Redonner confiance aux élus locaux : c'est le changement !

Demain, André Laignel, secrétaire général de l’Association des Maires de France sera, à mon invitation, en Entre Deux Mers, dans une circonscription législative. C’est évidemment l’occasion de planter le décor, avec celui qui préside l’observatoire des finances locales, des grands sujets préoccupant les élus locaux. Avec plus de 160 communes, 9 cantons et une douzaine de communautés de communes, ce territoire dont seulement 2 villes dépassent 4 300 habitants, attend du gouvernement un vrai changement. Il est comme beaucoup d’autres, meurtri par deux réformes hâtives dans leur mise en place, inutiles pour les habitants, dévastatrices pour la confiance, mais qui furent âprement vantées par les hommes liges du sarkozysme. Les blessures sont nombreuses, et André Laignel devra redonner espoir à des élus locaux, coincés entre les besoins croissants de toutes les générations et un carcan financier implacable. Ils attendent tous une marque de confiance, eux qui font de la proximité le principal atout de la République. Le renouvellement de ce vivier extraordinaire, largement bénévole, est fortement compromis, si on ne lui fournit pas des outils nouveaux lui permettant d’exercer la « libre gestion » de la collectivité dont il assume la responsabilité.

Contrairement à son prédécesseur qui a, sans cesse, stigmatisé les corps intermédiaires suspectés de lui résister, le Président de la République nouvellement élu, a planté un décor nouveau. « Je crois à la démocratie locale et j’entends la revivifier par un nouvel acte de décentralisation susceptible de donner des libertés nouvelles pour le développement de nos territoires ». Lors de son discours d’investiture à l’Élysée, le président François Hollande a rappelé son engagement d’accélérer le transfert des compétences de l’État vers les collectivités locales. C’est ce que les élus qui en auront le temps, et qui préfèrent les informations directes aux transmissions partisanes, distillées dans des réunions témoignant d’une amnésie totale, pourront apprendre de celui qui joue un rôle capital à l’AMF !

Après les lois Deferre de 1982 sous le gouvernement de Pierre Mauroy, puis en 2003 sous celui de Jean-Pierre Raffarin, il s’agira de l’acte III de la décentralisation, qui doit être présenté au Parlement à l’automne prochain dans la foulée des états généraux des territoires, mis en place par Jean-Pierre Bel. Déjà venu à Créon, à mon initiative, le Président du sénat compte sur des rencontres pour le changement, comme celles que nous organisons, pour faire avancer l’enjeu majeur des débats des prochains mois : le partage des compétences et leur clarification. Les Députés auront en la matière le dernier mot !

D’après le programme de François Hollande, cette nouvelle étape doit accorder aux collectivités locales plus de responsabilités, notamment en matière d’emploi, de formation et de mise en place de politiques européennes, comme la politique agricole commune. Si François Hollande a averti que l’état des finances publiques ne lui permettrait pas d’augmenter les dotations, il s’est engagé à les maintenir « à leur niveau actuel », alors que Nicolas Sarkozy entendait les réduire. Les élus UMP avaient approuvé cet affaiblissement caractérisé de la gestion locale et il est bien dommage que des maires, par pur intérêt politicien, soutiennent ces fossoyeurs du pouvoir décentralisé qui n’existe que s’il est accompagné des moyens de l’exercer. Le programme dont parlera André Laignel prévoit également une réforme de «la fiscalité locale» donnant « plus d’autonomie aux communes, aux départements et aux régions, en contrepartie d’une plus grande responsabilité ». C’est le fondement de la décentralisation et de ce regain de confiance dont ont tellement besoin les maires, conseillers généraux ou conseillers régionaux.

Ils ont été vilipendés, humiliés et même souvent méprisés par un pouvoir UMP s’appuyant sur les poncifs populistes consistant à dresser le Peuple contre ses représentants, au seul prétexte qu’ils gênaient l’exercice autocratique du pouvoir. Un signe fort sera donné, avec l’interdiction d’un mandat parlementaire avec un mandat exécutif…, comme l’a déjà fait Martine Faure, députée de la circonscription dans laquelle interviendra le Secrétaire général de l’AMF. Je partage totalement cette décision et j’espère que, malgré tous les remous qu’elle provoquera dans les rangs des Députés et des sénateurs, elle sera très vite mise en place. En fait, cette option claire nécessitera une majorité solide car elle se heurtera aux égoïsmes pouvant traverser toutes les composantes de la vie politique.

