Evoquer le passé pour éviter de parler de l'avenir

trioQuand vous manquez de visions sur l’avenir il est facile en politique de chercher à s’appuyer sur le passé... C’est une constante ! Il faut aller chercher dans les références dans les discours et les attitudes de gens que l’Histoire a sanctuarisé afin de se consolider dans l’opinion publique selon le principe du mimétisme. A gauche pour se laver de tous les soupçons de déviance idéologique chaque personnalité a choisi son mentor et a bourré ses interventions de citations et de symboles. Le premier à dégainer selon l’idée d’Aquilino Morelle a été François Hollande...On lui a monté le « pèlerinage à Carmaux » afin de muscler son image au moment même où il prenait un virage accentué « social-libéral ». L’idée a fait un flop monumental car personne n’a vraiment intégré le discours ! Pour les jeunes générations sous éduquée en histoire Jean Jaurès ne représente plus grand chose. Il est « has-been » et les profs n’osent plu évoquer sa carrière, son œuvre et surtout son courage car c’est devenu subalterne et dangereux quand dans les grandes écoles privées on accueille à bras ouverts l’Opus Dei.
L’erreur du staff d Hollande c’est d’avoir cru que la « récupération » reposerait sur des mots alors que le pays attend des actes. Il ne suffit pas d’invoquer Jaurés pour bénéficier de la substantifique moelle de son patrimoine ! À la tribune, François Hollande a prononcé un discours marqué à gauche. « En 2007, Nicolas Sarkozy à Toulouse avait cité 32 fois le nom de Jaurès. Il y a 5 ans, c’était sa référence. Aujourd’hui, a-t-il cité une seule fois ce nom ? Il ne le pouvait plus. Il y a tant de différences entre ses paroles et ses actes » se moque le candidat qui lui, se reconnaît dans la pensée de cette figure du socialisme : « Aujourd’hui, je me réclame de la synthèse de Jean Jaurès entre l’idéal que nous devons servir et le réel qui est devant nous. » Le problème c’est que plus personne ne se souvient de l’exploitation honteuse faite par Sarkozy de Guy Mocquet, de la résistance dans le Vercors et de ses escapades sur le terrain jaurésien ! « Nous affrontons ce qu’il appelait les résistances du réel », a-t-il lancé. « Nous devons les vaincre, ne pas les ignorer et en même temps faire en sorte de pouvoir les dépasser. »
« J’entends en ce moment-même les interrogations (…) y compris de mes propres amis », a-t-il poursuivi. « A ceux-là (…) je réponds tout simplement (…) : j’ai été élu pour redresser la France (…) C’est parce que c’est difficile que nous devons montrer de la cohérence, de la constance et de la volonté. » Et de citer de nouveau Jaurès, qui s’efforçait d’enseigner « la patience de la réforme, la constance de l’action, la ténacité de l’effort » aux « empressés » et autres « dévots ». La tentative n’a pas été très convaincante et elle n’a donc pas convaincu !
Alors Manuel Valls a vite déniché son repère ! Lui il s’est appuyé sur Pierre Mendès-France dans son discours sur le pacte. Un raté face aux nouveaux députés qui ne savent pas forcément que s’il a été célébré après avoir été chassé du gouvernement par ses « camarades » il a été longtemps oublié par les… socialistes ! Le seul moment de l’histoire dont on se souvient parfois au PS ce sont ses larmes le jour de l’investiture de Mitterrand. Là encore il s’agissait de s’approprier les principes mendésistes : parler vrai, rigueur intellectuelle, dialogue direct, volonté de se situer au-dessus du parti ! La première référence du discours de Manuel Valls a donc été pour Pierre Mendès-France, avec « la vérité m’oblige, nous oblige »… et la suite fut de la veine de celui qui ne resta à Matignon que 7 mois et 17 jours en raison justement de son langage de vérité très mal vu par la SFIO !
Il restait au premier secrétaire du PS de se positionner à son tour sur le théâtre des ombres envahissantes des « grands »  «Léon Blum? C’est lui qui a fait la révolution du travail…» Il a donc dans son intervention, souligné la «brûlante actualité» du message de Blum, insistant sur le fait qu’il incarne «le principe essentiel d’unité des socialistes». Un bouquet déposé devant une statue Place…Voltaire à Paris ajoutait le 1° mai une touche respectueuse à une manifestation discrète !
Alors que les Françaises et les Français veulent absolument un langage clair, ferme, porteur d’espoir on leur reparle du passé certes glorieux, certes positif, certes exaltant d’une gauche qui finalement dans les 3 situations a fini tragiquement face à la responsabilité de la gestion du pays. Jaurès, Mendés-France, Blum… n’ont pas su convaincre du bien-fondé de leurs propositions et ils ont quitté le pouvoir sans que la grande majorité des électrices, des électeurs, des militants de leur propre camp les ait soutenus. Ils ont bénéficié en revanche, de leur estime, de leur reconnaissance des années plus tard ! Il est très dur et très risqué en politique d’avoir raison avant les autres ! « Il ne faut avoir aucun regret pour le passé, aucun remords pour le présent, et une confiance inébranlable pour l’avenir » A j’oubliais c’est de Jaurès !

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