LA GRANDE COURSE DEBUTE

Tue, 06 Sep 2005 00:00:00 +0000

Les congrès des partis politiques ressemblent à l’ouverture de la saison des courses de chevaux de plat à Deauville.

On y retrouve d’abord, durant la saison des congrès, des gens surtout soucieux de se montrer et qui, à ce titre, se donnent l’impression d’être riches en idées fécondes. Ils écrivent des pages et des pages de contributions, ils se montrent dans les lieux à la mode, ils se pavanent dans des buffets, et participent à des réunions durant lesquelles on échange des tuyaux sur les chances des partants.

On peut aussi acheter de jeunes « poulains » , des « yearlings » de l’idéal que l’on croit prometteurs, en tablant sur leurs origines, et donc sur leur potentiel dans les compétitions ultérieures. Ils se paient avec un poste par-ci ou un poste par-là, ou mieux, avec une promesse d’être bien calés à la corde dans une course à l’investiture.

Mais c’est aussi, et surtout, le moment où les jockeys recherchent un engagement et donc une casaque. En général elles ont toutes un fond rose, plus ou moins profond, avec en plus un poing et la rose… de taille variable. L’art réside dans le choix du bon cheval. Et là, les tactiques varient. Le moment est venu de réaliser la bonne opération en se rangeant dans une écurie prometteuse.

Il y a d’abord ceux qui sont attachés, de longue date, aux couleurs d’un entraîneur connu. Ceux là ne se posent pas trop de questions. Ils font le « boulot », sans se soucier de savoir s’ils seront dans le tiercé gagnant. Ils ne sont pas trop respectés, car on ne sait pas, de l’extérieur, si leur option est liée à un espoir de succès ou tout simplement à une discipline « alimentaire ». S’ils gagnent, nul ne songera à les remercier puisqu’ils n’auront fait que leur travail. S’ils perdent, ils seront rapidement oubliés par les électeurs parieurs, qui mettront leur échec sur le compte de leur absence de volonté, ou de leur manque de motivation.

Vous trouverez ensuite, en cherchant bien, les pros de la tactique. Ceux là attendent qu’une opportunité se profile pour se faufiler à la corde. Pour eux, la valeur de l’engagement tient à un critère précis : qu’ils soient, sur leur terrain, leaders d’une écurie, même modeste, mais  leur permettant, à terme, de mieux monnayer leur soutien en faveur d’un cavalier plus puissant. Vous verrez dans quelques jours que,  pour pouvoir jouer ce rôle, il vaut mieux être jeune, maire, et ne pas avoir d’état d’âme. Discrètement, vous passez par le vestiaire des idées perdues et vous changez de casaque, oubliant ce que l’autre a pu vous apporter. C’est la technique du « il vaut mieux être roi chez soi que courtisan ailleurs ». Souvent d’ailleurs, c’est  sur les conseils d’un entraîneur du camp adverse que se réalise la mutation. Il vous installe chez l'autre, selon la technique du coucou, consistant à expédier les uns après les autres dans le décor,  les enfants naturels antérieurs.

Enfin vous dénicherez, en cherchant bien, ceux qui se rangent sous une casaque en assurant l'entraîneur du camp adverse que le moment venu, s'il faut le seconder pour le conduire à la victoire, il saura le faire. Cette tactique ne convient qu'à ceux qui ont assez d'ancienneté pour savoir que tout n'est qu'une question de montant de la prime et de rapport de force à créer. Ils ne fréquentent que les grandes écuries et, surtout, doivent se montrer le moins possible, pour éviter les bousculades de l'emballage final  La meilleure situation est celle du faiseur d’appoint, car avec peu de moyens, il sait qu’il fera basculer les majorités et, croyez-moi, il fera payer cher son ralliement!

Les plus malins se font porter « pâles » et, en cette période, se cachent chez eux, victimes d’une déchirure de l’idéal. Ils attendent patiemment de voir les forces en présence pour prendre les bonnes couleurs, à quelques mètres de la ligne.

La grande course approche. Pour l’instant on observe les partants dans le paddock…Les parieurs affûtent leurs crayons. Les transferts se négocient.

Mais je déblogue…

 Chronique publiée le 6 septembre 2005

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