Ils n'ont rien vu, rien entendu et rien dit : foi d'UMP !

C’est vrai que quand la fièvre « antisarkozy » était au maximum, il était difficile d’expliquer que paradoxalement l’élection la plus importante était… à venir. La volonté légitime des militants et des supporteurs se traduisait par une course effrénée à l’espoir de voir partir celui qui a, d’une manière certaine, conduit la France vers la précarité sociale par pure idéologie. D’ailleurs, encore aujourd’hui, il a ressassé ses sempiternelles formules creuses, voulant qu’il ait tout fait pour sauver la France d’un désastre encore plus grand. Il l’a fait devant ses Ministres, qui vont tenter par tous les moyens de se démarquer de la politique qu’ils ont conduite. Mieux, on ne va plus trouver un seul UMP qui assume l’échec sarkozyste. Et la Gauche porte une responsabilité dans cette situation, qui dédouane à bon compte les complices d’un naufrage économique et social. Victime de la personnalisation d’une élection qui se joue non pas sur les valeurs collectives d’un camp ou d’un autre mais sur des considérations liées aux individus candidats, elle n’a pas assez insisté sur la responsabilité collective des ministres, des députés et des élus UMP, dans la mise en œuvre de la politique conduite par leur mentor. Même celles et ceux qui avaient tenu des discours dissonants sont finalement rentrés dans le rang par…intérêt personnel ! Fillon : il n’a rien vu et rien fait ! Bertrand : il ne se souvient de rien ! Copé : il a perdu les consignes données aux députés récalcitrants pour voter, par exemple, la réforme territoriale. Et toutes et tous ont un trou de mémoire avant de revenir devant les électrices et les électeurs.

Prenons un exemple local que je connais bien : Yves de Ponton d’Amécourt, candidat UMP sur la 12ème circonscription, va se faire le héraut de la lutte contre la suppression des droits de plantation de vignes, alors que cette mesure scélérate a été… approuvée par Michel Barnier, grand ami de l’ex-Président et ministre de l’Agriculture, et commissaire européen UMP ! Il en ira ainsi dans tous les domaines. J’ai vu Gérard César affirmer qu’il n’avait pas voté la réforme des collectivités territoriales adoptée avec une voix de majorité au Sénat, alors que son nom figure parmi les sénateurs l’ayant votée sur les minutes de la Haute assemblée. On verra des députés affirmer avoir été contre la suppression des Rased ou plus largement des postes dans l’Éducation nationale. Ils n’auront pas voté la TVA sociale…ou le renflouement des banques. Le bouclier fiscal, ils ne l’ont jamais vu et la réforme des retraites ne compte pas ! Et maintenant, dans le fond, ils n’ont pas été toujours d’accord avec l’Élysée. Typique de la Droite : jamais responsable et surtout pas coupable ! En fait, si Nicolas Sarkozy a été viré, c’est uniquement parce qu’il a été trop à droite… pour les uns et pas assez pour… les autres (surtout quand ils ont été devancé par le FN) mais ce n’est surtout pas à cause de l’inflation de la dette, du record du chômage, de la perte du pouvoir d’achat, des atteintes aux libertés fondamentales, du démantèlement des services publics, du soutien aux nantis, de l’aggravation de la précarité… car dans tous ces secteurs comme dans beaucoup d’autres, l’UMP peut être, à l’image des Ministres, « fière de son travail ! ». La politique déjà mal en point se discrédite d’un cran supplémentaire avec ces lâchetés permanentes. Chaque député sortant a été la voix de son maître, et tous les candidats qui se réclament de l’UMP ne méritent pas la confiance populaire, car aucun d’eux n’a résisté et n’a fait preuve du moindre  courage  sur des sujets pourtant essentiels au quotidien des gens !

Si l’on tient compte des scores obtenus par François Hollande et Nicolas Sarkozy, on peut dresser un état des lieux du rapport droite-gauche dans les 577 circonscriptions françaises. Selon les données électorales compilées, François Hollande est arrivé en tête au second tour dans 333 circonscriptions législatives, tandis que Nicolas Sarkozy s’impose dans 244 d’entre elles. A priori, une majorité à l’Assemblée semble donc à portée de main pour la gauche… mais rien n’est assuré, car la versatilité de l’opinion est réelle, sa démobilisation patente, et sa compréhension de la valeur fondamentale du vote pour un député est faible. Au contraire, l’opinion dominante critique sans cesse les élus trop payés, trop lointains, trop peu fiables, et donc il n’y aura pas plus de 60 % de votants. Mieux, la notion de revanche sera plus motivante que celle d’une adhésion à un représentant prêt à reconstruire un système social en ruines !

