La stratégie de l'étouffement façon Sarkozy

Il faut bien reconnaître des qualités politiques à Nicolas Sarkozy et à l’équipe qui l’entoure. Il met en effet en place une stratégie méticuleuse destinée à faire de lui le candidat de la droite aux élections présidentielles, celle de l’étouffement. Il contourne les obstacles. Il occupe le terrain. Il occupe tout l’espace. Il tisse un réseau. Il travaille avec habileté à lentement mais sûrement, marginaliser son concurrent unique réel qui se nomme Alain Juppé. Pas à pas, étape après étape, l’ex-Président avance vers le but qu’il s’est fixé : éviter les fameuses primaires réclamées par ses concurrents. Ces derniers se leurrent quand ils pensent que Sarkozy acceptera un combat loyal et tous ses actes depuis l’annonce de son retour visent à faire de lui le Bonaparte de l’ex-UMP.
D’abord il se positionne comme le seul vrai recours contre Hollande afin de séduire les « militants » qui bouffent du socialo à tous les repas du parti. Il suffit de constater par exemple que pour le MIl le seul slogan pour les régionales tapissant les giratoires avec affichage sauvage repose sur ce seul slogan ! « sortez less ocailistes de la région ». Il pratique la surenchère permanente grâce à la provocation méprisante qui a toujours été son fonds de commerce. Sarko se démarque ainsi nettement de Juppé dont les positions sont plus nuancées, plus « centristes », plus « bobos », plus réalistes. Il sait depuis très longtemps que l’outrance paye vis à vis d’un électorat revanchard et quasiment composé de « fans » au sens irréfléchi du terme. Jusqu’à présent Vals lui répond et c’est ce qui le gêne car il veut chercher absolument à se positionner face au Président afin de démontrer que c’est lui et lui seul qui est à son niveau. Là encore aucun autre de ses concurrents internes peut tenter d’occuper cette position. Il va parallèlement marteler que « Juppé est le candidat de la gauche… ! »
Ensuite il sait fort bien qu’il est quasiment impossible d’être désigné comme candidat sans avoir derrière lui un parti et des moyens financiers. Il a conquis l’ex-UMP qui même parcellisé et moribond lui donne une légitimité. Le moment venu il utilisera, malgré les protestations de Juppé, Fillon, Bertrand et consorts son poste actuel pour négocier un ralliement décisif contre une promesse de promotion au poste de premier Ministre. Et il sait que dans les rangs « Les républicains » il y a dans le cœur des femmes et des hommes une ambition qui somnole. Il opposera ce « trophée » à Bayrou qui semble faire équipe avec Juppé et qui a déjà fait l’objet d’attaques qui ont opportunément fuité dans la presse généralement bien informée à bons escient ! Ce travail est engagé et la machine à promesses tourne à plein et va s’accélérer après les régionales. Il a engagé les mains libres deux chantiers : la constitution d’un fichier des adresses ails de très nombreux adhérent(e)s qui bien entendu sert déjà, sous divers prétexte, à expédier des messages louant les mérites. Il a également lancé une vaste campagne d’adhésions autour de son nom. Il a fixé l’objectif de 500 000 en donnant vite les instructions : il a fait savoir en interne qu’il n’hésiterait pas à virer ceux qui ne rempliront pas leurs objectifs d’adhésions. « Il a dit qu’ils seraient dégagés », raconte un cadre. Dans la ligne de mire : les secrétaires départementaux, qui sont directement nommés par « Paris ».
Dans un an il tentera un coup d’état en appelant les militants à voter pour ou contre les primaires. Sachant qu’il est mieux d’avoir fait entrer au parti ses sympathisants avec des consignes qui ont déjà filtrées. Cette tactique tous azimuts va être confortée par une émission de télé à la rentrée, des entretiens auprès des journaux nationaux. Tous les autres patinent et se heurtent aux difficultés après l’affaire « mamie zinzin » du financement de la campagne des primaires. Lui avance et accumule. En 1988 alors que ce système n’existait pas Michel Rocard n’avait pas obtenu les soutiens nécessaires pour voyager, tenir meeting, établir un staff et il avait renoncé. La quête sarkozyste a débuté et Juppé tente de passer avant mais ce n’a jamais été le rouleau compresseur auquel s’ajoute les relais puissants de ses amis fortunés de toujours.
Il attaque maintenant une autre phase en déclarant ce matin qu’il faut « en 2017 un candidat unique » afin de se prémunir des tentations de dissidence de Juppé qu’il accuserait de faire le jeu du PS et du FN… Et devinez qui c’est le candidat unique ?

Cette publication a un commentaire

  1. J.J.

    « Il faut bien reconnaître des qualités politiques à Nicolas Sarkozy «

    Ça me fait plutôt penser aux qualités de certains leaders d’organisations originaires d’Italie du sud, mais très répandues dans le monde sous divers noms….

    Quand la justice se hâtera-t-elle à s’occuper sérieusement et efficacement du cas de ce personnage ?

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