Les maires étaient en première ligne

img_34321Lundi soir 72 heures après le déclenchement de la tempête j’ai réuni tous les maires ou élus du canton (28 communes) qui le souhaitaient (23 étaient présents) pour faire le point sur les réalités du terrain. En présence du directeur départemental adjoint et du chargé des relations avec les collectivités locales d’ERDF (filiale transport d’énergie de feu EDF), du commandant de la Brigade de Gendarmerie, du commandant du centre de Secours de Créon, du responsable du Centre Routier départemental et de Françoise Cartron, Sénatrice de la Gironde tous ont pu exposer en détails leur vision d’un événement climatique exceptionnel.

Tous ont unanimement loué le dévouement incontestable des personnels disponibles en pareille circonstance car il semble bien que dix ans plus tard le plus grave problème vienne de la recomposition des structures chargées de faire face aux besoins du public. Hier à 20 heures les communes de Baurech, Cambes, Croignon, Cursan, Le Pout, Lignan de Bordeaux avaient été totalement « oubliées »…

En fait le démantèlement d’EDF en filiales n’a pas facilité les relations car ERDF n’est plus en mesure de rassembler autant de monde qu’antérieurement et la proximité des relations a totalement disparu. Par exemple en 99, comme l’a exprimé Bernard le Gorec, maire de Haux, il était possible de passer par l’antenne de Langoiran pour obtenir des renseignements concrets ou en fournir. Nombreux ont été les maires à regretter qu’ils aient effectué le recensement méthodique des « casses » sur les réseaux selon les consignes reçues, qu’ils les aient envoyées et… qu’ils n’aient jamais eu le moindre retour de cette participation à la solidarité collective. L’information vers les communes a singulièrement fait défaut et les élus ont  regretté d’être totalement démunis sur les délais des réparations afin de les communiquer à des usagers impatients. Un ras le bol monte parmi les maires : responsables de tout, tout le temps mais considérés comme des nuls ou des « emmerdeurs » quand ils demandent des réponses à leurs préoccupations au nom de leurs mandants. L’exemple de la fermeture arbitraire des écoles par l’Etat alors qu’ils avaient tout tenté pour les remettre en sécurité durant le week-end a été pris unanimement pour une suspicion sur leurs capacités à apprécier les situations dangereuses. Quel élu local aurait pris le risque d’ouvrir un bâtiment non-conforme ?

En fait la fermeture (certains maires ont été avisés dimanche à 18 h 30 dans des mairies où ils n’étaient pas et sur des téléphones qui faute d’électricité ne fonctionnaient pas !) pour raisons d’insécurité pour les enfants est valable lundi mais quand il est affirmé que le service minimum ne peut être mis en œuvre le jeudi sans enfreindre les règles de sécurité, les maires sont traduits au tribunal administratif ! On a renvoyé chez eux, souvent dans le froid, des élèves ayant du personnel municipal et des enseignants pour les accueillir et des locaux chauffés pour les préserver… Comprenne qui pourra ! Se pose aussi le problème des priorités définies par la cellule de crise préfectorale car les Créonnais n’ayant pas de sous-préfecture de proximité attitré n’a pas eu de correspondant état

Satisfecit général aux sapeurs-pompiers (125 sorties en 2 jours sur le seul secteur du Créonnais) avec un bémol sur les moyens d’accompagnement des interventions qui manquent parfois de sécurisation. Inquiétude sur les moyens humains et matériels dont sont dotés les centres routiers départementaux (ex-DDE) placés sous la responsabilité du Conseil Général. N’est-il pas indispensable de mettre en place une cellule de crise ? Ne doit-on pas constituer des réserves de matériels de signalisation pour sécuriser les voies dans des petites communes dotées d’aucun panneau réglementaire en stock ? Ne peut-il y avoir un numéro d’urgence CRT pour les maires en pareilles circonstances ?

Cette rencontre dans un climat franc, direct, organisé à permis à Françoise Cartron, Sénatrice, de monter à Paris avec une vision moins idyllique du terrain. Elle compte poser dans les prochains jours une question orale au gouvernement sur les conséquences de la déstructuration de cette grande entreprise publique qu’était EDF et de demander que des mesures soient prises afin qu’ERDF tienne ses engagements en matière de services au public. Je me suis engagé à faire dans quelques semaines à faire une nouvelle réunion afin de tirer les leçons de cet évènement climatique qui se reproduira… tôt ou tard dans le contexte climatique actuel.