Même si ça défrise les tueurs d’éléphants, je rappellerai que Laurent Fabius avait alerté l’opinion de gauche sur… la situation créée par le redécoupage des circonscriptions, mais il avait prêché dans le désert habituel de l’indifférence citoyenne. Selon lui, « la première tricherie est simple comme une filouterie de base » car « le clan au pouvoir » propose un « découpage électoral tel que, minoritaire en voix, la droite l’emporterait néanmoins en sièges ». »Si le projet est appliqué, la gauche affrontera les élections législatives avec un handicap de départ d’une trentaine de sièges », avait prédit l’ex-Premier ministre. Il avait dénoncé « l’addition de plusieurs filouteries », notamment « un découpage géographique aberrant des circonscriptions représentant les Français de l’étranger » et « l’arbitraire dans le choix des suppressions et des créations de sièges ». L’ancien Premier ministre relève que « les circonscriptions des principaux leaders de gauche ne sont pas menacées : les tricheurs ne sont pas nécessairement des maladroits », ironise-t-il. Il souligne que « le Conseil d’Etat a été consulté » mais « pas suivi » et le Conseil Constitutionnel « a été saisi », mais « sa composition ne fournissait aucune garantie ».

En fait, la démobilisation de l’électorat de gauche qui va s’écharper, va remettre en selle l’UMP. Je  le crains plus que tout… La gueule de bois ? Vous connaissez la gueule de bois !

Cet article a 2 commentaires

  1. Marae

    Il reste tout à fait possible, au cours de la campagne qui s’annonce (déjà commencée!), d’avoir comme argument(s) le bilan des votes de nos représentants… qui pourront toujours dire « Non! Ce n’est pas vrai! »: les minutes des sessions en seront des preuves.
    (Je me rappelle de mars 2005, à Guéret, alors que Liepetz venait y vendre un « Oui, mais… » au TCE, de la sortie d’une minute d’un vote du jour au Parlement Européen qui balayait tous ses arguments, et qu’il à nié comme étant vraie… Effet garanti! :-D)

    Quant à « la démobilisation de l’électorat de gauche », il faudra voir de quel électorat « de gauche » il s’agit! Pour l’heure, l’impératif a été fait.
    Maintenant, yapuka regarder: EELV, bien que brouillonne, n’est pas mal dans son « rôle »; l’équipe de campagne de Hollande reste plus maîtresse d’elle; et derrière elle,… 😀
    Je souhaite qu’au final, le résultat soit… décevant: il est possible alors qu’Hollande y gagne en crédibilité: le Changement, n’est-ce pas maintenant!!

  2. Cubitus

    L’UMP dans toute sa splendeur.
    Un exemple de l’état d’esprit qui règne chez les vaincus. Madame Maryse Joissains-Masini, la députée-maire UMP d’Aix-en-Provence prend la parole :

    « François Hollande est un danger pour la République. Cet homme n’a jamais fait la démonstration qu’il ait fait quelque chose dans sa vie […] Je ne crois pas qu’il soit en capacité ni en compétence pour diriger ce pays […] En tout cas, physiquement, il ne donnera pas l’image d’un président de la République […] J’aurais aimé un président qui ait plus de prestance et pas qu’il agite ses petits bras comme il le fait dans tous ses meetings, parce que ça me paraît extrêmement ridicule. »

    « À Aix-en-Provence, nous avons gagné. M.Sarkozy arrive en premier. J’ai tendance à penser qu’à Aix-en-Provence, on est plus intelligent qu’ailleurs »

    « Même si M. Hollande est proclamé président de la République, je ne pense pas qu’il soit légitime, parce qu’il y arrive après un combat anti-démocratique comme on ne l’a jamais vu dans ce pays (…). Par voie de conséquence, je ne me sens pas liée par ce président de la République que j’estime illégitime »,

    A la suite de cela, Madame la maire a déposé un recours au Conseil Constitutionnel en vue de faire invalider l’élection.

    J’en déduis que cette dame a une conception pour le moins particulière de la démocratie, notamment que ceux qui ne sont pas de son bord sont des abrutis (ça, ça me vexe ☺).
    D’autre part, elle devrait se pencher un peu sur le CGCT car, ne s’estimant pas liée avec le nouveau Président de la République, elle oublie simplement qu’elle exerce une partie de ses attributions en tant qu’agent de l’État.

    Enfin, un coup d’oeil sur son cv publié sur wikipedia et on aura tout compris.
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Maryse_Joissains-Masini
    Magouilles, favoritisme, condamnations etc… Cette dame ferait mieux de la mettre en veilleuse.

    La réplique que Michel Audiard faisait si bien dire à Francis Blanche dans les Tontons Flingueurs s’applique à la perfection à son cas pathologique : « les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnait… »

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