Une seule vraie relance, celle du corporatisme !

L’une des caractéristiques essentielles de la vie collective de ce début du XXI° siècle qui demeurera dans l’histoire sociale se résumera à la montée inacceptable des corporatismes. Un vrai retour en arrière qui a totalement parcellisé comme ce fut le cas durant des siècles les relations humaines. Spécialisés à l’extrême les acteurs de ce phénomène se replie sur une défense extrêmement virulente des spécificités de leur statut ou de leurs « avantages ». ils ignorent volontairement ce que peut-être l’intérêt général ou la prise en considération de la notion réputée archaïque de la solidarité. Leur Saint Patron n’est autre que celui qui est à la tête de leur organisation professionnelle totalement indépendante du reste du mouvement social. Il arrive même souvent que ce dernier n’exerce plus depuis belle lurette alors qu’il représente celles et ceux qui travaillent !
La pensée corporatiste fait son retour en force. Elle s’est pourtant faite présente et persistante tout au long de l’histoire . En tant que philosophie des politiques publiques, le corporatisme est devenu une expression signifiant de la part de l’État un soutien en faveur de l’ensemble des membres de la société, qu’il s’agisse d’individus ou d’organisations, à travers un appui aux entreprises en difficulté, en même temps qu’une protection des emplois existants ou au maintien justement de statuts particuliers. Le terme n’entre dans le vocabulaire qu’après le milieu des années 1930, ne revêtant tout son sens qu’à partir des années 1970 et 1980. Rappelons que l’idéologie de ce type a connu une grande vogue à cette époque.
Avec le néo-traditionalisme prôné par l’extrême droite (Action française, Jeune droite, les non-conformistes des années 30, la Phalange nationale au Chili, etc.) on trouve les prémices de ce qu’il va se passer au temps de Vichy ! . Il s’agit pas pour les idéologues du corporatisme de renouer avec une société organique, dans laquelle les individus ne sont plus des nomades isolés et concurrents, comme dans le libéralisme, mais les composants d’un seul corps dont chacun a sa place et un rôle à jouer pour le bien de l’ensemble. On vit de plus en plus sur ces bases là avec des manifestations, des critiques, des oppositions, des exagérations, des réactions qui ne sont dictées que par la protection d’une profession, d’un métier, d’une filière !
Il faut savoir que parmi les mouvements corporatistes et non-conformistes, beaucoup se sont rapprochés, temporairement ou non, de certaines formes de fascisme. Un certain nombre ont été en France des soutiens du Régime de Vichy qui prônait ouvertement ce mode d’organisation de la société. Il ne faut pas s’étonner que souvent la Gauche ait eu face à elle des offensives successives de c type d’organisations. De toute évidence, plusieurs éléments de la pensée corporatiste persistent à ce jour. Cette foule que l’on voit depuis quelques temps dans les salle ou battant le pavé est issue de cette pensée qui n’a jamis été aussi puissante. Elle a besoin de dirigeants solides, lui permettant de s’affranchir de sa folie naturelle, et de se transformer en civilisation de splendeur, de dynamisme et de grandeur. Mussolini et Hitler ont tous deux puisé une certaine inspiration dans cette prédisposition des peuples à rechercher une vie de groupe fermée, ordonnée et ont incorporé ces idées aux idéologies fasciste et nazie. Elles ont survécu à ces deux régimes pour resurgir dans le quotidien.
Au cours des dernières décennies les gouvernements pour avoir la pais sociale et lutter contre le syndicalisme jugé trop puissant ont favorisé l’émergence du corporatisme. La défense d’intérêts particuliers visant essentiellement une protection contre la concurrence pour maintenir ou augmenter des avantages, généralement pécuniaires peu à peu le politique a cédé ! Les pouvoirs publics attribuent de statuts privilégiés et montent des barrières (normes réglementaires) sur l’exercice de l’activité, le tout présenté comme garantissant aux utilisateurs un meilleur professionnalisme. La cooptation, formalisée ou tacite, est également un moyen puissant du corporatisme que Pétain avait favorisé en créant les fameux Ordres ! Certaines organisations deviennent dangereuses lorsqu’elles contrôlent elles-mêmes l’accès à la profession, ou disposent d’une justice interne (qui n’est que complémentaire à la justice officielle, le régime dont bénéficiaient les corporations de l’Ancien Régime n’existant plus). Les professions concernées sont nombreuses : dentistes, infirmiers, médecins, avocats, pharmaciens, notaires, huissiers de justice, administrateurs judiciaires, avoués, journalistes, conducteurs de taxis. S’y ajoutent désormais des filières de production ou des syndicats professionnels dont on sait qu’ils pèsent avec tous les autres sur un politique très faible ! Et comme les mêmes causes produisent les mêmes effets on peut prévoir l’issue de cette montée en puissance des corporations !

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