Cet article a 15 commentaires

  1. E.M.

    Excellent travail, comme d’habitude…

  2. Alain

    C’est vrai que les communes devraient avoir un stock de matériel de signalisation mutualisable entre elles:
    pourquoi pas en y affectant une partie du FDAEC cantonal?

  3. Esquimau

    Ce matin, 28 janvier : 10 degrés à l’intérieur de ma maison. Depuis samedi, plus d’électricité : un arbre, pas bien gros pourtant, a arraché ma ligne.Et j’habite à Créon, à Mailleau ! Pourtant, il y a juste 1/4 d’heure de boulot pour me rebrancher au pylone. Pire qu’en 1999. Dans la zone, tout le monde est alimenté sauf moi. Le week-end s’annonce pas terrible.

  4. Gilbert SOULET

    Bonjour Monsieur le maire, Conseiller Général de Gironde.

    Salut Jean-Marie,

    Belle démonstration comme toujours et triste constat du démantèlement de nos services publics. Demain 29, nous le rappellerons tous ensemble…
    Mais notre solidarité, comment pourrions-nous l’exprimer? Y-a-t’il un site que tu pourrais nous recommander? Peut-être dans ta Mairie, ou au siège du département ou de la Région?

    Très amicalement,

    Gilbert de Pertuis en Luberon

  5. Pinguoin de Cursan

    Idem pour moi aussi… plus loin de Créon : Cursan. Pas de courant dans une maison tout électrique, ca n’aide pas. Et pas d’infos ! Ce matin, je me suis arrêté à la mairie de Cursan : pas d’affichage ou d’infos.

    Alors je recherche sans trop y croire ERDF creon dans un moteur de recherche bien connu et je tombe ici (un blog qui me semble bien intéressant au passage).

    Ce matin j’ai vu ERDF arriver à la sortie de Créon pour, je l’espère, réparer le pylône qui réalimentera M.Esquimau et je l’espère Cursan et les oubliés !

  6. Philorie dans le froid

    Bonjour,

    Nous aussi, nous sommes sur Cursan en sortie de Créon (sur la RD20).

    11°C dans la maison.

    D’après mes infos, le courant devrait être rétabli cet après-midi ou ce soir, mais il faudra encore patienter pour avoir la maison chaude…

    Bon courage à tous, et merci aux élus pour leur mobilisation auprès de ERDF…

  7. Pingouin de Cursan

    Merci pour les infos, je croise les doigts pour que le courant revienne aujourd’hui ! Ca serait la bonne surprise du jour, une maison éclairée en rentrant du boulot 😉
    Bonne journée

  8. LE GOREC

    Et si le « nous » était privilégié, ce serait plus « classieux »et même « royal » que le majoritairement « Je….. ».
    A défaut recourir à « on » serait aussi apprécié
    L’anglais de ce coté est moins subtil mais plus efficace avec son « we »

  9. E.M.

    @ Le Gorec

    Tu peux préciser ta pensée ?

  10. Christian Baqué

    Bonjour Jean Marie
    Ok pour la tempête, mais il faut dire pourquoi les promesses de 1999 n’ont pas été tenues, pourquoi pas d’investissement EDF pour enterrer les lignes. Il aurait fallu quelques milliards d’euros sur 10 ans… et le gvt en a trouvé 460 pour les banques et les spéculateurs en quelques semaines… Un choix applaudi par l’Union européenne qui a fait le même : non aux services publics, oui aux banquiers et aux spéculateurs, contre les salariés et les citoyens de ce pays. EDF vogue vers la privatisation.
    Et tu ne parles pas de Fr Télécom dont les réseaux sont minables, ex-service public privatisé par la gauche (désolé, c’est ton parti JMarie qui l’a fait) toujours sur directives issues du traité de Maastricht. Qui osera rompre avec ces plans destructeurs?
    Cordialement

