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Mon, 23 Jan 2006 00:00:00 +0000

Chronique du lundi 12 Septembre 2005

 LA SOLITUDE DU LUNDI MATIN

 Lundi gris et morose sur Créon. L’été est loin et la rentrée aussi. Le matin, en mairie, au moment d’ouvrir le journal, vers 7 h 45,  il faut faire le bilan d’un week-end ordinaire, seul, en attendant que les employés arrivent. Sentiment bizarre d’avoir, encore une fois, traversé le scénario normal de la vie locale. La routine ou presque avec la certitude que désormais plus rien ne peut me déstabiliser. Cette incapacité à se révolter résume parfaitement la démobilisation actuelle des élus, locaux condamnés, la plupart du temps, à subir les événements désagréables avec la certitude d’être impuissants pour en inverser le cours. Quoi qu’il advienne on leur expédiera le fameux " vous l’avez voulu alors assumez le ! ". Voici donc le menu ordinaire d’un week-end ordinaire.  

PLUS DE REVOLTE.- amedi matin, vers 9h 30 le Président du club de hand appelle. Dans la nuit, une porte du gymnase du collège a été forcée et une salle de classe détériorée. Plus aucun étonnement le scénario ne se répète depuis tellement longtemps que, justement, il ne me révolte même plus. Toutes les mesures imaginables ont été prises. Fermetures renforcées. Opérations répétées de la gendarmerie qui n’ont réussi qu’à déplacer le problème. Ouverture du gymnase à des animations estivales nocturnes boudées. Installation de lieux spécifiques de rencontres… Et chaque week-end, trois gouttes d’eau et un moment de folie alcoolique (les bouteilles de bière sont infiniment plus nombreuses le lundi matin que les " fumettes " mais il est vrai que l’Etat défend l’emploi via les brasseries dispensatrices de mix de plus en plus robustes) reproduisent les mêmes constats : on entre où l’on veut, comme l’on veut sous prétexte que l’on doit se mettre à l’abri.

Vers dix heures rencontre avec les bénévoles des associations de randonneurs pour préparer les circuits de la Virade nationale de l’espoir prévues sur Créon. Ils sont démoralisés : le bénévolat fout le camp. La consommation de sorties toutes prêtes s’amplifie. Les dégâts sur les balisages se poursuivent avec l’apparition de rendez-vous obscènes plaqués sur les poteaux des circuits. Les volontaires pour tracer les parcours se raréfient or le nombre d’adeptes de la marche à pied s’accroît. Il faudra compter sur quelques retraités motivés pour offrir une organisation à peu près potable. Le temps de se pencher sur diverses difficultés imprévues et midi arrive. La matinée a disparu, engloutie par des préoccupations matérielles à régler illico sous la pression de constats sociaux sans cesse répétés. L’après-midi pluvieux est éclairé par un mariage. Une future épouse arrive avec demi-heure de retard en robe dentelle avec traîne impériale comme si Sissi n’avait jamais été autant d’actualité. Les dynasties royales ont encore de beaux jours devant elles tant on essaie de s’approprier leurs cérémonies pour croire en l’assurance du bonheur parfait. Sentiment bizarre sur le caractère factice de certains moments clés de la vie. Je m’adapte et je veux croire en mon pouvoir de sceller des unions résistant à l’inexorable usure du temps. C’est bon pour le moral.

TEMPERATURE FRAICHE.- Soirée de samedi consacrée à une brillante reconstitution historique sur le site lui véritablement majestueux de l’abbaye de La Sauve. Les bénévoles font grise mine, la température fraîche a détourné le public habituel d’un spectacle aussi original que bien ficelé. Comment créer un événement quand le même soir les Médiévales sont à Bouliac, un grand concert à Créon et de très nombreuses tentations inscrites au programme de gens soucieux désormais de restreindre leurs dépenses ? La culture, même populaire,  trinque la première lorsque les porte feuilles sont vides. Retour dans la nuit sur Créon. Le concert de "  La Ruda  " se termine. Les rues sont occupées par de très jeunes spectateurs cherchant où finir une nuit qui ne fait, pour eux, que commencer. Certains et certaines, touchés par des absorptions diverses, cuvent assis contre les murs. D’autres se penchent sur des coffres de voiture où les Kronenbourg permettront de lutter contre le froid. Je fais semblant de ne rien voir.

LES FEMMES DE MENAGE.- Gros succès du récital mais lundi matin, vers 7h 45 les cicatrices apparaissent. L’espace culturel a été laissé " déguelasse ", couvert de bière renversée dans le hall, des poches partout, des mégots par centaines, des waters dignes d’une porcherie, des lumières laissée allumées tout le week-end et… des bouteilles jonchant les rues. Les femmes de ménage se mettent à haïr les " jeunes " en général et le disent. Les manifestations de ce type leur laissent une image désastreuse d’un style musical pourtant convivial…Il faut alors jouer les pédagogues et  nuancer leurs propos, les réconforter, même en reniflant une odeur latente dans la salle ne laissant aucun doute sur le type de consommations annexes à la bière durant la soirée de samedi.

Dimanche de bonne heure, visite au site du Point Relais vélo pour le départ de la dernière étape du festival cyclomusical " Ouvre la Voix ". Les organisateurs sont dépités. Le ciel n’est pas encore une fois avec eux. Peu de monde malgré une débauche de moyens humains et techniques. Vers 10 heures, cependant, la lumière se fait moins sombre, des " cycloculutreux " arrivent. Un peloton joyeux descend alors vers Sadirac. Seul bonheur, pour moi, la présence de Christian Marre, Directeur général adjoint des services du Conseil régional dans le lot. Il pourra ainsi témoigner l’an prochain de l’impact réel de cette manifestation exceptionnelle. Qui sait si l’obtention des subventions ne s’en trouvera pas facilitées ? Enfin un mec qui vient, sur le terrain, voir ce dont  les élus lui parlent. Réconfortant comme du soleil dans l’eau froide des heures précédentes. Je peux encore rêver.

Il est alors temps de partir, vers 10 h 30 en visite vers une bourse dédiée aux collectionneurs de timbres et de cartes postales anciennes. Le bonheur paisible de dénicher quelques " fruits " de la passion. Très, très peu de monde. Les générations actuelles boudent les collections car elles sont le contraire de la tendance zapping qui fait fureur. Le repas de midi ne regroupe qu’une vingtaine de passionnés dissertant sur l’effritement de leur public. Ils m’aideront néanmoins avec beaucoup de motivation à rassembler des témoignages photos pour la fête de la centième Rosière créonnaise.

 Le dimanche, bien entamé, se termine, vers 18 h, par une alarme intempestivement déclenchée dans les services techniques. Probablement un petit malin qui sait qu’en secouant violemment la porte, via la centrale de surveillance, il oblige le Maire à quitter son canapé pour venir constater qu’il n’y a rien de particulier. Les sourires du groupe squattant les tables de pique-nique toutes proches renforcent cette hypothèse !

 Lundi matin. Un week-end comme les autres est passé.

 Le prochain encore plus chargé sera sûrement de meilleure facture …

 Tant que j’y crois !

Mais je déblogue… 

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