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Pas de classe le mercredi mais le samedi !

Dans plusieurs communes de France des manifestations ont eu lieu contre l’école le mercredi matin. Il parait que, devant celle de Penne-Mirabeau (13) les journalistes ont vu une fillette brandir une pancarte résumant parfaitement le niveau de la contestation : « Le mercredi je veux dormir »,. Installée sur les épaules de son père, elle aurait entonné un refrain appris par cœur : « Non, non, pas d’école le mercredi! » que lui avait appris maman. Elle manifestait devant les portes cadenassées de l’école de la république. « On n’est pas contre une réforme mais pas celle-là », explique une mère membre de la… FCPE. « Faire lever les enfants cinq jours par semaine, je n’en vois pas l’intérêt ». On a un résumé parfait de la vision actuelle qu’ont les parents de l’école : un servic social adapté à leur rythme de vie.
En fait je vais peut-être surprendre en affirmant que moi-aussi je suis contre cette réforme…telle qu’elle a été imposée par les familles au Ministre. Dans les faits il n’y a même pas eu de discussion autour du projet Peillon car il y avait une pancarte que brandissaient les parents sous le nez des élus locaux à quelques semaines de élections municipales : « nous voulons dormir le samedi matin  ». Alors je regrette fortement que le Ministre n’ait pas eu la force de conviction de proposer un projet audacieux, cohérent et surtout pouvant mettre fin à bien des polémiques ayant émaillé ces dernières semaines.
La priorité à l’école c’est forcément mécontenter bien du monde, c’est forcément refonder une autre finalité à l’école et revenir sur ce consumérisme éducatif qui pourrit tout !
Durant des décennies les enfants ont fréquenté l’école cinq jours complets par semaine et la France n’a eu rien à redire de ce fonctionnement coupé par le jeudi de repos. Si l’on admet que cinq demi-journées sont indispensables pour assurer un enseignement efficace et profitable au plus grand nombre il reste à régler simplement le positionnement de 3 heures hebdomadaires dans l’emploi du temps des enseignants. Et là tout a été fait à contre sens!
De très nombreux pédagogues et pédopsychiatres ont été ignorés par l’opinion dominante alors que pour eux la meilleure solution était celle du samedi matin. Mais… on aurait vu fleurir les pancartes parentales : « laissez nous dormir car nous nous levons déjà 5 jours par semaine pour aller travailler ». Ce slogan s’adresse aux adultes ayant tous deux un boulot de 35 heures répartis sur 5 jours. En fait plus de 30 % des salariés ou des fonctionnaires de services publics ne restent pas chez eux tous les samedis mais eux ne comptent pas.
On a ensuite argumenté sur le fait que les familles partaient souvent en week-end et que la classe le samedi matin les empêcheraient d’aller à la campagne, à la mer ou au ski. Tant mieux pour elles mais c’est vraiment avoir une vision idyllique de cette société quand toutes les études prouvent que le samedi matin reste le moment de la semaine où les enfants passent le plus de temps… devant les dessins animés débiles de cette télévision hypnotique et que 85 % d’entre eux ne savent pas ce que veut dire partir en week-end. C’est une classe sociale capable de prendre la parole, dotée d’un confort de vie supérieur à la moyenne, soucieuse de préserver son confort d’adultes qui a confisqué le vrai débat et l’a détourné de son but.
Il était par contre possible avec la classe le samedi matin de mettre en place de vrais projets liant l’école et les familles. Ainsi tous les médias ruissellent ces jours-ci de l’antagonisme entre parents et enseignants qui ne cesserait de grandir et on va imaginer encore une fois des usines à gaz pour pallier ces faits. Il était pourtant possible de banaliser un samedi matin sans élèves pour ouvrir l’école sur le monde réel. On pouvait proposer qu’un samedi par mois soit réservé spécifiquement aux initiatives dirigées vers les familles définies avec le conseil d’école. Les réunions parents-enseignants souvent calées le soir trouvaient leur place ce jour là. Les conseils d’école aussi et les rencontres des équipes éducatives aussi. On reconnaissait ainsi officiellement le travail nécessaire des enseignants hors temps scolaire. Les rendez-vous avec les parents, ce matin là auraient été repérés sur le calendrier annuel chaque demi-trimestre. Les associations de parents d’élèves auraient pu monter des activités formatrices et pourquoi ne pas es imaginer faites par les enseignants aussi. Il y aurait eu ces semaines là 4 jours de classes et toujours le mercredi libre. Seulement pour parvenir à un accord sur ce thème on devait vaincre la facilité, l’hostilité générale et l’égoïsme des adultes ne travaillant pas le samedi.
L’argument de la fatigue ne tient pas du tout. Les enfants dorment de moins en moins en raison du temps passé face à tous les types d’écrans dans les foyers aisés et devant la télévision chez les autres. En fait il faudrait dans chaque famille vérifier qu’au minimum dans une semaine leur progéniture de moins de 9 ans dort au minimum 60 à 70 heures par semaine alors que l’on est descendu à près de 50…voire moins. Ce n’est pas le mercredi qui fatigue mais le rythme de vie familial souvent contraint il est vrai par les horaires du boulot et du trajet domicile-travail
Le constat est unanime pour les enseignants de maternelle objectifs ou ceux de l’école élémentaire  qui savent le rester: le matin où les enfants sont le plus endormis et fatigués c’est le… lundi  car les adultes leur ont imposé un rythme de vie encore plus exigeant que le reste de la semaine (samedi soir et dimanche soir en particulier).
Par ailleurs il n’y aurait pas eu de frais de restaurant scolaire supplémentaire. Pas de gâchis associatif avec une concentration des activités le mercredi après-midi. Pas de surpopulation des centres de loisirs le mercredi après-midi. Pas de modification des emplois du temps des personnels municipaux. Et surtout une véritable prise en compte de ce que tout le monde brandit sur des pancartes à l’encre invisible  : l’intérêt de enfants ! « je veux dormir le mercredi matin ! ». Pauvre France que celle qui renvoie son système éducatif à des heures de sommeil supplémentaire et cadenasse les esprits !

