Et si on incitait au lieu de taxer !

Le Club des villes et territoires cyclables fera sa rentrée nationale mardi prochain à Paris. Après en avoir présidé le bureau national je présenterai à la presse les propositions actuelles des 1 000 collectivités locales qui constituent cette association. Elles entreront dans le cadre de la Semaine européenne de la mobilité et de la sécurité routière (du 16 au 22 septembre),  dont le Club est partenaire national.

Elles seront concrètes et novatrices au moment où vont débuter les discussions parlementaires sur le Grenelle 2. Une occasion de constater, pour des milliers d’élus locaux, acteurs de la lutte contre le réchauffement climatique, sans qu’on parle d’eux, valorisent autant que faire se peut des solutions alternatives aux déplacements de proximité. Ils verront quel accueil sera fait par un Etat, « donneur de leçon permanent » mais n’ayant toujours pas donné signe de vie sur le vélo!

hongrie_masse_critiqueJe proposerai au nom du Club des mesures incitatives qui, au lieu de sanctionner les gens pour leur utilisation de l’automobile, leur permettront de basculer dans la citoyenneté écologique active. Le développement du vélo doit, en effet, être intensifié si on veut encourager une nouvelle économie post pétrolière, favoriser des changements de comportements et de consommation, soutenir les choix structurants des collectivités en faveur de la mobilité alternative, de la santé et de la protection de l’environnement.

Le vélo, parce qu’il est économe et respectueux de l’environnement peut jouer un rôle actif dans le changement de cap qui est demandé à la collectivité et à chacun, dans ses modes de vie et de consommation, et en faveur d’une croissance plus durable et plus équitable.

Le vélo peut servir de levier à une transformation sociale liée au partage de l’espace public, à la notion de non mise en danger de sa propre santé et celle des autres, par l’acceptation d’une autre mode de vie collective.

5% des Français utilisent de manière quotidienne leur vélo pour se déplacer. Après avoir connu un déclin dans les années 70, la pratique du vélo, comme mode de déplacement, connait un nouvel essor depuis les années 2000, lié en partie à l’arrivée des vélos en libre service, qui ont favorisé un retour du vélo massif dans le paysage urbain.

Le potentiel de croissance de la pratique du vélo est très important : plus de 50% des déplacements font moins de 2 km. Or, sur cette distance, le vélo est le mode le plus rapide et le plus fiable en ville.

En zone péri-urbaine ou rurale, pour des populations qui résident loin de leur lieu de travail, le vélo peut être un des outils clés du report modal de la voiture vers les transports publics. Il amplifie la zone de chalandise d’une station ou d’une gare, permettant un rabattement à vélo dans un rayon de 5 km, offrant ainsi une véritable alternative à la voiture.

Favoriser l’usage du vélo au quotidien, ce n’est donc pas uniquement venir en aide à une population urbaine déjà très bien desservie par les transports publics mais c’est aussi offrir un éventail beaucoup plus large de solutions de 200908040723_zoommobilité à des populations qui n’ont parfois pas d’autre choix que d’utiliser la voiture. Il faut, bien évidement, dans le même temps, développer les itinéraires cyclables, l’offre de stationnement sécurisé et des services adaptés (location, libre service, réparation…).

Le Club des villes et territoires cyclables s’est félicité que l’abonnement à des services publics de location de vélos soit éligible à la participation des employeurs aux frais de transport de leur salariés lors de l’adoption de la « Loi de financement de la sécurité sociale » en octobre 2008. Cette mesure constitue un signal fort que le vélo est considéré, au même titre que d’autres modes alternatifs à la voiture.

C’est un premier pas important, mais d’autres dispositifs doivent permettre  d’encourager le salarié qui se déplace principalement à vélo et avec son vélo personnel, tel que le versement d’une indemnité kilométrique par l’employeur, la mise à disposition d’un vélo, l’aide à l’acquisition.

Avec le Groupement des autorités responsables des transports (GART), le Club des villes et territoires cyclables a défendu le principe d’une participation de l’employeur au frais de transport de ses salariés pour tous les modes alternatifs à la voiture solo et a interpellé à plusieurs reprises les Pouvoirs publics, depuis 2005, pour une prise en compte du vélo dans les dispositifs successifs de « chèque transport ». Aujourd’hui, la prime transport doit être élargie aux frais d’usage du vélo.

Enfin, des aides économiques – crédits d’impôt, chèque vélo… – doivent aussi encourager l’acquisition d’un vélo pour tous, mesures que nos voisins européens ont mises en place parfois depuis plusieurs années. Elles constituent une incitation importante, un signe fort d’encouragement d’un mode efficace et économe, face au « signal prix » sur des produits ou des services gourmands en énergie que constituera la contribution climat-énergie.

Afin d’encourager la pratique du vélo, mode non polluant, une partie des frais engagés pour l’achat du vélo pourra être remboursée à l’acheteur (primo acheteur) par le biais d’un crédit d’impôt. Le montant du crédit pourra être fixé soit en fonction du montant du vélo (par exemple 40% du prix) avec un plafond; soit selon un montant forfaitaire (par exemple 200€ pour un vélo, et 400€ pour un Vélo à assistance électrique.

On n’est pas dans la taxation aveugle mais dans l’aide concrète, dans la citoyenneté active, dans l’engagement positif. Pourquoi, par exemple, si la taxe carbone est récoltée, ne pas donner une aide aux acheteurs de vélos plutôt que de permettre aux pollueurs invétérés de s’acheter une bonne conduite grâce à leurs moyens financiers !

Cet article a 2 commentaires

  1. Nathalie

    Et c’est aussi un excellent moyen de prévention de santé publique.

  2. REIX J-P

    Il faut inciter ET taxer !
    Oui au vélo ET aux énergies fossiles chères !
    Lire et appliquer le rapport Rocard !

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