La guerre que l’on a longtemps oubliée

Le 19 mars 1962 demeure une date repère de l’histoire de France très contestée pour sa célébration. Le cessez-le-feu annoncé après les longues négociations tenues sur les rives du Lac Léman soulage les appelés du contingent ayant été envoyé pour « pacifier » l’Algérie mais va plonger la population de ce territoire dans le chaos. Au cours des soixante ans de commémoration de ce qui fut considéré comme un acte de soulagement inévitable, de traîtrise ou de victoire selon l’enthousiasme diffère en fonction de la situation dans laquelle on se trouvait.

Mes souvenirs de ce que l’on a fini par appeler la guerre d’Algérie se nichent dans le village où je vivais. Une quinzaine d’années en bain dans la vie publique, un goût avancé pour la lecture assidu du journal, des oreilles attentives aux discussions des adultes : le conflit ne me laissait pas indifférent. A la Mairie où nous résidions, les débats allaient bon train. Ils tournaient autour des nouvelles envoyées du front par la demi-douzaine de mobilisés disparus du paysage local. Les Gilbert, René, Tinou, Michel, Yves, Francis et quelques autres étaient partis un beau matin vers ce pays dont ils ne connaissaient les caractéristiques que sur la carte Delagrave de la salle de classe où ils avaient usé leur fond de culottes courtes.

Le splendide poste de radio que mes parents avaient acheté d’occasion à l’épicier nous apportait le soir son flot d’informations « officielles ». On y retrouvait des mots inconnus jusqu’alors. « Attentat », « embuscade », «  ratissage », « représailles », pieds-noirs », « fellagas »… dont je ne mesurais par l’importance à l’ombre du clocher. L’annonce de la blessure grave de Ladislas Wojstasik due à une grenade lancée vers le transport de troupes dans lequel il se trouvait commença à inquiéter une communauté continuant à vivre au rythme des saisons et de ses rendez-vous traditionnels.

L’inquiétude grandissait dans les familles ayant un fils pouvant partir sous des drapeaux que l’on sortait que pour le 11 novembre. Tous les dimanches matins la préparation militaire s’intensifia. Les gendarmes s’installait dans la cour de la mairie, sortait des armes pour en apprendre le maniement aux jeunes volontaires. Démontage, nettoyage, remontage et pour terminer une séance de tir à balles réelles sur un support en fonte porteur de cartons de diverses taille. L’exercice était impressionnant. Il nous était formellement interdit de sortir. La guerre était là…avec ses détonations et l’impact des balles.

Les « grands » se rendaient après leurs salves sous le préau de l’ancienne salle de classe pour constater le résultat de leur adresse, un peu comme ils l’avaient pratiqué à l’adolescence au stand de tir de la fête locale. Je n’ai jamais eu l’impression que ces exercices leur permettaient d’avoir conscience qu’un jour ils auraient un homme dans le viseur de leur Mas 49 et surtout qu’ils seraient eux-aussi des cibles. N’empêche que pour tout le monde le fameux « maintien de l’ordre » nécessiterait l’usage d’armes et que ce ne devait pas être aussi porteur de paix que le disait le journaliste de la radio.

Ma grand-mère italienne achetait la « Vie Catholique » qu’elle gardait soigneusement me permettant ainsi de découvrir des images d’un conflit de plus en plus confus et violent. Même si mon grand-père Abel découpait en huit rectangles identiques les grandes feuilles de Sud-Ouest pour les suspendre dans la cabane du jardin servant de « toilettes » rupestres, je parvenais à reconstituer les articles sportifs et liés à l’Algérie. Là encore l’écrit apportait une toute autre vision des événements.

Tout bascula définitivement lorsque par le téléphone, la Préfecture informa le Maire, ancien héros de 14-18, ancien combattant militant qu’un soldat tout juste âgé de 20 ans, sans famille en dehors de sa sœur domiciliée à Sadirac avait été « tué en opérations ». La Mairie devait prendre en charge l’organisation de ses obsèques. Ce fut la stupeur. Un mort pour la France comme il disait revint dans une commune qu’il ne connaissait pas pour y être mis en terre. La Guerre faisait donc des morts ! Un cercueil plombé impressionnant pas sa taille arriva près de 15 jours plus tard de nuit. Il fut installé sur la grande table de la salle du conseil municipal en attendant son inhumation dans la tombe que mon père creusa dès le lendemain.

La mobilisation des drapeaux de toutes les associations d’anciens combattants, la présence d’un peloton de soldat en tenue de sortie, le Préfet en uniforme avec les gants blancs, la bénédiction du curé Langemarie et le discours d’André Lapaillerie. La guerre d’Algérie était rendue à Sadirac. Le 19 mars 1962 on commença à l’oublier. Jusqu’à la rentrés scolaire où le visage triste des élèves rapatriés arrivèrent au collège… Gabriel Chabalier repose dans la terre froide et argileuse de Sadirac loin du bled où il a été tué pour une guerre qui comme toutes un conflit n’était pas le sien.

Publié dans ACTUALITE | Marqué avec , , , , , , , , , , , , , , | 12 commentaires

La soirée de mise en bière chez les « croque-bocks »

S’il est une attitude strictement interdite lors de la Saint Patrick c’est bien celle de subir la pression. Se rebeller contre elle est vivement recommandé. Justement c’est quand tout s’agite autour de vous que l’environnement appuie lourdement sur votre qualité de vie, que vous devez absolument la laisser couler. Si elle vous envahit ne refusez surtout pas de l’accueillir en vous car elle vous procurera un immense bien-être. Soit la situation est très chaude et vous la faites disparaître d’un seul trait soit vous prenez votre temps pour l’éliminer et vous savourez la victoire. La soirée irlandaise demande un solide entrainement.  Ne vous mettez jamais au verre sans échauffement !

