludate, lieu clé de la vie nocturne bordelaise en 2014, pour porter secours à des personnes en détresse ou blessées après avoir été trop loin dans la consommation d’alcools durs ! C’est là qu’est le danger pas dans la bouteille de vin du restaurant ou du repas de famille !
Tout article, blog ou commentaire sur le vin pourrait être assimilé à de la publicité, et donc interdit au nom de la loi Évin sur les réseaux sociaux ou Internet ! Une limitation de l’accès aux seuls professionnels serait programmé sur ces sites et un durcissement de la loi sur l’affichage serait également envisagé. Que ces mesures s’appliquent donc aux boissons dangereuses et dont le degré d’alcool est supérieur à 15 degrés mais pas aux vins ! C’est d’une hypocrisie absolue quand on sait que la santé est d’abord altérée pas les pesticides toujours utilisés dans les vignobles et jamais dénoncés!
On s’acheminerait donc vers des formules sur les étiquettes françaises uniquement des bouteilles de grands crus de blancs secs pour les huitres ou de rosés estivaux, de blancs liquoreux déjà en difficulté du type :  “L’alcool est dangereux pour la santé”, comme pour le tabac. Ce sont encore des dispositifs théoriques totalement déconnectés de la réalité sociale mais qui satisfont probablement des moralistes n’étant jamais sortis de nuit pour relever des jeunes morts dans leur automobile ou effondrés sur un trottoir ou dans un parc public !
Jean-Marie Darmian

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