NOUVELLES AVENTURES DE YOYO

Fri, 04 Nov 2005 00:00:00 +0000

Lionel Jospin court, comme un dératé, d'une chaîne de télé à l'autre. Il commente son livre avec la docte certitude de celui qui est persuadé que le Peuple attend qu'il lui délivre un message de vérité, une pensée brimée depuis de longs mois. Se forçant visiblement à sourire, à paraître détendu, à donner l'image d'une indifférence mesurée vis à vis de la politique, il a causé, dans les étranges lucarnes mercredi, puis jeudi, dans les émissions culturelles tardives, celles dont raffolent les insomniaques.

Il est vrai que le come-back de Yoyo doit défiler sur l'écran noir des nuits blanches de ses copains. Ils avaient d'abord vu, en rose,  » Yoyo en section « , mystérieux, faussement étonné qu'on vienne le voir s'exprimer sur un Congrès auquel il participe, sans y participer, tout en y participant !

Ils avaient eu déjà  » Yoyo dans les journaux «  qui avait causé de tout et de rien, mais qui surtout, avait décoché, en douce, quelques piques à ses ex-copains. Rien d'autre à faire qu'à la fermer et à patienter.

Ils contemplent désormais  » Yoyo écrivain «  qui se complait devant l'?il, pourtant honni dans un passé récent, des caméras. Délicat de le lui reprocher !

Ils découvrent  » Yoyo le naturel «  qui revient au galop, quand il affirme sans barguigner que « l’élément accidentel est primordial » dans sa défaite du 21 avril 2002.

Ils constatent, avec inquiétude, qu'ils ont droit à  » Yoyo l'indestructible « , ne doutant jamais, en confiant sous le sceau du secret? public : « Je vais vous dire une chose : je ne fais pas partie de la gauche maso (…) Et je n’ai pas vu beaucoup de grands hommes politiques passer leur temps à battre leur coulpe » . Il le proclame avec une conviction inébranlable, comme si on avait douté, un instant, qu'il pût endosser la responsabilité de l'échec.

Ses copains ont même eu le plaisir de recevoir  » Yoyo le bienfaiteur « , qui a jugé qu’en se retirant de la vie politique il leur avait fait un super cadeau : « Ils n’étaient pas encombrés de celui qui avait porté (…) symboliquement cette défaite. Je leur ai libéré l’espace et je leur ai laissé la possibilité de repartir ».

Mieux, ils ont dû cauchemarder quand il ont trouvé  » Superman Yoyo « , celui qui a sauvé le monde socialiste, car « le choc qu’a provoqué mon départ a interpellé les Français, ça a aidé à une prise de conscience de la gauche et ça a peut-être en partie expliqué que les forces de gauche, tout d’un coup, aient eu des succès » en 2004. Gentil, pour ce pauvre  » Père François « , qui tenait son coup en affirmant devant les militants, quelques minutes auparavant, ce soir-là, à Mérignac, que c'était justement grâce à lui, que le PS avait volé de succès en succès, aux régionales, aux cantonales et aux européennes.

Tous ont dû se pincer quand  » Yoyo le conseilleur «  a encore estimé que les socialistes « tiennent tous, à leur façon », un discours réformiste. Simplement, a-t-il dit, « un certain nombre de mes amis s’interrogent sur la meilleure stratégie, sans doute ». Avec ou sans lui?

La série des Yoyo, comme celle des Martine (pas Aubry mais l'autre), ne fait que commencer. Elle va se poursuivre jusqu'au congrès sur le même ton, avec les mêmes scenarii, avec les mêmes couleurs, avec les mêmes dialogues que celle, déjà très connue, des fans de?  » Oui Oui « . Rien de plus normal !

Elle va méthodiquement se décliner dans les prochains jours, sur toutes les ondes, comme si l'on pressentait qu'il était utile de remettre en selle  » Yoyo le revenant « , au cas où le résultat ne serait pas à la hauteur des espérances. Bizarre, en effet, que son bouquin  » Le monde comme je le vois  » déboule comme la sixième motion inavouable du Parti Socialiste. Le bougre a feinté tout le monde.

Yoyo a médité et a compris. Il a tiré les leçons du 29 mai : il soumet son texte au vote des médias et pas, idiotement, au vote des militantes et des militants. Un scrutin n’est jamais gagné d’avance. Il le sait : le pouvoir sur les navires se conquiert plus sûrement de l'extérieur que par une mutinerie. Et il connaît l'histoire : les recours, les messies sont toujours venus de loin, après une traversée du désert, nimbés d'une aura populaire, pour conquérir les c?urs.

En s'appuyant en plus sur la  » Poulidorite « , maladie génétique française, donnant toujours un capital de sympathie supérieur aux vaincus, Yoyo va grimper dans les sondages. Le maillot jaune ne vous vaut que des ennuis et peu d'admiration, alors qu'un belle défaite vous met au niveau du commun des mortels. Et ça, c’est bon pour Yoyo.

Si j’ai quitté la vie politique active, je reste attaché au débat public » rappelle à bon escient, dans son livre programme,  » Yoyo le recours « . « Voilà ce qui a conduit ma vie et ce qui la conduira » , ajoute-t-il, pour ouvrir la voie de son retour grâce à un futur prometteur.

En revenant dans quelques semaines sur ce texte d'un soir, vous vérifierez que la période d'Halloween est bien propice aux revenants.

Vite, vite, faites valoir votre  » droit d'inventaire «  comme aurait dit Lionel Jospin !

Mais je déblogue?

 

 

open
ACTUALITE

Laisser un commentaire