En fait le meilleur moment reste celui où, par exemple, vous vous retrouvez face à la pression et que vous savez que d’une manière ou d’une autre, vous en viendrez à bout. La réussite  réside dans votre capacité à prendre votre distance avec la réalité quotidienne pour vous offrir le droit d’étancher votre soif de liberté. Il existe cependant un traitement à respecter et des méthodes à mettre en œuvre pour réussir sa cure ! Pour ma part je fais des infidélités à la « pression » en raison d’un très vieux fantasme de mon adolescence.

J’ai toujours pensé en cette période que je ne deviendrai un homme libre que le jour où j’aurais en poche la somme nécessaire pour m’asseoir à une terrasse de café, ne rien faire d’autre que regarder passer les gens honnêtes en buvant une… limonade. Vous ne le croirez pas vous qui savez que je « carbure » au rosé mais je suis un inconditionnel de la limonade, celle des bouteilles fraîches avec une fermeture munie d’une petit caoutchouc rouge.

Comme les fabrications industrielles modernes ne me conviennent pas je noie mon chagrin de ne pas retrouver mes sensations dans une « pression panachée » ! Il doit y avoir deux tiers de limonade et un tiers de bière !  Ne criez pas ! Ne hurlez pas au crime de « lèse-bière « ! J’avoue, et je n’en suis pas fier mais je fais n’importe quoi pour rajeunir. Pour ma part c’est sur la parvis de la mairie, là, au milieu des « miens » à Créon, que j’aime bien commander enfin mon panaché plutôt que de me laisser submerger par la pression imposée par les autres. 

Se mettre en retrait, dans tous les cas, constitue le premier élément de la mise à mal de la pression. Il faut ensuite un siège confortable permettant de tenir la distance et de se relaxer avant de demander l’aide du « croque-bock » le roi de la mise bière. En général il s’approche de vous pour s’enquérir de votre choix en matière de consommation tarifée de bonheur parfait. Comme pour les tranquillisants il vous proposera des « génériques » de mauvaise qualité ou des produits les mieux élaborés. Ne jamais répondre à la hâte car la chance ne repassera pas deux fois. Abusez de votre liberté de choix ! 

S’il y a plusieurs opportunités vous devez peser les avantages et les inconvénients de chacune. Il y a la solution de la « légèreté », celle de la « puissance », celle de la « couleur » ou celle de la « quantité ». En fait vous devrez vous fier à votre connaissance de votre plaisir pour vous décider. N’optez pas pour une « marque » à contre cœur car vous risquez d’être de fort méchante humeur quand la fin sera venue.

Dès que vous aurez devant vous votre « pression » sachez oublier tout ce qu’elle a de mauvais. Regardez là « droit dans les yeux ». Elle doit avoir des sueurs froides en vous voyant (c’est indispensable) pour que puissiez jubiler avant de l’attaquer. Parfois des larmes coulent le long du corps qu’elle habite et ne vous laissez surtout pas attendrir. Ne vous précipitez pas.

Même s’il est indispensable de la prendre par son col en mousseline blanche d’une exceptionnelle finesse ne témoignez d’aucune brutalité mal placée. Lentement, très lentement, en fermant les yeux comme dans un cours de relaxation avalez une gorgée de cette pression qu’il va vous falloir éliminer avec le maximum de précautions. L’erreur fatale serait de se précipiter ou de vouloir trop faire durer !

La « pression » doit retomber au bon rythme. La « descente » ou la baisse de niveau ne s’effectuera correctement qu’en se hâtant avec mesure. Entrecoupez chaque goulée d’un moment consacré à regarder celle et ceux qui n’ont pas votre chance, aux voisins des autres tables, aux passants qui passent, aux gens pressés de se rendre sur ces lieux où justement on va les presser. N’ayez surtout pas honte de jubiler… surtout si le temps vous accorde le privilège fabuleux de le prendre. Ne reculez surtout pas à l’idée de la mise en bière de votre pression car c’est l’un des secrets de la réussite de votre soirée.

Quand sera venu le moment de revenir au rythme normal pensez que la première pression est toujours la meilleure dans tous les domaines et que la dernière de l’été triste et amère sera forcément l’an prochain suivie d’une première ! L’égoïsme bien assumé vous demande de choisir votre moment pour mettre un terme définitif au verre galbé comme le corps d’une femme plantureuse ou fin comme celui d’un mannequin famélique contenant votre pression. Les préliminaires sont essentiels mais en aucune manière ils doivent s’éterniser. Plongez vos lèvres dans la mousse de votre partenaire et fermez les yeux ! A la Saint Patrick les tenanciers de pub se font du trèfle. C’est la seule certitude ! 

Publié dans AU QUOTIDIEN | Marqué avec , , , , , , , , , | 8 commentaires

Les victimes expiatoires des milieux financiers

Minuit et demi… de retour à la maison après une longue route. Dans la voiture France-infos ressassent les événements politiques et sociaux de la journée dans des flashs entrecoupés des propos d’invités divers et plus ou moins « avariés ». A Paris les manifestations auraient dégénéré et les forces de l’ordre les auraient dispersés à coups de grenades lacrymogènes. La place dite de « la Concorde » portant mal son nom sert de lieu d’exutoire à la colère de quelques milliers de citoyens révoltés par le fonctionnement de la démocratie dite représentative. On est passé pour certains de l’exaspération à la haine, de la contestation à la fureur, de l’indignation à la violence. Comme si l’issue catastrophique de ces dizaines de jours de poker menteur ne leur avait pas paru inéluctable.

