Partout le bol d'air quotidien nous pompe la santé !

« Je vais prendre un bol d’air frais! » voici une déclaration que l’on sait ne pas pouvoir faire partout ! En quelques semaines les pics de pollution ont occupé le devant de l’actualité et le grand public a découvert que lentement mais sûrement il serait asphyxié par des émanations considérables produites par… les autres, c’est à dire toutes celles et tous ceux qui se plaignent en expliquant qu’ils ne peuvent pas faire autrement. Toutes les tentatives faites pour changer la donne en matière de déplacement, de combustion, de rejets industriels ne concernent en France que fort peu de gens.

Depuis une bonne douzaine d’années les défenseurs des mobilités actives passent pour de doux dingues et tous les gouvernements successifs ont éludé leurs propositions au nom de difficultés de financement sans commune mesure avec les dégâts de la pollution. Or le temps presse car un changement de mentalités, d’une nouvelle donne sociale, des valeurs nouvelles peuvent prendre des décennies. Il sera donc trop tard et encore une fois on gérera l’urgence comme l’on vient de le faire avec des mesures sans effets car purement circonstancielles. S’attaquer au quotidien, donner des incitations fortes (l’écotaxe en était une pour les transporteurs routiers de transit) et plus encore oser interdire ce qui ne correspond pas à une vision d’avenir de la planète relève du mythe : l’économie et les économies strictement financières prennent désormais le pas sur l’intérêt des Hommes ! On va de sacrifice en sacrifice pour la santé mais avec le sentiment que le but de toute vie est de mourir riche ou du moins plus riche que son voisin ! Une attitude absurde mais qui est ancrée profondément dans une société française de plus en plus égoïste, peu solidaire et manquant d’éducation civique.

Alors on se contente d’incantations. Limiter à 2°C la hausse du thermomètre mondial par rapport à l’ère pré-industrielle est un défi encore possible à relever, ont affirmé dimanche 13 avril les experts, mais cela exige une réduction, d’ici à 2050, de 40 à 70% des émissions de gaz à effet de serre, qui ne cessent de croître. Sans changement majeur et rapide dans le « mix » énergétique mondial très dépendant du charbon et du pétrole – gros émetteurs de gaz à effet de serre (GES) – le thermomètre mondial aura subi une hausse de 3,7 à 4,8°C à l’horizon 2100 et on vient de « découvrir » que ce sera extrêmement difficile et surtout extrêmement coûteux. Or il n’y a pas que l’air extérieur qui est dangereux (particules fines notamment), celui que l’on respire chez nous aussi.

La pollution de l’air intérieur a aussi un impact sur la santé et représente coût global pour la collectivité : environ 19 milliards d’euros par an, estime une étude de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) Décès prématurés, remboursement des soins, pertes de production… On trop tendance à l’oublier mais les particules et autres polluants atmosphériques ne sont pas seulement nocifs dans la rue. Cette étude, la première du genre sur l’air intérieur, s’est limitée aux conséquences sanitaires et économiques de six polluants, les mieux étudiés : benzène, radon, trichloréthylène, monoxyde de carbone, particules et fumée de tabac. Ces derniers peuvent être associés à des maladies respiratoires, des cancers du poumon ou encore des leucémies.

Au total, l’Anses évalue à près de 20 000 par an le nombre de décès prématurés provoqués par ces six polluants. La pollution intérieure à par conséquent un coût, estimé à 19,5 milliards d’euros. Il a été établi en additionnant le coût estimé des vies humaines perdues, celui de la dégradation de la qualité de vie liée aux traitements, les pertes de production pour l’économie mais aussi le coût pour les finances publiques. Cette étude exploratoire, dès lors qu’elle aura été approfondie, pourrait permettre de comparer le coût socio-économique de l’exposition à des polluants de l’air intérieur avec celui d’autres situations à risque pour la santé telles que la consommation de produits du tabac, d’alcool ou les accidents de la circulation. Pour affiner la facture, l’Anses juge aussi nécessaire de prendre en compte d’autres polluants également présents dans les environnements intérieurs comme le formaldéhyde (colles, vernis, revêtements, etc.) et les moisissures. Bref il vaut mieux ne pas garder les enfants toujours à l’intérieur mais les inciter à sortir est très dangereux surtout quand on prend son automobile puisque le lieu de vie le plus pollué reste l’habitacle !

Le fameux bol d’air ressemble chaque jour un peu plus à celui que Socrate dut absorber pour avoir eu raison avant les autres ! Les effets sont encore moins rapides mais ils conduisent à la même issue.

Cette publication a un commentaire

  1. J.J.

    J.M. dit : « On va de sacrifice en sacrifice pour la santé mais avec le sentiment que le but de toute vie est de mourir riche ou du moins plus riche que son voisin ! »

    Et surtout, avant de mourir, n’oubliez pas de fixer à votre poignet votre Rollex….

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