La radio d’antan dégageait de bonnes ondes

Dans le fond il devrait y avoir quelque part sur les ondes une émission permettant « aux enfants de la radio » de retrouver leurs souvenirs d’antan. Pour ma part je suis davantage membre de cette génération de l’écoute plutôt que de celle de l’image. Bien évidemment le premier poste de TSF qui trôna à la maison reste pour moi mythique. Il avait été acheté à l’épicier de Lorient Sadirac d’occasion. Monumental, doré sur toute sa façade, doté d’une antenne mobile il bénéficiait d’une table particulière dans la cuisine. Il avait remplacé un autre récepteur beaucoup plus modeste et bien moins suave dans son expression.

Le bonheur intégral résidait dans le fait que mes parents dotés de deux postes avaient installés le plus ancien dans leur chambre. Ma mère adorait écouter le soir les chansonniers qui intervenaient dans une émission très suivie baptisée « Le Grenier de Montmartre ». Un délice d’humour simple, de caricatures féroces et surtout une prise de recul par rapport à l’actualité politique. Totalement libres à la fin des années cinquante les Maurice Horgues, Jacques Grello, Jean Led, Robert Rocca ou Raymond Souplex et autres Pierre-Jean Vaillard n’y allaient pas avec le dos de la cuillère de la bien-pensance.

Parfois durant les vacances scolaires, mes parents m’offraient le luxe incroyable de laisser la porte de leur chambre grande ouverte. Un privilège que je savourais depuis mon lit dans l’obscurité avec la douce sensation d’appartenir au monde des adultes. Les jeux de mots, les chansonnettes, les allusions mordantes au monde politique il est vrai très porteur de la IV° République, ont probablement constitué les bases de ma vision de la vie publique. Guy Mollet et ses rodomontades, Paul Ramadier et sa vignette, Edgard Faure et la girouette ou Mendés-France et son verre de lait défilaient sur l’écran noir d’une nuit qui n’était pas blanche mais qui était écourtée par le fait que je manquais pas une miette du festin.

Lorsque le récepteur de « luxe » arriva les opportunités de déguster les fruits des ondes devinrent plus nombreuses. Au milieu des années 1950, Géraldine Gérard présentait avec  « La semaine des cinq jeudis », un « quotidien radiophonique pour les jeunes » où l’on retrouvait le chat Criquibi et qui diffusait le régal constitué par  « On a volé l’étoile polaire, un grand film policier à épisodes qui durait trois minutes chaque jour », mettant en scène un narrateur malicieux et accompagné d’ambiances sonores variés.

Chaque jeudi il y avait un appel à envoyer des dessins permettant de gagner des livres ou des bédés. Combien de fois ai-je tenté ma chance sur les feuilles de papier blanc dérobait dans le tiroir du secrétariat de la Maire ? Je ne le sais pas vraiment. Toutes mes tentatives restèrent vaines tant mon adresse en arts graphiques était limité.

A l’école même nous avions, luxe suprême des cours d’éducation musicale et de chant fourni par la TSF. Moment attendu par la classe quand André Meynier arrêtait le cours pour allumer la radio le vendredi après-midi. Bien de mes copines et copains n’avaient pas opportunité d’écouter des émissions et plus encore de partager Pierre et le loup, de voyager dans les steppes de l’Asie centrale ou de goûter à la Danse macabre. Le chant soigneusement copié sur le cahier de récitations en commençant par les pages de la fin rassemblait tout le monde après des vocalises que les voix en mutation des « grands » de fin d’études.

Incontestablement l’extase se situait durant la période estivale avec la passion que m’inspirait les directs effectués depuis la route du Tour de France. Je collais littéralement au récepteur pour déguster les descriptions des héros des cycles chers à Blondin. Georges Briquet, véritable chantre du vélo, avait une débit de voix exceptionnel que j’imitais avec application au point que je me souviens avoir été sollicité pour distraire la troupe des vendangeurs rassemblée par on père. Parlant vite, donnant du rythme à ses interventions roi de l’improvisation, Il ajoutait à ses commentaires sportifs des des descriptions du contexte dans lequel ils se déroulaient. Georges Briquet transformait en exploit toute accélération ou en drame toute défaillance.

La radio a cultivé mon imagination, l’a faite grandir, lui a donné une dimension exceptionnelle et m’a permis de construire un monde personnel unique. Beaucoup plus tard, dans ma chambre d’instituteur « exilé » à Castillon la Bataille je retrouvais ce plaisir avec mon transistor. Les soirées de correction du travail individuel de ma première classe je plongeais avec délectation dans le rendez-vous de fin de nuit de l’émission « avec lui » de Jacques Lanzmann… Un régal !

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Le vrai bonheur de pisser libre

Dans la vie quotidienne il y a bien des gestes qui ne préoccupent guère même s’ils ont accompagné toutes les étapes d’une vie. Ils prennent pourtant une importance bien différente selon l’âge. Au risque que j’assume d’être taxé de je ne sais quel à priori pro masculin, je m’attacherai à évoquer le privilège de pouvoir pisser à sa guise. On ne se rend compte de ce que ce geste naturel apporte comme plaisir quand il est maîtrisé et volontaire.

Quelle jouissance par exemple de se libérer, le nez dans les étoiles, face à la nature dans le silence d’une nuit estivale ! S’affranchir des codes sociaux a toujours constitué un privilège qui devient de plus en plus rare tant nous sommes devenus des esclaves de la bien-pensance.