La forêt médocaine qui s’étire jusqu’aux portes de Bordeaux défile dans les phares. Je pense à ma soirée sur l’immigration avec la Ligue des Droits de l’Homme ! Une soixantaine de personnes au cœur du Médoc à tenter de convaincre qu’il ne s’agit pas d’un fléau. Le journaliste de nuit retrace les étapes d’un scénario prévisible de la journée.

Ce sont des actes, des faits, des mots donnant le sentiment que le pays découvre que la Constitution de 58 dans laquelle tous les présidents de ce que nous appelons une République se sont glissés avec délectation. Même s’ils en avaient âprement combattu le contenu. Les syndicalistes rappellent que pour eux les dégâts humains de la réforme proposés étaient inadmissibles. Les tenants du texte s’évertuent d’expliquer qu’elle était inéluctable pour sauver un système en péril. Rien de bien nouveau.

Il faut tendre l’oreille pour au détour d’une explication apprendre que les véritables causes de cette crise démocratique sont ailleurs. Jusque-là les véritables causes de ce fiasco démocratique et social n’avaient pas émergé. Hier alors que le Titanic présidentiel coulait l’orchestre juché sur le pont changeait de refrain. Peu de mots mais suffisamment pour comprendre que les canots de sauvetage étaient à l’eau. Plus question de l’équilibre futur du régime par répartition sur lequel a porté l’argumentation des pro-réformes mais le commandant de bord annonce « qu’en l’état, les risques financiers, économiques sont trop grands » si le texte n’est pas adopté (sic) » L’aveu est clair. Ce n’est en rien anodin car ça traduit la brèche immense dans la coque du navire. Rien à voir avec une éventuelle estafilade du régime des pensions !

En fait il avoue que la mal est ailleurs et que ce n’était qu’un prétexte pour rassurer les « armateurs » qui financent désormais le périple du paquebot France. Il fallait un signe, un geste, une victime expiatoire lui permettant de rassurer les marchés financiers qui alimentent les réservoirs du pays ! La réforme n’était pour lui que le symbole de sa capacité à redresser une situation globale inquiétante. Tout le monde oublie ce qu’est le déficit public d’une nation. Il comprend le déséquilibre des comptes de l’État auquel il faut ajouter (et c’est là que la bât blesse) ceux des collectivités territoriales et de la sécurité sociale dont les caisses de retraite. Pour pouvoir continuer à emprunter malgré un contexte mondial de hausse des taux d’intérêt inquiétant, il faut donner des gages sur la capacité de réduire à échéance de trois ou quatre ans plus de 165 milliards ! Comme le dogme ultra-libéral consiste à ne pas améliorer les recettes par une juste répartition de la contribution de tous les milieux économiques le piège s’est refermé sur les salariés, public captif et aisément « tondable ».  

Si demain les marchés financiers qui dirigent en fait la planète et notamment les systèmes politiques qu’ils ont aidé à mettre en place font la gueule en regardant la France, une catastrophe se profile. L’humain coûte trop char pour eux ! Nous sommes pieds et poings liés avec eux en raison d’une dette colossale dont les racines se trouvent dans les exonérations constantes effectuées en direction d’un monde économique pratiquant le chantage à l’emploi depuis des lustres, dans le refus de redistribuer les richesses créées par la travail ailleurs que vers les financeurs, dans des erreurs constantes et même accentuées de gestion.  Alors au lieu de rechercher d’amender sa propre doctrine sur l’évolution des recettes, le Président a tapé sur le plus facile ou ce qu’il pensait le plus facile…

La santé ce n’est pas le moment d’y toucher (l’assurance maladie est tellement mal que ce serait politiquement suicidaire). Les collectivités locales ? Elles sont dans le collimateur et leur tout était prévu dans les prochains mois alors qu’elle ne représentent aucun danger pour les équilibres du pays (globalement plus de 19 milliards d’excédent de gestion) et seulement 9 % de la dette., la sécurité sociale 11 % et l’État 80 %. Alors hier on a appris la vraie raison de la réforme et du 49-3 : rassurer les créanciers qui talonnent Bercy et Bruxelles qui constate que la France est devenu de pars a dette un poids terrible pour l’UE… Le sacrifice rituel des « pensionnés » était donc obligatoire… et le gouvernement ne pouvait pas reculer car il est dos au mur en raison des engagements discrets pris avec les marchés financiers. Serrez vos ceintures…

Publié dans AU QUOTIDIEN | Marqué avec , , , , , | 5 commentaires

La route de la banque n’est pas pavée de bonnes intentions

Des millions de personnes se battent pour lutter contre la représentation nationale en plein tripatouillage sur le texte devant modifier les conditions d’accès à une pension de retraite. Une commission dont j’avais prévu les résultats a tranché : on se souviendra des coups de main qui ont été refilés au Sénat dans quelques mois et pour l’assemblée on distribuera une nouvelle forme de « réserve parlementaire » sur les crédits non-affectés des ministères aux circonscriptions des ralliés. Bref une caricature de ce monde politique qui sortira discrédité d’une séquence ayant aggravé la défiance envers les partis politiques. En fait la démocratie paiera l’addition.

Le contexte général ne cesse pendant ce temps de se détériorer. La dette s’envole, déficit de la balance commerciale ressemble à un puits sans fond, la fameuse croissance ralentit, l’Europe tangue avec des Allemands se foutant de la solidarité, la guerre en Ukraine se promène sur le fil d’un rasoir et le système bancaire vérolé de l’intérieur se fissure de partout. Rien n’est plus inquiétant que la déclaration de l’annexe de la Commission européenne de Bercy qui s’érige e visionnaire de la solidité des banques françaises. Plus il cause et plus nous devrions être inquiets.

