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Réforme territoriale : la raison finira par l'emporter

Les rumeurs les plus incontrôlées circulent autour des conséquences du remaniement gouvernemental sur la réforme territoriale engagée. Pour certains le fait que les radicaux de Gauche soient demeurés au sein de l’équipe bis repetita Manuel Vals et la présence du leader de la contestation au sein de l’Association des départements de France, Patrick Kaner permettent à certains exégètes d’envisager un modification en profondeur du projet de disparition programmée des conseils généraux. C’est peut-être prendre ses désirs pour des réalités et surtout prêter bien de l’importance aux personnes concernées qui peuvent fort bien sacrifier leurs convictions à un maroquin. Et pourtant les propos de Baylet du genre « retenez moi où je fais un malheur ! » et ceux du Président du conseil général du Nord lors de l’assemblée générale de l’ADF ne laissent peu de place à l’incertitude. Il faut cependant noter que Marylise Lebranchu et surtout André Vallini sont restés fidèles à leur poste et à leur mission. Alors encore une fois on assiste à l’art fameux de la synthèse débouchant sur la confusion qui résume la gouvernance présidentielle. La confirmation que l’on ne va plus aussi loin que prévu dans la destruction de l’entité départementale a été apporté par le Premier Ministre en personne. « Là où les intercommunalités ne peuvent représenter l’ensemble des collectivités, notamment dans les départements ruraux, les conseils départementaux doivent garder un rôle, même si leurs compétences seront simplifiées », a indiqué celui qui s’aperçoit qu’annoncer à la Sarkozy (suppression de la taxe professionnelle) une telle mesure n’a de sens que si on détermine quelles conséquences réelles elle entraîne. « Nous avons cinq ans pour imaginer l’avenir des départements. Il faut s’y atteler dès à présent », a dit le Premier ministre, rappelant que le texte qui sera examiné au Parlement cet automne prévoit une phase transitoire de cinq ans pendant laquelle les conseils départementaux conserveront certaines compétences, notamment sociales… mais comme le veut une grande tradition française il ne précise pas avec quels moyens financiers déjà largement insuffisant (17 millions de RSA en Gironde par mois et ça ne va pas baisser!)
Les penseurs institutionnels qui ont instillé depuis des années avec la complicité poujadiste des médias qu’il existait en France un « mille-feuilles » territorial vont repartir à l’assaut. Une vision simpliste des réformes conduit à un effondrement complet de la structuration actuel d’un pays ayant historiquement basé sa démocratie sur la proximité. En fait le langage évolue et on parle désormais de « simplification des compétences » ce qui paraît conforme au besoin réel du fonctionnement des collectivités et ce que personne ne conteste ! Enfin on revient à une vision politique réaliste de la vie politique française. Il s’agit de rationaliser, d’économiser, de conforter mais certainement pas de détruire un lien républicain « communes-départements » qui ne ferait que renforcer les inégalités sociales et territoriales.
Il va falloir donc imaginer un avenir pour le maillage territorial. Alors allons-y pour des solutions concrètes simples et immédiatement applicables.
La première consiste à parfaitement définir lors d’un « Grenelle des compétences » les champs d’intervention de 3 strates ayant comme particularité de relever du suffrage universel : communes (la « commune nouvelle » peut être soutenue et encouragée), conseils départementaux, conseils régionaux.
La seconde vise à supprimer tous les syndicats intercommunaux thématiques ou des services pour obligatoirement transférer leur compétence aux intercommunalités devenant ainsi de vrais outils de mutualisations. Sur certaines compétences de base (eau, transports, déchets) la gestion serait obligatoirement départementale afin de planifier, d’unifier, de rendre plus cohérentes les décisions. Une énorme économie d’échelle serait ainsi réalisée pour les usagers et l’Etat.
Il est également envisageable que des pans entiers de l’Etat disparaissent parallèlement . Une seule mission resterait affectée sur certains secteurs (environnement et fonctions régaliennes) : le contrôle sur le thème de la sécurité et de le préservation. Les services liés au sport, à la jeunesse, à la culture, à la solidarité et à bien d’autres domaines s’éteindraient progressivement au profit d’un système de délégation reposant sur la confiance. Un système de conventionnement institutionnalisé permettrait d’améliorer la gouvernance globale des territoires (contrats territoriaux ou plans Etat régions) avec des restrictions fortes sur tous les contenus qui n’entreraient pas dans le champ des compétences.
Il faut agir vite certes mais par étapes sans fausses mesures uniquement destinée à rassurer Bruxelles et à satisfaire une opinion dominante gavée de poncifs strictement populistes et ne reposant sur aucune analyse raisonnable.

Cet article a 4 commentaires

  1. Bruno Fourny

    Voire si on compte bien pour les départements depuis le début du quinquennat de la réforme de la réforme de la réforme du conseiller territorial du donc des départements
    Et pendant ce temps les énarques a Paris …

  2. Torquemada

    J’ai récemment découvert votre blog et vous remercie d’ouvrir ainsi un espace de dialogue entre les citoyens et le monde politique .
    Je me permets donc une suggestion pour que la mission de démocratisation de la politique, qui semble être la raison de votre initiative, puisse atteindre le plus grand nombre . Pour cela , il faudrait aider les non initiés -dont je suis- à comprendre ce que sous entendent en exemple concrets certains paragraphes de vos billets ;
    Ainsi celui ci :  » Les services liés au sport, à la jeunesse, à la culture, à la solidarité et à bien d’autres domaines s’éteindraient progressivement au profit d’un système de délégation reposant sur la confiance. » me pose des problèmes d’interprétation
    notamment qu’est qu’un système de délégation ? une association type 1901 ou un service privé qui serait financé comment ?
    puis , « reposant sur la confiance » . Confiance quant à la sécurité des espaces nécessaires aux activités sus citées , aux contenus pédagogiques proposés (activités physiques pour le sport et contenu culturel pour ce domaine) .
    La qualité d’encadrement actuellement assurée par les mairies sera t’ elle conforme aux attentes et quid des responsabilités en cas d’accident . Sans parler du coût inhérent à des délégations sur le secteur privé qui par essence n’a pas pour vocation première la philanthropie.
    La délégation de service public (DSP) qui semble être au cœur du sujet permettra t’elle un choix de prestataires (public ou privé) aux communes selon les aspirations des Maires et des citoyens qu’ils représentent .
    La DSP met elle le Maire hors responsabilité en cas d’accident dans une délégation privée . in fine ne lui sera t il pas reproché de n’avoir pas fait de contrôle sur le prestataire, ou se verra t’il tenu responsable d’avoir choisi un prestataire défaillant ?
    Les réponses viendront avec le temps et les jurisprudences .

    Mon message a avant tout pour vocation de vous inviter à considérer les difficultés de compréhension que rencontrent de simples citoyens devant le langage politique

    Je vous remercie de m’avoir lu et j’ajoute que j’apprécie la diversité de vos billets qui dépassent parfois le cadre de la politique pure pour mettre en avant les considérations humaines ,

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