Le mépris reste le plus grand danger pour la démocratie

Il y aurait si je me réfère aux expressions publiques diverses et aux publications sentencieuses qui pullulent, deux France. L’une sérieuse, efficace, compétente, élitiste dite « de gouvernement » et une autre inepte, démagogue, inutile dite de « contestation » ! Si l’on ajoute que la première débute un quinquennat exemplaire forte d’une popularité « exemplaire » et d’un « solidarité sans faille » à, l’égard de son mentor élyséen, on a une idée du niveau de décadence de la seconde qui ne serait totalement discréditée, irréaliste voire désastreuse pour la Nation. Avouez un peu que ces contorsions relèvent du cirque et pas de la politique. 

Tout est fait pour que c’est tout simplement parce qu’ils n’ont rien compris au bonheur que l’on leur procure malgré eux. les citoyens se détournent du vrai débat public en tentant de les persuader qu’ils n’y ont pas leur place. Ces serait trop sérieux pour qu’ils entrent dans le tourbillon des décisions qui les concernent. Et s’ils s’en mêlent ce n’est que parce qu’ils ne comprennent rien au bonheur que l’on veut leur construire malgré eux.

Tout explose de tous les cotés mais ils ne doivent pas s’inquiéter les gouvernants veillent sur leur avenir dont la limite est au jour le jour. Revenir sur leurs affirmations toujours aussi péremptoires, hautaines, caricaturales et effectuer une analyse lucide de la situation relèvent du crime de lèse-majesté. Sarkozy et Juppé ont perdu à cause de leur mépris et de leur suffisance. Le Président actuel a une longueur d’avance sur eux. Il considère que la vérité lui appartient et que tout serait la faute des cons qui ne comprennent rien. 

Le premier constat que l’on peut effectuer c’est une vraie perte de confiance (qui devrait préoccuper les élites) entre elles et la grande majorité d’une nation qui a depuis belle lurette oublié ses illusions. Cette rupture irréfutable n’est que la conséquence du suivisme aveugle et même parfois redoutable pour la démocratie dont la représentation nationale continue à faire preuve. Le terme de godillots créé par le Canard Enchaîné à l’époque de l’hégémonie gaulliste prend ytout son sens sous tous les gouvernements de la V° république sauf celui de François Hollande.

Le fossé de la défiance s’est encore creusé depuis le début de l’année pour devenir un précipice. entre leur vision de la gouvernance actuelle et celle ressentie sur le terrain. Comme la température au Canada il y a le relevé brut déjà inquiétant assorti de la notion de ressenti. Plus ils vont accuser les Françaises et les Français de ne rien avoir compris, de ne pas avoir su faire le bon choix en pratiquant l’insulte ou parfois l’intimidation et plus ils vont les éloigner d’eux… la note sera salée ! 

Cette minorité majoritaire serait dotée d’un homme providentiel, autoritaire, porteur de ses « succès » passés, épargné par les reproches de trahison à l’égard de François Hollande, habillé par le tailleur des costumes présidentiels, loué pour sa valeur intellectuelle qui aurait une vision exceptionnelle de l’intérêt du pays . Elle donne la leçon aux culs-terreux, aux minables, aux sans-grade ou aux jeunes qui leur font un pied-de-nez.

Ce sont quasiment les mêmes ayant appelé à voter « Oui » au référendum sur le traité constitutionnel européen qui se retrouvent une nouvelle fois désavoués ! La même dure réalité démocratique avec une carabistouille parlementaire totalement incompréhensible pour la France d’en bas chère à Raffarin. Demain il sera trop tard.

Des femmes et ces hommes parfois sur le terrain associatif depuis des décennies, des maires, ces conseillers municipaux au contact des effets du social-libéralisme se sentent méprisés, humiliés par des déclarations suffisantes et blessantes de celles et ceux qu’ils ont parfois contribué à faire élire !  Certes ces forces vives ne sont pas des prétendants au « gouvernement » et ils n’ont jamais espéré en être mais de grâce que l’on respecte un tant soit peu ce qu’ils tentent d’expliquer : à la base tout fout le camp à la vitesse grand V §

Être démocrate et républicain c’est admettre la différence, la tolérance, la force de la conviction et l’action au service des idées. Ce n’est pas toujours louvoyer entre les écueils de prises de position difficiles ou aussi se contenter d’une contestation inefficace, opportuniste et braillarde ! Les élites se régalent de ces rodomontades ou de ces attaques vaines car se voulant populaires alors qu’elles ne sont que populistes. C’est une autre forme de mépris.

Le mépris ruisselle à tous les étages plus facilement que la richesse. Le livre de Pierre Rosanvallon sur « Les épreuves de la vie » illustre parfaitement la France actuelle. « Les nouvelles géographies des fractures politiques et l’instauration d’un climat de défiance ont certes été documentées mais la nature des attentes, des colères et des peurs dont elles dérivent n’a pas encore été déchiffrée. Son ouvrage se fonde pour cela sur une analyse des épreuves auxquelles les Français se trouvent le plus communément confrontés au quotidien. C’est en partant notamment des expériences vécues du mépris, de l’injustice, des discriminations et de l’incertitude que l’on peut comprendre autrement la société. » Rien de mieux.