Cet article a 14 commentaires

  1. Claude MEFIANT

    Comme tu le sais, nous avons vécu cette semaine avec cours le samedi matin et un samedi libéré par mois. C’était trop bien, alors on nous a collé pendant 20 ans la semaine de 4 jours et on vient de s’apercevoir que c’était nocif pour les enfants. Il était temps ! Quand au nouveaux rythmes je n’ai vu nulle part un projet d’évaluation du niveau des enfants qui va surement s’envoler. Bref comme d’habitude nos chers énarques se foutent de nos enfants et de nous.

  2. J.J.

    Problème insoluble : impossible de contenter tout le monde.
    Lorsque l’on a voulu passer du samedi au mercredi matin dans les années 70, un grand référendum avait été organisé par la municipalité.
    Bizarre, à l’époque, la semaine scolaire comptait 4 jours 1/2 et personne ne manifestait.
    Toutes les personnes impliquées dans l’affaire avaient voté : enseignants, personnels de service, parents d’élèves et élèves : belle occasion d’organiser une leçon d’instruction civique, fierté et émotion des enfants déposant leur bulletin de vote et entendant le traditionnel « A voté ! »

    Grosse majorité pour le transfert au mercredi, pour des raisons tout à fait légitimes dans le contexte local.
    Mais nous avons eu à compter avec un mouvement des commerçants qui auraient voulu qu’on libère le lundi, car c’est leur jour de repos !
    Ensuite il a fallu se défendre (victorieusement) au tribunal administratif à propos d’une plainte de l’évêque qui estimait lésée la sainte église, ce système privant paraît il les enfants de leur jour de catéchisme !
    Toujours jamais contents.

  3. J.J.

    « Bref comme d’habitude nos chers énarques se foutent de nos enfants et de nous. »

    Lorsque j’étais en classe de philo, il y a très longtemps, les ennemis absolus de notre professeur étaient les « technocrates». Il nous prévoyait, avec leur influence grandissante, un avenir dont les lendemains ne chanteraient pas très juste.

  4. Stéphanie de Vos

    ET LES ENFANTS DE PARENTS DIVORCES ILS FONT COMMENT ENCORE UNE BELLE CONNERIE DE NOTRE CHER GOUVERNEMENT DE MERDE.

  5. Denis Chandon

    Plus serieusement toi qui aime tant le sport tu oublies tout ce que nous mettons en place le samedi. ET le mercredi! Tout les enfants ne restent pas devant les dessins animés mais font des activités physiques.

  6. Anne Fagour

    le samedi matin un bonheur d’aller en classe les matins préférés de mon mari enseignant il y a des années et tant mieux s’ils reviennent ces samedis matins

  7. Gérald Goutanier

    Ta chronique me fait chaud au cœur, tellement les semaines passées furent pénible pour mettre en place ces rythmes scolaire, et bien sur du rythme des enfants il ne fut pas tenus compte, merci JM

  8. François

    Bonjour !
    Et pendant que nous palabrons consciencieusement pour élaborer des solutions à un problème dont nous voulons ignorer la finalité cachée, les nantis de l’Académie attribuent des postes avec obligation d’acquiescer à des professeurs titulaires …QUI NE LES ONT JAMAIS DEMANDES entraînant un risque majeur de drame humain.
    Qu’elle est belle cette corporation, qui a ( paraît-il ) la vocation d’élever le savoir de nos chères têtes blondes. Point n’est nécessaire de gaspiller des analyses ADN pour constater que, là aussi, il y a des cons doublés de criminels potentiels.
    A bon entendeur, salut.
    Cordialement.

