Le sort de la République sera joué au poker menteur

En fait une course de vitesse s’est engagée entre les conseillers de Nicolas Sarkozy et le système judiciaire. Selon le résultat de cette épreuve originale car c’est la première fois qu’un ex-Président de la République tente d’échapper aux conséquences de ses actes, les possibilités de retour du « sauveur » de la France UMP seront réelles ou illusoires. En fait les spectateurs les plus passionnés par cet affrontement désormais quasiment quotidien sont dans le camp de celui qui les menace d’anéantissement. Ils attendent chaque épisode du feuilleton judiciaire avec délectation. Pour être passé par là et connaissant parfaitement la pugnacité des enquêteurs de la Brigade financière avec laquelle il a eu affaire Alain Juppé a confiance dans leur célérité. Il sait pertinemment que l’affaire Bygmalion est tellement « énorme » et « facile » (il a vu les rapports externes réalisés sur la situation de l’UMP) qu’elle sera bouclée en quelques mois et que début 2015 même élu Président de l’UMP son ami de 30 ans sera contraint d’en partir !
En effet des avocats qui travaillent méthodiquement sur l’imbroglio actuel régnant autour du parti de droite ont trouvé déjà une parade aux appétits sarkozystes. Elle est imparable. L’ancien président ne peut pas en effet juridiquement prétendre au poste qu’il ambitionne. Ses adversaires le savent et le laissent s’enferrer pour mieux le sortir du jeu le moment venu. En fait les avocats compilent simplement les déclarations publiques de celui qui ment avec imprudence et impudence. Sur France 2 face au sémillant Delahousse qu’il a méprisé, il a déclaré droit dans les yeux, à la Cahuzac qu’il n’avait « appris le nom de Bygmalion » que « longtemps après » sa campagne de 2012. Bien évidemment rien ne révèle à ce jour que ses « complices » soient sur le point de craquer et finissent par cracher le morceau. Alain Juppé le sait, lui qui avec les salariés du RPR a « couvert » un certain Jacques Chirac qui n’avait rien su, rien vu, rien entendu et rien lu qui puisse être contraire au droit mais qui a fini tout de même par se faire légèrement pincé les doigts dans la confiture à un degré bien moindre que celui de Bygmalion ! Il attendra son heure et ils ait qu’elle va venir plus vite que prévu ! Le même Sarkozy avait déjà affirmé qu’il n’y avait « jamais eu le moindre système de double facturation » pour financer la campagne présidentielle, alors même que l’avocat des dirigeants de Bygmalion, avait rendus publics les détails de ce « système » et que les auditions en cours ne réfutent pas l’existence de cette escroquerie à l’argent public (campagne électorale) et à l’égard des militants qui l’adulent. D’ailleurs ces derniers se font manipuler par des sondages bidonnés sur la position des « sympathisants » pour l’élection du président d’un parti qui ne leur reconnaîtra pas le droit de vote. La supercherie est énorme mais elle marche avec la complicité des médias peu regardant sur la fiabilité des publics concernés et des questions posées.
Les récentes mises en examen ont posé le socle des relations entre l’entreprise et l’UMP. Maintenant les enquêteurs vont monter les murs pour arriver au sommet de l’affaire ! Dans quelle mesure Nicolas Sarkozy savait-il que sa campagne dépassait de plus de dix millions d’euros les montants autorisés ? Ce sera aux trois juges en charge de l’instruction — Renaud Van Ruymbeke, Serge Tournaire et Roger Le Loire — de trancher après, entre autres, avoir entendu, sans doute en novembre, en pleine bagarre électorale interne, l’ex-président de la République.
Ses adversaires continuent donc à labourer le terrain en attendant ce moment clé. Ils savent que le trio des juges ne fera venir l’intéressé que quand ils auront accumulé témoignages et preuves. Ces adversaires actuels ont été informés depuis le début que la candidature Sarkozy est intenable juridiquement puisque l’UMP, s’est portée partie civile dans cette affaire. Bruno Lemaire, François Fillon, Alain Juppé le savent parfaitement car ils ont été de ceux qui ont exigé cette position. Or l’UMP a été victime d’un détournement de fonds avec faux en écritures et usage de faux pour… Nicolas Sarkozy qui même s’il ne le savait pas (sic) sera considéré comme le « bénéficiaire » de ce carambouillage. Il est donc certain que l’UMP ne pourra pas être présidée par le bénéficiaire — volontaire ou involontaire — de l’abus de confiance dont le parti a été la victime. Il ne s’agit pas d’une hypothèse mais d’une certitude juridique : il revendique un poste pour lequel il n’a aucune légitimité. Le tout est de savoir si les juges agiront avant ou après son élection annoncée à tort comme triomphale. L’avocat des « cocus complices et consentants » de chez Bygmalion a déjà prévu de demander donc « la désignation d’un mandataire ad hoc pour représenter le parti » et il est certain que les juges lui donneront raison !
C’est donc une superbe partie de poker menteur qui s’engage ! L’opinion dominante manipulée par des médias peu regardant sur ce qu’on verse dans leur réservoir à infos ne va pas comprendre ces subtilités et donc le « sauveur » jouera la carte de la ferveur des fans contre la froideur de ses adversaires procéduriers et jaloux ! Qui gagnera ? Pas la démocratie !

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