« Je ne vois pas de risque de contagion, donc il n’y a pas d’alerte spécifique », a-t-il déclaré à la radio.  « Nous avons des banques qui sont solides »« un système bancaire qui est solide » et « un ratio de liquidités qui est élevé (NDLR : ces liquidités ce sont nos économies)», a assuré M. Le Maire en ajoutant que les établissements bancaires français avaient « des secteurs d’activité très diversifiés »« Calmez-vous, calmez-vous, et regardez la réalité ! », a-t-il ressassé face à des investisseurs. « La réalité c’est que le système bancaire français n’est pas exposé à la SVB. Il n’y a pas de liens entre les différentes situations » aux États-Unis et en Europe ». Aïe ! Aïe Tremblez !

D’ailleurs la bourse s compris le message avec des chutes des cours découlant de la défaillance du Crédit Suisse après celui du fleuron de la nouvelle économie américaine. Et les établissements bancaires ont payé l’addition. Il sera intéressant de savoir si le toboggan de la défiance se poursuivra dans les prochains jours car par exemple la BNP Paribas et Société Générale ont vite été mal en point : BNP Paribas a chuté de 10,92%, Société Générale a plongé, de 12,97%. D’autres établissements européennes ont également subi le choc. C’est notamment le cas de Banco Sabadell (11,19%), ING (9,50%), Commerzbank (9,90%), Deutsche Bank (8,65%) et Unicredit (7,14%)… et la liste n’est pas finie. La confiance ne paraît pas la même sur les marchés et à Bercy.

Alors comme le veut une tradition bien établie après avoir laissé les actionnaires se gaver des profits on mutualise les pertes catastrophiques. Et ce n’est pas une vue de l’esprit puisqu’au USA on commence à se pencher sur la gestion de la fameuse banque de la modernité économique. De forts soupçons pèsent en effet sur les agissements des dirigeants qui auraient commis des délits d’initiés.

Il est exigé par une sénatrice qu’une enquête soit lancée « pour savoir si des cadres se sont livrés à des délits d’initiés ou ont enfreint d’autres lois civiles ou pénales ». Elle a aussi appelé les autorités à récupérer la rémunération et les bonus versés l’an dernier au patron de SVB ainsi que les bonus versés aux cadres. Selon des documents ils ont cédé des actions fin février selon un programme de ventes établi à l’avance.

En Suisse le principal actionnaire est saoudien. Il se défile et regarde le gouvernement se dépatouiller devant la crise qui gronde. Rappelons au passage que la compagnie pétrolière Aramco  a annoncé dimanche des bénéfices records en 2022 grâce à l’envolée des cours du brut, s’attirant des critiques en pleine crise climatique et énergétique. La compagnie, détenue en grande partie par l’Etat saoudien, a dégagé un bénéfice net 161,1 milliards de dollars l’année dernière, en hausse de 46% sur un an, Saudi National Bank détient 9,8 % de Crédit Suisse depuis que la banque saoudienne a récemment participé à l’augmentation de capital. Elle a refusé d’injecter des fonds…supplémentaires laissant le cours de l’établissement helvète s’effondrer.

Ah ! J’oubliais chez nous le trio Ciotti, Marleix, Retailleau jouant les Rois mages, a arraché (victoire suprême) que les pauvres gars possédant près de 44 annuité ne soient pas contraints s’ils n’ont pas l’âge légal du départ vers la retraite de continuer à cotiser pour rien. Quant au 1200 € les décrets d’application seront suffisamment sophistiqués pour que le nombre des bénéficiaires soit aussi famélique que possible. Et dans quelques mois on constatera que la réforme n’aura servi à rien et qu’il faudra dès 1927 (après les présidentielles remettre le couvert). En attendant si vous avez un découvert en fin de mois sur votre compte en banque et que l’on vous inflige des agios… pensez que c’est pour la bonne cause ! 

Publié dans Non classé | Marqué avec , , , , , , , , , , , , , , , , | 7 commentaires

Paris vaut bien des déchets politiques

Il existe en France un seul service public de plus en plus souvent privatisé pour lequel le bénéficiaire n’a absolument aucune démarche à effectuer. L’électricité, le gaz, l’eau, le téléphone, l’école et peut-être d’autres nécessitent un abonnement qui atteste d’une volonté personnelle d’enclencher le fonctionnement de ce que l’on souhaite. Il n’est est rien pour la collecte et le traitement des déchets que produit tout individu. Il lui suffit de déposer un sac poubelle devant chez lui pour bénéficier du ramassage selon un cycle déterminé à l’avance. Le jour même où il aménage le locataire ou le propriétaire se débarrasse de ses cartons, de ses ordures diverses et avariées sans aucun souci. Le service lui est garanti.

Lorsque ce service vient à manquer, la révolte gronde. Encore une fois quelles qu’en soient les causes, les commentaires ne varient guère. C’est un scandale que « mes » déchets souvent stockés de manière anarchique et dégueulasse ne soient emportés loin de ma vue. Les trottoirs réceptacle de ce comportement souvent irresponsable car ne découlant pas d’une décision volontaire sont qualifiés de dépotoirs honteux. Je pose. J’entasse. Je stocke. Aucune limite puisque mon effort citoyen est inexistant.

En fait dans le système actuel de la taxe reposant sur le niveau de confort et la surface du domicile (bases de la taxe foncière) permet tous les abus. Il n’y a aucun engagement réel sur les quantités confiées aux collecteurs et au lieu d’élimination. Lorsque par exemple il est demandé aux consommateurs de déplacer leurs déchets vers un lieu adapté, clos et contrôlé… c’est la révolte ! Impossible ! Toutes les raisons sont invoquées pour continuer à se délester vite et près de ce que l’on produit.