Rabelais a illustré ce geste auguste du pisseur prenant de la hauteur pour un geste auguste de domination du monde dans le chapitre XVII de Gargantua quand il installa son héros au sommet de Notre-Dame de Paris. Le défi a une portée philosophique par le lieu de son exercice et surtout par le fait qu’il témoigne de là-haut son mépris pour celles et ceux qui le prennent pour une bête de crique.

C’est avec grande joie que de là-haut il arrosa la capitale, pissant, pissant à tel point qu’il finit par noyer 260 418 Parisiens « sans les femmes et les petits-enfants ». Il pensait leur offrir un cadeau. En fait il n’y a eu aucun symbole de ce geste auguste. Alors que Bruxelles a fixé pour l’éternité celui d’un petit garçon joufflu déversant un jet gentillet au vu et au su de toute le monde. Qui n’a pas à la manière du Manneken-Pis eu envie de faire pipi sur l’gazon pour arroser les coccinelles (…) Pour arroser les papillons.

Il m’est même arrivé de faire des concours de distance de jets pour désigner le chef potentiel de la bande de gamins libres que nous étions. La statue du « petit homme qui pisse » vieille de plus de trois siècles a soulevé des polémiques et des tentatives d’enlèvement significatives du rapport que la société entretient avec un geste naturel.

Depuis la plus tendre enfance le pipi revêt une importance particulière. Si en plus il s’installe la nuit dans le lit, l’affaire devient d’importance. L’énurésie devient alors une honte, une peur, un fardeau révélateurs d’un mal-être psychologique. Là où l’acte revêt une certaine jouissance, il traduit le sentiment contraire. La liberté cède la place à la contrainte, à la réprimande, au conflit. On ignore alors que pisser peut devenir un plaisir et on le découvre un jour. Toujours trop tard. L’aseptisation galopante ne permet plus d’espérer un tel cheminement. La génération Pampers a remplacé celle des culs nus et des zigounette dans le vent.

En grandissant bien de ces protégés des fuites incontrôlables mettent de plus en plus en bière leurs inhibitions. La Coupe du monde de rugby n’est pas seulement un grand rendez-vous pour pisse-copie vantant les mérites des bulldozers dont on ne contrôle pas trop les urines. Des supporteurs venus d’Outre Manche soutenus par des locaux très aguerris auraient selon des témoignages dignes de foi, passé plus de temps entre le bar et les urinoirs que devant les performances de leurs favoris. Il paraît qu’il n’est même plus question sur leur passage, de troisième mi-temps mais de temps complet ! Même les marins du port d’Amsterdam chers à Brel qui ne pissaient que pour pleurer sont hors concours.

La capitale incontestable des pisseurs reste cependant Munich où en certains lieux le circuit de consommation directe entre le buveur et l’évacuateur ont été raccourcis au maximum. Il ne s’agit plus de plaisir mais simplement d’efficacité allemande. L’industrialisation détruit inévitablement la beauté du geste artisanal individuel. On est en effet très loin du pipi « gourmand » contre le mur de l’église faute d’avoir l’audace de Gargantua. Cet acte critiquable et même interdit, de miction impossible comporte bien des dangers. Il est d’ailleurs malvenu de ma part d’en souligner l’intérêt. Je l’admets volontiers.

Je me rends compte depuis quelques jours combien l’acte de pisser librement appartient aux plus précieux de ceux qu’offre la vie. Croire que d’en être privé est simple, relève de la posture médicale. Si en plus on sort d’une période de sondé contraint, la frustration augmente. Les aléas de l’âge font parfois revenir en enfance. C’est douloureux… mais pas irrémédiable. Il me tarde de retrouver un pré, des étoiles et l’air pur.

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Un isolement n’ayant rien de splendide

Si la situation intérieure globale de la France n’a rien de rassurant. La population le sent confusément en épargnant au maximum pour la part de celle qui le peut, afin de conjurer un avenir qui ne cesse de s’obscurcir. Le niveau général de la consommation dans tous les domaine s’étiole alors que toute la stratégie budgétaire de l’ultra-libéralisme repose sur la taxation tous azimuts de tous les actes contraints ou volontaires des dépenses de ce type. Question pouvoir d’achat, les conséquences de la suppression de la taxe d’habitation, ce que j’ai annoncé depuis trois ans, est tombé avec les feuilles d’automne des taxes foncières ou reposant sur ses bases. Les propriétaires trinquent plein pot avec des hausses qui mettront en péril bien des foyers fragiles. Tout le monde a la trouille. 

Pendant ce temps la France s’enfonce au plan international payant des prises de position « au-dessus de ses moyens ». Nul ne saurait honnêtement prétendre que nous ne plions pas bagages en Afrique de notre propre volonté. Burkina, Mali, Niger : nous nous retirons ce que je ne saurai critiquer mais ça prend des allures de « retraite » car chaque fois le Chef de notre État a voulu rouler des mécaniques du genre « retenez-moi où je vais faire un malheur ! » crispant une situation déjà tendue et fragile avant de reculer. 

Les devants ont été pris au Gabon… avec une prise du pouvoir par des militaires plus conciliants mais dont l’opinion publique risquent bien de l’être moins. Le camouflet marocain sur la non-demande de secours, la congélation des rapports avec l’Algérie ou les tensions avec la Tunisie sur le passage des migrants accentuent cet isolement que le Pape est venu souligner. Au suivant… Sénégal ? Mauritanie ? Centrafrique ? 

