La cour des comptes à rebours

Mais à quoi sert véritablement la Cour des Comptes, si ce n’est à « fliquer » les gestions des collectivités territoriales ? On peut se le demander, quand on constate qu’elle multiplie les rapports sur les dépenses communales ou départementales ou régionales, cherchant des ratios, des quotas, des analyses strictement financières déconnectées de toute volonté politique, alors qu’elle ne cesse de réprimander le gouvernement actuel sur les dérives politiques de sa gestion financière. Pour faire simple, elle jette en pâture à l’opinion publique les élus locaux, loin d’être tous parfaits, et elle se contente, de loin, de critiquer le gouvernement « présidentiel » qui accumule les désastres.

Récemment, elle a flingué l’Élysée sur le coût disproportionné (un an de fonctionnement d’une collectivité de 4 000 habitants) des sondages, uniquement destinés à conduire une gouvernance dédiée à l’opinion dominante. Réponse de l’ UMP : circulez, il n’ y a rien à voir, car le Président a le droit de dépenser ce qu’il veut, quand il veut, où il veut, au nom de la séparation des pouvoirs.  Un rapport qui n’aura servi à rien ! Cause toujours mon bon Seguin, le Président et ses sbires n’en ont rien à faire. Que dirait-on, en revanche, à la Cour des comptes, si un Maire consacrait des sommes folles à se regarder dans le miroir de son électorat avec l’argent public ? Le rapport a été mis aux oubliettes… au nom de crime de lèse-présidence, avec tous les autres.

La Cour des Comptes affirme la semaine dernière que la réforme de la carte scolaire sera une catastrophe sociale. Encore un rapport qui donne raison à celles et ceux qui, comme moi, ont dénoncé cette aberration, décidée car les fameux sondages réclamaient, pour les familles les plus aisées, le fameux libre choix de l’établissement huppé convenant au fiston prodige. Le 3 novembre, devant la commission des finances du Sénat, la Cour estime, en effet, que l’assouplissement de la carte scolaire aboutit, deux années après son entrée en vigueur, à une perte significative d’élèves au sein des collèges Ambition-Réussite ce qui engendre un risque de « ghettos scolaires ». Un constat qui va à l’encontre de la volonté gouvernementale de favoriser, par cet assouplissement, le principe d’égalité des chances et de diversité sociale au sein des établissements scolaires. Le rapport, qui porte sur l’articulation entre les dispositifs de la politique de la ville et ceux de l’Education nationale dans les quartiers sensibles, relève que dans 186 des 254 collèges concernés par le réseau Ambition-Réussite, certains ont perdu en 2008 jusqu’à 10% de leurs élèves. Si l’assouplissement de la carte scolaire semble satisfaire les parents, rassurés de pouvoir inscrire leurs enfants dans un établissement indépendant de leur lieu de résidence, et ainsi mettre ouvertement fin au chemin de croix « d’évitement de la carte scolaire », le rapport met de son côté l’accent sur un processus qui risque d’accélérer la ségrégation sociale dans les écoles ainsi désertées. Une désaffection qui pourrait engendrer, faute d’effectifs, la fermeture de certains établissements dans les quartiers prioritaires. Le gouvernement s’en moque comme de son premier cahier d’écolier, puisque la très grande majorité de ses membres sont passés par l’enseignement privé ou la filière protégée, liée à leur situation sociale ou à leur lieu de naissance.

La cour des comptes avait souligné, dans un rapport au Sénat, l‘excellence de l’école maternelle et ,dans le fond, son coût relativement correct par rapport aux résultats constatés. Résultat : le gouvernement met la pression pour tailler dans les postes, et créer des jardins d’éveil, qui plomberont les finances communales et les familles. Le rapport est aux archives…

La Cour des Comptes se penche sur les cadeaux faits aux sportifs professionnels. Parmi la trentaine de thèmes retenus, le rapport se penche sur les cadeaux consentis aux « sportifs professionnels les mieux rémunérés » sous forme d’exonérations de cotisations sociales portant sur une fraction de 30% de leur rémunération brute. Ces exonérations, entrées en vigueur fin 2004 – sous le nom de Droit à l’image collective (DIC) – sont supérieures, à elles seules, à l’ensemble des crédits alloués au sport amateur. « Aussi étonnant que cela puisse paraître, l’Etat contribue […] à financer le sport professionnel – et notamment le foot – qui ne manque pourtant pas de ressources », a déclaré le Premier président de la Cour, Philippe Seguin, lors d’une conférence de presse. « Nous nous interrogeons – et c’est l’un de nos euphémismes favoris – sur le bien-fondé d’une telle aide », a-t-il ajouté. Résultat, la suppression de cet avantage sera remis en cause par l’UMP, sur ordre venu de l’Elysée, et on reviendra sur cette décision conseillée par la cour des Comptes.

La présidence française de l’Union européenne a tourné à la gabegie, avec une dépense de 151 millions d’euros. C’est ce que révèle un rapport de… la Cour des Comptes, et comme réponse on obtient : c’est le coût de la gloire française. Rien d’autre, alors qu’elle peut stigmatiser un maire ou un élu qui se fait payer un téléphone mobile !

La cour des comptes répète que le coût de la démocratie en France n’est pas prohibitif, en expliquant que les élus ne représentent pas un enjeu majeur pour les collectivités qu’ils dirigent le plus souvent bénévolement. … « du côté des élus locaux, le coût global annuel de leurs fonctions ne représente que 0,8% des charges de fonctionnement des collectivités territoriales, soit 28 millions d’euros pour une dépense publique locale au service des citoyens de 220 milliards”, conclut le Président de la Cour des Comptes, en pure perte. . .Circulez, tout est normal, et que ces gens là, membres de cette cour qui apparemment ne sait pas compter,  bien payés et planqués par l’État, se taisent, et s’occupent des communes, des communautés et des départements : là, au moins, ils sont utiles, car ils accréditent la thèse du tous incapables et tous pourris.

Sachez que, désormais, pour faire taire un élu, c’est facile : on lui envoie la Cour des Comptes, qui trouve forcément un reproche à faire ou un avis à donner. Pour le reste, ce sont des ronds dans l’eau !

Cette publication a un commentaire

  1. daniel PALACIN

    Des ronds dans l’eau, peut être, mais c’est au moins cela, plutôt qu’une eau plate.
    Sincèrement, vous pensez que la gestion de toutes collectivités territoriales est bonne.
    Le « flicage » en question, faudrait-il encore expliquer son but inavoué.
    Faudrait pas mélanger le reconquête des régions pour les passer du rose au bleu et rouge avant 2012 et les réformes du mille feuille en question.
    Beaucoup de communes ont rénovés leur centre ville au nom du paraître, bien français, en tuant le commerce de proximité, nombres de constructions de Mairie ont coûtées la « peau du cul », mais le citoyen il s’en fout de l’architecte qui a construit la mairie, il habite pas dedans, des morceaux de pistes cyclables raccordées à rien avec des parterres de fleurs partout qui coûte encore un entretient fabuleux à la commune, on s’en tape JMD.
    Pour une fois je ne vous trouve pas objectif avec cet article, et cela m’étonne!
    Cela fait des semaines que vous nous avertissez que tout va aller de plus en plus mal, mais on le sait déjà, ce qui serait intéressant c’est de nous esquisser ce que l’on compte faire.
    Mais je pense plutôt que les enseignants, et j’en ai plein ma famille, ils sont juste là pour enseigner, même en étant le Maire de sa commune, puisque autrefois il n’y avait que l’instituteur du village qui savait lire et écrire, donc forcément qu’il pouvait facilement remplir cette fonction.

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