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L’éclatement de la bulle menace

La menace se profile mais elle n’est pas encore prise en compte par l’opinion dominante ; celle de la chute du marché de l’immobilier, une bulle spéculative qui n’a cessé d’enfler au fil des ans et des crises. La Banque centrale européenne a sonné le tocsin considérant que l’augmentation des taux d’intérêt pour les emprunts constituait une menace. En France les annonces se multiplient. Par(assurances exemple sur paris et l’Ile-de-France les notaires anticipent, en juillet 2023, une baisse annuelle des prix de 5 % pour les appartements quand les ventes de logements anciens ont reculé de 22 % au premier trimestre 2023, sur un an. Il en de même dans certaines grandes villes de province.

La menace ciblée par le BCE porte sur le fait que les prix chuteraient de manière « désordonnée » au regard des taux élevés d’emprunt dans le secteur. Les acquisitions de logements deviennent donc inabordables pour les ménages et peu intéressantes pour les investisseurs,  La pire des situations qui pourrait mettre en danger les établissements bancaires les plus fragiles. Après des années de taux d’intérêt bas, voire négatifs, l’impact des conséquences de l’inflation se fait sentir. Surtout pour les manages ayant cédé à la tentation des emprunts à taux variable. On ne va tarder à en ressentir les conséquences.

Les prix immobiliers à Rennes chutent  de -14 %, suivi de Metz à -13 %, de Nantesà -11 %, puis de Bordeaux à 10 %. Plus incroyable encore, la ville de Paris ferait le dos rond, avec des prix au m² glissant doucement, mais sûrement, en dessous de la barre des 10 000 €. Certes c’était dangereux mais si le phénomène s’accélère les promoteurs-vendeurs risquent bel et bien de se retrouver avec des appartements ou des pavillons sur les bras.

La situation a été créée par la BCE elle-même. Elle a relevé ses taux à un rythme inédit dans l’histoire de l’institut monétaire, pour lutter contre le retour de l’inflation. Les banques ont répercuté ces hausses : le taux moyen du crédit immobilier est passé de 1,06 % en décembre 2021 à 3,15 % en avril 2023, avec un impact considérable sur le budget des acheteurs. Coincés par les augmentations des dépenses obligatoires (assurances, énergie, déplacement domicile-travail, taxes foncières, alimentation) les ménages entrent dans la spirale de l’endettement supérieur aux quotas initiaux. Le risque de perte d’emploi devient alors le plus menaçant.

En cas de cessation de remboursement des emprunts, la revente du bien devient hypothétique pour compenser le restant à payer. Moins d’acheteurs et donc moins d’offres et des prix qui s’effondrent. Durant la période euphorique des taux d’intérêt très bas il était possible de doper le montant des transactions ce qui a conduit les acheteurs à signer pour des montants d’acquisition sans rapport avec la réalité du marché. Cette situation a contribué à augmenter les finances des départements.

Le danger du lien total des ressources des collectivités avec l’économie de marché risque de prendre sa vraie dimension fin 2023 et surtout en 2024 qui sera l’année de tous les dangers. Les conseils départementaux n’ont plus aucun levier fiscal et ils ne survivent que sous perfusion d’un État de plus en plus exsangue. Le reversement d’une fraction de la TVA et surtout le produit des Droits de mutation à titre onéreux (DMTO) servent en totalité à financer les dépenses de solidarité humaine. Cette taxe sur les ventes de biens immobiliers est reversée par les notaires entre 3 et 4 mois après la vente… Elle est proportionnelle au montant de la vente ! Un effondrement du marché générera une perte de recettes en fin de l’exercice budgétaire 2023. Les villes et les communes de plus de 5000 habitants seront également touchées.

Dans le même temps (et on évite d’en parler) les actions de contestation contre les constructions neuves se multiplient rendant les projets longs, périlleux et même impossibles. Les répercussions des restrictions fortes sur la disponibilité foncière aggravent la situation. Toutes les populations ‘installées » refusent désormais les arrivants potentiels. Il n’y aura pas de conséquences à court terme tant les programmes ont pris du retard (recours, augmentation des matières premières, pénurie de main d’œuvre…) mais la crise surviendra en 2025. Le coût du foncier suivra la même courbe que celle de la construction avec des possibilités de prêts réduites en volumes et en durée.

En laissant libre cours à la loi du marché le système ultra-libéral produit des crises endémiques à répétition jusqu’au jour où l’une d’entre elles fera exploser me système. La plupart des pays auront d’ici là installé des coalitions droite et extrême-droite au pouvoir et dans un contexte de grande pagaille financière nul ne sait vraiment comment se terminera l’aventure.

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Le petit monde des joueurs d’hippodromes

Ils sont là attablés comme des élèves qui bûcheraient avant une interrogation écrite. Penchés sur le même livret, Bic en mains, ils suivent les lignes en silence. En scrutant chaque mot, chaque signe, ce quatuor bosse dur ! Il prépare avec une louable application leurs devoirs pour l’après-midi. Ce sont les premiers dans la vaste cour de récréation que l’on appelle ici hippodrome. Installés au soleil ces deux couples ne plaisantent pas préparant dans le calme les paris qu’ils effectueront solidairement sur les neuf courses du jour.

Bien que l’heure soit encore matinale, le petits godets en Pyralex formatés pour les cantines sont teintés de rosé. Une bouteille posée sur une table grise sur à grosses gouttes. Elle n’aura pas le temps de perdre de sa fraîcheur initiale. Quand certains intellos de la statistiques se noient dans le café, eux débattent en se faisant des verres. Ces Mousquetaires du Paris réellement mutuel et urbain tant ils s’écoutent et adoptent le principe du « Un pour tous et tous pou un » après moultes discussions. Ils viennent jouer aux petits chevaux. 