Le pire se prépare aussi en Europe. Le couple franco-allemand non seulement n’existe plus que formellement mais les chamailleries se multiplient allant même jusqu’à une situation proche du divorce par consentement non mutuel. L’Allemagne confrontée à la montée du populisme commence par exemple à prendre des positions tranchées sur l’immigration ou à jouer sa propre carte sur la transition écologique. La France rame de plus en plus seule dans une Union Européenne ressemblant à la situation de la banquise au moment du dégel.

L’U.E n’ayant aucune ossature politique, elle n’a aucune place réelle en géopolitique à part celle du nombril de quelques-uns de ses dirigeants. SuR qui la France peut-elle encore compter ? Tous les pays les uns après les autres basculent dans le populisme plus ou moins évolué. Pour le moment seuls le Portugal et l’Espagne ont été préservés de la montée de la peste plus ou moins « brune ». Partout les extrémistes anti-européens, radicaux, démagos, autoritaristes et nationalistes arrivent au pouvoir ou jouent un rôle décisif dans son exercice. Le régime « semi-théocratique » polonais se replie sur lui-même car les élections intra-muros arrivent.

Le dernier résultat des élections nationales confirme cette tendance. La Slovaquie a peut-être donné le coup de grâce à ce qu’il pouvait y avoir de bases communes au sein de l’UE. Le retour aux « affaires » de Robert Fico changera probablement un équilibre devenu très fragile. Celui-ci qui a blâmé les « nazis et fascistes ukrainiens » d’avoir provoqué le président russe Vladimir Poutine, l’obligeant selon lui à lancer l’invasion en Ukraine est redevenu majoritaire aaux législatives. 

Il a notamment promis que la Slovaquie n’enverrait plus « une seule munition » à l’Ukraine et a appelé à de meilleures relations avec la Russie. Devenu un allié proche du Premier ministre hongrois Victor Orban Il rejoindra s’il obtient une majorité parlementaire, la Hongrie pour contester le soutien à l’Ukraine prôné par l’Union européenne, alors que le bloc peine à maintenir son opposition à l’invasion russe.

Au Nord rien ne va plus puisque le Danemark, la Finlande, la Suède, les Pays-Bas flirtent ou se sont résolument engagés, sur la voie populiste. Au Sud c’est fait en Italie. A l’Est la Lettonie, la Hongrie, la Pologne et maintenant la Slovaquie suivent le chemin consistant à profiter des fonds européens mais à en piétiner les valeurs fondamentales qui permettent de maintenir leur structure support qui les distroibue. Les élections de 2024 verront la déroute des partis réputés traditionnels. Ils seront partout laminés par les « nationalistes » anti-européens. Seuls peut-être les écolos peuvent espérer dans le contexte actuel maintenir le niveau de leur représentativité. La France en sera un exemple dramatique. 

Dans ce foutoir européen et mondial avec des USA paralysés par leur enjeu présidentiel (que deviendra le fétu français si demain Trump revient?) le pouvoir parisien navigue à vue tentant de maintenir l’illusion d’une grandeur passée. Nous sommes loin du discours mitterrandien de Cancun (1981) de la déclaration flamboyante de de Villepin à l’ONU (2003) ou même celui de Fabius (2015) à la fin de la conférence internationale sur le règlement climatique. Nous avons néamoins le gueleton de Versailles.

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Le changement durable viendra du local

Il faudra bien un jour où l’autre que notre société remette en question un certain nombre des principes qui guident son évolution. Cette remise en cause n’intervient, la plupart du temps, que sous la pression d’événements mettant en cause directement notre confort apparent. Changer les mentalités reste la plus exigeante des philosophies, car elle nécessite des efforts considérables. Alors, pour se donner l’illusion de l’efficacité, les responsables sociaux pondent des milliers de textes, règlements, normes, contraintes, pour s’assurer que leurs certitudes se transformeront en réalités.

Les prises de position reposent souvent sur des concepts simplistes destinés à satisfaire le plus grand nombre, car ils sont inspirés par une rassurante facilité d’élaboration. C’est ainsi que notre monde se veut celui de la… vitesse. Il n’existe pas un seul secteur de l’activité humaine où on ne lutte pas frénétiquement pour réduire l’influence du temps.

On vante partout les vertus de tout ce qui se fait vite ! Les lignes à grande vitesse (LGV) pour les déplacements ; la restauration dite « rapide » pour la nourriture ; les « primeurs » pour la production et tant d’autres facettes du quotidien font que le jugement se fait en fonction de la rapidité des actions. La qualité serait basée sur la réduction de toutes les durées. On ne se pose même pas la question des conséquences réelles de cette propension collective à accélérer tout ce qui peut l’être. Et pourtant… elles sont profondément néfastes pour l’avenir même de l’Homme !

Dégâts sur l’environnement, destruction du lien social, déperdition de la qualité, impact terrible sur la santé, perte de l’identité : l’affirmer n’a rien de rétrograde. Une nouvelle conception du temps progresse de manière fulgurante dans les esprits : la journée, la vie entière, s’organisent autour du temps de travail subi ou volontaire car il procure un statut social, des revenus, et c’est autour de lui que les autres temps (loisirs, repos, vacances) se composent.

