Il faut se préparer à une campagne poujadiste aux municipales

C’est parti ! Les élections municipales vont se dérouler dans un climat de « poujadisme » intégral et donc il faut s’attendre à trouver dans les boites aux lettres, dans toutes les communes quelle que soit leur taille, des tracts tournant autour de la seule préoccupation des Français : les impôts! Vous trouverez des comparaisons les plus fantaisistes, des affirmations simplistes et surtout des analyses dénuées de toute rigueur. Il suffira d’écrire ou de clamer : « ici on paye trop de taxes locales » pour que les foules se déplacent vers les urnes ! La fiscalité (à laquelle on ne comprend pas nécessairement quelque chose!) sera tordue, pressurée, démontée et surtout traitée sur ses apparences comme le veut une société de l’approximation illusoire !

D’abord rien n’est comparable sur entre 2008 début du mandat et 2012 denier compte administratif connu pour la bonne et simple raison que la réforme Sarkozy a détruit tous les repères entre ces deux exercices. Par exemple sur la Taxe d’habitation des mythomanes du « matraquage fiscal » vont s’éclater en mettant cote à cote les taux du début et de la fin de mandat… alors que ces deux références sont impossibles sauf à déduire la part du Conseil général transférée au moment de la suppression de la taxe professionnelle. L’effet est garanti mais totalement faux ! Quel contribuable le sait ? Quel électeur se rappelle que le transfert du coût de la suppression de l’impôt « économique » a entraîné un transfert massif vers les « ménages » de la charge fiscale. Elles et passé de 48 à 70 % ! Mais bien évidemment l’UMP évitera de la rappeler dans ses critiques contre les majorités de gauche et à l’inverse qui tentera d’expliquer le contraire.

En effet, comme une nouvelle illustration du fameux «  ras-le-bol fiscal », l’enjeu des impôts locaux et de la fiscalité enregistre une progression spectaculaire de 16 points par rapport à septembre dernier (sondage Ouest France), notamment après l’arrivée des feuilles d’impositions dans les boîtes aux lettres. Viennent ensuite le cadre de vie et l’environnement (32%, en hausse de 13 points) ainsi que la sécurité des biens et des personnes (28%, assez stable avec une baisse de 2 points). L’électeur se focalise sur le total de sa feuille d’imposition sans même en comprendre le fonctionnement et surtout les éléments qui la composent.

C’est ainsi que sur le montant de la feuille sur la taxe d’habitation figure la redevance audiovisuelle que bien des gens confondent avec le reste. Pour eux le responsable de la feuille d’imposition est le maire alors qu’ils ne réclament aucun compte à l’intercommunalité (pas d’élection au suffrage universel et donc on lève souvent un impôt additionnel sans aucune responsabilisation électorale!) et qu’ils ne s’intéressent à ce que leur coûte le fonctionnement du service public audiovisuel ! Bref encore une fois le manque d’éducation « civique » et « populaire » permet tous les abus et toutes les comparaisons supposées « significatives ».

Cette préoccupation particulière pour la fiscalité s’exprime aussi bien en zone rurale qu’en province et en région parisienne (de 48 à 53% de citations). Absurde et totalement démoralisant quand on connaît la différence phénoménale entre « les bases d’imposition » urbaines et rurales ! Il arrive même que justement l’un des facteurs de changement de lieu d’habitation soit justement cette énorme différence. On remarque cependant que l’enjeu des impôts est en tête aussi bien à gauche (41%) que dans l’ensemble de la population ce qui démontre que les « militants » sont aussi peu formés que les gens « moins motivés ». Ils pourront même se laisser aller à écrire quelques appréciations dénuées de tout fondement au nom des nécessités de la campagne électorale !

Heureusement que la suite du sondage est plus rassurante (enfin peut-on l’espérer) avec 71% comptent exprimer leur sentiment sur le projet des candidats et 70% sur le bilan du maire sortant qui bénéficiera toujours de la prime qui va avec ce statut. Près des deux tiers (64%) sont satisfaits de l’action de leur maire, dont 52% assez satisfaits et 12% très satisfaits. 35% sont mécontents (26% assez mécontents, 9% très mécontents). 1% ne se prononce pas. Comprenne qui pourra ! De quels impôts parlent-ils ? Quel lien avec les municipales ? Alors il reste un élément encore plus débile pour un scrutin local dans lequel il faut simplement objectivement comparer les outils, les équipements, les services, les animations, les politiques de l’enfance, de l’éducation, les propositions pour les seniors, les choix environnementaux, la politique des déplacements, le lien social, la solidarité… qui découlent du niveau de fiscalité ! Cet élément démontre l’acculturation massive d’un pays : 42 % des votants pour les municipales montreront leur mécontentement à l’égard du gouvernement et 19% de leur satisfaction. Comme seulement la moitié  (52%) des personnes interrogées s’intéressent donc à la campagne pour les élections municipales. 47% ne s’y intéressent pas et 1% ne se prononcent pas on assistera à un fiasco démocratique !  Mais ce n’est pas là l’essentiel…

 

Cet article a 2 commentaires

  1. Pierre HUGUET

    Un exemple des « dérives » auxquelles on ne comprend rien : le passage de la taxe locale d’équipement à la « taxe d’aménagement » : la construction d’un abri de jardin en bois, sans fondation, pour y mettre mes outils, me coute 698 € de taxe d’aménagement en 2013, plus cher que le « bâtiment » lui-même ! Pour exactement le même abri de jardin, un ami Créonnais a acquitté, en 2010, une TLE de…53 € ! Cherchez l’erreur !!!

  2. Yannick

    Pierre, je comprends ton sentiment mais ce qui génère ce genre de réactions c’est l’incompréhension le plus souvent. Cela signifie que les gens, citoyens-contribuables, ont besoin qu’on leur explique le système. Réunions ? petit livret pédagogique dans les boites aux lettres ? etc. voilà aussi une idée pour expliquer tout autant que lutter contre les arguments et arguties des tenants du poujadisme, non ?

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