Le retour de Neuilly de Bonaparte Sarkozy !

Ce qui caractérisera toujours Nicolas Sarkozy c’est son incontestable mépris pour les autres, pour les règles sociales, pour les valeurs républicaines… Il fait du mépris son fonds de commerce politicien et en plus ça marche. Mépris du peuple des « sans fric » ou de la « racaille ». Mépris de ses amis provisoires. Mépris pour son parti politique qu’il a ruiné. Mépris pour ses « amis » qu’il abandonne comme des Kleenex utilisés. Mépris pour ses adversaires nuls et sans esprit. Mépris pour la plus élémentaire des courtoisies républicaines. mépris pour les journalistes qu’il rabaisse au rand de valets. Mépris pour les autres chefs d’Etat ne lui arrivant pas à la cheville. Mépris pour toutes celels et tous ceux qu’il exploite pour leur fric.  Il renforce la notion de caste que ses fan se pensant supérieurs au bon peuple, ont inconsciemment en eux. La racine de son succès repose sur cette propension à se présenter comme un ardent partisan de la sécurité et de l’ordre en même temps qu’il s’affranchit lui-même en pseudo libéral des règlements et des lois. Il fonde ainsi en permanence sa carrière sur les principes basiques du bonapartisme ! La prétention d’un homme à incarner la nation tout entière en se dressant contre les partis sert de credo à son action. Il y a du Bonaparte qui sommeille en Sarkozy ! Il choisit Fouché-Péchenard comme directeur de cabinet et Talleyrand-Besson comme conseillers.

Dans sa proclamation du 19 brumaire, par laquelle Bonaparte tente de justifier le coup de force et la dissolution, par ses troupes, du Conseil des Cinq-Cents, il écrit : « J’ai refusé d’être l’homme d’un parti ». Comme on sait, Napoléon, jeune homme, avait dévoré Rousseau et l’avait érigé en maître à penser. Dans le Contrat social, qu’il avait lu (pas certain que Sarko en fasse sa référence) la volonté générale ne saurait s’égarer, mais que les ligues, les associations particulières, bref les factions divisent le peuple en catégories hostiles les unes envers les autres, égarent le sens civique et font perdre de vue l’intérêt collectif. Où en est-on sinon dans cette situation où la parcellisation de la société française accentue considérablement les atouts pour le retour d’un sauveur. il s’entourera de quelques grognards triés sur le volet et surtout de jeunes « officiers » désireux de décrocher un titre au combat. Il a déjà ses cantinières et sa Joséphine de Beauharnais.

Les régimes « bonaparto-sarkozistes » se méfient en effet des corps intermédiaires, des pouvoirs locaux, des corps constitués, bref des émanations directes de la société civile car ils constituent  souvent des contestations dangereuses pour le « maître ». Nicolas Sarkozy est à cet égard un véritable bonapartiste ajoutant à cette vision une dose considérable de mépris ! Les destitutions de Préfets, les insultes, les défis, les déclarations fracassantes, les complicités minables, le sens de la mise en scène de la guerre… tout chez lui est bonapartiste ! Plus généralement, ils parviennent souvent au pouvoir à la suite de quelque grande crise nationale, se posent en réconciliateurs. A l’UMP qu’il a vampirisée financièrement, qu’il a progressivement fragmentée, il va jouer ce rôle pour masquer ses turpitudes mais surtout pour apparaître comme un fédérateur efficace Marx aurait vu dans le sarkozisme une « semi-dictature » par laquelle le monde du profit, incapable de gouverner directement, est contraint de déléguer le pouvoir, un système dans laquelle la lutte des classes semble connaître une trêve : ces régimes sont en effet à la fois autoritaires et paternalistes. Le « bonaparto-sarkozisme », parce qu’il veut incarner l’unité nationale retrouvée, s’identifie à l’Etat, et se concentre sur l’exécutif qu’il maîtrise par la menace ou la force. Napoléon, comme Sarkozy professait un réel mépris pour les parlements qu’il avait divisé celui qu’il s’était choisi en trois chambres distinctes (Tribunat, Corps législatif, Sénat ) pour pouvoir jouer les unes contre les autres selon les sujets.

