Les manifs contre le "mariage pour tous" étaient bien politiciennes

Le mariage entre personne du même sexe a éclipsé durant des mois toute la vie politique. On s’est déchiré, insulté, affronté autour d’une loi qui visait simplement à établir l’égalité administrative des droits entre des êtres humains bénéficiant à priori des mêmes droits. Manifestations violentes d’intégristes de la pensée ; slogans honteux sur le fond et sur la forme ; propos et violences homophobes et le collectif « La Manif pour tous », alors représenté par la militante catholique Frigide Barjot qui organise, du 17 novembre 2013 au 26 mai 2013 des rassemblements de grande ampleur contre cette mesure. La récupération par l’extrême-droit de ces protestations ne choquera pas grand monde. On mélange tout en appelant même à dénoncer des mesures non prévues dans la loi comme l’adoption et le procréation médicalement assistée. Rappelons, car tout s’oublie très vite, es premières manifestations se déroulent le 17 novembre 2012 pour la Manif pour tous, le 18 novembre pour Civitas, puis le 8 décembre dans différentes villes de France. Le 13 janvier, une manifestation nationale de La Manif pour tous regroupe à Paris entre 340 000 (chiffre police) et 800 000 personnes (chiffre organisateurs).

Comment oublier que ces moments d’opposition frontale rassemblaient le gratin de l’extrême-droite avec dans le cortège des membres de l’Action française, du Mouvement national républicain (MNR, ex-formation de Bruno Mégret), du Front national (notamment sa vice-présidente Marie-Christine Arnautu), du Parti de la France de Carl Lang, du Renouveau français, de la Renaissance catholique, de l’Alliance royaliste, des militants du GUD, des Jeunesses nationalistes, ou encore le chanteur du groupe de rock Hôtel Stella, membre du Bloc identitaire. Cette manifestation est émaillée d’incidents avec des contre manifestants et des journalistes les suivant, ont été molestées. Lentement on évolue dans les mots d’ordre de la contestation et personne ne peut avoir oublié les outrances verbales de certains pontes de l’UMP qui depuis se font d’ailleurs très discrets sur le sujet… L’exploitation médiatique du texte est oubliée et les municipales étant passée on ne se montre plus hostile au « mariage pour tous » ou selon les poncifs au « mariage gay » ou même au « mariage homo » . La loi autorisant le mariage de personnes du de même sexe a fait l’objet d’une plus virulente opposition en France que dans les six autres pays européens ayant déjà adopté une loi similaire au printemps 2013 mais on a vite oublié. La preuve ? Plus personne sauf une poignée d’agitateurs irréductibles ne parle de ce texte réputé comme devant détruire la société occidentale !

Une récente enquête du JDD démontre que comme le veut une tradition bien française on constate à posteriori que la réforme n’a en rien été conforme aux prédictions apocalyptiques de celles et ceux qui l’exploitaient avec des visées politiciennes A Paris, où 1332 couples de même sexe se sont déjà dit «oui», soit 15,67% des unions en mairie sur un an. Derrière, Nice se place en deuxième position avec 12,86% de mariages pour tous Rennes (10,71%) et Montpellier (10,32%) suivent également de près. Selon le JDD, ces dernières ont la particularité d’avoir uni plus de couples de femmes que de couples d’hommes. Un chiffre différent des chiffres de l’Insee, qui estime que trois couples de même sexe mariés sur cinq sont masculins. La cité phocéenne, Marseille, arrive dans les trois dernières villes du classement avec un petit score de 4,71% alors que Nîmes et Dijon sont encore plus loin avec respectivement 3,18% et 2,25%… Ce sondage révèle en outre qu’il y a autant d’unions dans les grandes villes que dans les villages : un quart des mariages entre personnes de même sexe a été célébré  dans des villes de plus de 200 000 habitants, et un quart dans les communes  de moins de 2000 âmes.

 

Mes collègues du canton ont en toute simplicité et en toute quiétude, appliqué la loi sans aucun problème… et surtout sans le déferlement de haine qu’on avait annoncé ! Il existe cependant encore des élus intégristes qui refusent le respect des lois républicaines et même dans les mairies désormais tenues par le FN on trouve toujours un volontaire pour assumer cette charge. On ne signale qu’une douzaine de cas difficiels. Bref la loi est entrée dans les mœurs sans que la société s’en trouve bouleversée ! Selon les estimations de l’Insee, les mariages homosexuels représentent en France 4% des unions en mairie, soit plus qu’en Espagne, en Belgique et aux Pays-Bas où les mariages entre personnes de même sexe sont compris entre 2 et 3% du nombre total des mariages… ces chiffres s’expliquent par une sorte de « rattrapage» au vu des moyennes d’âges des mariés : 50 ans en moyenne chez les couples d’hommes et 43 ans chez les couples femmes. Une preuve que les hurlements médiatiques sont souvent déconnectés de la réalité du terrain mais l’amplification médiatique leur confère les allures de la vérité. De manière passagère mais dangereuse !

 

Cet article a 2 commentaires

  1. Gilbert SOULET

    Bonjour Jean-Marie,
    Voilà bien longtemps que je n’ai laissé un commentaire à tes billets que je découvre toujours avec plaisir. Ce dernier fera exception car il va faire remonter en surface ces souvenirs de « bagarres ».
    Autant te dire tout de suite que je n’ai jamais été favorable à ces mariages car je ne trouve pas que ce soit une avancée sociale …
    Etant d’un âge avancé (1939), j’en ai une autre conception et me fais singulièrement du soucis pour la société de demain laissée à nos descendants.
    Certes, il y a X % de mariages entre personnes du même sexe mais à côté, combien de divorces? Combien d’enfants élevés dans des familles monos? Dans quelles difficultés? Et avec quelle éducation grandissent-ils? etc, etc …
    Je ne souhaite pas être assimilé à droite de l’échiquier politique, ni à son extrême !Amicalement,
    Gilbert de Pertuis, porte du Luberon

  2. J.J.

    Cagoule, Action Française, Camelots du roi, 6 février 1934, milice, OAS, etc…

    Le temps passe, les bonnes habitudes demeurent et l’on retrouve toujours les mêmes, où leurs descendants, avec une constante : le mépris de l’ »autre », le complexe de supériorité, la mauvaise foi érigée en dogme.

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