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Nitrates : le courage a besoin d'engrais !

Ce qui manque le plus à bon nombre de femmes et d’hommes politiques actuels c’est le courage. Il leur faudrait relire les œuvres de Pierre Mendès-France s’ils sont de gauche ou celles du général de Gaulle s’ils sont de droite. Le calvaire présidentiel actuel vient essentiellement de cette propension à la synthèse qui ressemble à de l’eau de boudin. Ils devraient les uns et les autres mettre sur tous les frontons altiers des ministères la fameuse phrase de Jean Jaurès que bon nombre cite sans jamais l’appliquer : « le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire (…) » Désormais dans les allées du pouvoir tout est caché, dissimulé, tu et réservé à des élites qui ensuite écrivent des livres ou organisent des fuites dans les médias sur ce qu’ils ont appris ou vécu. Aucun courage pour simplement dire la réalité et plus encore l’assumer. La raison : ne pas mécontenter l’opinion dominante et surtout la contenter sectoriellement afin d’espérer récupérer lot par lot les suffrages utiles.Les gens de gauche font ainsi souvent de beaux cadeaux à la droite par naïveté mais la droite elle ne fait que contenter son électorat car elle sait que par dépit souvent les voix progressistes s égarent chez elle.
Souvent j’ai entendu par exemple que les « céréaliers, les éleveurs, les agriculteurs, les viticulteurs » pouvaient être favorables à la gauche sous prétexte qu’elle était compréhensive à leur égard… Et à ce titre on laisse faire par peur de manifestations violentes ou de contestations répétitives. Ainsi depuis des années le nitrate détruit la nature mais… chut il ne faut pas contrarier les adeptes de la culture extensive dopée aux engrais. Seulement voilà il y a un petit problème : la pollution !
La Cour de justice de l’Union européenne vient donc de condamner une troisième fois la France pour non respect de la directive nitrates. Après les précédents arrêts du 8 mars 2001 (trop de nitrates dans les captages bretons) et du 13 juin 2013 (désignation incomplète des zones « vulnérables » à la pollution des eaux par les nitrates), l’arrêt rendu le 4 septembre par les juges luxembourgeois a sanctionné cette fois l’insuffisance des mesures mises en œuvre (interdictions d’épandage trop courtes, apports excessifs d’effluents animaux sur les sols…). A ce stade, cette condamnation contraint Paris à remédier dans les meilleurs délais à ses manquements. Si tel n’était pas le cas, l’UE pourrait introduire un nouveau recours, exposant alors le France à de lourdes astreintes financières
La FNSEA évoque une impasse et réclame une remise à plat de la directive nitrates. Encore une fois on tente des compromis, des astuces, des demi-mesures et on finit par se prendre les pieds das le tapis. D’autant qu’il est indispensable de faire ami-ami avec la FNSEA dont les complicités sont patentes sur ce dossier..
« Malgré le durcissement permanent des mesures, la France est à nouveau condamnée, […] les pouvoirs publics ayant conduit les agriculteurs dans le mur. Multiplication des contrôles, de décisions inadaptées, de jugements biaisés, empilement de mesures incompréhensibles et inapplicables, voilà désormais le quotidien des agriculteurs. »
Pleurez braves gens sur le sort de ces malheureux. Le syndicat déplore les entraves règlementaires de l’Union européenne et leurs transpositions françaises, et exprime le découragement des exploitants français ayant de moins en moins de solutions agronomiques face à la directive nitrates malgré des « efforts considérables de recherche et  de suivi agronomiques, engloutissant des sommes astronomiques dans les mises aux normes. » Mais comment font-ils dans les autres pays européens ?
« Cette condamnation porte donc sur une ancienne génération de programmes d’action », se défendent de leur côté les ministres Ségolène Royal et Stéphane Le Foll dans un communiqué commun précisant que la plupart des sujets soulevés dans le jugement de la Cour de Justice ont déjà été corrigés dans le nouveau dispositif. Ce n’est pas nous, ce sont les autres ! « La France échangera avec la nouvelle Commission en veillant à concilier performance économique des exploitations agricoles et respect des exigences environnementales. Autant dire que tout continuera comme avant encore durant des années car à chaque changement de ministres on repart à zéro !
Et pendant ce temps rappelons pour la vérité que le principal risque nitrate est lié à la faculté de l’organisme humain de transformer les nitrates en nitrites, qui réduisent les capacités de transport de l’oxygène par l’hémoglobine du sang. L’hémoglobine, oxydée en méthémoglobine, n’a plus la capacité de transporter l’oxygène. Si le risque chez l’adulte est très faible, il n’en est pas de même chez le nourrisson de moins de quatre mois. Cette cyanose, ou maladie bleue du nourrisson, représente un effet aigu très important ou un effet aigu grave.
Cet effet n’est pas observé lorsque l’exposition est inférieure à une dose seuil, ce qui justifie la limite de 50 mg dans les eaux de boisson prévue par la réglementation française et préconisée par l’organisation mondiale de la Santé (OMS). A côté de cela, lors d’expositions répétées sur le long terme, les nitrates en participant à la formation de nitrosamines sont suspectés d’induire des effets cancérigènes… pas grave pourvu qu’il y ait le rendement et le profit. On attendra une quatrième condamnation…pour avancer !

Cet article a 4 commentaires

  1. Raphael Pin

    Je crains que les seuils limites soient fixés en fonction du maxi de la limite basse qu’on peut atteindre, et non en fonction de la dose poison, en gros, l’eau est tellement polluée, qu’on peut pas faire mieux. Pour la pêche industrielle idem, les « pros » pêchent des poissons juvéniles, qui n’ont donc pas eu de descendance. on est mal barré

  2. Torquemada

    Le courage en politique consiste à anticiper. Ca n’a pas été fait et les conséquences environnementales et humaines
    se font voir. Il n’est pas encore trop tard pour prendre en compte que nos dérives économiques appliquées à une démographie mondiale croissante et à la légitime aspiration des pays émergeants à vivre mieux est un challenge à considérer.
    . Une prise de conscience mondiale doit émerger et tenir compte du fait que les ressources et la capacité de la planète à supporter nos économies basées sur le productivisme ne sont pas infinies . Et aucun engrais censé faire pousser cette
    conscience n’existe sur le marché !

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