La dette augmente mais pas pour tout le monde

Ah ! Ces élus locaux, départementaux, régionaux responsables de tous les maux du quotidien de la nation. Attaqués sans cesse à partir de cas particuliers montés en épingle ils assurent pourtant le fondement républicain de notre pays. Quand l’État pris au sens non politicien du terme ne sait plus, ne veut plus, ne peut plus (et c’est de plus en plus souvent) faire il a inventé le transfert de charges vers justement les seules institutions solides : communes, intercommunalités, départements et régions qui quoi que l’on en dise son globalement parfaitement bien gérées. Il est en effet passé totalement inaperçu qu’au moment où on parlait de l’endettement faramineux de la France, on constatait que les plus exemplaires des gestionnaires n’étaient autre que les élus de base. En effet, non seulement ils sauvent l’économie de proximité par un niveau d’investissements convenable (quand l’Etat ne fait pas tout pour les en empêcher!) mais eux ont diminué leur dette…
Si la dette publique de la France a bondi de 51,6 milliards d’euros au premier trimestre pour monter
à 97,5% du PIB, soit 1,9 point de plus que fin 2014, une hausse qui met à mal les objectifs de la trajectoire des finances publiques adoptée au printemps celle des administrations publiques locales (187,4 milliards) est en retrait de 0,8 milliard). C’est la seule qui baisse dans ce pays où les apparences comptent davantage pour les médias que les réalités. Que n’entend-t-on sur l’endettement des communes, le gâchis que représentent les constructions d’équipements collectifs de première nécessité (écoles, collèges, hôpitaux, ponts, routes, eau, assainissement…) ? Combien d’élus sont montrés du doigt parce qu’ils agissent quand d’autres thésaurisent ! Alors que selon les données publiées mardi par l’Insee, la dette de la France s’élevait fin mars à 2.089,4 milliards d’euros et sa hausse du premier trimestre est la plus forte depuis les trois premiers mois de 2012 (gouvernement Sarkozy!). Rapportée au produit intérieur brut, elle se situe nettementau-dessus de l’objectif de 96,3% fixé pour cette année dans la dernière trajectoire des finances publiques publiée en avril. Celle-ci prévoyait que la dette publique atteindrait 96,3%
du PIB fin 2015, après 95% en 2014, et culminerait à 97,0% en 2016 avant de revenir à 96,9% en 2017. Ce scénario a déjà été fragilisé par la nette révision à la hausse, à 95,6%, du soldede 2014, intervenue en mai. Mais pour le ministère des Finances, la forte augmentation de la dette au premier trimestre n’augure pas d’un dérapage en fin d’année. On est rassuré surtout quand on entend les critiques acerbes envers Tsipras et la Grèce !
« Une telle hausse est fréquente en début d’année, d’autant que le volume d’émissions d’OAT (obligations de l’Etat français) est plus concentré sur les deux premiers trimestres », déclare-t-on au ministère. « Aussi, ce chiffre apporte peu d’information sur le niveau de la dette en fin d’année. » Accentuant ce phénomène saisonnier, la faiblesse des taux d’intérêt a incité l’Agence France Trésor, qui gère la dette de l’Etat français, a accélérer son programme d’émissions depuis le début de l’année. Sur le premier trimestre, les émissions d’OAT à moyen/long
terme ont atteint 57,5 milliards d’euros, près de cinq milliards de plus que sur la même période de 2014, un total à comparer à des amortissements limités à 15,4 milliards sur la période.
L’AFT a beaucoup émis en début d’année, c’est une bonne idée » au vu des taux particulièrement bas et d’ailleurs bon nombre de collectivités locales ont fait de même. Les spécialistes jugent que les chiffres de la dette du premier trimestre ne sont pas significatifs de la tendance de l’année auvu de la faiblesse des amortissements d’OAT, plus conséquents sur les autres trimestres.
La seule dette de l’Etat a augmenté de 37,1 milliards d’euros au premier trimestre pour s’élever à 1.647,3 milliards. Outre la dette de l’Etat, la dette publique au sens deMaastricht inclut celles des administrations de sécurité sociale (232,6 milliards fin mars, soit +15,8 milliards), et des organismes divers d’administration centrale (22,1 milliards, soit -0,5 milliard). IL faudrait donc un peu de réalisme pour éviter qu’un jour, si les taux d’intérêt repartaient à la hausse (et c’est la tendance) on finisse par appeler au secours. En tous cas que l’on cesse de taxer les élus locaux d’être encore et toujours les tabasseurs d’impôts, des dépensiers invétérées, des personnes qui endettent sans cesse leur collectivité, qui ne sont pas capables de gérer ou qui ne respectent pas leurs engagements à l’égard de l’Etat.
Il faut cependant être lucide : les restrictions sur les dotations de l’Etat venant après la réforme de la fiscalité locale entraînera une aggravation dès 2016 de l’endettement des collectivités ou une forte baisse des investissements préjudiciables à l’économie de proximité et donc à l’emploi. Il faut savoir avant de juger que la baisse de l’autofinancement implique automatiquement un recours à l’emprunt. Mais bien évidemment ce seront les élus locaux qui trinqueront. S’ils ne font rien ce sera de a passivité ! S’ils font c’est de la gabegie en période de crise !

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