C’est même un déchaînement médiatique sur la situation parisienne actuelle provoquée par la mise en œuvre du droit de grève par les éboueurs. Les télés bastons se vautrent dans l’Hidalgo bashing sans même expliquer le fonctionnement du ramassage des poubelles. Un véritable concours de déchets politiques avec une polémique révélatrice de l’état d’esprit des milieux partisans parisiens. Le microcosme médiatique vient en renfort. Encore une fois de manière sommaire et provocatrice. C’est désormais la règle ! « Y’a qu’à… Faudrait qu’on… Moi je … »

Le système actuel de prise en charge des déchets mériterait une véritable réforme nationale selon moi au moins aussi urgente que celle de la ressource en eau ou du développement des énergies renouvelables. La règle du « producteur-payeur » est encore loin d’être par exemple appliquée. Celle qui vise à inciter financièrement les consommateurs à diminuer par des achats responsables leur quantité de dépôts vers l’élimination avance trop lentement.

La responsabilisation par la mise en place d’un « abonnement » prenant en charge le déplacement du véhicule de collecte est loin d’être acquise. Le tri sélectif (si l’on se fie aux images des tas parisiens c’est un concept inconnu) a du mal à être admis. Le mode de règlement du service est obsolète. La collecte au porte à porte est à reconsidérer en raison de l’augmentation du prix de l’énergie et de l’aberration qu’elle représente en terme de lutte contre la pollution.

Les « rippeurs » qui par tous les temps et souvent de manière limite sur le plan de leur sécurité prennent en charge nos rebuts prennent deux ans de service actif supplémentaire à condition qu’ils possèdent leur nombre de trimestres maximum. Ils en prennent une bonne couche. Comme les pompiers ou les infirmiers, leurs conditions de travail difficiles justifient un départ en retraite anticipé. Actuellement, l’âge légal des éboueurs est fixé à 57 ans, mais la réforme va le repousser à 59 ans.

Et la durée de cotisations pour un départ à taux plein atteindra bientôt 43 annuités, comme pour les salariés du privé. Ce qui, dans les faits, va pousser beaucoup d’éboueurs à dépasser l’âge légal et de grimper sur un marchepied arrière de camion jusqu’à plus de 6à balais !

Les éboueurs faisaient partie de ces agents en première ligne. On leur disait qu’ils avaient eu un rôle essentiel pendant la crise sanitaire. Et là pour toute récompense, c’est deux ans supplémentaires. Il y a très peu d’éboueurs qui arrivent en bonne santé à la retraite. On meurt plus tôt que la moyenne.

A-t-on conscience de cette situation dans le XVI° arrondissement ? Alors la solution bien évidemment c’est de taper sur Hidalgo qui n’a aucune solution et aucune responsabilité dans une situation nationale qui sera tranchée en fin de semaine par justement les amis de ses adversaires. Et dès lundi il sera possible à Paris de poursuivre les bonnes habitudes.

Publié dans ACTUALITE | Marqué avec , , , , , , , , , , , , , , , | 2 commentaires

Une réforme passe… une autre pointe son nez !

Peu importe la manière dont se passera l’adoption de la réforme des retraites, l’Élysée a la certitude que le projet tellement modifié qu’il ne permettra pas les économies annoncées ne sera plus dans l’actualité dès la semaine prochaine. La stratégie prévue repose sur la théorie de l’asphyxie de l’opinion dominante par une nouvelle proposition polémique. En ouvrant une piste de confrontation avec les élus locaux le Président changera de registre mais maintiendra la pression sur les partis d’opposition. Il choisira des modifications du paysage des collectivités territoriales lui permettant une fois encore de rallier les parlementaires LR qui finiront par se fondre dans le courant présidentiels malgré ses crises d’urticaire électoral.

Le risque est très limité de se retrouver avec des millions de manifestants dans la rue si l’on touche au nombre de communes, si on modifie les modalités de leur financement, si on restreint les compétences des départements ou si on les métropolise et si on défusionne des régions trop vastes et sans unité socio-économique… En reprenant des propositions venues de l’époque Sarkozy ou pondu par Valls au temps de sa splendeur destructrice il sera possible d’espérer approcher la majorité des trois cinquièmes lors d’un Congrès.

Le renouvellement du Sénat en septembre prochain ne peut (avec quelques arrangements post réforme des retraite) que renforcer la majorité qui en tient les rênes. Et l’Assemblée disloquée offre des garanties de stabilité des forces en présence. Les LR grignoteront une nouvelle fois quelques avantages pour leurs troupes et se vendront pour des amendements les avantageant. La réception hier des associations des élus (régions, départements, intercommunalités – celle des maires n’y sera pas!) é fixé les grandes lignes d’un réforme dont les axes sont assez aisés à deviner et qui seront progressivement dévoilés.

Ils visent à confier aux villes (NDR : le mot est important), départements et régions, de nouvelles missions claires sur trois pôles prioritaires pour la vie des Français : l’éducation et l’orientation, afin qu’aucun enfant ne reste sans perspective, le logement pour répondre au besoin urgent d’habitat décent et durable et les transports qui nécessitent un vaste investissement pour répondre au besoin de mobilité de chacun et à la crise climatique. Il faut savoir décrypter ! Vous allez déguster du « mille-feuille territorial » ! 

Il y a trop de communes en France. La Cour des Comptes dans son dernier rapport vient de le rappeler pour la énième fois et Bruxelles regarde la situation avec l’impatience que l’on connaît depuis des décennies. Dans son rapport, elle insiste fortement sur la « persistance d’un trop grand nombre de trop petites communes ». Parmi les quelque 35 000 municipalités françaises, la moitié (49,6%) sont peuplées de moins de 500 habitants. Et si on considère les communes de moins de 1 000 habitants, le taux monte même à 71,6%. « La dispersion et l’absence de masse critique de la grande majorité des communes françaises distinguent leur situation de celle de la plupart de leurs homologues européennes », note ainsi le rapport. Du déjà entendu et du déjà dénoncé.