Leur technique ne varie pas ; dénicher à travers les éléments en leur possession le cheval de « trois » qui leur donnera le sentiment d’être des connaisseurs. Le ou la quatrième finira par s’incliner. Cet esprit collectif renforcé par la fiole à l’étiquette annonçant simplement qu’il s’agit du « rosé de l’été » a quelque chose de touchant. Leur plaisir de sortir une pièce de deux euros pour nourrir un espoir d’un « gain de beauté » reflète la catégorie des parieurs ne jouant que pour avoir la satisfaction de ne pas perdre. 

Lentement les tables se garnissent. Les arrivants s’installent avec une motivation plus ou moins forte pour le programme commun disponible à l’entrée et qu’ils roulent avec autant de dextérité que les petites mains alliant la galette et la saucisse. Le temps ne presse pas. Leur réflexion se voudra plus spontanée, plus instinctive, plus improvisée mais dans le fond pas moins efficace. Le nom du cheval toujours d’une certaine noblesse tarabiscotée leur servira de repère essentiel mais bon nombre d’entre eux se contenteront de prêter des valeurs exceptionnelles aux chiffres de leur date de naissance. Ils imputent leurs échec uniquement à la versatilité de Dame chance. La gente féminine y est majoritaire. 

Ces parieurs là avouent difficilement leur incompétence mais ramènent bruyamment leur science lorsque le sort leur est favorable. Un regard distrait sur la liste renseignée des engagés sert à affirmer qu’il y a dans leur choix une part de connaissance hippique. On les confond avec les faux prophètes qui adoptent le même détachement et que l’on consulte si on les connaît bien du regard au passage. Eux ils distribuent avec parcimonie ce que le commun des mortels baptisent un tuyau. Il le tient du gars qui a vu le gars connaissant bien le chauffeur du van ayant emmené les chevaux… S’il se révèle trop généreux dans sa distribution aux copains de ses trouvailles, la méfiance doit être la règle : le gars n’est pas fiable et travaille à l’esbrouffe. 

Les meilleurs restent les silencieux, les penseurs, les mystérieux. Au rond de présentation, ils viennent discrètement chercher une confirmation. Leurs oreilles traînent du coté des vans. Tels des détectives ils traquent les indices d’une défaillance ou d’un exploit potentiel. Les yeux rivés sur l’évolution en direct des jeux par partant, ces s »spécialistes » tentent le gros coup. Leurs paris turfs s’effectuent dans la discrétion. Eux ne murmurent pas à l’oreille des chevaux mais à celle de l’employée du PMU. Toujours le même guichet surtout si les gains sont au rendez-vous et un dextérité pour empocher les billets surtout pas étalés devant la file des gens ordinaires. Pour le parieur émérite, il n’y aura aucune démonstration intempestive tant dans le succès que dans l’erreur. Il sent les résultats plus qu’il les analyse.  

L’hippodrome rassemble une société avec ses gagne-petit, ses perdants impénitents, ses vantards ostentatoires, ses illusions perdues et ses malins qui ne vivent pas que d’espoir. Pas de petit écran castrateur des émotions, pas d’anonymat des joueurs à distance. Ici on vit le jeu avec quelques euros en poche. La réussite réside dans le seul fait de ne pas perdre… ce qui se révèle impossible sauf si on parvient à s’arrêter sur un bon coup. Pas si facile que ça ! Le quatuor revient au point de départ et compte discrètement sa « fortune » collective. Quelques billets de dix euros et de la monnaie. Juste ce qu’il faut pour payer l’apéro du soir mais pas pour s’éclater. Toute la journée l’imprévu a bouleversé les plans initiaux et finalement chacun a repris son autonomie. Ils attendront la prochaine journée de courses pour renouer avec leur rêve !

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La recherche miroir du selfie

