L'obscurantisme éducatif financé par les deniers publics

Il fut une période terrible de la République durant laquelle on a usurpé le qualificatif de « libre » à propos de l’école. Souvenez vous de l’immense propagande faite par les adversaires du projet de création d’un « grand service public unifié et laïque de l’éducation nationale », dit « grand SPULEN », faisant partie des 110 propositions pour la France de François Mitterrand, candidat à l’élection présidentielle française de 1981. L’objectif était de rapprocher les établissements publics et privés d’enseignement. Comme la question paraissait délicate, elle n’a pas fait partie des premières mesures engagées, et Alain Savary a commencé à recevoir les représentants de l’enseignement privé au 1er semestre 1982. Une partie de la gauche et des organisations laïques, ne voyant pas l’aboutissement de la promesse, se font entendre, notamment lors du rassemblement du Bourget le 9 mai 1982, à l’occasion de la commémoration de la loi du 28 mars 1882 sur l’école laïque et obligatoire. Le projet est finalement évoqué au Conseil des ministres du 4 août 1982, mais sans mentionner le « grand SPULEN », ce qui laisse voir des doutes sur les réelles intentions du gouvernement.

La première version du projet est annoncée en décembre 1982. Son idée importante est la constitution d’« établissements d’intérêt public » qui associeraient les écoles publiques, les écoles privées et les collectivités territoriales. Ce système permettait de préserver l’autonomie des différents acteurs, notamment avec la reconnaissance pour toutes les écoles d’un « projet d’établissement ». Les associations d’enseignement catholique restaient cependant méfiantes car des propositions étaient faites pour intégrer les maîtres du privé dans la fonction publique, ce qui aurait mis en cause leur autonomie. Les associations de parents de l’école libre réagissent très vivement et organisent une grande manifestation à Paris le 24 juin 1984 qui rassemble deux millions de personnes selon les organisateurs, et 850 000 selon la police. Des évêques, dont Jean-Marie Lustiger, Jean Vilnet, président de la Conférence des évêques de France, et Jean Honoré, apportent ostensiblement leur soutien aux manifestants. Simone Veil, Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chaban-Delmas, mais aussi Jacques Chirac à la tête de la majorité du Conseil de Paris, défilent dans la rue, donnant à la manifestation un caractère politique. Au nom de la liberté ils veulent maintenir le financement via les contrats d’association des établissements confessionnels mais sans véritable droit de regard de l’Etat sur leur fonctionnement. eux sont « libres » les autres non ! Alors que la seule vraie liberté pour des mineurs c’est exclusivement la laïcité !

Ils l’obtiendront le 14 juillet avec le licenciement d’Alain Savary, le seul véritable Ministre de l’Éducation nationale socialiste et de Pierre Mauroy qui l’avait soutenu par François Mitterrand ancien élève des Jésuites du collège angoumoisin Saint Paul ! Le problème c’est qu’ils ont obtenu la liberté de faire tout et n’importe quoi puisqu’aucun contrôle réel n’est exercé par les services de l’Etat sur le fonctionnement des écoles, collèges et lycées confessionnels catholiques, musulmans ou juifs. Rien à redire sur ceux qui sont entièrement financés par les familles car c’est leur choix mais que penser quand on apprend que la République finance dans un lycée parisien des professeurs affichant ouvertement leur appartenance à l’Opus Deï ?

Selon le syndicat de l’enseignement privé catholique, FEP-CFDT, plusieurs professeurs de cet établissement se sont plaints de harcèlement et une vingtaine aurait demandé leur mutation. « Clairement, on veut faire de cette école un établissement Opus Dei et faire partir ceux qui s’y opposeraient », déclare la secrétaire générale de la FEP-CFDT. « L’Opus Dei est au sein de notre établissement aujourd’hui, c’est incontestable. La responsable de cycle et une collègue, au moins, sont de l’Opus Dei. Nous ne sommes plus dans l’offre d’une spiritualité mais dans l’imposition d’une vision des plus obscurantistes de notre société » explique un professeur anonymement. Ce que confirme une représentante de l’Opus Dei !

Sauf que l’on peut se poser la question : que font les inspecteurs pédagogiques régionaux de spécialité ? Combien de collège ou de lycées inspectent-ils chaque année ? Quelles sanctions sont prises contre des lieux qui manquent à l’éthique la plus élémentaire ? Endoctrinement massif prouvé pour les manifestations contre les décisions républicaines concernant le mariage pour tous : rien ! Des élèves et enseignants ont pourtant dénoncé des dérives intégristes dans leur établissement catholique parisien signalant notamment les propos inappropriés qu’auraient tenus des bénévoles d’une association anti-avortement lors d’un cours de catéchèse. Selon une élève du groupe scolaire privé Gerson, des représentants de l’association Alliance Vita, proche de la Manif pour tous, ont qualifié de « semi-meurtrières » les jeunes filles ayant recours à la pilule du lendemain, l’avortement étant assimilé à un « homicide volontaire ». Rien de grave ! On a vu ce que pouvait provoquer non pas des faits mais des rumeurs sur la théorie du genre dans des écoles publiques !

Cette publication a un commentaire

  1. J.J.

    Il serait temps, en ces périodes de vaches maigres pour le Peuple, de répartir au mieux les 7 milliards (à confirmer ) qui sont chaque année généreusement distribués à des associations qui, souvent, non seulement ne respectent pas les règles auxquels sont soumis les enseignants du secteur public, mais encore agissent contre la République.

    C’est le chien mordant la main du maître qui le nourrit et le caresse.

    Il serait temps également de bannir, pour désigner ces établissements de termes impropres tels que « privés » ou « libres ».

    Ces établissements ne sont privés de rien, ils sont plutôt nantis, et surtout fréquentés par des nantis.

    Quant des établissements se réclament d’une religion faisant profession d’une raideur consubstantielle et dogmatique, le terme « libre » est une escroquerie.

    Confessionnels ? Ils ne le sont pas tous.

    Je propose « non publics », ce qui en même temps permet d’insister sur le côté négatif et rétrograde de ce genre d’activité.

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