Pourtant, sa part réelle dans la vie de chacun ne cesse de diminuer. Selon l’INSEE, si tous les individus de plus de 18 ans travaillaient, chacun y consacrerait à peine 3 heures par jour. Ce temps, considéré comme dominant, ne l’est plus dans les faits. Mais nous n’avons pas encore adopté une nouvelle valeur pour le remplacer. C’est l’une des causes de la crise actuelle.
L’ère industrielle s’est fondée sur un credo : gagner du temps ! Mais la technologie bouleverse les données : la durée s’efface devant l’instantané. L’informatique permet de communiquer  » en temps réel  » avec le bout du monde. Nous devenons une société d’insomniaques.

Le temps perd sa valeur d’étalon du travail : les contrats où la rémunération dépend du résultat se multiplient. Nous courons en considérant que le salut passe par la maîtrise du temps, grâce à la vitesse. Nous dépensons des milliards pour gagner des minutes sur un trajet entre Bordeaux et Paris, alors que nous en perdons beaucoup plus au quotidien dans les embouteillages, à quelques kilomètres de notre domicile. Nous comptons les secondes en nous donnant l’impression que notre vie en est…allongée ! En fait, une contestation de ces certitudes, portées par l’opinion dominante, est en train de naître : la lenteur salvatrice !

De plus en plus de décideurs ou de sociologues argumentent sur les vertus de ce qui est considéré comme un handicap, alors que ce peut être un atout dans tous les secteurs de la vie collective. Un mouvement dit « slowfood » pour la nourriture, a été vite complété par un autre beaucoup moins connu qui a ses origines en Toscane et qui porte le nom de « Cittaslow ».

Il s’agit d’une conception politique globale, servant de base à toute gouvernance locale. Des villes cultivant la « lenteur » quand d’autres dépensent des sommes folles pour vanter la vitesse devient, non pas une idée réactionnaire, mais un concept révolutionnaire ! Concevoir la vie autrement, hors des schémas traditionnels, refuser la vitesse comme élément de référence, suppose en effet une forte dose d’indignation permanente, allant à l’encontre des théories portées par la quasi totalité des aménageurs.

Les principes de Cittaslow sont ceux d’un véritable programme politique appliqué par plus de 150 villes de moins de 50 000 habitants dans 25 pays sur les cinq continents. Il a adopté un manifeste qui comprend 70 recommandations et obligations pour les villes candidates comme par exemple :
 la mise en valeur du patrimoine bâti existant, la propreté de la ville,
 la création d’espaces verts, d’ espaces de loisirs, de voies vertes,
 le développement de commerces de proximité,
 la participation des citoyens au développement de leur ville,
 le développement de la solidarité intergénérationnelle,
 la priorité donnée aux infrastructures collectives, avec des équipement adaptés aux handicapés et aux différents âges de la vie,
 la préservation et le développement des coutumes locales et des produits régionaux,
 la réduction des consommations énergétiques, la promotion des technologies vertes,
 la diminution des déchets et le développement de programmes de recyclage,
 la priorité donnée aux modes de déplacement non polluants et aux transports en commun.

J’ai approuvé tous ces principes qui ont guidé mon action publique (1) et que j’ai tenté de mettre en œuvre globalement avec les équipes municipales qui m’ont accordé leur confiance, et c’est la raison pour laquelle il faut se battre pour que la lenteur reprenne, avec fierté et ambition, sa vraie valeur.

(1) Créon a été la troisième ville française à franchir les examens internationaux lui permettatnt d’accueillir ce label en mars 2012

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Mayotte se prépare à la guerre de l’eau qui touchera tôt ou tard le monde

Un séisme dévaste le Maroc, causant des ravages matériels et humains considérables et la France offre immédiatement dans un bel élan de solidarité, son concours pour venir au secours des populations sinistrées. Des pluies diluviennes ravagent la Libye provoquant l’effondrement de barrages mal entretenus et un hôpital de campagne est envoyé pour essayer de subvenir aux besoins de sinistrés abandonnés. Les appels à la générosité modialisée se multiplient dans un contexte de crise provoqué par le déferlement d’images de désolation. Notre pays a historiquement la référence de sa réactivité solidaire dans l’urgence internationale. On se souvent de Kouchner et le sac de riz ! 

Au cœur de l’océan indien, sur 376 km² de territoire national se prépare pourtant une crise humanitaire qui pour le moment laisse le grand public totalement indifférent. Après avoir durant des semaines alimenté les divagations des plateaux des télés ne carburant qu’à la haine et à la démesure, Mayotte devrait pourtant y retrouver une place de choix. La destruction des bidonvilles pour tenter de juguler la migration depuis les îles voisines de Grande Comore ou d’Anjouan, ah, ça on en a vu des reportages. La visite du pourfendeur de l’immigré jaugeant l’efficacité dans les « bangas » des bulldozers aété largemet diffusée. En revanche on n’a pas vu trop de propositions pour réduire le déficit en eau qui menace la population et qui ne se règlera pas par une visite ministérielle. 

Le Préfet dont il faut saluer l’énergie et la solidité, tente de sensibiliser à une crise déjà présente risquant de devenir catastrophique à très court terme.  Les deux retenues collinaires – qui représentent 80 % de la ressource avec les rivières – ne sont plus remplies qu’à 7,5 % au nord, à Dzoumogné, et 16 %, au centre, à Combani. Il reste un quinzaine de jours de capacité de distribution. Jamais dans l’histoire locale la pénurie avait atteint un tel niveau. Or les habitants sont déjà privés de ce bien très précieux deux jours sur trois depuis un mois.