Il serait étonnant que le processus en cours de recentralisation par la diminution de l’autonomie de gestion via la suppression du levier fiscal ne soit pas repris. Je parie que les fusions seront forcées via l’attribution des dotations allouées par l’État à l’échelon du territoire communautaire. Un second étage de la mise sous tutelle intercommunale des petites communes déjà noyées faute de moyens financiers pour exister va vite être avancé.

Comme les « fusions » ne paraissent pas possibles par consentement mutuel elles le deviendront par nécessité financière… Avant 2026 la promotion de l’élection au suffrage universel sur liste à la proportionnelle globale du Président de l’intercommunalité sera également entamée puisque un autre volet supprimera les cantons tels qu’on les connaît actuellement.

Le conseiller départemental disparaîtrait dans sa formule actuelle pour que LR obtienne la satisfaction de voir éclore le projet Sarkozy du « conseiller territorial » siégeant au département et à la région dont les périmètres seront revus. Bien évidemment pur favoriser les alliances l’élection du conseiller territorial s’effectuera à la proportionnelle par département sur la base de la parité.

Ce processus ne serait en place qu’en zones rurales puisque les métropoles au territoire agrandi aurait un système identique avec fusion de la fonction de conseiller communautaire et de régional. Le département ne conserverait que des compétences restreintes dans le champ de la solidarité humaine.

Il y a cependant un hic que souligne le rapport de la Cour des Comptes : l’attachement des Français jusqu’à présent conduit les gouvernements successifs à repousser cette solution radicale. Cette relation forte « reflète la demande d’une gestion plus proche des besoins des citoyens, que l’épisode des ‘gilets jaunes’ et la crise sanitaire ont sans doute encore accentuéeLes Français s’identifient ainsi davantage à leur commune qu’aux échelons supérieurs et connaissent mieux leur maire que le président du conseil régional, départemental ou communautaire. » Une autre étape dans la dislocation démocratique en cours qui devrait plaire aux partis politiques qui auront ainsi des postes assurés pour leurs cadres ou leurs espoirs. Le RN ne crachera pas sur le cadeau. Mais je débloque… et je me fais des idées !

Publié dans ACTUALITE | Marqué avec , , , , , , , , , , | 8 commentaires

Le savoir-rire est en voie de disparition

Tous les soirs je cherche, je fouille, je creuse en vain. Au moment de me mettre face à l’écran et le clavier j’espère inlassablement pouvoir dénicher un sujet au minimum léger et détendu pour alimenter ma descente des jours en Roue Libre. Une démarche épuisante car l’actualité ne délivre plus la moindre piste pour tenter de sortir des sujets techniques ou compliqués. Impossible de dénicher dans le quotidien des moments de partage heureux. Et j’ai même l’impression que tout est fait pour qu’il y en n’ait plus. L’opinion dominante étouffe toutes les tentatives de plaisanteries, de calembours ou d’humour. La méfiance est de mise…

Dans le secteur des blagues qui appartenaient aux traditions populaires, les interdictions s’empilent et plus grand monde tente sa chance dans ce domaine. Si vous voulez être cloué au pilori social ne vous laissez pas aller à une histoire marrante sur des catégories sociales particulières, des personnes d’un pays déterminé ou sur des comportements sociétaux divers. Il n’est pas certain que les aventures de Toto puissent désormais être lancée à la cantonade dans un espace public. Les oreilles sensibles y pullulent. Racisme ? Homophobie ? Anti-féminisme ? Antisémitisme ? Anti-religion ? Hostilité aux handicapés, aux Belges, aux Anglais, aux Suisses, aux Basques, aux Corses, aux jeunes, aux vieux…

Le fameux second degré n’existe plus. C’est en effet un type d’humour particulier, qui exige de la part de celui qui l’utilise une certaine finesse d’esprit. En effet, ce style passe par une interprétation, une seconde lecture du sens premier qu’une phrase semble avoir. C’est devenu un exploit que de faire passer sans dégât une blague ou une remarque au second degré tant la société s’enlise dans le néant de la pensée aseptisée. D’ailleurs en dehors des professionnels du rire qui osent malgré des tempêtes sur les réseaux sociaux délivrer quelques traits caricaturaux, plus grand monde délivre des moments d’humour. Ce n’est plus de mode.

Les sensibilités sont exacerbées. La morosité altère les moindres moments. La méfiance règne en maîtresse des comportements sociaux. Partager le rire devient rare et précieux. Regardez votre journal ou votre télé et vous allez mourir d’ennui. Des centaines de crimes tout au long de la semaine, des séries policières plus atroces les unes que les autres, des informations tragiques et de l’outrance dans l’essentiel des émissions : on crève d’ennui ! Seules quelques radios tentent dans la grande tradition des chansonniers du Grenier de Montmartre de maintenir des séquences débridées dans Leurs matinales.

Les Guignols ont été démontés et tués car ils avaient une mauvaise influence politique. La reprise en mains de Canal + a transformé la chaîne cryptée en déversoir de films d’horreur, de violence, de destruction massive, de guerre ce qui parait-il convient à la grande majorité de ses abonnés. Le sport (il est vrai parfois dramatique par sa nullité) satisfait les autres. Ailleurs on s’engueule, on s’étripe, on s’invective et on pratique le lynchage ou on dégueule de la vulgarité confondue avec l’humour.