J’ai beau faire tous les efforts possibles, j’ai un mal infini à apparaître autrement qu’un « vieux gros » sur cette nouvelle passion qu’est devenue le selfie… En fait ce « self service » photographique consistant à se mettre en scène devant un lieu, un monument ou avec une personnalité tenue avec passion par le cou devient la marque absolue du modernisme estival. Sortir sa canne spécialisée à narcissisme instantané, constitue une preuve d’appartenance à la caste des pratiquants des nouvelles technologies. Les « nullos » sont ceux qui prennent leur image à bout de bras… en offrant ensuite une image proche de celle que l’on obtient en parcourant une galerie de glaces déformantes. En fait le résultat n’est jamais à la hauteur véritable des espoirs comme lors de toute mise en œuvre de plaisirs solitaires éphémères !
Il existe en effet plusieurs types de selfies selon la volonté personnelle de celle ou celui qui l’assume. Tout son intérêt ne réside pas nécessairement dans la qualité de son cadrage mais surtout dans son caractère spontané traduisant ainsi la caractère d’un bon élève appliqué ou la folie inventive de l’improvisateur.
En été l’autoportrait réaliste qui avait probablement demandé tant de temps à Van Gogh pour laisser une trace de son oreille coupée, s’exécute désormais en quelques dixièmes de secondes. Il s’agit souvent pour l’auteur de pouvoir prouver sa présence en un lieu insolite ou prestigieux ou sur une événement exceptionnel. L’art du positionnement du visage par rapport au fond revêt toute son importance. Quel est l’élément principal entre la face « déformée » ou le cadre dans lequel il s’insère ? Comme le corollaire de cette opération de « self contrôle » réside dans la diffusion rapide sur les réseaux sociaux afin d’épater la galerie, le décor doit être bien choisi ! « J’y suis et j’y reste pour la postérité » : tel est le message délivré par un cliché positionné devant un monument, un paysage, un contexte valorisant pour l’ego de celui qui le réalise! Les concours de grimaces, les déguisements, les maquillages offrent également matières à se transformer en son propre modèle. Faute de recul par rapport à l’appareil les effets sont accentués et conduisent à l’autodérision… avec ces clichés manqués qui deviennent cultes. Le « selfies » peuvent être soignés ou minables mais peu importe l’essentiel c’est de les publier comme preuves de son empreinte dans un environnement réputé extraordinaire. Et dans ce domaine on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même.
Dans la société estivale moderne il est en effet indispensable de mettre en scène son bonheur individuel ou collectif. Tout se montre ! Tout de se démultiplie ! Tout s’expose !Comme l’ego surdimensionné constitue une preuve de sa capacité à exister vis à vis des autres, le selfie sert d’attestation personnelle de célébrité. Ce vedettariat de l’instant est aussi renforcé par la présence dans le cadre aux cotés de celui qui regarde le « petit oiseau » sortir, de l’une de ces personnes qui occupent plus ou moins le devant de l’actualité médiatique.
Les chasseuses ou les chasseurs de selfies sont alors prêts à tout. On en voit sur la route du tour de France se retirer au dernier moment tels des toreros inconscients devant un coureur déchaîné afin de récupérer le cliché magique ! Ils n’auront qu’un flou artistique aux cotés d’un fou courant. On entre sur une pelouse pour se coller à un joueur de football et saisir une proximité inédite. Même approche de la postérité avec une demande formulée à une femme ou un homme du monde politique. Inutile d’ajouter que le rêve suprême envahissant les esprits du pratiquants du selfie se niche dans l’approche d’une vedette du cinéma, de la chanson ou du théâtre mais jamais d’un Prix Nobel ! Le cliché devient alors culte et suivra toute la vie comme un trophée encore plus prestigieux que peut l’être un autographe. La poids des mots d’une dédicace est effacée par le choc des images arrachées par insistance ou opportunisme sur un attentat, un accident, une calamité climatique ou un drame collectif.
Le selfie tourne au phénomène de société et s’affiche comme le révélateur de ce monde tourné vers l’individualisme. On verra bientôt des mariés se photographier durant l’affirmation de leur engagement. Des enfants transformeront la traditionnelle photo de classe en « co-portrait » avec un enseignant sympa ! Certain(e)s adultes ne tombent plus amoureux de leur image sur l’écran d’un téléphone mobile. Comprenant l’absurdité de leur passion il se suicideront et à l’endroit même où leur sang coulera, naîtra une fleur, qui ne s’appellera plus « narcisse » mais « selfie » ! L’individualisme allant jusqu’à l’égoïsme a trouvé son outil idéal et des concours de photos de nombrils sont en préparation de telle manière que l’on aille jusqu’au summum de l’art ! Regardez l’été du selfie est en route !

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Le vrai plaisir de faire ses courses en Bretagne

Le centre de la Bretagne tente de résister à l’épreuve de la diminution inexorable de la population active. Toutes les bourgades traversent avec plus ou moins de réussite la crise démographique et économique. Le commerce des centres bourgs débute une lente descente aux enfers. Les façades de granit affichent une solidité historique mais elles dissimulent mal l’absence de leurs propriétaires qui usés par l’âge ou la spirale de l’absence de clientèle ont quitté les lieux. Des places musées, des rues balayées par le vent mauvais du changement des habitudes de vie gardent l’esprit de cette région attachée à ses traditions.

Comme beaucoup de ces bourgades, Rostrenen a choisi de résister en s’accrochant à ses rendez-vous traditionnels. Cultiver son identité devient alors essentiel pour rassemblée toutes les forces qui subsistent. Les jeunes et les moins jeunes se fondent dans des manifestations séculaires attirant un public ravi de se retrouver au village. Les courses de chevaux offrent chaque week-end ou presque sur le territoire, des opportunités de se rassurer en se retrouvant pour partager des joies simples.

Dès le début de l’après-midi familles avec toutes les strates d’âge, jeunes en bandes désorganisées, personnes âgées nostalgiques et spécialistes du cheval de courses convergent vers l’hippodrome aux champs. Rostrenen s’offre deux journées de joie de vivre. Le bénévolat retrouve son efficacité. Les soucis d’organisation mobilise un Président et ses soutiens. Rien n’est simple. Rien n’est facile. Entre ceux qui boivent trop et ceux qui boivent trop peu, le site s’anime avec la vigueur des fourmilières sentant l’arrivée d’un orage.

Comme pour témoigner de l’intérêt du ciel pou ces initiatives le soleil ne se montre pas avare de luminosité méditerranéenne et de chaleur. Tout le monde ne cause que de ce ciel bleu dont les mauvaises langues (et elles sont nombreuses) affirment qu’il fait défaut à la Bretagne. On sent bien une certaine fierté dans les regards comme si cet « événement » clouait le bec à tous les présentateurs de la météo.

Les courses succèdent aux courses. Les résultats important peu car personne ne rêvent de sommes folles. Quelques dizaines d’euros discrètement grappillés après un résultat favorable ou des pièces de deux euros ou un billet de dix suffisent à entretenir le mythe dune possible fortune. Chacun conserve son secret et sollicite à mi-voix ses demandes auprès des caissières du PMU. Il n’y a pas de gros gagnants à l’image de cette contrée rude où on ne connaît pas l’argent facile.

