Jusqu'où peut-on repousser les limites de la connaissance ?

Tous les progrès de la science sont-ils profitables aux hommes ? Parfois il y a des sujets du bac philo (je sais, je date !) que l’on devrait proposer à une heure de grande écoute car ils pèsent lourdement sur l’avenir. Par exemple, c’est à la fin du mois de novembre 2011 que la polémique est née, lorsque deux groupes de scientifiques, l’un américain et l’autre néerlandais, ont annoncé avoir créé un « super virus », à partir de mutations du célèbre virus H5N1. Un travail extrêmement dangereux mené par des savants désireux de décoder une énigme de la période moderne. Bien de leurs collègues ont toujours eu cette tendance à repousser les limites de la connaissance quel qu’en soit le prix. Il est arrivé dans l’histoire que certains d’entre eux paient de leur vie cette envie irrépressible d’expliquer tout ce que le commun des mortels considère comme inexplicable !

La fatalité n’existe pas pour un chercheur, et son seul but c’est de démontrer que tout peut s’expliquer logiquement et rationnellement. En fait la « terreur » soulevée par le virus H5N1 reste une menace sur la planète. Mais devait-on jouer aux apprentis sorciers ? Inévitable pour pouvoir combattre le mal. Un micro-organisme a surgi dans le paysage médical, en devenant capable de se transmettre entre mammifères et donc potentiellement entre êtres humains, alors que le virus de la grippe aviaire en est normalement incapable. Le but de ces recherches était, en fait, de comprendre si ce virus pouvait muter en une version capable de se transmettre facilement par voie aérienne entre humains et, si c’était le cas, de pouvoir envisager des moyens d’empêcher une épidémie. C’est, toutes proportions gardées, le même cheminement que pour la fission des atomes dont on sait ce qu’elle a provoqué !

Au vu d’une telle capacité, l’annonce des chercheurs avait donc donné naissance à une vive inquiétude, dans la mesure où ceux-ci souhaitaient publier les résultats et la méthode utilisée. Il leur faut entrer dans l’histoire de la recherche ! Le débat portait alors sur la question de les laisser ou non donner les détails de leurs travaux. Des détails qui, selon certains, pouvaient potentiellement permettre de recréer le virus en question et être utilisés à des fins peu recommandables. Dans un premier temps, le Bureau national américain de la science pour la biosécurité (NSABB) avait donc demandé aux revues Nature et Science de ne pas publier les recherches des deux équipes. Une mesure qui avait été qualifiée de censure par plusieurs scientifiques… car il faut savoir qu’à toutes les époques, les vérités ne sont pas bonnes à dire !

Par la suite, le NSABB avait ainsi procédé à de nouvelles évaluations et a finalement décidé en mars dernier d’autoriser la publication des études, estimant que « les données (…) ne semblent pas fournir d’informations qui permettraient une utilisation nuisible (…) au point de mettre en danger la santé publique ni la sécurité nationale« . La célèbre revue Nature a donc été la première à publier les travaux sur ce supervirus. « Les éléments scientifiques essentiels » du manuscrit original « n’ont pas été modifiés » a expliqué Nature qui précise s’être tout de même entourée, pour cette publication, de plusieurs avis en matière de biosécurité. Dans les pages de la revue, l’équipe de chercheurs explique être partie d’un gène clé du H5N1 codant pour une protéine appelée « hémagglutinine » et présente à la surface du virus. En ajoutant une mutation à ce fameux gène, ils ont réussi à rendre le H5N1 davantage compatible avec les cellules du système respiratoire humain… C’est le début du décodage de la mutation !

A ce niveau on peut s’interroger sur la nécessité absolue de publier ces trouvailles… car ensuite, ils ont utilisé un virus H1N1 pour créer un virus hybride H5/H1 qu’ils ont testé sur six furets. Des animaux régulièrement utilisés en laboratoire pour leur proximité avec l’homme au niveau du système respiratoire. Au final, les chercheurs ont constaté que « les furets infectés ont transmis le virus par voie aérienne à leurs congénères, mais aucun d’entre eux n’en est mort. De tels travaux mettent en lumière les mécanismes d’emprunts génétiques qui permettent à un virus de gagner en transmissibilité, ont ainsi expliqué les chercheurs » comme l’expliquent des sites très spécialisés

D’ailleurs, la revue Nature ne publie pas l’article seul. Elle l’accompagne d’un rapport provenant d’une agence de biosécurité « non-américaine » qui estime que les bénéfices de cette publication dépassent les risques liés à une potentielle utilisation malveillante. Celle-ci argumente : « ne pas publier cette information ralentirait ou même bloquerait le développement de vaccins contre un virus qui a encore la capacité à muter naturellement vers une forme pandémique« .  C’est exact. Est-ce une précaution suffisante ? J’en doute !

De tout temps, pour fabriquer un antidote à un phénomène néfaste, il est indispensable d’en comprendre le mécanisme. Louis Pasteur fut, rappelons-le, accusé de jouer aux apprentis sorciers, et n’oublions pas que la recherche sert seulement à repousser les limites de la connaissance. Jusqu’où ? Nul ne le sait . Avec quelles conséquences ? Nul ne les envisage ! Au profit de qui ? Cherchez un peu et vous trouverez ! regardez la mutation du virus « Bayrou » les dégâts qu’elle fait… Doit-on en chercher les causes ou doit-on se contenter de la constater ?

Cette publication a un commentaire

  1. Cubitus

    Après Chirac (?) et Douste-Blazy…

    Je n’adhère aucunement aux convictions politiques que j’estime être de droite de François Bayrou ; je n’ai même jamais voté pour lui. Mais force est de constater que ce type, s’exprimant à titre personnel, est courageux. Il s’exclue volontairement de la Droite sachant qu’il ne sera jamais accepté à Gauche, ce qu’il refuse d’ailleurs, au risque de porter un coup fatal à sa carrière politique. Peut-être la seule personne honnête dans cette campagne électorale de caniveau. Tout électeur objectif de gauche se doit de lui en donner acte.

    J-2 (avant la fin du sarkozysme)

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