Préparez vos trous supplémentaires à le ceinture

La vie réelle a du mal à revenir dans les miroirs déformants de l’actualité. Elle n’a plus guère d’intérêt puisque nous restons encore dans le feuilleton télévisuel des assassinats toulousains et montalbanais. Les épisodes s’en suivent. Les « experts » causent et font causer. Peu savent vraiment répondre aux questions mais, par bribes, les gens attentifs apprennent que rien n’est aussi simple que le scénario officiel a bien voulu le montrer. Il existe des zones troubles que des détectives privés pourraient mettre en évidence si une véritable enquête avait lieu. La mise en examen d’un seul éventuel protagoniste d’une « affaire » suffit à la placer sous le secret de l’instruction et à empêcher, par exemple, qu’une commission parlementaire améliore la perception qui nous a été distillée de faits horribles, mais dont les « racines » sont moins évidentes au fil des jours.
De polémiques artificielles en polémiques superficielles, on se dirige vers l’élection présidentielle, sans qu’aucun des problèmes quotidiens de la très grande majorité des Françaises et des Français n’aient été traités. Ne pas parler du bilan constitue une règle d’or alors que, par exemple, Nicolas Sarkozy aura été le seul président de la République qui, malgré une trituration absolue des statistiques, aura laissé moins d’emplois qu’il y en avait dans le pays à son arrivée ! Un record parmi tant d’autres, qui devrait au moins autant interroger que le délai mis par une lettre allant de Toulouse à Paris avec un contenu morbide, annoncé par les plus hautes autorités de l’Etat, alors que la justice devrait être la seule à pouvoir s’en saisir !
En définitive, on passera au pilon quotidien de l’actualité des annonces sociales aussi préoccupantes que celle concernant le chômage. « Il faut 1,5 % de croissance, au moins, pour que l’économie commence à créer des emplois » explique dans La Croix un spécailiste. Une performance hors de portée pour les mois à venir, même dans l’hypothèse gouvernementale d’une croissance de 0,7 % cette année. L’OFCE, de son côté, prévoit plutôt 0,2 %, puis 0,7 % en 2013. D’après Éric Heyer, le chômage franchira les 10 % cette année pour atteindre 10,7 % en 2013 – sous réserve de la stratégie pour l’emploi menée après la présidentielle… dès le mois de juin, toutes les centaines de suppressions de postes en attente vont déferler avant les congés.
Récemment, je rencontrais les représentants de la Fédération régionale du Bâtiment et des Travaux venus demander au… Conseil Général quel volume de travaux était prévu en 2012. « Si vous n’investissez pas expliquaient leur Président nous pouvons atteindre, en Aquitaine, 1000 suppressions d’emplois dans les semaines qui viennent. » Ils attendaient qu’on les rassure sur le volume des chantiers ouverts par une collectivité territoriale, tant critiquée par le gouvernement, incapable en ce qui le concerne d’investir, tant il a englouti de milliards dans le fonctionnement des banques ou le secours à des secteurs industriels qui devaient pourtant être sauvés par la suppression de la taxe professionnelle.
« Faites nous remonter les difficultés que vous auriez avec les prêts bancaires car nous connaissons l’importance qu’ils prennent dans les décisions de donner les ordres de service ». Sauf que quelques jours plus tard, le Crédit agricole dans sa grande générosité débloquait pour le Conseil général qui a besoin d’environ 90 millions d’euros, la somme mirifique annuelle de… 5 millions ! Tout compris, à l’heure actuelle, ce ne sont même pas 15 millions d’emprunts qui sont réalisables, et encore avec des commissions se plaçant à un niveau quasiment usuraire ! La réalité c’est ça ! L’économie réelle, la seule qui pourrait encore nous sauver est exsangue, mais le temps n’est qu’aux faits divers !
C’est aussi l’Espagne qui donne des signes graves de faiblesse récurrente. D’ailleurs, le Matamore candidat-président évite soigneusement d’évoquer son sauvetage titanesque de l’Europe, uniquement dû à sa volonté politique ! Et pourtant, pendant que l’on se chamaille pour savoir si le tueur fanatisé des semaines antérieures avec été indic des services secrets français, les ministres des finances (mais où est donc passé Baroin ? Que pense Christine Lagarde de son bilan durant la crise ? ) clament leur besoin de financements supplémentaires, comme si une nouvelle catastrophe était prévisible ! La crise de la dette en zone euro n’est pas terminée, en dépit de l’accalmie constatée sur les marchés, prévient l’OCDE. L’organisation pour la coopération et le développement économique ajoute que le système bancaire européen dans son ensemble reste faible, que les niveaux de dette souveraine augmentent encore et que les objectifs budgétaires fixés sont loin d‘être atteints. La zone euro conclut le rapport de l’OCDE, a besoin de réformes économiques ambitieuses, car rien n’a été fait à ce jour, à part des rafistolages bancaires incertains. Le pire est donc à venir… Préparez des trous supplémentaires à vos ceintures !