L’hippodrome de Rostrenen s’érige en creuset des espoirs ordinaires. L’essentiel n’est pas là mais dans le partage que génère le seul rendez-vous annuel avec le galop, le trot ou le « steeple-chase ». Le public qui garnit les modestes tribunes affiche une motivation très discrète. Faire ses courses n’a rien de calamiteux ou de vénal : à sa mesure, avec ses moyens et surtout avec l’état d’esprit des gens décontractés heureux de sortir de la spirale infernale d’un quotidien fragmenté et désespérant de grisaille. Tout redonne une séquence de bonheur dont quelques-uns profitent avec une mise en bière démesurée. Évoluer anonymement en tendant l’oreille constitue un plaisir exceptionnel.

Un jockey penaud rentre trempé au paddock après un plongeon forcé sur l’obstacle de la rivière. Son commentaire, alors qu’il ôte des bottes remplis d’eau appartient aux dialogues d’Audiard : « Monsieur le Commissaire, je vous le dis, il y a trop d’eau dans la rivière ! » lâche-t-il comme explication à sa mésaventure. Il lui faut aller s’éponger et vider le trop-plein ramené de la piste avant de monter sur la bascule avec le harnachement de sa monture.

«  J’attendais un grand huit dans la course et j’ai eu une piste de vélo-cross » affirme un déçu en jetant son ticket perdant dans l’urne de rattrapage. Des jeunes passablement éméchés tentent de confectionner une roue avec tous les verres qu’ils ont éclusés. « Allez les gars annonce l’un d’entre eux, on va leur montrer que l’on n’est pas complètement ronds ! » ; Un gamin poretur du maillot du Barça floqué du nom et deu 10 de Messi supplie sa mère de ne jouer « que le dix ». Cette dernière lui répon du tac au tac : «  Désolé mon garçons mais ton Messi il n’a pas besoin de gagner aux courses. Il est blindé ! »

Condensé de ce monde invisible, les présents se pavanent au soleil comme pour effacer des mois passés d’isolement dans les ténèbres. Le bonheur efface toutes les déceptions. Les Bretons aiment le partage réel, la simplicité granitique et la résistance aux modes. Ils respirent le grand air et le sens de l’accueil. Un bain salutaire que je n’avais pas pris depuis belle lurette.

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Le Total à payer pour la croissance

S’il est un mot qui revient sans cesse dans les discours des ministres qui sont susceptibles de compter, c’est bel et bien , celui de « croissance ». Quand j’étais enfant on se préoccupait déjà de ma « croissance » en m’administrant de l’huile de foie de morue par cuillerées épouvantables ou en me donnant une fiole de vin rouge pour la cantine. Il fallait assurer ma « croissance » et faire de moi un gaillard solide prêt à affronter les aléas de la vie. Actuellement les grands de ce monde ont une tendance à invoquer cette même référence qui selon leurs dires doit sauver la planète de la déroute économique.
Croître, croître, croître ! Produire, produire, produire ! Consommer, consommer, consommer ! Profit, profit, profit ! Les conséquences importent peu car ce qui compte uniquement dans cette incantation c’est de pouvoir annoncer que l’essentiel devient l’emploi qui doit être accepté comme un bienfait de l’interminable développement du fric réputé clé du bonheur. En fait depuis ces dernières décennies des voix s’élèvent pour mettre à bas ces certitudes issues de théories venues essentiellement des Etats-Unis. Certaines vont jusqu’au bout d’une logique en prétendant que la « décroissance » sera tôt ou tard inévitable et qu’il vaudrait mieux l’organiser que la subir. Et d’autres pensent qu’il faut réorienter vers des objectifs plus compatibles avec la survie de la planète cette course effréné au « toujours plus » à n’importe quel prix. Il semble que s’amorce un virage tardif vers des efforts en faveur d’un développement durable. La récession vient de frapper l’Allemagne.
Les pays du monde entier ont ainsi pris des mesures en faveur d’une croissance économique plus « verte » disent-ils mais ils devront « engager des efforts bien plus importants pour limiter la hausse des températures moyennes autour de l’objectif fixé par les Nations unies » explique un cabinet international dans un récent rapport. Le système capitaliste et même celui du communisme ont effectué une course effrénée transformant des pays en « wagons » d’une « locomotive » folle qui ne doit jamais s’arrêter. A la moindre alerte sur une baisse des nations émergentes le tocsin sonne dans toutes les places boursières. Il faut vendre. Des armes comme du blé ; Du plastique comme du vaccin. Du pétrole comme du coton.
La mondialisation n’est pas le seul ressort de la croissance économique, mais elle joue un rôle essentiel depuis quelques décennies. Elle accentue ainsi les inégalités entre les pays et les individus en renforçant les pouvoirs du marché. Si on convient que le terme de mondialisation désigne le mode de développement du capitalisme engagé depuis le début des années 70, force est de constater que les rythmes de croissance observés ont été très différents d’une zone à l’autre et, au sein de chaque zone, d’un pays à l’autre. On assiste à une concurrence tellement exacerbée qu’elle étouffe justement les uns et dopent les autres en détruisant environnement et système sociaux.
Alors il faudra bien envisager une autre approche : la « décroissance économique », concept à la fois économique, politique et social, qui se situe à l’opposé du consensus économique et politique actuel faisant de la croissance économique, notamment du PIB, l’objectif des sociétés modernes. Les partisans de cette pensée cherchent désespérément à faire prendre conscience aux individus et à la collectivité que, dans les pays riches, l’empreinte écologique de l’homme a atteint un seuil où la croissance, même « durable » n’est plus possible. Le développement humain passe alors par une « décroissance durable » qui doit être pensée et organisée pour qu’elle soit soutenable. 