Ayant basé la couverture de besoins par les eaux pluviales, Mayotte est le premier département français touché globalement par les effets du réchauffement climatique. La faiblesse des infrastructures, leur mauvais entretien (fuites sur le réseau et crédits disparus) et la difficulté à trouver des solutions alternatives compatibles avec le niveau de vie le plus faible de notre pays, font que désormais il faudrait un plan massif pour tenter sur de nombreuses années d’atténuer ces réalités. La démographie galopante lié à l’immigration clandestine ne laissera pas le temps de construire des réponses pérennes. Une part du territoire national part à la catastrophe. 

Pourquoi ne déclenche-t-on pas le plan Orsec ? Pourquoi ne lance-t-on pas un appel à la solidarité ? Pourquoi ne mobilise-t-on pas des moyens d’urgence similaires à ceux des interventions dans les catastrophes naturelles ? Aucune des mesures proposées ne répondra en effet à la pénurie totale qui s’annoncent. Les forages, l’augmentation de la production d’eau de dessalinisation, le pompage en rivière ne seront des palliatifs à échéance du début 2024 ! La production espérée se situerait entre 15 et 20 000 m³ alors que le minimum absolu est de 28 000 dans le contexte actuel et qu’elle devrait être de 43 000 ! Alors on va encore rationner. C’est donc une grave crise humanitaire et sanitaire qui se profile dans le département le plus pauvre de France.

Déjà minée par une violence l’île devient une poudrière. L’inflation aggrave un contexte social extrêmement tendu. En dehors de bouteilles d’eau minérale distribuées aux personnes les « plus fragiles », les packs en vente libre atteignent 10 euros. Il faudrait des envois massifs venant de tous les pays disposant de quantités disponibles et dans ce domaine; Or les ONG ou associations caritatives restent bien passives d’autant que s’ouvre la tragédie des Arméniens du Haut Karabakh.

Cet été sur le territoire métropolitain le cap des 100 communes privées d’eau potable a été franchi. Il y a fort à parier que ce nombre sera battu en 2024 et ne cessera d’augmenter. Le département de Mayotte par sa configuration et sa situation fait figure de territoire éloigné et spécifique. Dans quelques jours comme sur bon nombre d’autres sujets, on constatera que nous passons à coté de l’essentiel et que nous attendrons d’être à sec pour…. anticiper

Comme toujours l’État réagit aux effets alors que le travail de fond. Le débat engagé sur l’accès « à une eau potable propre et de qualité et à des installations sanitaires qui est un droit humain. » devient essentiel mais pour le moment on en est à l’immigration. L’immigration. L’immigration vous dis-je ! Rien que l’immigration.

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Le début de la mascarade budgétaire

En de nombreuses années d’exercice d’une responsabilité publique à divers niveaux, il m’a toujours été ressassé qu’un budget devait être « sincère » dans ses prévisions de recettes et de dépenses. Je me suis amusé à comptabiliser les présentations budgétaires que j’ai personnellement assumées sur la base de ce principe. Le total dépasse une soixantaine-dix documents construits avec les techniciennes et les techniciens compétents. Tous les contrôles diligentés plus ou moins spontanément par la Cour des Comptes n’a jamais mis en cause des entorses à ce principe essentiel.

Un autre principe essentiel qui m’a valu bien des remarques ironiques ou amusées, résidait dans l’approche de sa construction : minorer les recettes sur un socle aussi réaliste que possible pour ne pas engager des dépenses que la collectivité ne saurait tenir. Ce n’est surtout pas la voie de la facilité car la tentation est souvent grande d’effectuer la démarche inverse. Promettre des dépenses et ajuster les recettes utopiques pour équilibrer ou couvrir par le creusement de la dette.

L’État est d’une exigence féroce à l’égard des collectivités territoriales qui non seulement ne doivent pas générer un déficit dans leur gestion mais ont la contrainte de réaliser un « autofinancement » le plus élevé possible. Même si les contrôles des documents budgétaires par les autorités de tutelle n’existent quasiment plus bien des communes se retrouvent dans des situations catastrophiques. Peu d’élus sont en effet enclin à hiérarchiser leurs choix budgétaires surtout en fonctionnement : c’est ça faire de la politique !

Depuis hier s’est ouvert en France le bal des faux-culs budgétaires avec l’utilisation de multiples artifices techniques destinés à masquer une situation financière très préoccupante débute. On va s’invectiver à l’assemblée pour le plus grand plaisir des médias dédaigneux d’une nécessaire rigueur qu’ils ne s’appliquent pas à eux-mêmes. Le contribuable gueule sans vouloir comprendre. Le citoyen renonce car ça l’arrange. L’opposant invective sans proposer. La majorité approuve avec mauvaise conscience pou une minorité et dans le silence pour celles et ceux de ses membres qui n’ont pas envie de se poser de question.

Il ne faut pourtant pas être grand clerc pour détecter un gonflement des recettes du budget 2024. Ayant basé toute sa stratégie libérale sur la tonte des consommateurs de tout et de rien par le système des taxes, ayant accordé des exonérations démagogiques de contribution individuelle ou collective à l’effort commun, ayant désigné deux catégories sociales comme exutoires des besoins (propriétaires et retraités ce qui va souvent ensemble) le pouvoir en place a creusé un déficit budgétaire inavouable.