  11. vinz

    En tout cas merci à tous ceux qui se sont mobilisés pour remettre le jus. Nous, on l’a enfin récupéré hier soir à 17h. Ca commençait à faire long avec 4 gamins sans chauffage et sans lumière…
    Pour fêter ça, hier soir, on est allé au restau de l’Akena et on était avec les électriciens (EDF, ERDF, RTE? je n’y comprend plus rien!), en tous cas leurs camions bleus étaient immatriculés dans le pas de calais. Merci les ch’tis!
    Les structures peuvent changer, les services publics se désagréger, heureusement, il reste des hommes dévoués dans leur travail.
    Il y a quand même des questions en suspens:
    – pourquoi les lignes EDF ne sont toujours pas enfouies? Le centre de Créon où c’est le cas n’a pas eu de coupure! Si c’est une raison économique, c’est vraiment un calcul à la c… car on voit bien que la facture pour la remise en marche va être bien plus élevée. En attendant la prochaine tempête…
    – les camions bleus que j’ai vu hier soir me semblaient être des camions soit de locations soit de sous-traitants. Le coût de sous-traitants privés est encore une fois plus important qu’un réseau public de qualité.
    A quand une remise à plat de tout cela. On en prend pas le chemin (c’est même plutot l’inverse).
    Ch. Bacqué a raison, toutes les décisions prises ont pour pretexte le traité de Maastricht sur la libre concurrence… Quand est-ce que l’on va en sortir de cette tutelle qu’on nous impose pour enfin mettre en place une réelle politique sociale et de services publics dans ce pays? Même le PS ne propose pas de revenir là-dessus!

  12. Pingouin de Cursan

    Ca va mieux avec le courant 😉
    Je paraphrase vinz : « merci à tous ceux qui se sont mobilisés pour remettre le jus » !

  13. ventura

    tant mieux pour qui l’électricité est revenue,ici à Esconac Cambes,nous sommes toujours sans,donc pas de chauffage!le téléphone idem,mais avec les cellulaires c’est bon(quand on en possède)je suis toujours stupéfaite du bon sens et de l’intelligence des gens(enfouissemnent des lignes)cela aurait coûté moins cher,étalé sur 10 ans,à croire que les gens qui font de la politique deviennent complètemen tstupides et ne comprennent plus RIEN.merci aux banques qui vont nous faire payer,je voudrai qu’on m’explique tout cela,mais chut…………………

  14. Anonyme

    tant mieux pour qui l’électricité est revenue,ici à Esconac Cambes,nous sommes toujours sans,donc pas de chauffage!le téléphone idem,mais avec les cellulaires c’est bon(quand on en possède)je suis toujours stupéfaite du bon sens et de l’intelligence des gens(enfouissemnent des lignes)cela aurait coûté moins cher,étalé sur 10 ans,à croire que les gens qui font de la politique deviennent complètemen tstupides et ne comprennent plus RIEN.merci aux banques qui vont nous faire payer,je voudrai qu’on m’explique tout cela,mais chut…………………

  15. GSCF

    Réagissons suite à la tempête du Sud-Ouest
    Les catastrophes naturelles ont toujours existé ; elles constituent un phénomène courant et
    récurrent dans l’histoire de l’humanité.
    Cependant, depuis un certain temps, les phénomènes catastrophiques semblent survenir à un
    rythme plus accéléré et être potentiellement plus dangereux et plus dévastateurs. La France
    n’est pas épargnée de ces aléas.
    De nombreux drames restent gravés dans les mémoires : les inondations de Nîmes, Vaison la
    Romaine, la tempête de 1999, la tornade à Hautmont et dernièrement la tempête du Sud-
    Ouest.
    Face à ces catastrophes, le Groupe de Secours Catastrophe Français a créé en juin 2007 le
    projet Bénensol « Bénévoles engagés pour la solidarité ».
    Ce projet a pour objet de rassembler tous les citoyens français souhaitant s’impliquer
    bénévolement suite à une catastrophe ou un événement entraînant des sinistres
    conséquents sur le plan national.
    En complément de ce projet, une réserve de 1ère nécessité, indispensable pour aider les
    victimes qui ont parfois tout perdu, a été mise en place. Celle-ci est approvisionnée en
    fonction des dons pour ce projet.
    Cette réserve est mise à disposition gracieusement à toutes les communes, associations…
    qui en font la demande.
    A ce jour, nous manquons de bénévoles et de moyens financiers pour développer davantage
    ce projet. Aussi, nous lançons un appel à toutes les personnes qui souhaiteraient s’inscrire à
    Bénensol.
    C’est en s’unissant que nous pouvons changer les choses.
    Nous vous invitons à vous rendre sur le site http://www.gscf.eu, espace Bénensol.
    Thierry VELU
    Président-Fondateur du GSCF
    Renseignements :
    GSCF-BP 80 222 – 59654 Villeneuve d’Ascq Cedex

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