Les boules puantes viennent toujours de la même direction !

Le fléau des systèmes modernes de communication réside dans la vitesse de propagation des rumeurs. Il y a seulement un demi-siècle, elles se répandaient lentement, comme une tâche d’huile dans une flaque, par ce que l’on appelait le bouche à oreille. Les « gens généralement bien informés » distillaient ainsi des bribes confidentielles destinées souvent à les transformer en personnes ressources connaissant mieux que les autres les secrets de la vie sociale. Les villes bastides, avec leurs arcades, sont structurellement des cités dans lesquelles les « bruits » se répandaient à une vitesse impressionnante, car en se croisant sous les couverts, les « fourmis bavardes » démultipliaient ce qu’elles prenaient pour une marque de confiance. La rumeur a ainsi chassé de Créon, en son temps, le grand-père d’Anne Roumanoff, alsacien d’origine, considéré après la guerre 14-18 comme un « »espion allemand »… Il a été contraint de vendre le café proche de la mairie et de quitter la place centrale, victime de l’ostracisme des personnes sachant tout et finalement ne vérifiant rien ! Lors de son passage à Créon, sa petite-fille rappelait ces faits qu’on lui avait rapportés. Tous les jours, une fausse info circule en boucle sur Internet ou les réseaux sociaux, avec d’autant plus d’efficacité qu’elle est enveloppée dans les oripeaux des certitudes faciles. Beaucoup de spécialistes de la désinformation existent dans le monde, tentant d’affaiblir l’adversaire par des « boules puantes » expédiées sur le fil avec surtout un brin de mystère.

Par exemple, depuis la nomination du nouveau gouvernement, de multiples interprétations de sa composition ont filtré alors qu’elles ne constituent que des leurres destinés à détourner ou à détruire la réalité de sa composition. La situation devient d’autant plus grave que ces supercheries sont relayées. Il y a eu par exemple un message crasseux sur la vie de François Hollande qui a été confectionné dans les derniers jours précédant le second tour. Là, c’est au tour de Christine Taubira. Est-ce un hasard ? Point du tout : elle est Ministre de la justice, et on va chercher à salir celle qui se doit d’être irréprochable. Et quand on ne trouve rien, on invente une réalité fautive ! Des propos, indûment attribués à Christiane Taubira, ont ainsi été propagés ces derniers jours sur des sites internet ainsi que sur Twitter.

Des élus UMP accusent à tort la garde des Sceaux, Christiane Taubira, d’avoir affirmé que le fait de brûler un drapeau français n’était pas un acte répréhensible, s’appuyant sur des rumeurs propagées ces derniers jours sur internet. D’après les différents messages postés sur les réseaux sociaux, la ministre de la justice aurait en effet déclaré sur RFI que : « Brûler des drapeaux français, c’est un geste de liesse pardonnable ». C’est un mensonge, mais peu importe. C’est immédiatement repris par des caciques de l’UMP qui trouvent un os à ronger, même pourri et puant ! Comme par hasard, ce sont deux spécialistes des déclarations fracassantes et grotesques. Lionel Luca, membre de la Droite populaire, a en effet demandé dans un communiqué à la ministre de la Justice de « s’expliquer » sur « des propos » qu’elle « aurait tenus sur RFI »… sans même vérifier qu’elle n’avait fait aucune déclaration de ce type sur RFI !

« S’il s’avérait exact qu’elle ait dit « qu’il n’y aurait pas de poursuites à l’encontre de ceux qui ont brûlé des drapeaux français » le soir de la victoire du candidat socialiste, sous prétexte qu’il « s’agissait de signes de liesse », ce serait inqualifiable de la part d’un ministre de la République », a-t-il lancé, avec l’assurance de ceux qui sont irréprochables et droits dans leurs bottes noires ou brunes. Un autre grand élu vertueux des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, secrétaire national de l’UMP en charge de la… sécurité, roi de l’armement des polices municipales, et prince des caméras de vidéo-surveillance, avait déjà accusé la nouvelle Garde des Sceaux d’avoir « déclaré que brûler un drapeau français n’était pas un acte répréhensible »…. Ces deux parangons de l’honnêteté intellectuelle ont oublié sciemment (ou alors c’est digne d’une poursuite judiciaire pour propagation de… rumeurs malveillantes) e vérifier leurs sources ! RFI a en effet nié que Christiane Taubira ait tenu des propos sur le drapeau français sur son antenne. « La seule intervention de Christiane Taubira sur RFI concerne une rencontre de basket entre prisonniers et personnels pénitentiaires », avec « une brève déclaration de la ministre » à propos de ce déplacement ! Le site d’Europe 1, Le Lab, qui a enquêté, a souligné que la ministre n’avait jamais tenu de tels propos et rappelé qu’aucun drapeau français n’a été brûlé le 6 mai. Selon Le Lab, les rumeurs s’appuyaient sur une photo de drapeau brûlé à Toulouse… en 2007 ! En fait, il s’agit d’un détournement d’image sans absolument aucun lien avec Chritiane Taubira. Mais peu importe, dans les Alpes Maritimes le mal est fait, et les électrices et les électeurs qui hésitent entre le Front national et un vote pour ce duo exceptionnel de fiabilité auront fait leur choix ! Il vaut mieux faire confiance à des gars qui savent la vérité plutôt qu’à des négationnistes qui refusent l’évidence historique !

 

Cet article a 2 commentaires

  1. Cubitus

    Depuis le 6 mai, c’est le déchaînement à droite (à l’extrême droite devrais je dire) : mensonges, attaques personnelles, fausses informations, interprétations détournées (retournées est plus juste), procès d’intentions, mauvaise foi, contre-vérités, tout y passe. Le dépit et la rancoeur des valets à la mémoire courte du président sorti ne connaissent plus de limite. Par un jour sans une gesticulation des Copé, Accoyer, Bertrand et compagnie. C’est ça les représentants du Peuple, des guignols haineux n’ayant que l’invective stérile et l’insulte comme discours et refusant le verdict des Français ???! Le gouvernement du Peuple, par le Peuple et pour le Peuple, le respect du suffrage universel, savent ils ce que c’est ? Mais dans quel monde vivons nous ? Je suis dégoûté autant que révolté.

  2. baillet gilles

    Cette rumeur a été lancée par l’extrême droite, reprise et amplifiée par la droite. Voilà une belle collaboration…

Laisser un commentaire