Le budget annoncé est fondamentalement insincère car il repose sur des prévisions qui ne seront pas atteintes en terme de recettes. Bercy table sur une croissance de 1,4% du PIB en 2024 (alors que l’INSEE et la Banque de France projettent moitié moins, et encore) et sur une inflation redescendue à 2,6%, en moyenne, alors que les mêmes causes produisant les mêmes effets, elle restera aux alentours de 5%! La baisse de la consommation s’amorce et le début 2024 risque bel et bien d’être très négatif dans ce domaine. Dès le début le principe du « réalisme pour les recettes » est jeté à la poubelle. Le budget sera à peine adopté qu’il sera totalement faux.

Comme depuis un demi-siècle , la France dépense (avec plus ou moins de démagogie) davantage que ses ressources. Côté recettes (TVA, impôt, cotisations), le pays devrait engranger 1 494 milliards d’euros en 2024. Mais il va en dépenser…. 1 622. Bilan : un « déficit public » de 128 milliards qui est vraiment trop limité pour être sincère. N’empêche qu’il faudra le combler. Et là intervient la solution miracle : l’emprunt. Un volume de 285 milliards de dette supplémentaire s’avère déjà le minimum vital. Rappelons que ce sont 270 milliards qui ont été en 2023 ajouté à la montagne de plus de 3 000 milliards.

Le contexte des marchés financiers avec des taux d’intérêts croissants est occulté. Comment oser annoncer que l’on entre dans une phase de désendettement… alors que les sommes empruntées sont plus élevées et que leur coût intrinsèque sera supérieur. L’astuce consiste à faire semblant en disant « voyez on emprunte moins que nous aurions dû le faire : c’est donc du désendettement ! »

En 2024, les besoins de financement sont censés être moins importants que l’an dernier : l’État doit trouver au total 299,7 milliards d’euros, soit une « baisse de 10,6 milliards d’euros comparé au besoin de financement de 2023 actualisé ». Cette « économie » correspond à la baisse théorique du déficit à financer, Bref suivez le pancrace parlementaire car il vous évitera de tenter de comprendre que le sincérité n’est plus de ce monde en politique.

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La dissolution totale de l’élitisme républicain

Il serait intéressant que des sociologues se penchent sur l’évolution de ce que l’on appelle de moins en moins « l’élite » française. En trois ou quatre décennies les critères ont été modifiés sous l’influence d’un modèle américain auquel notre pays n’a pas su résister. La base de l’accession au statut de membre du groupe reconnu comme « au-dessus » de la masse « ordinaire » a été construite dans la première moitié du XX° siècle ; Elle reposait sur ce que l’on appelait « le mérite » essentiellement scolaire. Il s’agissait de confier le pouvoir essentiellement politique et administratif à des personnes ayant parfaitement assimilé le savoir nécessaire et les valeurs garantes de leur loyauté.

Tout le système éducatif nouveau construit contre celui que gérait le pouvoir religieux était certes ouvert à sa base au plus grand nombre avec l’ambition de conduire chacun à ses possibilités maximales dans le cadre de ses capacités. Cette vision restait cependant théorique avec l’ouverture de l’enseignement secondaire à seulement de 3 à 5 % de la population. Parmi cette frange réduite l’essentiel passé en zone urbaine par les petites classes des lycées. Elle était largement constitué par des enfants des milieux « bourgeois », auxquels venaient s’ajouter, via le fameux concours des bourses, une infime minorité d’enfants de l’école publique.

Le principe de l’accession au sommet de la société était celui du filtre des examens successifs déjà très sélectifs auxquels s’ajoutait la nécessité de concourir à des niveaux différenciés mais lui garantissant l’accès à des fonctions stratégiques. L’essentiel de cette élite était fonctionnarisée dans les grands corps de l’État. Le sociologue Dubet aime répéter que tout enseignant avait pour mission de détecter celle ou celui qui finirait un jour étape après étape major de polytechnique. Une autre élite, celle dite des « grandes familles » avec le pouvoir de l’argent et de la domination économique se construisait ailleurs. Il existait un équilibre potentiel reposant sur le partage des responsabilité entre l’État et le Privé.

Lorsque le Conseil national de la résistance envisage le nouveau système il énonce les principes suivants et souhaite : «  La possibilité effective pour tous les enfants français de bénéficier de l’instruction et d’accéder à la culture la plus développée, quelle que soit la situation de fortune de leurs parents, afin que les fonctions les plus hautes soient réellement accessibles à tous ceux qui auront les capacités requises pour les exercer et que soit ainsi promue une élite véritable, non de naissance mais de mérite, et constamment renouvelée par les apports populaires. » Il faut remarquer la volonté de la promotion « d’une élite véritable ».

Ce concept a parfaitement fonctionné pendant une vingtaine d’années. Tant que le lien entre élite et service public dans tous les secteurs a été respecté dans les domaines des services de l’État, la santé, la sécurité, l’éducation, la mobilité, l’énergie et tant d’autres domaines. La destruction progressive par tous les gouvernements d’après 1968 les services publics a conduit à l’effritement puis à l’effondrement de l’élitisme antérieur. L’accès au sommet ressemble davantage à une course d’obstacles par élimination pouvant prétendre dans tous les domaines à une rentabilisation aussi rapide que possible d’un éventuelle réussite

Quel est la notoriété du ou de la major de Polytechnique ? Quel est celle de la première ou le premier à l’école normale supérieure ? La réussite est celle du fric ! L’État et les collectivités peinent à recruter. Le mélange des genres avec la confusion entre les mondes politiques et du profit a rendu la concept même d’élite totalement flou. Méprisante, déconnectée, concentrée sur Paris, infidèle et souvent prétentieuse l’élite actuelle ne reflète absolument plus l’évolution de la France.

