On peut craindre un effondrement de la démocratie représentative

Il y a deux camps : ceux qui s’indignent du fameux « Hollande bashing » et ceux qui se réjouissent de cette situation qui conduit à une discrédit permanent des faits, gestes et déclarations du Président. En fait j’appartiens à la catégorie des gens qui s’inquiètent de ce phénomène car il conduira inévitablement à un discrédit total de la démocratie représentative. Et c’est beaucoup plus grave qu’on ne le pense car si bien des choses sont à repenser dans ce domaine il n’y a pas de système permettant de gérer un pays comme la France et son histoire. Alors chaque jour paraît un sondage qui accentue la descente vers ce que l’on appelle un « record d’impopularité » alors qu’il s’agit de fait de la faillite du suffrage universel. Les jugements sont superficiels et circonstanciels et ne résultent pas d’autres critères que les critiques multiples et variées des porteurs d’intérêts particuliers. Faute de grands desseins la vie politique se résume à une sorte de patchwork de mesures particulières et donc inévitablement chacun trouve une raison de déprécier le Président élu devenu un exutoire des égoïsmes ou des calculs partisans. Lors d’un mariage bon chic bon genre j’ai vu pour la première fois des mariés et leurs invités, dans la salle citoyenne de l’Hôtel de ville se moquer ouvertement, devant moi, du portrait de François Hollande installé comme le veut la loi dans la salle. C’est affligeant mais c’est surtout affolant ! D’autant que, quand on regarde avec objectivité les analyses d’opinion on s’aperçoit avec inquiétude que la chute est générale et que tout autre portrait serait victime de quolibets.

 

En effet, pour une très large majorité de Français, la droite ou le Front national ne feraient pas mieux que la gauche au pouvoir. Ainsi 74% des personnes interrogées par l’Ifop estiment que l’UMP ferait moins bien (19%) ou «ni mieux, ni moins bien» (55%). Seuls les sympathisants UMP (60 %) jugent que leurs représentants feraient mieux que le gouvernement actuel… ce qui ne durerait pas longtemps car les marges de manœuvre n’existent plus à cause des ruines laissées par leurs idoles ! Elle doit craindre les élections municipales tout autant que le PS avec un seul avantage : la mobilisation de son électorat sera plus facile car elle est « contre » alors que celle du gouvernement requiert que l’on soit il « pour ». Sur des élections locales, si les élus de gauche ont bien accompli leur mission ils ne connaîtront donc pas un effondrement de leur score de 2008.
En effet un an après l’élection de Jean-François Copé et la subséquente crise à droite, l’UMP ne flambe guère. Le patron du parti et les prétendants à l’Elysée (François Fillon, Alain Juppé, Bruno Le Maire, Nathalie Kosciusko-Morizet, Xavier Bertrand) ne semblent pas convaincre. Et même Nicolas Sarkozy voit lui aussi sa cote baisser (– 5 points) ce mois-ci dans le baromètre Ifop-Paris Match. Ils le savent et il leur faut donc taper à bras raccourci sur le Président avec l’espoir secret d’apparaître chacun comme un recours !
Plus évident, en dehors du vote protestataire, le Front national de Marine Le Pen n’est pas plus crédible aux yeux des Français, bien au contraire. 79% des Français affirment que le FN ferait «moins bien» (42%) ou «ni mieux, ni moins bien» (37%) ce qui démontre que le phénomène ne marquera que des échéances électorales sans enjeu « politique » véritable.

 

Les racines du mal sont dans la personnalisation outrancière de la vie politique. Depuis des mois et des mois l’opinion ne juge plus la « politique menée » mais simplement la personne qui la mène. Tout tend à juger la forme et à oublier le fond et on en revient toujours aux mêmes difficultés : le discours politique est inaudible tellement les médias se contentent de le caricaturer. On sert un brouet quotidien insipide reposant sur des détails quand les enjeux sont considérables. Or on sait que « le diable est dans les détails », ce sont eux qui peuvent totalement détruire une idée superbe ! Les rédactions passent leur temps à rechercher des polémiques pour nourrir leurs espoirs de récupérer un lectorat ou un auditoire et ils ont perdu toutes références pédagogiques à l’actualité. Elles ne retiendront, une fois encore, au nom de la nécessité d’être synthétique dans l’information, que l’effondrement de Hollande et oublieront que c’est tout le système politique qui s’effondre et qu’ils en portent une part de responsabilité. Encore une fois, la France paye des années de manque d’éducation civique intensive dans l’éducation au nom de la priorité à « l’instruction ». Les générations actuelles passent pour certaines de l’activisme lycéen à la passivité consumériste et la sous-syndicalisation pèse lourdement sur les comportements sociaux. Ce ne sont pas les événements récents bretons ou autres qui rassureront sur ce sujet. On ne récupère jamais les gens convaincus et conscients mais on transforme un ignorant en activiste inconscient. Seul l’engagement social évite ces déviances qui se traduisent chaque jour davantage dans les sondages.

 

Cet article a 5 commentaires

  1. Eric Batistin

    S’occuper uniquement des détails et des effets de style, au bénéfice de toutes les feuilles de choux et autre organes de presse, et au détriment de la république, cela est bien évidemment néfaste à toute la communauté.
    Les extrêmes y trouvent aussi bénéfice.
    Cela est entendu, mais que faire d’autre que de s’occuper des cancans quand le fonctionnement réel de la république est régenté par des imbroglios incompréhensibles par le commun des mortels !!
    La gestion d’une toute petite entreprise répond déjà à des règles et lois qui dépassent l’entendement !
    On imagine alors la difficulté d’expliquer aux citoyens, point par point les décisions comptable ou sociales prises par les instances au pouvoir, et ce quelque soit le camp politique.
    Comprendre les dessous des décisions prises, alors que l’on ne nous présente que le dessus, et nous reprocher ensuite de n’être que des anti-républicains, des mauvais citoyens n’attachant de l’importance qu’au histoire de Cour, je trouve cela gonflé !