Cet article a 5 commentaires

  1. Nadine Bompart

    Mon cher Jean-Marie, nous ne lisons pas les mêmes actualités!
    Sarko claironne partout que la crise est finie, grâce au couple Merkosy!!!
    Le voilà son bilan: sans moi et ma copine vous seriez dans la m…., comme les Grecs, alors que je vous ai sauvé… Sachez vous en souvenir braves gens!
    Le reste ? Bah, quelle importance! Maintenant nous allons pouvoir remonter la pente, si vous me confiez un autre mandat bien sûr….
    Et comme ses potes de l’Europe veulent qu’il reste, ils vont tout faire pour que rien ne nous explose au visage dans les deux prochains mois…. CQFD!

  2. J.J.

    Quelle heureuse coïncidence que l’arrivée inopinée des sanglants feuilletons toulousains et montalbanais !

    Et cette affaire Strauss- Kahn qui est réactivée en France, juste au moment du procès étasunien !

    Quelle heureuse coïncidence également pour faire jaser dans les chaumières, pour permettre de montrer le futile et cacher l’essentiel !

  3. BD

    Et pourquoi ne pas parler des sommes phénoménales qui sont en ce moment englouties pour cette campagne électorale?
    Tiens c’est bizarre! plus question des restrictions!
    Ah si, nous avons pu constater que les candidats font très attention à leur ligne, et qu’ils ont même maigri: auraient-ils déjà fait un cran de plus à leur ceinture, par anticipation ou par exemplarité?

  4. Bonjour,
    la catastrophe bancaire DEXIA, dont personne ne connaît le véritable passif, mais dont les experts estime que les pertes dépasseront de beaucoup celles de feu le Crédit Lyonnais va plomber les comptes de la France. Le montage financier, en fait le dépeçage, pour cacher la faillite engage la caisse des dépôts et la banque postale avec siphonnage de l’épargne des livrets A. Cette solution est remis en cause par la direction européenne de la concurrence. Celle-ci, se souvient des engagements pris en 2009. A l’époque, elle avait été très critique sur le premier plan de sauvetage présenté par les Etats belge et français. Ceux-ci lui avaient assuré qu’il permettrait à la banque de se sauver. Deux ans plus tard, elle retrouve le même dossier, dans un état encore plus dégradé que la première fois. Même découpée en rondelles la dette de Dexia se chiffre (au mieux!) en une centaine de milliards d’€ que les états Français, Belges et Luxembourgeois devront honorer.
    Dexia ex Crédit local de France responsable de 70 milliards de prêts toxiques à nos collectivités locales. Dexia qui disparait et laisse les collectivités locales avec des difficultés énormes de refinancements ou à des taux usuraires… Au résultat de tout ceci des entreprises de BTP, vivant pour l’essentiel des travaux concédés par les collectivités locales, vont faire faillite à leur tour … Avec le cortège de chômeurs qui suit les cercueils.
    Des trous dans la ceinture, je crains que cette dernière se brise nous laissant cette fois le  » cul à l’air ».
    bonne journée

  5. « mais dont les experts estimeNT… » « Cette solution est remisE en cause » . Je corrige, sinon cent fois la règle à copier ;-).

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