  9. Marie-Paule Baldovino

    Personnellement, j’ai souffert des…6 jours au lycée (croissance/kiné, bus très tôt..). Je n’en suis pas morte certes, mais j’ai bien souvent rêvé d’une semaine raccourcie. Je ne sais pas qui a eu l’idée de la semaine à 4 jours en primaire, mais ça se passait très bien pour mes enfants et leurs camarades. Après leur journée de classe, accueil péri-scolaire avec activités sportives, ils avaient encore des forces pour aller au foot, au tennis ou autre, en plus des sessions du mercredi et du samedi , et faire leurs devoirs! si j’en juge par le bon niveau de la classe qui vient de quitter le CM2 de Cénac pour entrer au collège (ils écrivent très bien en Français, si ! si !), en effet, je ne vois pas le pourquoi de cette réforme, pour ce que j’ai pu observer. Evidemment, dans des zones défavorisées, il en va autrement.Les parents des enfants que je cite sont comme moi, intransigeants sur la télé, les jeux, l’heure du coucher, faisant passer l’intérêt des enfants avant l’envie de sortir ou de faire une soirée…Hormis ceux qui ont des horaires de fous, des trajets longs, qui élèvent seuls leurs enfants et se débrouillent tant bien que mal, le problème vient bien de l’éducation que les parents actuels donnent à leur progéniture, le défaut d’autorité, d’apprentissage du civisme, des bonnes manières, de discipline…

  10. Marc Démaison

    L’école le samedi matin avait du bon. Tous les anciens instits le disent. Cela permettait de rencontrer les parents moins stressés que les jours où ils travaillent. De plus, que ce soit le jeudi ou le mercredi, une journée entière de repos était plutôt bonne pour les enfants comme de réduire la rupture du week end à un jour et demi. Mais ça c’était avant…

    La famille a évolué depuis, famille recomposée, garde alternée, etc. Les enseignants veulent avoir un week end entier comme les autres travailleurs… peut-on en vouloir à la société ?

    Par contre une semaine de 5 jours consécutifs avec des après-midis allégées, cela aurait du bon. 3 heures de cours sur les fondamentaux tous les matins du lundi au vendredi. Une pause repas d’au moins deux heures pour que les enfants exultent. Puis deux heures de travaux d’applications et d’initiation à d’autres activités pour finir à 16 heures, je pense que cela respecterait bien mieux les rythmes chronobiologiques de l’enfant. Et après, la bulle ! Pas la peine de faire ch… les communes avec des tapes…

  11. lacoste

    4 jours ou 4jours1/2, ce n’est pas le problème ; les experts se partagent équitablement sur la méthode à appliquer.
    Mais dans l’application de cette réforme, tous les problèmes ont été pris en compte (bien-être des parents, tourisme, chômage…) sauf peut-être les enfants et leurs apprentissages.
    LES TAP :
    Jadis ce que l’on appelle les « TAP » étaient dispensés par….le MAITRE ou la MAITRESSE. Aujourd’hui pour ces « TAP », combien de contrat ont été signé.(si cela ne fait pas baisser le chômage, cela limite bien la casse!). Le fait que les enfants, dès le plus jeune âge, soient ballotés entre divers interlocuteurs durant la journée, rien à faire. alors que même au collège, beaucoup d’enfants ne sont pas assez matures pour suivre et ils décrochent.
    Quand aux « TAP » qui sont dispensés par des bénévoles, je croyais que la jeunesse et l’éducation étaient des priorités de ce quinquennat ! Je vais me méfier quand la priorité dans le futur sera de fermer des centrales nucléaires.
    Le TEMPS « Scolaire » :
    alors là, c’est du grand n’importe quoi pas 2 écoles qui aient les même horaires. Bientôt, il va falloir faire pointer les enfants pour savoir si ils ont fait leurs 3h42min de temps scolaire et leur 1h37 de TAP dans la journée. Cela me rappelle 2 autres réformes : une où pour travailler « 35h », les gens avait 52min30s de pause déjeuner au lieu d’1heure et une autre où pour une journée de cotisation « canicule », on pouvait travailler 3min12 de plus par jour.(des fois, on a vraiment le chic pour faire des usines à gaz !).
    Les Enseignants :
    Quel beau métier où le ministère vous aide à mieux faire votre métier.
    Maintenant, un enseignant a tellement de contraintes d’horaire et de programme qu’il ne peux même pas adapter les activités des élèves en fonction de leur niveau d’attention ni dans journée ni dans la semaine. Il n’est là que pour leur donner des cours sur les fondamentaux du lundi au vendredi.
    Les Enfants :
    Enfin pour terminer, j’aimerai bien savoir qui est responsable de mes enfants quand je les dépose à l’école le matin. Le directeur de l’école, le maire,le personnel encadrant les « TAP » ou le ministre qui a imaginé cette reforme en toute bonne foi (mais sans la mener à son terme).

    Voilà un panel de ce qui a été fait dans cette réforme, pour le bien de nos enfants et pour leur assurer un avenir meilleur !

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