L’épuisement prévisible dans quelques décennies des ressources énergétiques : pétrole, gaz, uranium, charbon ; l’épuisement de certains minerais sont actuellement anticipés par certains pays comme la Chine afin de dominer le monde de la future pénurie. Impact sur l’environnement : effet de serre, réduction de la biodiversité, pollutions. 

Impact sur la santé. exploitation des ressources des pays du « Sud » au détriment de leur autosuffisance : on file droit vers le précipice mais on tourne le regard en restant esclave de cette fameuse pente d’une croissance réputé salvatrice alors qu’elle devrait être maîtrisée et lentement abandonnée. Le vrai problème c »st que les pays producteurs de pétrole gavé de pétrodollars ont accumulé des richesses considérables qui financent les fonctionnements des pays consommateurs via des prêts permanents. Un processus infernal…

Hier la victime expiatoire des illusions perdues a été le groupe Total qui a pulvérisé ses bénéfices. La Première des Ministres et l’un d’entre elles y sont allées de leur couplet sur la nécessité pour le pétrolier de se tourner derechef et vivement vers les énergies renouvelables. Une incantation qui faisait écho aux manifestations tentant d’interrompre l’assemblée générale des actionnaires. Au lieu de belles généralités ce duo de grande prétresses de la transition énergétique auraient pu annoncer une taxation spécifique des 66 % du montant des dividendes nets versés réalisés avec le gaz et le pétrole. Chiche ! La croissance du salaire du PDG et des fortunes des actionnaires n’a pas été remise en cause.

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Le pari risqué de JO qui ne sont pas en forme olympique

Même si j’ai horreur des références à un Pierre de Coubertin aux positions très ambiguës dans le cours de l’histoire, il me faut débuter, à propos des Jeux Olympiques de Paris : «  l’important c’est que nous ayons participé ! » Tout permet de penser que la France ne sortira pas indemne de cette aventure marquée par les problèmes d’une époque : la situation financière du pays, la violence montante, le coût pharaonique, le poids des événements géopolitiques, l’échec de l’appel aux bénévoles, le prix de l’accueil pour les visiteurs, la menace de mouvements sociaux, le tarif et la pagaille dans l’attribution des places, une sécurisation quasiment impossible et maintenant les querelles dramatiques au sein du mouvement sportif ayant en charge une part de l’organisation. Si l’on ajoute le bashing anti-ville de Paris le tableau est moins joyeux que prévu.

Le rendez-vous des JO risque bel et bien de tourner au cauchemar. Précédé par une Coupe du Monde de Rugby marquée par le scandale de la fédération Française et ses errements de gestion autocratique dont on ne mesurera l’impact que quand tout sera terminé, ce rendez-vous essentiellement commercial ressemble à un château de cartes. La France dégradée de son statut de puissance mondiale n’a plus les moyens de ce qui furent ses ambitions. Le coût ne cesse d’évoluer alors que 2024 sera l’année la plus dure sur le plan des finances publiques avec malgré les incantations de Bercy, un risque élevé de récession et une véritable crises des recettes.

Pour le moment le budget du comité d’organisation (Cojo), repose sur les recettes de billetterie, celles des sponsors et une contribution du Comité international olympique (CIO). À 96% d’origine privé, il est passé à 4,4 milliards d’euros fin 2022, une hausse de 10% à moitié due à l’inflation. Il a gonflé de 600 millions d’euros depuis 2018…Il faudra d’une manière ou une autre trouvé des ressources complémentaires dans le contexte d’une économie dégradée. De l’autre côté, la Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques), qui construit le village olympique notamment, a elle un budget autour de 4,4 milliards d’euros dont 1,710 milliard d’argent public (Etat et collectivités). Mais, en réalité cette somme totale de 8,8 milliards ne comprend pas toute une série de coûts.

Le plus gros budget qui sera entièrement à la charge de l’État sera celui de la sécurisation des sites et du public. Pour les forces de sécurité publique, un « premier chiffrage » cité dans un pré-rapport de la Cour des comptes à l’été 2022 évoque « 419 millions d’euros ». Mais ce chiffre pourrait bien grossir car le dispositif n’est pas encore calé. La réputation française a été altérée par l’épisode de la finale de la Coupe d’Europe des clubs en mai 2022 et rien n’est encore vraiment prêt pour les autres événements qui se dérouleront d’ici là. Le CIO a regardé avec angoisse les opérations de maintien de l’ordre des deniers mois et doute discrètement de la capacité à gérer des manifestations d’hostilité.

Il a été en plus affolé par les déclarations du Ministre de l’Intérieur qui est allé à New-York caisse de résonance mondiale visant à demander la main secourable des USA : « On est venu leur rappeler que pour les Européens et pour la France, le risque premier est le terrorisme islamiste sunnite et que la collaboration antiterroriste entre services de renseignement est absolument indispensable » Un aveu d’impuissance ou au minimum d’inquiétude. On va acheter des drones en quantité incroyable et il va falloir former à la hâte des dizaines de personnels. A ce stade, l’État, dans le documents budgétaires 2023, calcule en cumulé 2,166 milliards d’euros de dépenses publiques pour les JO, dont 1,157 milliard d’euros pour l’État. L’addition va grimper / c’est une certitude !