Le chef charismatique tire, pour le « revenant » en effet sa légitimité d’un appel au peuple, par-dessus la tête de ses représentants et c’est à ça que va s’évertuer celui qui ne revient pas de l’île d’Elbe mais de Cap Nègre . A ce titre, il reprend à son compte et rationalise une tradition centralisatrice française, héritée de la monarchie absolue et développée par la Révolution jacobine. C’est enfin un régime d’ordre, qui promet la paix civile et sociale, au moyen d’un pouvoir fort, voire franchement policier.  Il ne fait aucune confiance aux aspirations spontanées de la société qu’il doit absolument contrôler. Il s’oppose à toute forme de novation sociale car elle le coupe de ses partisans. Sarkozy reviendra donc sur toutes les réformes sociétales antérieures avec une certaine vigueur afin de justifier son image d’homme à poigne qui ne repose que sur les apparences et la mise en scène.

Le bonaparto-sarkozisme, c’est aussi un culte de la volonté, la croyance qu’une poignée d’hommes, menée par un génie visionnaire, peut changer le cours de l’histoire, que les grands conquérants de l’Antiquité, César ou Alexandre ont trouvé un héritier. Cet individu héroïque est appelé par un élément quasi-surnaturel à un destin d’exception. Il entend des voix! Mais son idéologie est ambiguë parce qu’elle fait coexister un élément irrationnel – cette vocation quasi-mystique de l’ homme providentiel à sauver la nation – et une politique de la raison.

Pour deux Français sur trois, Bonaparte-Sarkozy-Napoléon n’a «pas changé».  , selon un tout récent sondage un tiers des Français seulement pense que Nicolas Sarkozy a changé après son exil à Neuilly. Et plus d’un Français sur deux (55%) pense que son retour est une «mauvaise chose», selon une étude menée par Odoxa, pour le Parisien-Aujourd’hui en France, CQFD et iTélé, qui montre en revanche qu’il est jugé comme le mieux à même de redresser le pays. Pour 67% des sondés, Nicolas Sarkozy n’a pas changé. Nous entrons de plain-pied dans le « Bonaparto-sarkozisme » avec le consentement de la République…Juppé s’en est aperçu et il n’a pas tardé à réagir. Il met en garde Nicolas Sarkozy sur le respect de «primaires ouvertes» pour désigner le candidat qui portera les couleurs de l’UMP à la présidentielle de 2017. «Je vais faire attention à deux choses, d’abord l’esprit de rassemblement droite et centre, et l’engagement d’organiser des primaires ouvertes» . En bon élève il connaît deux dates : le 10 novembre 1799 plus connu sous le nom du 19 Brumaire et le 2 décembre 1851.

Cet article a 2 commentaires

  1. ipotheque

    Nous ne sommes pas ses grognards….. surtout en cette période d’analyse financière négative ! donc pour un Général venant de Neuilly ……! chacun appréciera !

  2. Vent d'Est

    Entièrement d’accord avec vous Monsieur Darmian,

    Tout a été dit ou presque sur Nicolas Sarkozy. Les qualificatifs les moins élogieux à l’encontre d’une personne ont tous été utilisés, ou presque. Toutes sortes de comparaisons avec des personnages peu recommandables, Berlusconi, Ceausescu, Bonaparte… avec lesquels ils partage de nombreux traits de caractère, ou certains comportements, ont été faites. Bon nombre de ses compromissions et trahisons sont connues de tous et en particulier de ses soutiens.

    Nicolas Sarkozy est un soudard, un ruffian, un morfalou, c’est un fait mais Nicolas Sarkozy n’est pas le problème. Le problème qui se pose est combien de veaux (« Les Français sont des veaux », dixit Ferdinand Céline, Charles De Gaule…), habituellement si prompt à condamner tout écart de conduite concernant le citoyen lambda se mettront à genoux malgré tout pour lui baiser, tel un sauveur, les pieds sur son passage ? Combien de « hérauts 2.0 » pour chanter ses louanges et distribuer la bonne parole ?

    Pour avoir vu Berlusconi plusieurs fois carbonisé revenir sur le devant de la scène politique et renaître, tel un phénix, de ses cendres grâce à la complicité d’un peuple de « vitelloni » décérébré par des médias asservis, je ne sais pas pourquoi mais il me vient en mémoire et de façon un peu confuse une ritournelle de sinistre mémoire, sortie de je ne sais qu’elle bouche d’égout qui dirait à peu près ceci : « Nicolas ! Nous voilà, devant toi, le sauveur de la France… »

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