La loi du marché des dupes

La loi du marché n’a rien de sérieux et de durable puisqu’elle ne repose que sur l’offre truquée et la demande avide de profit. Après la bulle immobilière, celle des réseaux sociaux illustre à merveille ce miroir aux alouettes permanent qu’est la bourse où se fait encore le malheur des plus modestes ! Les plaintes en nom collectif d’actionnaires mécontents se multipliaient cinq jours après l’entrée en Bourse ratée de Facebook, visant à la fois le réseau communautaire, ses banques et la plateforme boursière Nasdaq, même si l’action, elle, rebondissait enfin sans que l’on sache si c’est durable  où si c’est pour sauver les apparences ! Des informations de presse affirmaient que les trois principales banques ayant piloté l’opération avaient abaissé leurs prévisions de résultats pour Facebook, quelques jours avant l’entrée en Bourse, en ne prévenant que certains gros actionnaires et en oubliant tous les autres. Une attitude malsaine et désastreuse, mais quotidienne dans ce milieu où tout repose sur des rumeurs ou des habillages plus ou moins fallacieux.  « Si c’est vrai, c’est un véritable scandale », s’indignait sur Twitter une ex-dirigeante de la gestion de fortune de Bank of America et star de Wall Street comme si elle découvrait… l’Amérique. « La débâcle de Facebook est une véritable insulte à l’encontre des investisseurs indépendants » clamait, courroucé, un autre grand spécialiste des marchés !  Rappelons aux novices que, lancé en Bourse vendredi à 38,00 dollars, le titre a perdu près de 20% sur les trois premières séances de cotation. L’action regagnait quelque 2,6% à 31,80 dollars en soirée, mais les pertes étaient déjà sévères. Les premières plaintes en nom collectif d’actionnaires s’estimant lésés se multipliaient à l’encontre de Facebook, et contre ses principaux banquiers conseils, Morgan Stanley, Goldman Sachs et JPMorgan Chase. Une autre plainte, déposée par le cabinet Lieff Cabraser Heimann & Bernstein, accuse le prospectus boursier présentant l’opération aux investisseurs, d’avoir été « préparé avec négligence » et de ne pas avoir « révélé des données clé sur les activités de Facebook et ses perspectives ». Une troisième, déposée en Californie, accuse les banques responsables de l’opération ainsi que Facebook de n’avoir révélé « qu’à une poignée de gros investisseurs, pas au grand public » l’abaissement des perspectives de revenus du site internet.

Dans le même temps, c’est une assemblée générale mouvementée que vient de connaître la Caisse Agrigole SA dite CASA. Encore un beau moment de transparence. Cris et vociférations ont émaillé les quatre heures d’une rencontre placée sous le signe de la tension. Les services d’ordre ont dû intervenir à plusieurs reprises. Cela n’a pas empêché, toutefois, les 34 résolutions proposées par le conseil d’administration de passer haut la main, avec une approbation supérieure à 95% pour la plupart, grâce à un système massif de procurations cumulées par… les dirigeants ou leurs soutiens !  ! « J’ai toute mon épargne placée en actions Casa», s’est étranglé un ancien directeur d’agence: les actionnaires individuels encaissent mal la chute de l’action – plus de 90% en cinq ans – qui se cumule avec l’absence de dividende cette année. Un intervenant a disjoncté : « Je récuse le président ! » Compte tenu des  «sacrifices» consentis, les uns et les autres ont demandé des efforts du côté des jetons de présence et des rémunérations des dirigeants: «Votre variable a été réduit de 70%, moi j’ai perdu 100%», insistait l’un de ces mécontents. La résolution sur le maintien des jetons de présence a toutefois été adoptée à 97 %… Splendide ! Cherchez bien, car parmi les candidats UMP aux législatives, vous trouverez de vaillants administrateurs de cette grande maison… qui soutiennent la loi du marché et la libre concurrence, débouchant sur des profits pour certains et le désastre pour d’autres ! Et dire que ça marche !

Cet article a 3 commentaires

  1. Bonjour,
    et oui les banksters sont partout… Ainsi en janvier 2010 le ministre ( JL B…) de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer, en charge des technologies vertes et des négociations sur le climat (ouf!) à autorisé les établissements JP Morgan et Goldman Sachs à exercer l’activité de fourniture de gaz sur le territoire français. (JORF n°0024 du 29 janvier 2010 page 1786 texte n° 10 )
    Les bancocrates tissent leur toile jour après jour sur le dos des épargnants et des consommateurs, les objectifs pour s’emparer des matières premières mondiales sont atteints avec la complicité des gouvernements libéraux.
    Tondre les épargnants (Euro tunnel, Disney…), confisquer les ressources (pétrole,gaz…), affamer les plus pauvres (riz, blé…). Rien n’est interdit aux banksters pourvu que ça produise du cash et si ça foire vite les états s’endettent pour colmater les brèches provoquées par les capitaines d’opérettes à la Costa concordia…
    Et pour détourner l’attention des passagers, la croisière s’amuse avec le cirque médiatique déversé sans compter sur les étranges lucarnes.
    Bonne journée

  2. Cubitus

    Principe des vases communiquants : la masse de richesse étant invariable et non extensible, une minorité dirigeante ne peut s’enrichir que par la spoliation du plus grand nombre qu’elle appauvrit et qui, paradoxalement, sont ceux qui produisent cette richesse par leur travail. Le Bourse, la colonisation, l’exploitation des ressources du Tiers-Monde, même stratégie…

  3. Nadine Bompart

    En tout cas ce n’est pas moi qui vais pleurer sur ces pôvres « petits actionnaires » qui, en plaçant leurs économies dans ce genre d’actions n’ont qu’une idée en tête: se faire du fric!
    Ils ont qu’à investir dans la vraie économie, dans la vraie vie!!!!

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