Dans un tel contexte le Comité national olympique et sportif français a implosé. Pour avoir siégé durant quelques temps au sein du conseil national du sport et avoir été associé à certaines réunions au Ministère des Sports alors que le Ministre s’appelait Douillet j’ai pu « apprécier » la personnalité de Massiglia, l’ancien Président. Le CNOSF n’a rien à envier au monde politique avec ses alliances, ses trahisons, ses querelles personnelles, ses magouilles, sa gestion débridée, son éloignement du sport et ses rapports avec le pouvoir faits de menaces et de chantages. « Tu n’oublies pas j’espère qui t’a payé durant des années ! » avait lancé au Ministre Douillet, Massiglia mécontent d’une position du Ministre. Une scène surréaliste démontrant la réalité du personnage. Il a dézingué sa remplaçante pas assez soumise à sa haute autorité et surtout qui a revendiqué un droit d’inventaire.

Le Comité international olympique a pris un nouveau coup au moral et à haussé le ton. Le Ministère fait profil bas. Le comité d’organisation s’affole. Tout le monde se demande de quoi demain sera fait…

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Il y a fraude sociale et fraude sociale…

Promis… juré : l’État va s’attaquer aux fraudeurs sociaux et même fiscaux. Ce ne serait que justice citoyenne. Sauf que bien évidemment derrière l’annonce il y a des réalités différentes de celles qui sont présentées. Politiquement il s’agit de conforter la pensée démagogique que les fraudeurs sont des miséreux, des fainéants, des immigrés, des profiteurs venus spécifiquement chez nous pour faire fortune. L’exemple emblématique des accusateurs réside dans l’appel à sanctionner les abus dans l’attribution du RSA. Personne n’en connaît les modalités d’attribution et personne ne précise que 35 % des possibles attributaires ne savent ou ne peuvent pas le demander !

La Cour des Comptes s’égosille à rappeler que la fraude sociale n’est vraiment pas celle que l’on dénonce pour plaire au peuple avide d’idées toutes faites. Ses rapports toujours passionnants à lire ne son même pas évoqué sur les relais médiatiques et les gouvernants s’en servent pour caler le pied usé de leur bureau Louis XV. Pourtant malgré parfois des analyses biaisées ces jugements constituent des éléments essentiels pour apprécier la réalité politique.

Ainsi sur la fraude dite sociale, la Cour vient d’affirmer que selon ses études le montant se situait entre 6 et 8 milliards . Cette estimation diffère nettement des éructations de l’équipage de la Marine nationale contre les allocataires du RSA. Les juges citent la somme de 4 milliards pour la seule tricherie sur l’assurance maladie soit plus de 50 % de ce qui disparaît dans les poches de ces fraudeurs indignes. Enfin pas si indignes que ça puisque pour les sages de la rue Cambon les principaux fautifs sont… les professionnels.

Con nombre de médecins détournent ces fonds en se faisant rembourser des actes fictifs jamais réalisés ; des infirmiers déclarent des actes incompatibles entre eux ; des kinésithérapeutes changent les codes de leurs actes et des ambulanciers exagèrent sur les trajets, les horaires ou la nature des transports. Elle parle bien de fraude volontaire et non pas d’erreurs d’inattention. Le total représente annuellement la bagatelle de plus de 3 milliards. Bien évidemment le gouvernement va s’attaquer aux racines de cette fraude. Enfin presque puisque les annonces portent sur des fausses cartes Vitale qui ruineraient le pays ou la CMU qui plomberaient les finances du système de solidarité sociale.

Le Président bat en brèche le discours « officiel » en résumant ainsi la situation : « L’assurance-maladie ne contrôle que de 1 à 4% des factures émises par les différentes professions. Aucun contrôle n’a été effectué depuis la crise sanitaire sur les factures des établissements de santé. Aucun. En 2022, les CAF ne contrôlent sur place que 3% des 3,1 millions de foyers bénéficiaires du RSA. Et donc, il faut très clairement changer d’échelle, changer de vitesse. Il y a deux choses qui doivent être faites. D’abord, il faut augmenter les moyens du contrôle. Et puis deuxièmement, il faut que ces contrôles soient mieux ciblés. Et tout ça demande un certain courage politique. » Donc on contrôle davantage les ressortissants du RSA que les professionnels de santé alors que les sommes détournées ne sont pas comparables !

« Courage politique ! » Belle formule et un vœu pieux. Si l’on regarde les votes ou l’abstention des allocataires du RSA et ceux des acteurs du système de santé elle prend toute sa signification. Le souci présent s’est de sécuriser au maximum la carte Vitale ce qui va coûter une blinde pour espérer un retour dérisoire. La rédactrice du rapport n’y va pas avec le dos de la cuillère : « « Quand il s’agit de professionnels de santé, on peut avoir quelques gros fraudeurs, donc un nombre relativement petit de fraudeurs pour des montants importants. Alors que quand il s’agit d’individus, de patients ou d’assurés sociaux bénéficiaires d’allocations diverses, c’est le contraire. On a un nombre très important d’allocataires pour des montants fraudés individuels qui sont relativement réduits. Et donc il faut faire beaucoup, beaucoup de contrôles pour arriver à récupérer des montants fraudés. »

Les pistes existent. Par exemple, contre les fraudes commises par les professionnels de santé, il faudrait améliorer les systèmes informatiques. Des mises à jour permettraient de bloquer, par exemple, les factures d’actes incohérents. Comme on récupère actuellement entre 1 et 10 % des sommes détournées l’effort ne serait pas inutile. Selon le rapport, la Cour a trouvé à peine 45 cas de soignants déconventionnés en 2022, après 28 en 2021, 14 en 2020 et 34 en 2019. Une affaire de « courage politique » probablement.