Une autre initiative sera certainement évoquée : la revalorisation et la simplification du référendum d’initiative locale comme j’avais tenté de la mettre en place lors de la réforme de la carte de l’intercommunalité, avant de me heurter à un « oukase » préfectoral, visant à éviter des dérapages… démocratiques !

André Laignel annoncera que la loi abrogera le conseiller territorial destiné à aller à contre sens de l’Histoire en lançant une « recentralisation » qui ne disait pas son nom. Ce poste, qui devait remplacer les conseillers généraux et régionaux, devait permettre de faire passer le nombre d’élus de 6000 à 3000 et donc de faciliter, pour l’UMP, la reprise en mains des territoires perdus par la loi des urnes ! Il faudra bien aussi évoquer le statut des élus afin de relancer, dans un contexte de crise sociale, et économique, la confiance dans l’autre. Je crains qu’il manque dans ces rendez-vous avec André Laignel ces élus « apolitiques » de… droite qui se fient à de « nobles » propos, essentiellement destinés à la défense de privilèges d’un autre temps ! J’espère en revanche que les élus citoyens ne manqueront pas le rendez-vous ouvert à tout le monde ! Le changement est bel et bien en marche !

(10 h 30) salle des Fêtes de Blasimon

(17 h) salle des Fêtes de Camarsac

Cet article a 4 commentaires

  1. J.J.

    Quel chantier que la reconstruction de notre pays dévasté par les Huns (ou leurs descendants) !
    La situation me rappelle tragiquement celle de la France après la libération.

    Il y a de quoi se décourager, mais il faut avoir confiance, si personne ne met pas exagérément de bâtons dans les roues du « char de l’état » …..

  2. Cubitus

    Si la décentralisation est une bonne chose, son corollaire, la déconcentration, l’est , à mon sens, nettement moins et il y a un point qui m’inquiète fortement. On sait très bien que nombre de communes rurales sont déjà dans des situations financièrement tendues, pour ne pas dire dans le rouge.

    Or des compétences supplémentaires induisent des dépenses supplémentaires. On l’a bien vu récemment avec les demandes de défraiement présentées par les mairies pour compenser la prise en charge de l’exploitation des dossiers de demandes de pièces d’identité ou avec le luxueux panneau lumineux (combien a t’il coûté et qui l’a payé ?) placé cours du Maréchal juin à proximité du Conseil Général, accusant l’État de ne pas honorer ses obligations financières en matière de décentralisation.
    .
    Transfert de nouvelles compétences sans augmentation des dotations, comment cela sera t’il financé : par l’impôt ? par l’emprunt ?
    D’une façon ou d’une autre, ce sera encore une fois le contribuable qui va mettre la main à la poche. Et nos impôts locaux, déjà assez lourds, qui vont encore augmenter ?
    Ou alors il y a quelque chose qui m’échappe..

  3. baillet gilles

    Je ne crois pas que l’UMP ait essayé de dresser les citoyens contre leurs représentants: c’est plutôt contre les élus socialistes et de gauche en général que l’opération de dénigrement a fonctionné. Elle s’est toujours appuyée sur ses notables locaux pour relayer sous couvert d’apolitisme, sa parole et sa politique.
    Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas se satisfaire du système de représentation actuel avec des élus qui se font réélire advitam éternam soit par compétence, souvent par clientélisme ou les deux à la fois. Ce qu’il fa

  4. baillet gilles

    Ce qu’il faut c’est la limitation des mandats en nombre (deux maximum) et en temps ( deux ça suffit bien)! D’autre part, la représentation de l’opposition doit être favorisée en changeant le mode de scrutin dans toutes les communes de France. Dans les démocratie avancées, les courants d’opinion doivent être représentés sans que cela ne gène une gestion locale: au contraire…

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