Profitez de l'été, d'autres en profitent aussi !

La question essentielle de l’été n’est pas résolue : si les ministres sont partis se ressourcer pour être d’attaque après le 15 août, on s’interroge sur les vacances des… banquiers. Pas les employés des agences dont on sait que, comme les autres, ils affrontent la crise, mais les décideurs des sièges sociaux qui jouent avec les fonds des autres. Le monde du profit virtuel, des assassinats des peuples, des truqueurs de bilan prend il le temps de méditer sur le bilan de son action ? En cette période, peu de personnes suivent les évolutions des cours de la bourse, avec l’espoir qu’en juillet et août la torpeur climatique endormira les places financières !

Les luttes pour l’or et l’argent olympiques renforcent ce sentiment que tout est oublié ou atténué. La planète vit sur des illusions puisque tout concourt à masquer la principale ennemie de l’été : la réalité ! On n’aime surtout pas que les soucis accompagnent le farniente acheté souvent au prix de sacrifices financiers douloureux. Il en va sûrement de même pour les hauts dirigeants des banques de la planète qui ont dû se saigner aux quatre veines pour sortir le yacht, ouvrir la villa sur un cap célèbre ou pour plonger dans un lagon aux eaux turquoises. Inexorablement, l’Europe s’enlise dans la récession car les retraités allemands ne veulent surtout pas que leur pays participe à la solidarité inévitable pour sauver ce qui peut l’être encore ! On coule dans l’indifférence estivale : un vrai bonheur pour les « profiteurs » bien qu’il aient encaissé une sérieuse défaite.

C’est la commune de Saint-Etienne qui est en effet en passe de révolutionner le petit monde du prêt aux collectivités. Contestant la validité du contrat (dont les taux sont montés jusqu’à 16,5%) qui lui a été vendu, à la belle époque des prêts toxiques, par Royal Bank of Scotland (RBS), la collectivité estime ne pas avoir à rembourser ses échéances. Le 24 novembre 2011, un premier juge avait débouté la banque, qualifiant le contrat de produit spéculatif à haut risque, ce qui est interdit pour les collectivités. La cour d’appel de Paris a confirmé le premier jugement. Le juge a en outre estimé que, le contrat étant clairement illégal, il n’avait pas à être exécuté ! Au passage, le juge a fortement tancé les prêteurs, affirmant que ceux-ci avaient détourné la procédure pour ne pas avoir à reconnaître les doutes sérieux qui pèsent sur le contrat. Une première et sérieuse alerte pour ces spéculateurs ayant mis sur le marché des produits pour le moins dangereux, mais… validés par les instances d’alors ! Il est certain que si les États avaient la même hargne à l’égard de ceux qui les ont enfoncés et qui ne cessent de le faire, les rapports de forces seraient différents.

Le fric reste cependant la préoccupation essentielle de la majorité des vacanciers et le retour au guichet de la banque sera forcément difficile. Les découverts vont devenir obsédants dans de très nombreuses familles, d’autant que les factures vont vite tomber. Celle de l’eau, celle de l’énergie sont ou seront très vite dans les boites aux lettres avec quelques missives de licenciements… économiques. Le climat va vite changer et tourner à l’orage ! Refuser de l’envisager, c’est se mettre la tête dans le sable sur la plage des illusions ! La récession menace selon les spécialistes, mais ce mot n’appartient pas au langage branché des vacances, alors on va laisser passer la semaine du 15 août pour l’utiliser ! Pour l’instant, l’actualité tourne autour du nombre de médailles, avec une personne très angoissée, la Ministre des sports qui voit le montant des primes augmenter, quand le budget ne prévoit pas des crédits suffisants ! Là c’est l’inflation qui menace. On verra si les banquiers acceptent de prêter à un taux convenable pour boucher les déficits inévitables. Tous les pays touristiques s’affolent devant la faiblesse des fréquentations et des dépenses. L’Italie se révolte contre le joug allemand et l’Espagne attend que Bruxelles envoie une bouée de sauvetage de 100 milliards . En Grèce, le soleil ne fait pas oublier le déluge de mesures drastiques qui va s’abattre sur le pays dans les prochaines semaines. En fait, l’Europe ressemble à ces montages de dominos où chaque pièce qui tombe entraîne l’autre dans sa chute malgré des calages ou des distances artificiellement augmentées. L’été sert uniquement de somnifère temporaire.

Cet article a 5 commentaires

  1. Christian Coulais

    « En cette période, peu de personnes suivent les évolutions des cours de la bourse, avec l’espoir qu’en juillet et août la torpeur climatique endormira les places financières ! »
    A lire certains médias, les spéculateurs ne sont pas en vacance(s), il parait qu’ils acquièrent des (vrais) châteaux en Espagne, entre autres, l’immobilier ferait un bond en avant !
    Proverbe du jour :
    Quant le bonheur du plus grand nombre s’effrite,
    c’est des points de croissance pour l’élite !

  2. Nadine Bompart

    Très beau proverbe Christian!!!
    Et bravo à St Etienne! Que toutes les villes de France leur emboîte le pas!!!
    Quand à l’Etat, je ne vois malheureusement pas des Sociaux-Démocrates faire de même…….
    Et c’est bien là le problème, notre problème, aujourd’hui où à la rentrée, c’est le manque de courage politique de nos dirigeants!
    À moins que cette main-mise de la finance sur l’État ne fasse partie de leurs convictions profondes….

  3. Marius

    « Les factures vont vite tomber. Celle de l’eau, celle de l’énergie sont ou seront très vite dans les boites aux lettres avec quelques missives de licenciements… » Sans oublier la taxe d’habitation, le troisième tiers et pour d’autres la taxe foncière. Le lot classique des échéances du 3éme trimestre.
    La rentrée va être saignante. Bien au delà des prévisions attendues. Après le lot des licenciements (phase de salubrité économique pour de nombreuses entreprises) je vous annonce l’encombrement des Tribunaux de Commerces sur les dossiers de demandes de redressement économique en raison de l’absence de flux de trésorerie .

  4. Michel d'Auvergne

    On y vient…

  5. facon

    Hollande vient de fêter le cap symbolique des 100 premiers jours de son élection et j’attends encore les vraies mesures du changement. Montebourg a beau s’exciter dans son ministère symbolique aucune mesure phare n’a été décidée. L’exemple Peugeot est emblématique de ce système où les banksters dirigent le monde. L’industrie automobile française est au plus mal et, sauf production délocalisée, condamnée à solliciter de plus en plus souvent l’Etat lui-même devenu exsangue.

    Si la croissance ne se décrète pas le changement lui, demeure virtuellement possible, à une condition incontournable, celle pour les dirigeants de disposer d’options. Or nous n’avons plus de marges de manœuvre, sauf à inventer des impôts nouveaux tuant radicalement le malade.

    Il faut réduire drastiquement le train de vie de l’Etat, combattre les excès, les tricheries, les abus de la «main tendue», en un mot inventer une gestion efficiente. Ecoutez les tricheurs qui ne se cachent même plus pour expliquer leurs combines. Hier encore j’écoutais effaré un homme de 45 ans expliquer à la terrasse d’un café être «débordé» par le travail au noir alors qu’il était reconnu depuis 10 ans invalide ! Et en plus du travail clandestin physiquement difficile. Il ne pourrait donc plus conduire un camion mais utiliser «son» tracto pour faire des assainissements furtifs ou faire fonctionner sa bétonnière ?

    Ras le bol comme français, raz le bol comme contribuable.

    Quand va-t-on mettre de l’ordre dans ce pays ? Il faut attendre l’arrivée de Marine ?

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