Même les escapades au bistrot ou au café depuis quelques mois ont perdu de leur saveur. Les habitués se raréfient. On avale son café en silence, son rosé se boit en solitaire et les échanges sur le monde s’inspire fortement de la télé et donc n’ont plus ni saveur, ni le parfum de la proximité tellement agréable. C’est en évolution rapide depuis la crise sanitaire et le retour en arrière semble impossible. On ne se marre plus trop ! Et pourtant on n’en a de plus en plus besoin. Un espoir demeure avec le renouveau des troupes de théâtre locales qui reprennent des œuvres de boulevard oubliées… et qui réalisent parfois de belles performances.

Je cherche toujours et encore dans le flot de l’actualité cet étincelle qui me permettrait de ne pas entretenir le sentiment que je ne conçois la vie que dans les soucis et la duperie permanente. Heureusement il y a François qui m’envoie ses trouvailles humoristiques glanées sur Internet et « mon » Christian jongleur de mots dissimulateur de ses maux. Des éclairs de plaisir dans la grisaille qui inexorablement nous entoure. Plus que le savoir-vivre je voudrais retrouver le « savoir-rire » porté par l’amitié et l’échange. J’en ai assez que le sérieux me prenne. Il me tarde que ce « savoir-rire » qu’il revienne car je pourrais débuter la thérapie dont j’ai grand besoin.

Publié dans PARLER SOCIETE | Marqué avec , , , , , , , , , , , , , , , , | 10 commentaires

Des finances publiques victimes de l’entêtement ultra-libéral

A Bercy on est habitué à vendre du vent ou à persuader que les réformes relatives à des exonérations d’impôts remplacés par des taxes aléatoires sur toutes les formes de consommation. C’est une tradition de fabriquer du trompe l’œil en permanence. Comme tout le monde est formaté sur la même base ultra-libérale et que Bruxelles met sans cesse discrètement la pression sur les décideurs, nous sommes rendus au bord du précipice. La litanie de la sur fiscalisation de la société française est déjà ressortie. Elle n’est jamais mise en rapport avec la nécessaire politique de solidarité dans tous les domaines que doit conduire un gouvernement de pays démocratique ayant dans ses valeurs fondatrices la fraternité et l’égalité.

Depuis une vingtaine d’années avec des décisions plus ou moins libérales les tenants du pouvoir ont accentué la fracture sociale, la crise de confiance et plus encore le lien entre l’effort fiscal et les services attendus ou rendus. Les privatisations ont accentué justement l’échec patent d’une politique basée sur la croissance reposant uniquement sur la loi du marché. Et ce n’est pas fini ! Les transferts en cours s’accentueront dans les prochains mois pour entretenir l’illusion que la solution ne passe que par la diminution des dépenses d’intérêt général.

Tour à tour le Fonds monétaire International et surtout la Cour des Comptes viennent de démontrer que les décisions prises par Bercy et Lemaire comme celles de tous ses prédécesseurs mènent droit dans le mur. Le FMI donne raison (ce qui est paradoxal) aux économistes qui réclament l’arrête du gavage avec le l’argent public des actionnaires. Bien entendu c’est affirmé avec des mots choisis pour ne pas froisser les ultras-libéraux. « Nous avons soutenu le “quoi qu’il en coûte”, mais il est temps » d’y mettre un terme, a lancé, lors d’une conférence de presse, le chef de mission du FMI pour la France. Si certaines mesures ont sauvé des entreprises elles ont aussi permis à quelques-unes d’améliorer leurs profits en dormant !

La mise en garde est sans ambiguïté. Or le gouvernement débloquera encore en effet cinquante milliards d’euros supplémentaires pour soutenir indistinctement les ménages et les entreprises en 2023 tandis que les taux remontent. Le FMI demande de cibler l’aide et de la répartir justement pour économiser. Dans le fond de mettre en œuvre ce que Bercy n’a jamais voulu dans le domaine des recettes. Ce matin sur RTL le patron du distributeur Système U probablement un dangereux anarchiste de gauche dénonçait avec des trémolos dans la voix les « effets d’aubaine » qui ont été ceux des grands groupes.

Pour lui l’inflation suit sa lancée aujourd’hui, en partie à cause des industriels. « Quand l’industriel vient me voir en me disant : ‘Je vous demande une hausse de 18% de mes produits’, le travail de nos acheteurs, c’est de comprendre », explique-t-il à l’antenne. « Nous savons que depuis plusieurs mois, un certain nombre de matières premières est à la baisse et que le transport international est à la baisse. (…) Donc, on essaie de comprendre pourquoi on continue quand même à nous demander des hausses (…) Oui, il y a eu de la recherche d’effet d’aubaine, il y a eu de l’exagération, des superprofits, il y a eu une recherche de reconstitution de marges ». Bref c’est le double pactole : les aides publiques du quoi qu’il en coûte et l’inflation bienvenue 

Or après des années de relative insouciance budgétaire, liée à la baisse continue des taux d’intérêt, l’État a vu les intérêts de la dette s’envoler de 34% en 2022, pour atteindre 51,5 milliards d’euros. La charge financière pourrait ainsi dépasser le niveau des dépenses militaires (dont le montant définitif pour l’année passée n’est pas encore connu) et redevenir le deuxième poste budgétaire, derrière l’enseignement scolaire. Les recettes fiscales ne reposant que sur des taxes touchant inégalitairement les plus pauvres ne progresseront certainement pas au même rythme.

