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Quand l'OCDE fait battre en retraite les préjugés

Entre les tripatouillages ds listes pour les Européennes et la vision qu’a la très grande majorité des électrices et des électeurs du fonctionnement européen il faut s’attendre à une catastrophe citoyenne lors du renouvellement du parlement. Mieux, le vieux continent risque de s’enliser dans une crise durable et politiquement très angoissante. La faute en sera imputée en France au parti socialiste et ailleurs à tous les partis au pouvoir. Ils vont tous payer la note du principe voulant que la faute incombe toujours à celui qui gère et jamais à celui qui a géré… Le syndrome de la mémoire courte va à nouveau frapper ! Comment en serait-il autrement quand chaque jour arrivent des diktats directs ou indirects de Bruxelles?

Le « nationalisme » rampant va reprendre des couleurs face à ces intrusions constantes de la technocratie européenne dans les décisions de chaque pays. Une tutelle réelle qui commence à peser sur les appréciations que portent les Françaises et les Français sur leur gouvernement. La très influente Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) au moment même où le gouvernement fait adopter sa réforme s’offre en effet le luxe de critiquer le système français. Le projet très discuté (et c’est normal!) a été examiné et adopté avec 21 voix de plus qu’en première lecture en vote bloqué à l’Assemblée nationale et il prévoit entre autres d’allonger la durée de cotisation de 41,5 à 43 ans entre 2020 et 2030. Et pour l’OCDE c’est très largement insuffisant !

« Il faut aller beaucoup plus loin sur l’âge de la retraite et rapprocher l’âge effectif de départ de la borne des 65 ans », a commenté Monika Queisser, responsable des politiques sociales à l’OCDE. En revanche, prolonger l’allongement de la durée de cotisation, entamé lors de la réforme Fillon de 2003, à partir seulement de 2020 n’est pas forcément un mauvais point pour la spécialiste. « Certes, la France pourrait aller plus vite, dit-elle, mais cela ne servirait à pas grand-chose si le marché du travail ne suit pas et que les seniors se retrouvent au chômage plutôt qu’à la retraite.» explique cet organisme qui n’a jamais trouvé une réforme suffisante. La France prend, selon lui, trop son temps pour suivre les « deux tendances » observées par l’OCDE dans les pays développés en matière de retraites. À savoir le report de l’âge de départ à la retraite, qui « atteindra au minimum 67 ans dans les pays de l’OCDE à l’horizon 2050 », afin d’améliorer les finances des caisses de retraite. On en arrive à ce qu’une réforme critiquée par la Droite pour son manque de mesures coercitives et par une partie de la Gauche pour son caractère trop drastique ne satisfasse finalement personne ! L’Europe apparaît comme maximaliste et surtout obsédée par une uniformisation par le bas des dispositions sociales ! Personne ne le tolérera et des millions de Françaises et de Français voteront contre cette voisin européenne. La diffusion de ce type de jugement supranational conforte un sentiment négatif permanent contre Bruxelles !

Le système des retraites hexagonal n’est pourtant pas plus menacé par le vieillissement de la population que ceux des autres pays de l’OCDE. Certains États, relève l’organisation, ont redoublé de prudence en mettant en place des règles d’or qui se révèlent inutiles mais qui font plaisir aux technocrates. Ces dernières visent à rééquilibrer automatiquement les finances des retraites en cas de dérapage, comme en Allemagne. On en oublie les conséquences. C’est en France que la proportion de retraités pauvres (vivant sous le seuil de pauvreté, correspondant à la moitié du revenu médian) est la plus faible, avec les Pays-Bas. Seuls 5% des retraités français se trouvent sous le seuil de pauvreté. En Allemagne, cette proportion est deux fois plus élevée, dépassant les 10%. Qui en parlent ? Qui en a conscience lorsqu’il critique la réforme actuelle ! Or la situation risque de s’aggraver encore Outre-Rhin, dans les années à venir.

En effet, selon l’OCDE, une fois les réformes déjà votées entrées en vigueur, le taux de remplacement, c’est-à-dire le niveau de la pension en proportion du dernier salaire, sera particulièrement faible en Allemagne. Il sera proche de 55% – en passant à la retraite, les salariés perdront donc 45% de revenu- pour les bas salaires, soit un des niveaux les plus faibles des pays industriels. Seul le Japon affichera un niveau encore inférieur. La moyenne de l’OCDE sera de 81,7% pour ces bas salaires, la France se situant juste en dessous.

Toutefois, les pays développés se sont concentrés à protéger les plus pauvres des retraités des baisses de pension – sauf en Suède – et ont demandé les efforts les plus grands aux plus aisés. Le gouvernement Ayrault a, pour le coup, suivi la même stratégie dans le cadre de sa réforme. D’ailleurs, la réduction du taux de pauvreté a été un des succès des systèmes de retraites de ces dernières années. Il s’élevait à 12,8% en 2010, contre 15,1% en 2007. Et ce, «malgré la grande dépression», insiste l’OCDE. Les nouveaux pauvres ne sont plus les seniors, explique l’institution, mais les jeunes… mais les retraités eux vont voter massivement contre le gouvernement qui les a malgré tout protégé ! Le seul problème c’est qu’ils n’en ont pas l’impression puisque l’OCDE les persuade du contraire !

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