L'alcoolisme qui fait peur !

20070717a_alcohol_alcool1Dans la vie sociale, il n’y a pas de meilleur observateur des évolutions que le Maire. Et je ne dis pas cela car j’exerce cette responsabilité (en contrat à durée déterminée) depuis maintenant 14 ans mais tout simplement par constat objectif.

De nuit comme de jour je demeure au contact, dans une ville dénuée de tout « filtre protecteur » entre la réalité et l’exigence d’une fonction librement assumée et je deviens de plus en plus inquiet.

La crise qui aura été financière, économique et qui évolue vers le social de manière dramatique va prendre une tonalité morale extrêmement préoccupante. Comme à l’habitude la communication institutionnelle va ensevelir les facettes d’une modification angoissante des comportements mais sur le terrain elle demeureront incontournables. Les maires des « petites » communes en sont témoins.

Il y a exactement une semaine lors d’une contrôle intensif des deux roues sur l’agglomération bordelaise, les représentants des forces de l’ordre ont par exemple expédié en garde à vue, avec ce que cela suppose comme séquelles morales, des cyclistes réputés dangereux pour les autres car circulant en état d’ébriété. Nul ne songerait à critiquer une vision répressive de l’alcoolémie abusive et surtout à mettre en évidence des comportements répréhensibles des « pilotes » de deux roues. Tous les maires au contact quotidien des réalités savent que ces derniers, juchés sur des « bombes » motorisées défient en permanence, dans les villages les règles en matière de bruit, se refusent à respecter les règles essentielles du code de la route et mettent en péril leur propre sécurité mais ils ont jamais à intervenir pour un cycliste menaçant la tranquillité publique… Quel élu local, seul pour assumer dans sa commune la sécurité, peut affirmer, sans plaisanter que dans son quotidien il s’est levé la nuit, appelé au bord d’une route, pour assumer sa responsabilité lors d’un accident mortel causé par un… cycliste ? La mise en garde à vue de cyclistes éméchés ne changera pas ce constat alors qu’il existe bien d’autres sujets de préoccupation. Ce n’est que de la frime sécuritaire pour médias avides de sensationnels et c’est déconnecté de la réalité car le problème est ailleurs !

Hier soir, à Créon, deux « gamins » de 14 ans ont été évacués vers l’hôpital des enfants dans un coma éthylique avancé… Tous deux avaient près de 2 grammes d’alcool dans le sang et ce n’était pas du vin rouge ! Les parents présents sur place se désolaient de constater que leurs fils avaient pu en arriver à pareille extrémité mais ne cherchaient pas trop à savoir où et avec qui ils avaient consommé ces mix explosifs qui les détruisent. Or les garçons avaient bien trouvé l’argent pour acquérir leurs boissons ou  se les étaient procurées d’une manière peu orthodoxe !

L’alcoolisme ponctuel et massif, chez les adolescent(e)s fait de plus en plus des ravages dans les couches les moins précarisées de la société mais seuls les maires y sont confrontés quand ils ont le « privilège » d’être présents en direct dans la vie locale. Chaque week-end quoiqu’ils fassent ils s’y trouvent confrontés. S’ils ont un peu les yeux ouverts, ils vérifient les ravages provoqués par la prise massive d’alcools forts. Toutes les mesures réglementaires sont inopérantes car elles ne règlent pas le problème de fond et elles ne sont que des cautères sur des jambes de bois. Le lundi matin des dizaines de bouteilles sont délicatement déposées dans les rues ou dans les lieux publics signes évidents que la consommation a été abusive. Le pire c’est qu’elle s’institutionnalise avec parfois l’accord des parents bien pensants qui accordent des permissions supposées « festives » contre des résultats scolaires acceptables.

L’alcool entre de plus en plus tôt dans la vie sociale. A la sortie du lycée, durant les heures creuses des collèges, le vendredi soir réputé soir de détente, lors de rassemblements musicaux, dans des soirées spécialisées et sans aller dans ces fameux « open bars » les adolescent(e)s  « s’éclatent » comme pour se prouver qu’ils sont libres. La crise va accentuer cette détresse reposant sur celle des parents perdus dans un monde qu’ils ne maîtrisent plus.

Les élus locaux dont on veut la peau au prétexte qu’il coûteraient cher à une société (0,97 % des dépenses des collectivités en France) ont au moins, pour la majorité d’entre eux, le privilège de se plonger dans cette triste réalité et si parfois leur moral n’est pas à la hauteur de ce que le gouvernement espère c’est qu’il faut véritablement avoir la foi pour se persuader que ce qu’ils entendent sur les évolutions sociales (suppression massive, par exemple, de postes de fonctionnaires dans l’éducation, diminution des aides de la CAF pour les politiques jeunesse, absence de campagne contre els alcools forts et non contre le vin…) va contribuer à améliorer la qualité de la vie collective.

Cet article a 2 commentaires

  1. Evelyne

    Ces Bitures Express nous préparent de futurs alcooliques dépendants qui s’ignorent aujourd’hui, comme leurs parents refusent de voir le danger.

  2. jean

    Je ne peux qu’appuyer les propos de Jean-Marie sur ce désastre qui se prépare avec les bitures express…
    Etre alcoolo-dépendant à 17 ans cela devient fréquent..
    C’est à dire un jeune homme ou femme devriendra un « boulet » pour la société en termes de soutien , absence de travail, de logement pour l’aspect économique de la chose.
    Mais surtout il suffit de savoir qu’un SDF (souvent une personne jeune alcoolique) a une durée de vie de 56 ans pour un homme et 39 ans pour une femme et cela s’appelle pour moi qui visite les SDF de la non -assistance de personnes en danger.
    Essayez de faire venir les flics quand nous rencontrons des gens alcoolisés? sauf , évidement quand cela est médiatisé!!
    Je respecte les élus qui se battent sur ce sujet

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