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Le contributeur consommateur supplante le contribuable citoyen

Le jeudi 1° juin dans le cadre des rencontres effectuées par Gironde citoyenne association unitaire, indépendante, démocratique et laïque tournée vers l’éducation aussi populaire que possible autour du civisme j’animerai une réflexion sur le basculement du fonctionnement social. Alors que les générations du siècle dernier ont déployé beaucoup d’efforts pour que la République soit construite autour d’une élévation de la citoyenneté, celles qui sont au pouvoir font le maximum pour que les consommateurs deviennent les artisans du développement démocratique. Jamais on n’est allé aussi loin dans ce domaine.

Les privatisations de quasiment tous les services publics ont conduit l’essentiel de la population a développé une notion dangereuse : « je paye donc je veux un résultat conforme à mes souhaits et instantané ». Désormais l’accès repose essentiellement sur la capacité à le financer puisque depuis des années il n’y a plus de réponses à la hauteur de besoins. La santé, l’éducation, l’énergie, la mobilité, la sécurité et bien d’autres domaines du quotidien ne reposent plus sur les valeurs républicaines d’égalité et de liberté. Les crises successives de ces dernières années ont mis en évidence l’insuffisance de la réponse publique. Dans le domaine de l’énergie par exemple le constat est patent puisque avec 9,4 milliards le gouvernement a décidé de renationaliser EDF !

Le concept de la capacité de la collectivité à répondre à toutes les défaillances des vies individuelles se développe. L’exigence de celle ou celui qui en veut pour son argent génère de plus en plus de difficultés passant de l’agressivité pour aller jusqu’à la violence verbale et physique. Les enseignants de tous niveaux, les sapeurs-pompiers en mission, les personnels de santé, les élus de terrain, les détenteurs d’un pouvoir réel ou supposé font face à des « clients » exigeants. Ils ont une obligation de résultat : « avec ce que je paie comme impôt, je m’attendais à autre chose ! ».

Trop souvent cette remarque n’émane pas des plus précaires, des plus fragiles, des plus modestes ! Eux sont résignés. N’ayant aucune conscience et pire aucune connaissance du fonctionnement des services auxquels ils s’adressent ou le sachant mais faisant semblant de ne pas le savoir les « contri-consomateurs » exploitent par contre tous les leviers pour obtenir ce qu’ils veulent. Nous ne cherchons pas à comprendre, on dézingue le système ! On consomme du politique. On consomme de l’associatif. On consomme de la solidarité. On exige la gratuité. On se pare dans la liberté. On se rue sur les poncifs soufflés par les extrêmes si on obtient pas ce que l’on estime être un dû ! Les agressions ne sont pas prêtes de diminuer ! Surtout quand on réponde à la violence par encore plus de violence.

Le niveau de consommation sert à évaluer la réussite des politiques. Le citoyen doit accepter une fiscalité directe équitable afin de financer les services qu’ils réclament. Il n’en est rien. Les récentes réformes ont sciemment tué le rapport entre la participation financière solidaire de chacun à la réponse aux besoins. Le leitmotiv simpliste qui a permis des succès électoraux (il faut baisser les impôts !) devient extrêmement dangereux pour la démocratie. Une proposition démagogique puisque seuls 44% des foyers paient l’impôt sur le revenu… Quelques millions de foyers émargent par exemple dans la tranche à 11% du barème, mais le jeu des crédits et réductions d’impôt, et de la décote amenuisant ou supprimant l’impôt des classes moyennes, sortent de nombreux foyers du panel d’assujettis.

Par contre plus de 200 taxes totalement inconnues et inévitables car elles ne bénéficient pas de réduction possible ponctionnent absolument tous les actes de consommation. Baisser les « impôts directs » avait pour arrière-pensée habile d’offrir une opportunité supplémentaire de dépenses soumises aux taxations comme la TVA ! En 2022 on atteint quasiment 5 milliards de recettes supplémentaires. Toutes les taxes rapportent toujours plus avec l’inflation et un bilan technique permettrait de démontrer que si le contribuable a l’impression d’avoir gagné d’une main, le consommateur ne cesse de perdre de l’autre main. Et le gouvernement se retrouve en fâcheuse posture puisque jamais les dépôts vers l’épargne n’ont été aussi élevés par manque de confiance dans l’avenir. Un douloureux manque à gagner.

On ne parle médiatiquement que de croissance pour sauver la patrie alors qu’elle ne repose quasiment sur la consommation qui alimente la production et souvent l’importation. On y ajoute le fameux Produit intérieur Brut (PIB) sans véritable signification et auquel personne ne comprend quoi que ce soit, les indices divers et variés de l’INSEE et on ressasse à l’envi que l’économie, c’est çà dire la loi du marché constitue la priorité politique absolue. Résultat sous l’influence croissante des médias nous surconsommons avec la bénédiction d’un pouvoir qui prétend lutter contre le réchauffement climatique. Je sens que je vais me régaler à Saint Vivien de Médoc.

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