Le rapport annuel de la Cour des comptes, remis jeudi au Président des nantis et publié hier dresse un constat sévère de l’état des finances publiques Le premier président de la Cour des comptes a déclaré : « Nous sommes préoccupés par la situation des finances publiques françaises, parce que nous avons un taux de dépenses publiques dans le PIB qui est le plus élevé d’Europe, à 58 %, et nous n’avons pas pour autant une qualité de service public perçue par nos concitoyens comme étant toujours formidable. Il y a des interrogations sur l’état du système éducatif, sur la politique du logement, sur la politique de santé (…) nous vivons au-dessus de nos moyens », alertant sur le fait qu’« il faut sortir du ‘quoi qu’il en coûte' ».

En attendant Total par exemple se dépêche à couillonner tout le monde en approchant vite ses prix du niveau signalé comme bloqué. Les ordinateurs ont tourné et savent que les bénéfices ne diminueront pas !

Publié dans ACTUALITE | Marqué avec , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 6 commentaires

L’honneur ne coûte plus un bras

Il y a bien des personnes de la sphère publique qui auraient payé un bras le fait de défendre leur honneur avec le geste utilisé par le Garde des Sceaux. Le quatrième ministre du gouvernement dans l’ordre protocolaire s’est offert trois manifestations d’humeur inhabituelles dans une assemblée supposée être exemplaire dans la représentation de la Nation. Il est vrai qu’il ne s’agit que d’une escalade dans la désintégration de la crédibilité du Parlement. Rien de bien grave cependant mais il faut imaginer le déchaînement médiatique qu’aurait provoqué une telle attitude de la part d’un député siégeant dans l’opposition.

Le chœur médiatique des effarouchés n’a pas manqué de piailler face à une manifestation de réprobation considérée comme impolie ou obscène alors qu’elle est restée discrète lorsque les révélations sur les causes de l’ire ministérielle ont été connues. Présumé innocent tant qu’il n’a pas été définitivement jugé (et c’est pas pour demain!) le ministre concerné poursuit son chemin sans être outre mesure critiqué. Cette propension à se pencher sur la forme en oubliant le fond, constitue le danger quotidien pour la démocratie.

Les propos tenus par le Président du groupe LR n’avait rien de scandaleux ou de déplacés. Se présentant ne cheval blanc il avait simplement fustigé le caractère « opportuniste » de la proposition de loi sur l’’exemplarité des élus et la peine d’inégibilité obligatoire prononcé par les auteurs de violences intrafamiliales. Ce texte a été déposé dans les jours qui avaient suivi le retour dans l’hémicycle du député LFI Adrien Quatennens après sa condamnation pour violences conjugales. Là encore un tradition que celle de l’utilisation du principe éternel « action-réaction » qui permet d’avoir la conscience tranquille a posteriori.

« Votre majorité aurait gagné, à s’offrir une séance d’introspection… » avait débuté le député LR dans une diatribe virulente. Et il avait listé longuement les affaires qui impliquent le camp présidentiel : « onze condamnations dans la majorité », « huit mises en examen dont celle du secrétaire général de l’Élysée et celle du garde des Sceaux accusés l’un et l’autre de prise illégale d’intérêt ». Rien de plus exact mais qui ne saurait se dire ! En fait si le ministre de la justice avait voulu réagir de manière efficace ce sont huit bras d’honneur qu’il aurait pu aligner par solidarité.

Si l’on sait encore ce que peut être un bras il devient difficile dans bien des secteurs de la vie sociale de définir ce qu’est l’honneur. Selon Schopenhauer : « L’honneur est, objectivement, l’opinion qu’ont les autres de notre valeur, et, subjectivement, la crainte que nous inspire cette opinion ». La philosophie n’ayant plus sa place dans la culture il y a eu des adaptations en matière de « valeurs » et « d’opinions ». Il n’a pas d’autres repères en ma matière que la notion de condamnation et plus encore de la médiatisation qui en sera faite. Et encore. Il arrive que dans certains milieux ce ne soit pas suffisant puisque la peine prononcée confère notoriété ou compassion.

Les bras d’honneur en cause ne sont donc pas plus scandaleux que ceux plus abstraits causés par la présence sur des plateaux de télé de personnalités ayant subi les foudres de la justice et qui sont conviées à commenter l’actualité devant des millions de gogos ne trouvant rien à redire de leur présence. L’honneur meurt de plus en plus souvent dans les champs de l’indécence. Autrefois il se lavait sur le pré ou dans une clairière avec deux pistolets un arbitre et deux témoins. La dernière explication de ce style eut lieu le 21 avril 1967…

Ce jour là un duel à l’épée opposa deux parlementaires Gaston Defferre, maire de Marseille, député SFIO et président de son groupe à l’Assemblée nationale, et le très gaulliste René Ribière, élu du Val-d’Oise, révoqué de la préfectorale pour avoir assisté, en tenue de sous-préfet, à une manifestation du Rassemblement du peuple français (RPF). La veille, lors d’un débat houleux, alors qu’il était sans cesse interrompu pendant son intervention, Gaston Defferre apostropha son collègue le plus virulent : « Taisez-vous, abruti ! » L’incident dégénèra.

Ribière demanda des excuses à son offenseur, mais le Marseillais les lui refusa. L’offensé lui envoya derechef deux témoins pour exiger réparation. Ayant le choix des armes, il choisit l’épée. Trois assauts et deux estafilades plus tard, l’arbitre Jean de Lipkowski, un gaulliste de gauche, arrêta le combat, Ribière a deux blessures sans gravité et quelques gouttes de sang suffirent pour que le combat cesse. Oublié ! C’était pour le folklore.

Deux bras d’honneur et demi plus tard la politique en France a une fois encore plongé dans les apparences, la médiocrité et l’outrance. Sauf que selon la fameuse réplique que Pagnol prête à césar : «L’honneur c’est comme les allumettes : ça ne sert qu’une fois. »

Publié dans ACTUALITE | Marqué avec , , , , , , , , , , , | 4 commentaires