Le système éducatif dans lequel chaque prof pense que si lui a connu une forme de réussite il n’y a aucune raison que toute la classe ne suive pas le même chemin est en plein désarroi car ses repères ont volé en éclats. L’élitisme français actuel a perdu tout son sens puisque non seulement il creuse les inégalités mais qui plus est il les creuse. Au lieu d’une simple sélection antérieure des meilleurs, il disqualifie chaque jour un peu plus ceux qui sont moins performants. Le cheminement au mérite a disparu ou s’est dilué.

Notre élite est celle de la frime, de la Ferrari, des plateaux télé, de la supercherie idéologique, de l’outrance, des gueulards ou des friqués. Il ne viendrait pas à l’esprit d’un gamin sur cent de se référer à Louise Michel, Louis Pasteur, Marie ou Pierre Curie, Albert Camus, Jean Moulin, Alber Schweitzer, Simone Veil, Antoine Blondin ou Michel Rocard…

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Le racisme « ordinaire » constitue le pire des dangers

Le racisme ? Mais de quoi parlez-vous ? Il n’existerait que pour alimenter des polémiques nationales rentables électoralement dans un sens ou dans l’autre. Il est cependant très difficile de trouver dans l’Histoire de l’humanité, des périodes même très reculées sans qu’un part de la société s’en prenne directement ou indirectement à une autre. Les victimes changent mais le constat demeure. L’échec de la mise en œuvre de l’une des valeurs républicaines essentielles, la fraternité, s’aggrave chaque jour un peu plus.

Dès l’école maternelle les prémices de la montée du plus dangereux des comportements s’installe dans les esprits. Alors que durant de longues années les enfants affichaient une indifférence totale sur les origines ethniques, sous l’influence des parents et du contexte sociétal ils adoptent des attitudes agressives et même haineuses. C’est un constat dont on essaie de ne pas parler car il a un caractère alarmant. Le racisme devient ordinaire et ce ce qui le rend dangereux.

Il entre dans les établissements scolaires mais ne bénéficie pas de la médiatisation des autres sujets actuels. Comme toute autre forme de discrimination, le racisme freine la participation sociale, économique et culturelle des personnes qui le subissent. Cette expérience entraîne des impacts négatifs sur la santé, le niveau de vie et le bien-être des personnes qui en sont victimes. Le Ministère reste très discret sur le sujet. Or en milieu scolaire il a des effets dévastateurs sur le développement social des jeunes et suscite un questionnement douloureux sur l’identité et le sens d’appartenance.

Qui ose écrire que désormais une part plus large du personnel de toutes catégories qui se laisse aller à des attitudes contraires aux valeurs qu’ils devraient porter de manière exemplaire. Ce n’est pas nouveau. Lors de l’enterrement d’un enfant dé républicain espagnol auquel j’assistai il a été rappelé que brillant élève il fut privé du prix cantonal du certificat d’études. Une situation similaire avait touché un élève italien dont le compte la cruelle désillusion dans mon roman « Les 9 vies d’Ezio » (‘1). Un événement qui avait marqué toute la vie de celui qui était devenu médecin. Le racisme ordinaire ce sont des réflexions, des mots, des attitudes, des inattentions lâchés de manière brève mais significative.

Une histoire a récemment refait surface en Irlande. La fédération de gymnastique est au cœur d’une polémique après la sortie virale sur les réseaux sociaux d’une vidéo où l’on voit une jeune athlète noire être la seule de son équipe à ne pas recevoir de médaille. La séquence remonte en fait à mars 2022, mais a été vue des millions de fois ces derniers jours. Une polémique sur fond de racisme qui arrive bien après, mais qui a contraint la fédération irlandaise à s’exprimer. Elle reflète simplement des milliers d’autres situations que l’on ne connaît pas car ils appartiennent au quotidien.

Regardez bien autour de vous. Sortez des idées reçues. A cet égard le sport demeure sur le terrain un dernier creuset rassemblant des jeunes sans le prisme de leurs origines. « Vous savez m’expliquait il y a quelques temps le président du club de football de Langon. Nous avons accueilli exactement 14 mineurs non accompagnés pour aider à leur intégration. Tous ont trouvé du boulot ou poursuivent leurs études pour la plus grande satisfaction des entreprises ou des chefs d’établissement. Nous en avons six qui jouent plus ou moins souvent dans notre équipe première. Ils sont ponctuels, respectueux et déterminés » Le même constat pourrait être fait à Libourne ou dans de nombreux autres clubs

Le racisme est à géométrie variable. Chaque fois que l’on évoque une personne particulière, une situation positive ou une attitude constructive la réponse fuse : « oui mais lui, eux, ce n’est pas pareil ! » La stigmatisation s’effectue sur des généralités et toujours dans le même sens. Tout le monde à son fait divers, son histoire médiatique, la résonance de propos ressassés médiatiquement, l’utilisation de comportements déviants pour justifier son comportement de raciste ordinaire.

La vague ne cesse de s’attaquer aux digues républicaines. Elle avance dans les cours d’école, dans les stades, ddans les espaces publics, dans la santé, dans tous les services publics de manière constante. La violence accompagne cette montée en puissance d’un phénomène qui échappera un jour à ces exploiteurs. Non pas dans à moyen terme mais à très court terme.

