Le peuple du sport a lui-aussi ses exploiteurs

Lorsque vous rencontrez des dirigeants de clubs sportifs il transparaît une lourde inquiétude sur l’avenir. Ils savent bien que la pénurie financière des collectivités territoriales qui maintiennent de fait le sport amateur à flots par les subventions va les toucher de plein fouet en 2016 et 2017. Bénévoles, engagés dans une vrai action socialisation de moins en moins tenue par les institutions ils sont pris dans un étau qui va les conduire à une crise durable. Ils dépendent en effet pour leur fonctionnement des organismes fédéraux qui gèrent pour le compte de l’État les pratiques sportives (règlements, normes, compétitions…) mais qui les pressurent via le système de la licence ou des engagements. Il arrive ainsi quand on regarde attentivement les comptes d’un club que les subsides publics couvrent seulement les dépenses liés à la Ligue ou à l’échelon en dessous alors que ces derniers accèdent également à d’autres fonds publics… Sans les collectivités locales la pyramide actuelle du sport s’effondrerait ! On m’a confié récemment que lors de la venue d’une ex-Président vde la Fédération de Football dans une Ligue il avait fallu pour les dirigeants locaux régler la facture de coiffeur de sa femme ! On ne parle pas de sa propension à déguster des grands crus et aux cadeaux effectués !
Cette triste réalité est à rapprocher des sommes astronomiques des activités sportives professionnelles qui elles-aussi émargent directement ou indirectement aux fonds publics. Le pire est bien évidemment dans le football. D’abord parce que c’est dans ce sport que l’on trouve l’empilage le plus coûteux d’étages avec districts, comités départementaux, ligue, fédération nationale, continentale, internationale…avec chaque fois des frais de fonctionnement répercutés sur les clubs. Ensuite parce que le secteur pro n’est en rien exemplaire dans sa gestion puisque les clubs professionnels ont enregistré des pertes en forte augmentation lors de l’exercice 2013-2014. C’est la Ligue 1 qui cause ces pertes avec un déficit de 102 millions d’€. Ce gouffre aurait d’ailleurs été bien plus conséquent sans 115 millions d’€ d’abandon de créances par les actionnaires. Le déficit cumulé des clubs de Ligue 1 s’affichait « seulement » à 18 millions en 2012-2013 l. La situation comptable est meilleure en Ligue 2 avec un excédent de 9ME, contre une perte de 21ME en 2012-2013. Tous clubs confondus, les pertes s’élèvent donc à 93ME (contre 39ME), selon les données de la Direction nationale de contrôle de gestion. C’est à dire qu’il n’ y a rien à attendre du coté d’une possible augmentation de la participation du secteur professionnel pour compenser les subventions publiques…
Comment en plus ne pas être révolté par le scandale de la fédération internationale qui jongle avec les millions et les milliards dans une époque de disette financière généralisée? L’Afrique du Sud a reconnu un versement de 10 millions de dollars avant son Mondial-2010 mais a nié qu’ils aient servi de pots-de-vin, comme le soupçonne la justice américaine et la justice suisse a entamé les interrogatoires de plusieurs membres actuels du comité exécutif de la Fifa… mais pas son président qui n’est ni responsable, ni coupable ! Terrible pour le bénévole qui lui tente par des bourriches, des lotos, des buvettes, du partenariat local de plus en plus difficile à trouver !
Les 10 millions aurait été déduit des 100 millions de dollars versés par la Fifa pour l’organisation de la première Coupe du monde en terre africaine, et était destiné à un fonds de développement de la Confédération d’Amérique centrale. L’acte d’accusation de la justice américaine soupçonne le Trinidadien Jack Warner, alors président de la Concacaf, d’avoir empoché cette manne en échange de trois voix en faveur de l’Afrique du Sud lors du vote pour l’attribution du Mondial-2010. Des sommes astronomiques quand on connaît les moyens alloués aux clubs dans les pays concernés ! Sept de ces grands dirigeants, vivant aux frais du sport qu’ils représentent dans des grands hôtels avec des trains de vie de milliardaires sont détenus en Suisse et refusent tous leur extradition aux États-Unis,. On les comprend !
Les 47 chefs d’inculpation portent sur une période de 25 ans et des sommes d’un montant global de 150 millions de dollars en pots-de-vin et rétrocommissions en échange de droits TV et marketing pour des tournois internationaux. A la base , dans le peuple du football, sur des terrains surchargés, dans des vestiaires insuffisants avec des éducateurs non défrayés de leur investissement de qualité qui pallie souvent des échecs de la famille ou plus largement de la société on n’a même plus envie de se révolter. Et pourtant ! Encore une fois il faut en convenir le sport reste le vrai révélateur de la situation sociale générale. Tant par le comportement des pratiquants que par le rôle de l’argent on est vraiment mal parti. Mais l’essentiel est ailleurs : les Paris Saint Germain a réalisé un quadruplé historique et Blatter a été réélu triomphalement !

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