JE COMMENCE A DEBLOGUER

Sat, 03 Sep 2005 07:17:00 +0000

Me voici prêt à « débloguer »… Il parait que ça fait du bien de se lâcher de temps à autre, sans avoir à rendre des comptes à personne. Je suis parfois « blogué », complètement « blogué », c’est à dire obsédé par le souci de communiquer avec les autres, de leur offrir l’opportunité de dialoguer sur la foultitude de sujets que la vie trépidante et le diktat médiatique ne permettent plus d’évoquer. Dans une société de sur-information, il est impossible d’exister autrement que dans le moule imposé. On ne peut être soi-même qu’en de trop rares occasions, quand on détient un mandat électif.

J’espère que cette ouverture sur l’infini de la toile me permettra donc de me reconcilier avec une certaine idée de la vie, de trouver,  quelque part,  des citoyens ouverts sur un échange constructif. Internet étant devenu le royaume de l’anonymat formalisé, la plupart des messages colportés ne relèvent que de l’égoisme le plus absolu. Non seulement chacun espère une réponse à la bouteille lancée à la mer que constitue son mail, mais il exige qu’elle soit ultra rapide.

Donner du temps au temps relève de la nostalgie…Plus que jamais, le temps s’échange contre de l’argent, et toute réaction tardive est soupçonnée d’indifférence. En débloguant, on a confiance dans les autres…puisque l’on oublie les réserves obligatoires de la bienséance pour aller vers la sincérité risquée.

Le maire, plus que les autres élus, subit cette  pression du quotidien, celle qui le culpabilise sans cesse de ne pas pouvoir apporter une solution à tous les problèmes, à toutes les situations que ses collègues ne voient pas, car engoncés dans un système social saucissonné. Il est soumis à l’obligation de réussite pour les autres. Impliqué dans un projet, il est illico soupçonné de récupération. En retrait sur un sujet, il est assuré d’un procès  pour mépris caractérisé. Il n’en fait jamais assez et toujours trop.

Cette situation inconfortable pèse de plus en plus sur l’avenir de la démocratie locale des villages et des villes comme Créon. Les défaillances annoncées pour 2007 (ou 2008) se multiplient, et demain, les communes n’auront plus que des Maires par défaut ou par opposition. Ceux qui s’évertuent à concilier, à construire, à innover, se retireront dans leur chaumière pour laisser la place à des aigris du suffrage universel. Les enjeux nationaux n’en souffriront pas. Et dans le fond, c’est la seule chose qui passionne occasionnellement les citoyens.

 Il y aura toujours des candidats à la tour d’ivoire des Hôtels de ville renommés, puisque le mode électoral ne les expose plus à la désillusion personnelle. Leurs échecs sont imputables à une  appartenance politique,  et surtout pas à leur personnalité. Ils survivent à tout, mettant leurs défaites sur le compte de l’injustice de la vie Le petit bout de la lorgnette permet de tranformer les  éléphants en puces, et plus encore de donner la dimension des microbes aux acteurs de proximité. A tout moment, ils peuvent mourir d’un revers de main déloyal.

Je ressens, après plus de dix ans de responsabilités, la triste réalité de la notion d’équipage. Elle ne repose pas sur la confiance que l’on met dans le capitaine du navire et dans ses choix, obligatoirement liés à des événements extérieurs  qu’il ne maitrise pas toujours. Le temps des découvreurs, imposant leurs espoirs d’horizons nouveaux, est passé de mode.

Désormais, on entre dans la période des « je ne veux ta place pour rien au monde, je n’ai aucune ambition… ». Il y a pourtant des révoltés du Bounty qui se préparent, au nom de l’absence de dialogue…Comme si cette notion indéfinissable supposait de n’être jamais soi-même!

Mais je déblogue… Il est vrai qu’à mon âge… 

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