    Je ne suis pas d’accord avec une analyse qui donne mauvaise conscience à tous, et qui donne comme cause aux manque de culture citoyenne un manque d’instruction civique, soit au niveau scolaire, soit au niveau familial.
    Les professeurs font ce qu’ils peuvent, nos pères et nos mères aussi !

    Si l’abandon des valeurs républicaines est si évident, si la moquerie idiote semble tenir lieu de pensée politique, c’est encore et toujours pour la même raison:
    toute pensée, toute tentative d’humanisme, toute avancée de la république citoyenne et révolutionnaire historique est systématiquement écrasée, assassinée, brûlée, détruite, ou au mieux occultée par la main mise des banques sur la république.
    Et cela nous le savons toutes et tous, filles et garçons, jeunes et anciens.

    Alors comment ne pas céder à la bêtise ambiante, entretenue par la presse, quand nos chefs n’ont de cesse de faire des ronds de jambes à la grande finance ?
    Pour imager mon propos, je dirai ceci:
    Si vous avez comme père un alcoolique, qui se soûle chaque soir et vous explique au matin qu’il a pris la grande décision de cesser de boire, pour recommencer le soir, que vous reste-t-il comme autre option que le dédain ou la moquerie ?

    La fuite et l’oubli.
    Pour reconstruire ailleurs Sa Famille, et Sa République !

  2. baillet gilles

    Quand Hollande fait voter la règle d’or et le mécanisme européen de stabilisation qui permet à la commission européenne de contrôler le budget de la France, on peut se demander quelles marges de manœuvre, notre pays dispose-t-il et donc quelle est l’utilité de la démocratie représentative et au premier rang, la présidence de la République à part pour mettre en application des politiques d’austérité que les citoyens rejettent…

  3. herve mathurin

    Faire voter aux legislatives avant la presidentielle serait deja un bon moyen de depersonnaliser l’enjeu.

  4. J.J.

    Les hommes politiques en général, et le président en particulier sont totalement décrédibilisés.

    A qui la faute ?

    Quant un président de la République ne sait pas se tenir en public, et galvaude complètement la fonction présidentielle, comment voulez vos que son successeur soit pris au sérieux ?

    Je n’ai jamais vu un président de la République aussi chahuté. Avant le règne du petit bonhomme, on avait au moins le respect de la fonction.
    Qui sème le vent récolte la tempête.
    Ce qui est pitoyable c’est que le semeur de …(?) laisse aux autres le soin de récolter son comportement irresponsable.

    Quant à l’instruction civique, il ne faut pas en désespérer, j’entendais hier soir un jeune garçon commentant l’actualité déclarer : « On respecte le président de la République, on ne le siffle pas « .
    D’ailleurs la presse a un peu monté en épingle ces sifflets : j’ai suivi pour voir, ayant enregistré l’émission, la séquence des sifflets. c’était un peu marginal. C’est vrai que sous l’ancienne présidence ça ne se serait pas produit, les siffleurs éventuels auraient été tenus à l’écart …..

  5. gege 31

    Pourquoi refuser l’évidence : le ras le bol absolu des français pour un système politique prébendier, totalement coupé des réalités où les élites de droite ou de gauche nous disent à tour de rôle que tout va bien sachant parfaitement que c’est un mensonge. Une seule chose compte : leur réélection et le cumul auquel il semble bien difficile de mettre fin. Un exemple, notre député PS (Lemasle), déjà Conseiller général et vice président du Conseil Général, adjoint au maire de sa commune vient de prendre la présidence de la Communauté de communes. Plus fort encore, ce monsieur était le suppléant de Jospin !!! Et, toujours plus fort, il se présente en 2014 comme Maire de sa commune … Alors excusez moi si après 50 ans de vote PS j’ai décidé de jouer le cocu rebelle, trop c’est trop.

    Tenter de sauver la démocratie avec des mots ne suffit plus, les français attendent des résultats toujours annoncés et jamais atteints. Les français sont malheureux, ils croyaient au changement et ont reçu une avalanche de mauvais coups.

    Essayez de tenir ce discours à des chômeurs, des «petits» retraités, à des « travailleurs pauvres » à des jeunes qui savent devoir travailler 43 ans et plus pour percevoir une retraite de misère alors que nos parlementaires se goinfrent sans la moindre vergogne … Honte à eux.

    Je regardais hier sur BFM notre ministre du budget technocrate goguenard très satisfait des décisions prises, tentant d’expliquer sans conviction que Hollande était mal aimé pour avoir le courage de faire des réformes. Faux, Hollande ne fait pas les réformes par courage mais que parce qu’il y est contraint de toutes parts. Il peut dire ce qu’il veut, le Peuple de gauche est fatigué d’attendre le changement. Trop tard, ses électeurs sont dans la rue, il l’a cherché.

    Reste Mélenchon ou Marine

    Personnellement ce sera Mélenchon car je pense comme lui : Tous dehors ! même si quelques dégâts collatéraux sont inévitables pour ceux qui se sont comportés en vrais démocrates ce qui est votre cas.

    Et si d’aventure on me demandait au deuxième tour de rejoindre le «front républicain» je refuserai par souvenir de ma honte de 2002 …

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