Le vent mauvais qui vient d'à travers la montagne….

Le gouvernement de droite, réputé excellent gestionnaire, redresseur des torts socialistes antérieurs, refuserait tout sauvetage de son économie par les fonds européens. La situation est pourtant très critique. Avec le sauvetage de Bankia, la quatrième banque d’Espagne, les besoins de recapitalisation des banques pourraient s’élever à plus de 60 milliards d’euros. Une paille ! En fait, les espagnols ne souhaitent pas entrer dans un processus de mise sous tutelle de fait de leur politique, comme ce fut le cas en Grèce. Même un gouvernement de droite n’est plus convaincu du bien-fondé des sauvetages artificiels proposés par l’UE ou le FMI.

Trois options principales s’offrent désormais à l’Espagne pour faire face à une quasi ruine de l’État central : l’émission de dette, mais les taux de plus de 6 % rendent ces opérations très onéreuses. Dans ce contexte, l’Espagne rencontre de grosses difficultés pour accéder aux marchés, pour refinancer sa dette. Pour être clair, leur refinancement est devenu tellement cher que les emprunts accentueraient le coût déjà trop lourd de cette dette. Par ailleurs, l’Espagne milite pour que le Mécanisme Européen de Stabilité (MES) puisse recapitaliser directement les banques sans passer par les États. Mais cette option n’est pas opérationnelle, même si sa gestation s’accélère car elle deviendra de fait obligatoire. Comment l’État espagnol emprunterait-il des sommes folles pour refinancer au prix fort le trou de Bankia, alors qu’il ne peut plus faire face à sa propre dette. Enfin, se pose la question du recours au fonds de secours dans ses conditions actuelles, mais celui-ci s’adresse seulement aux États, et l’aide apportée est « subordonnée à un strict suivi de la gouvernance du pays. C’est cette option que rejette l’exécutif espagnol, conscient que la « machine » va lui échapper totalement.

Le Ministre des finances espagnol affirme qu’un sauvetage de l’Espagne serait techniquement impossible, en allusion à la taille de la quatrième économie de la zone euro, ce qui le conduit à clamer que le pays n’a pas besoin d’être secouru. L’Espagne estime qu’elle a fait toutes les réformes nécessaires, et que ce dont elle a besoin désormais est de « davantage d’Europe »… et donc d’une union bancaire, et d’euro-obligations. Tiens donc, le ministre serait sur les positions de François Hollande ? Lui, le représentant de la Droite de la rigueur, de la récession et de la faillite prévisionnelle. Il faut qu’il prenne Copé, Fillon, Baroin, Raffarin en stage, pour leur expliquer que leur système est obsolète et ne tiendra que si la Banque centrale européenne change totalement d’optique.

Le problème espagnol paraît limité au secteur financier et l’État espagnol peut y faire face seul . Il est arrivé à un ratio de 86% dette/PIB si la recapitalisation bancaire se limite à 60 milliards, taux inférieur à celui de nombreux pays d’Europe, Toutefois, le risque de fermeture des marchés à l’Espagne constitue une menace et nécessite l’accès au mécanisme de solidarité européen. On est rendu à l’os dans les mesures sociales prises. Compte tenu des réformes engagées et de la mise au pas des régions, en voie de respecter leurs engagements de déficit en 2012, un sauvetage assorti de conditions budgétaires semble inutile, voire contreproductif. En effet, contrairement au diktat du monde spéculatif des marchés qui ne croit que dans une diminution dramatique des dépenses, les espagnols de Droite estiment que des recettes supplémentaires sont nécessaires. Ainsi, avec une obstination désastreuse, l’Union européenne veut imposer une…hausse « sociale » de la TVA, la baisse des retraites et des salaires des… fonctionnaires. Objectif absurde : sauver de cette manière le secteur bancaire ! Ces solutions équivaudraient à celles du Premier Ministre de Droite, mais en plus strict, avec les risques d’explosion sociale qui s’ensuivent. Le risque d’implosion de la société espagnole est grand et très présent.

Une grande crise de confiance gagne d’ailleurs le pays. En mars, 66 milliards d’euros ont déjà été sortis des banques espagnoles. Enfin, le coût politique d’un tel sauvetage constitue en soi un puissant argument contre son recours: En fait, il donnerait un signe fort d’échec du gouvernement libéral espagnol comme ce fut le cas en Grèce.

Des élections anticipées donneraient des majorités hésitantes, causant un engrenage encore plus dangereux que la situation financière actuelle. C’est au moment où le gouvernement a besoin d’une majorité stable, solide, efficace que le doute va s’installer. En fait, aucun citoyen français ne doit s’exprimer ce dimanche 10 juin sans avoir en tête le déroulement des événements de ces derniers mois en Grèce ou en Espagne, où des gouvernements réputés rigoureux, réformateurs, destructeurs d’emplois publics sans se rendre compte de l’importance capitale de conforter le changement à gauche… Mais malheureusement, on en restera sur les apparences.

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