Il y a exactement 10 ans que je déblogue à plein tube

Il y a exactement 10 ans jour pour jour comme me le signale réduction à l’appui, l’hébergeur que j’ai créé mon blog… C’était le 24 août 2005 et il s’appelait alors « L’AUTRE QUOTIDIEN » et arborait fièrement sur son bandeau une phrase saisie dans une chronique hebdomadaire de Jean-Claude Guillebaud qui m’avait incité à me lancer dans l’aventure de l’écriture sur ce nouveau support conseillé par mon fils : « L’opinion dominante c’est comme une vapeur qu’on respire c’est une intoxication indolore. » . Je partageais alors et partage encore totalement cette mise en garde et c’est avec une profonde inquiétude que je constate, chaque jour davantage, qu’elle relève de la plus élémentaire des vérités. Plus que jamais certains médias audiovisuels façonnent en effet volontairement une « opinion dominante passive » dévastatrice pour la démocratie. Ils trichent avec tous les principes de l’information avec une totale impunité. Plus que jamais je considère que l’information différenciée est le vrai combat citoyen à mener, la seule vraie résistance à animer.
Voici le début de la première des 3217 chroniques quotidiennes inédites écrites sans défaillance depuis exactement une décennie.
« Me voici prêt à  » débloguer « … Il parait que ça fait du bien de se lâcher de temps à autre, sans avoir à rendre des comptes à personne. Je suis parfois « blogué », complètement « blogué », c’est à dire obsédé par le souci de communiquer avec les autres, de leur offrir l’opportunité de dialoguer sur la foultitude de sujets que la vie trépidante et le diktat médiatique ne permettent plus d’évoquer. Dans une société de surinformation, il est impossible d’exister autrement que dans le moule imposé. On ne peut être soi-même qu’en de trop rares occasions, quand on détient un mandat électif.
J’espère que cette ouverture sur l’infini de la toile me permettra donc de me réconcilier avec une certaine idée de la vie, de trouver,  quelque part,  des citoyens ouverts sur un échange constructif. Internet étant devenu le royaume de l’anonymat formalisé, la plupart des messages colportés ne relèvent que de l’égoïsme le plus absolu. Non seulement chacun espère une réponse à la bouteille lancée à la mer que constitue son mail, mais il exige qu’elle soit ultra rapide.
Donner du temps au temps relève de la nostalgie…Plus que jamais, le temps s’échange contre de l’argent, et toute réaction tardive est soupçonnée d’indifférence. En débloguant, on a confiance dans les autres…puisque l’on oublie les réserves obligatoires de la bienséance pour aller vers la sincérité risquée. (…) »
Je m’aperçois que je n’ai pas trahi ce texte initial. D’abord parce que je ne regrette rien de ce que j’ai pu écrire chaque soir ou chaque nuit parfois « à l’arrache » et souvent sans un regard très aiguisé sur la forme. Ensuite j’ai assumé totalement l’écriture de chaque chronique et je n’ai jamais confié l’une d’entre elle à une tierce personne ce qui me permet d’être certain d’avoir mis mes actes en accord avec mes principes. Enfin je n’ai jamais eu l’impudence de me prendre pour un « journaliste » car je n’en ai ni leur compétence, ni leur éthique. Je n’ai jamais prétendu honnêtement à l’objectivité et je revendique chaque jour les choix que j’effectue. Par contre j’assure vérifier toutes les données ou les informations publiées. D’ailleurs en 10 ans aucune d’entre elles n’a été contestée ou démentie.
J’ai connu des périodes difficiles quand j’ai tenté de dévoiler (jamais anonymement) des infos relatives à la vie publique départementale ou nationale. J’ai prudemment renoncé car le jeu n’en vaut pas la chandelle puisque d’autres font leur métier ou basent leur stratégie sur ces « révélations » ou ces « confidences » plus ou moins arrangées. C’est mieux ainsi pour ma tranquillité et ma conscience.
Dix ans de blog quotidien c’est aussi de multiples rencontres, des centaines de rencontres « virtuelles », des dizaines d’échanges plus ou moins longs. Paradoxalement alors que je suis un farouche partisan du dialogue direct, du partage amical ou du débat frontal j’ai été impressionné par la fidélité « lointaine » puis très « chaleureuse» d’une poignée de lectrices et de lecteurs. La plus enrichissante et la plus solide aura été le lien crée par ce blog avec Annie Piétri, militante socialiste des Alpes Maritimes qui avait fini par venir habiter à Créon pour vivre ses valeurs et son idéal connues à travers le blog et transformer un échange virtuel en échange réel. Elle a collationné durant 8 ans toutes les chroniques qui représentent plusieurs milliers de pages et à sa disparition elle me sont revenues. Elle fut une correctrice impitoyable et une vraie contestataire des analyses qui lui paraissaient erronées. Il y en a bien d’autres… mais jamais ce blog n’a franchi les limites de la notoriété que l’on prête qu’à celles et ceux qui utilisent des techniques de promotion artificielles dopant leur nombre de lectrices et de lecteurs.
Dix ans de diversité des contenus… Dix ans de plaisir à écrire… Dix ans de bonheurs à partager… Dix ans de déceptions politiques… Dix ans de critiques acceptées… Dix ans de vie publique transparente… Dix ans passés à débloguer à plein tube !

Cet article a 4 commentaires

  1. J.J.

    24 août, c’est une date remarquable pour toutes sortes de raisons, plus ou moins personnelles également.

    Cela ne fait pas 10 ans que je lis chaque jour, avec le même plaisir ton blog, mais il doit s’en falloir de peu, je lisais déjà L’AUTRE QUOTIDIEN sur lequel j’étais tombé par un heureux hasard.

    4 août 1572, date tragique celle-là.
    Est-ce que depuis ce jour funeste, emblème de toutes les horreurs, l’Humanité a avancé, ne serait-ce que d’un pas, sur le chemin de la Raison ?

    L’actualité nous donne la réponse, tragique elle aussi.

    Je te souhaite de débloguer encore longtemps.
    Avec mes amitiés.

  2. Ménière JM

    BRAVO, encouragements et salutations distingués.

  3. PC

    Toujours pertinent, parfois acide mais jamais méchant…. continue longtemps…

  4. François

    Bonjour!
    Sans mettre la casquette à l’envers, ni remonter la capuche pour accompagner la démarche déglinguée du rappeur du « neuf-trois »,
    mais avec le respect que l’on devait, au temps de notre jeunesse, aux trois ou quatre personnalités du village ( dont l’instituteur ! ), je dirai simplement …même à « La Classe »:
    « Merci Monsieur !  »
    Merci d’ouvrir quotidiennement ton blog afin de nous inviter à réfléchir et argumenter ( d’autres diront :  » à refaire le monde  » ) sur les tracas de notre société vacillante… même si nous sommes conscients de ne point détenir le décisionnel. Cela m’apparaît dans le suivi de ce que tu appelles « la démocratie citoyenne », qu’en énarchie, l’on a, malheureusement, tendance à balayer d’un revers de main dédaigneux !
    Continue à débloguer… même si cela empiète sur ton temps familial de demi-retraité ! Madame voudra bien te le pardonner: l’écriture est la potion magique de ta bonne santé… mentale !
    « Dix ans de déceptions politiques »: voici un mea culpa qui arrive bien tard, mais qui laisse présager de longues années de réconciliation ! ! ! !
    Je fais chapeau bas, Monsieur l’instituteur !
    Amicalement.

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