(1) Les 9 vies d’Ezio toutes les plateformes de vente en ligne

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Un système inhumain et révélateur de notre époque

Même si c’est prétentieux, je pense que sur certains sujets des chroniques de Roue Libre tentent de constituer des références temporelles sur certains sujets. Il est difficile parfois de ne pas avoir envie de réagir à ce que déversent approximativement et sans aucune retenue des médias peu soucieux d’un rôle éducatif. Leur seul souci étant celui de l’audience ils se gavent de certitudes. Le système n’anticipe rien, tourne en rond, ressasse des analyses allant toujours dans le même sens n’apportant rien à la construction d’une citoyenneté lucide et constructive.

Il arrive que parfois j’ai la satisfaction en puisant dans les milliers d’articles publiés depuis 18 ans de découvrir des sujets sur lesquels je n’avais pas écrit que des bêtises. Le pire, c’est quand je découvre que ce que j e vous avais annoncé se produit. J’ai par exemple maintes fois tenté de sensibiliser au fonctionnement du système des urgences ordinaires de santé. Or hier j’ai pu vérifier que nous allions vers une situation encore plus ubuesque que je ne l’imaginais. Il faut le vivre pour le croire.

Depuis mardi dernier ma prostatectomie rendue nécessaire par la présence d’une « tumeur maligne », me cause quelques soucis. Rien de grave mais des aléas inquiétants. Sorti moins de 48 heures après l’intervention chirurgicale robotisée ayant été en définitive un plus compliquée que prévue, je me suis retrouvé avec soulagement à la maison heureusement bien entouré et heureux car ne souffrant d’aucune douleur.

J’avais été soulagé de ma prostate et de 2300 € de dépassements d’honoraires ce qui ne constituait pas une surprise puisque j’avais signé les devis correspondants. En soirée une fièvre dérangeante s’installa. Bien évidemment elle fut temporairement diminuée par la prise du fameux Doliprane. Rien d’exceptionnel ! 

Tout fut différent quand le phénomène se reproduisit le vendredi à un niveau supérieur. L’infirmier à domicile souhaita alerter mon médecin traitant sur le sujet d’autant que s’ouvrait le week-end. Il se mirent d’accord sur la nécessité d’effectuer des analyses susceptibles de trouver la racine du mal. Cacheton après cacheton je parvins à obtenir quelques périodes de baisse d’une température qui se mit à flirter avec 39° dans la nuit.

Hier quand l’infirmier est repassé il s’est lancé dans le pire des défis : obtenir le passage d’un médecin de garde un dimanche car il soupçonnait une infection urinaire. Fini le bon vieux temps où l’on prenait le journal Sud-Ouest pour dénicher le professionnel de garde. Il est obligatoire de passer par le 15 car ses coordonnées sont secrètes. Sauf si vous êtes mourant le défi ressemble à celui de chercher une aiguille dans une meule de foin.

Le professionnel de santé se lançait dans un marathon. D’abord pour l’échauffement il lui fallu quelques longues minutes pour bénéficier d’une réponse. La première personne à laquelle il explique la situation médicale fait le tri. J’imagine un instant que ce soit moi qui ai appelé…car je pense que ce serait vite terminé. Il n’y pas d’urgence vitale donc elle envoie à une seconde personne qui lui redemande une description complète de mon cas… Nous en sommes déjà à une bonne vingtaine de minutes agrémentés de musique lancinante. L’appel est transmis vers un nouvel interlocuteur auquel il faut à nouveau redonner un descriptif de mon état de santé. Toujours pas de décision.

Ce médecin échange avec son interlocuteurs qu’il prend un peu de haut (il n’est qu’infirmier) et conclut que vu mon âge et mes antécédents cardiaques il lui parait nécessaire… de m’envoyer aux urgences en ambulance. L’infirmier finit pas le persuader que la situation n’exige pas ce déploiement de moyens. Le dialogue est tendu. Il met en attente durant une bonne dizaine de minutes et une nouvelle interlocutrice arrive. Elle pose les questions que ses collègues ont probalement déjà inscrites sur la fiche médicale. Re-re-belote… Elle renonce à son tour à venir.

Les 45 minutes d’attente entrecoupées d’un douzaine de dialogue sont atteintes. Mon porte-parole ne renonce pas : il attend. Une discussion animée que l’opératrice oublie d’occulter s’engage : qui doit intervenir? L’antenne de SOS médecins de Créon (elle refuse car elle ne fonctionne qu’après 20h) ou le médecin de garde déjà très occupé sur un secteur très peiuplé… Une chamaillerie édifiante. Nous en somme à 55 minutes de communication téléphonique. Une solution imposée par le 15 est imposée. Basculement vers un mèdecin de terrain. Ce denier correspondant annonce qu’il passera à mon domicile dans l’après-midi ! On en est à une heure moins quelques secondes d’échange avec le 15 !

En définitive vers 14 heures déboule un jeune praticien de l’antenne de Cenon de SOS Médecins. Un garçon clair, méthodique, concis qui en un quart d’huer dresse toutes les ordonnances nécessaires. Une heure après j’entame un traitement urgent pour éviter que l’infection (j’ai une sonde) se développe. Je n’en tire aucune conclusion. Je livre ce récit comme un témoignage et je m’interroge sur ce que j’aurais fait sans le secours de l’infirmier et sa pugnacité. Ah ! J’ai oublié partout ailleurs il n’y avait que des répondeurs. C’est tellement facile et inhumain. 

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